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    Lille est une ville importante dans ma généalogie car ma famille maternelle y est majoritairement présente.

    En essayant de comprendre comment Lille avait évolué je me suis rendue compte que l’histoire du Nord n’était pas un long fleuve tranquille et entre les Flamands, les Bourguignons, les Espagnols et les Français je m’y perds complètement.

    Au moins le fait d’avoir repris succinctement les grands moments de cette ville me permet d’y voir un peu plus clair.

    Donc cet article se cantonne à être un petit cours d’histoire puisqu’il n’a comme vocation qu’à me donner un cadre chronologique.

    L comme LILLE

    La première trace écrite mentionnant l’existence de la ville de Lille se trouve dans une charte de 1066 par laquelle Baudouin V, comte de Flandre, dote la collégiale Saint-Pierre.

    La ville y est nommée Isla, du mot latin insula signifiant littéralement île. Lille est en effet située sur une ancienne zone marécageuse, le long de la Deûle, affluant de la Lys.

    Lille est très bien située puisqu’elle est sur un axe de circulation majeur, entre les grandes villes flamandes et les foires de Champagne ce qui va lui permettre de se développer très vite et devenir rapidement le lieu de résidence des seigneurs flamands.

    En effet, Lille est tout d’abord la possession des puissants comtes de Flandre et est dès le début très convoitée par les rois de France. Après la bataille de Bouvines (1214) où son mari Ferrand de Portugal est fait prisonnier, la Comtesse Jeanne de Flandre, fille de Baudoin IX, empereur de Constantinople, gouverne seule. Elle octroiera une Charte à la ville.

    Il est à noter que Lille constitue une division administrative sous l'Ancien Régime appelée la châtellenie de Lille ; celle-ci est est mentionnée pour la première fois en 1309 et se divisait en six quartiers :

    • Mélantois (chef-lieu : Seclin) 
    • Carambault (chef-lieu : Phalempin) 
    • Pévèle (chef-lieu : Orchies) 
    • Ferrain (chef-lieu : Commines) 
    • Weppes (chef-lieu : Wavrin) 
    • Alleu

    L comme LILLE

     

    La ville de Lille est très peuplée pour l’époque : Un document fiscal de 1318 mentionne ainsi un nombre de 6446 maisons ce qui pourrait donner le nombre approximatif de 40 000 habitants.

    Puis de possession flamande la ville va passer entre les mains des Bourguignons, famille tout aussi puissante face au roi de France : en effet en 1369, après une courte tutelle de la France sur Lille (de 1304 à 1369), Marguerite de Mâle, dernière comtesse de Flandre, épouse en secondes noces Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Dès lors Lille appartient à la maison de Bourgogne, et ce jusqu'à la fin du XVème siècle.

    Pour loger sa cour qui compte 1200 personnes, le Duc de Bourgogne Philippe le Bon ordonne en 1453 la construction de l’immense Palais Rihour (actuel siège de l'Office du Tourisme de Lille).

    Ensuite vient la domination espagnole en 1477 à la mort de Charles Le Téméraire. Sa fille, Marie de Bourgogne, épouse Maximilien d’Autriche, fils de l’empereur Frédéric III, de la famille des Habsbourg. Lille fait dès lors partie des Pays-Bas espagnols, de Charles Quint à Philippe IV d'Espagne (de 1500 à 1667).

    En 1598, Philippe II, roi d'Espagne, cède à sa fille Isabelle les Pays-Bas. S'ouvre alors pour Lille une période appelée "Siècle d’or". De nombreux couvents sont fondés et la ville connait deux agrandissements successifs, de 1605 à 1606 et de 1618 à 1621.

    L comme LILLE

    Enfin, en 1667, la ville tant convoitée des rois de France devient enfin française avec la conquête de la ville par Louis XIV, en pleine guerre de Dévolution. Elle sera conquise par les Hollandais quelques années plus tard mais le traité d’Utrecht de 1713 la rattache définitivement au royaume.

     

    L comme LILLE                                               

     

     

    L’Ancien Régime a fait de Lille une puissante cité grâce à l’activité du textile (production de laine, activité drapière) ; le XIXème siècle en fera une grande puissance industrielle dont les piliers seront la métallurgie, la chimie et toujours le textile (coton et lin).

     

    Voilà c’est un peu plus simple pour moi. Reste à trouver de jolies cartes pour comprendre le mouvement des frontières du Comté de Flandres au cours des siècles.

     

    Ne pas hésiter à aller voir le site très riche et très bien fait sur la Chatellenie de Lille

     


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  • De prime abord quand on pense à nos aïeux, on se dit qu’ils ne devaient pas bouger beaucoup et ce d’autant plus que les moyens de locomotion étaient somme toute réduit. Mais j’ai toujours été surprise que justement eu égard à ce qu’ils avaient sous la main, ils se déplaçaient beaucoup plus que je ne le croyais.

    Ainsi dans ma branche paternelle mes ancêtres ont sillonné Pas de Calais petit à petit à chaque génération. Ce ne sont pas de grandes distances pour nous (une vingtaine de m à chaque fois) mais pour eux ça l’était. Comment se rencontraient ils ? par le biais de foire ? de fêtes de village ? de pèlerinage ? ou était ce professionnel : le drapier recherchant des tissus, le propriétaire qui vient percevoir ses redevance…

    En fait, nos ancêtres sont de grands marcheurs.

    Ainsi un exemple entre mille : celui du sire de Gouberville au XVIème siècle qui vivait près de Cherbourg. Il a effectué en 10 ans uniquement pour se rendre en ville plus de 26 000 km soit 520h de marche par an (Jean Louis Beaucarnot – Qui étaient nos ancêtres ?). On apprend ainsi qu’il faut parfois près de 6 heures à notre sire pour faire 16 km du fait que les routes ne sont ni sûres ni pratiques.

    C’est un sport qui perdura longtemps puisque ma mère me racontait que pour aller à l’école il lui fallait faire plusieurs km à pied deux fois par jour chaque jour !

    Mais revenons au sire de Gouberville : il lui est arrivé une fois de se déplacer jusqu’à Blois, à 280 km de chez lui. IL fit le voyage en 6 jours. Cela lui coûta l’équivalent de 86% de ses dépenses annuelles. Certes il voyageait à cheval mais il ne se déplaçait pas sans son laquais qui lui était à pied.

    Parmi mes ancêtres Charles Louis Théry dont j’ai parlé dans un précédent billet partit de Lille en 1844 à l’age de 52 ans pour mourir aux Invalides à Paris soit un voyage de 230km.

    Louis Thery quant à lui est parti en 1849 à l’âge de 28 ans avec sa femme en Algérie à pied de Lille via Châlon et Marseille pour démarrer une nouvelle vie. Las, ce ne fut pas un franc succès et il revint avec sa famille en 1853 à Lille, toujours à pied.

    Chapeau !


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  • Ma belle-mère qui est née à Liverdun près de Nancy en 1935 m’a raconté ses passe temps et jeux divers quand elle était enfant : à l’époque on jouait avec « des riens » :

    La balle au mur, cache tampon (un enfant cachait un objet et les autres partaient à sa recherche guidés par des « tu brûles », « tu gèles »), cache cache. Elle jouait aussi à la palette avec un morceau de vieux carrelage ou un pied de verre cassé sur un dessin à la craie au sol, à la dînette, au téléphone arabe (un enfant disait une phrase à un deuxième qui le répétait à un troisième … jusqu’à ce qu’une phrase qui n’avait rien à voir avec la phrase originale soi dite).

    J comme JEUX

    Il y avait aussi greli-grelot combien j’ai de sous dans mon sabot ?, les osselets, le machipot (les lettres avaient tous une signification : m pour mariage, a pour amour, c pour caresse, h pour haine, i pour ivresse, p pour passion, t pour tendresse et les filles tiraient des noms de garçons associés aux lettres.

    Elle fabriquait des échasses avec des boites de conserve vides percées de deux trous dans lesquels on avait fait passer de la grosse ficelle ; il fallait monter sur les boites et on tenait la ficelle en marchant…

    Ma belle-mère faisait également des colliers avec des vieux boutons , de la luge l’hiver, des ombres chinoises sur les murs et des farces : elle m’a raconté qu’une fois elle avait pris le chat du voisin et lui avait mis des coquilles de noix vides au pied avec de la glue !

    Une autre fois elle avait endormi les poules de sa voisine en leur mettant la tête sous l’aile et en les balançant quelques minutes !

     

    Ma grand tante qui est née en 1931 à Houdain dans le Nord lisait beaucoup quant à elle-même si son père n’aimait pas trop car elle ne faisait rien pendant ce temps. Son premier livre lui a été offert par ma grand-mère, sa grande sœur : les Mésaventures de Jean Paul Choppart de Louis Desnoyers qui raconte les tribulations d’un jeune garçon sans aucun vice mais avec de nombreux défauts et qui vit toutes sortes d’aventures moralisatrices. 

    J comme JEUX

    Ma mère enfin est née en 1945 à Lille ; elle me racontait que quand elle était jeune elle jouait à cache cache , faisait la chasse aux papillons, tressait des couronnes de liserons, jouait à la balle au prisonnier, au diabolo (2 baguettes étaient reliées à un fil et il y avait une bobine en caoutchouc sur la ficelle qu’on lançait en l’air : il fallait rattraper la bobine sur le fil) ; elle jouait aussi à la marelle et lisait beaucoup grâce à son père qui était typographe et qui de ce fait ramenait à la maison plein de livres de la collection Artima : Tim l’audace, Tarou, Buck Dany, Kro Magoule le singe qui parle, Tintin, Météor et bien d’autres …

     

    J comme JEUX                   J comme JEUX

    Autre temps, autre jeux ….

     


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    Mon ancêtre Charles Louis Théry est né à Lille le 6 juin 1792. Il était filtier (il fabrique et retord les fils de lin).

    En retrouvant sa fiche matricule j’ai découvert qu’il s’était enrôlé volontairement le 8 juin 1811 auprès de la mairie de Lille. Il a intégré le 75ème régiment d’infanterie.

    Sa fiche indique qu’il avait le visage ovale, le front haut, les yeux bleus, un nez gros, une bouche grande et un menton rond. Il était blond et avait le teint coloré. Il mesurait 1m58 et vivait au 37 rue Dondin à Lille.

    Il a fait la guerre d’Espagne et a été gravement blessé. Je le retrouve aux Invalides en octobre 1813. On l’a amputé du bras droit.

    I comme INVALIDES

    Je ne sais pas ce qu’il est devenu par la suite mais je sais qu’il est revenu aux Invalides le 24 mai 1844 et y est mort le 27 septembre.

    Je me suis toujours posé la question de savoir ce qu’était exactement les Invalides à cette époque.

    C’est en fait un hôpital pour anciens soldats créé en 1670. Pour y être accepté, il faut en 1710, 20 ans de services continus, en 1729, 18 ans et des blessures sérieuses. La condition d'ancienneté est supprimée pour les estropiés. En 1730, ce seront l'usure ou la blessure qui décidera de l'admission. Il faut  être proposé par le colonel de son régiment, un certificat médical ayant été établi par le chirurgien major de l'hôpital où le soldat est soigné.

    I comme INVALIDES

    J’ai écrit un article un peu plus détaillé sur mon blog à ce sujet : http://magenealogie.eklablog.com/les-invalides-a125226710

     

    Malheureusement je n’ai pas beaucoup d’informations sur les Invalides au XIXème siècle et je ne sais pas trop où chercher ...

     


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  • Le 6 janvier 1709 commence ce qu’on appela plus tard le Grand Hyver.

    Cet épisode fut dramatique pour la France puisqu’entre le premier janvier 1709 et le premier janvier 1711, la population diminua de 810.000 habitants sur une population globale de 22 millions de Français!

    H comme grand HYVER de 1709

    J’ai trouvé quelques témoignages datant de cette époque dans le Nord de la France

    "L'hiver fut long et le froid si pénétrant que de temps immémorial on n'en avait point vu de pareil. Il commença le jour de l'épiphanie le 6 janvier et durant 17 jours, le vent est si fort et le froid qu'à peine on pouvait demeurer dehors, un grand nombre de personnes furent incommodées, les uns ayant une partie des pieds et d'autres les doigts des mains gelés, particulièrement chez les marchands qui étaient obligés d'aller par les chemins, ou l'on trouva en beaucoup d'endroits des personnes mortes du froid.

    Les arbres des campagnes souffrirent beaucoup, la grande partie des chênes, même les plus gros, se fendirent de haut en bas, se faisait entendre de fort loin dans les bois, la moitié des arbres fruitiers périt, toute la nature fut entièrement gelée. Les sangliers et les loups ne purent s'en garantir, il en mourut beaucoup. Les suites furent funestes car au dégel, presque tout le monde se trouva attaqué d'un rhume qui commençait par un débord dans la tête avec de grandes douleurs et ensuite, tombait sur la poitrine souvent avec une douleur de côté et cette maladie fut générale."

     

    Le Curé Boutoille, qui exerçait son ministère à Maninghem-au-Mont (62), écrivait :
    "La veille des Rois vers les dix heures du soir on vit une gelée si âpre que le village, tout sale qu'il fût, portait gens, bêtes et chariots, et cette gelée dura jusqu'au 2 avril ... neige et gelée causèrent bien des désordres, premièrement la mort des gens et bêtes le long des chemins, la perte générale de tous les grains d'hiver, le retardement des labours de mars ...

    Les arbres comme pruniers, couronniers, poiriers, noyers et plusieurs pommiers sont morts ... Les plus riches ont été réduits à manger du pain mêlé d'avoine "baillard", "bisaille" ... et les pauvres du pain d'avoine dont les chiens n'auraient jamais voulu manger le temps passé ; aussi les peuples sont morts en si grande quantité de flux de sang et de mort subite qu'à tous côtés on parlait de morts".

     

    Description détaillée par le curé François Delaporte de la paroisse de Humbert (62) : " L'hiver qui comença à la St-André de l'année 1708 et qui finit au mois d'avril 1709 a causé toutes les disgrâces qui sont cy après exprimées, il a été si rude que de mémoire d'homes on ait jamais eu de pareil.

    La gelée a esté si forte qu'elle glacait tout ce qui était liquide jusque dans les caves et même dans les fours.

    Quantité d'arbres et autres plantes ont péris par le vigeur du froid telle que pomiers, poiriers et autres arbres fruitiers come noyers et vignes mêmes jusqu'au houx et buys qui sont les bois les plus durs de ce pays; mais ce qui a le plus désolé le peuple est que la grande quantité de neige qu'il a tombé partout à quatre reprises poussé par les vents de midy couvroit les campagnes et remplissait les vallées en telle abondances qu'il était moralement impossible de marcher à pied et encore moins à cheval.

    Ces neiges et gelées furent suivies d'une pluie abondantes qui dura tout le long du mois d'avril, après lesquelles on s'est apperçu de ruissellement dans tout le pays que les blés et autres grains d'hiver étaient générallement péris, ce qui a causé une telle chereté de grains que le blé a vallu dans le mois de maye 1709 quarante livres le septier mesures de Montreuil; le soucrion a vallu trente sols le boisseau; la paumelle quatre livres le boisseau, le blé sarazin ou "bocquager" quatre livres quinze sols aussi le boisseau de Monteuil, l'avoine a vallu une pistole ou dix livres le septier, et on a été obligé de rassemencer toutes les terres où on avait semé du blè l'après août précédent; Il paraît à présent que les "bas" grains furent en abondances, ils la promettent par les pluies fréquentes qui arrosent les campagnes.

    Voilà une partie des misères qui nous accablent et qui causent une famine très grande dans les terres que j'aye la main à la plume pour les descrire et affin de les laisser lire à ceux que Dieu envoyra après nous au gouvernement de cette paroisse d'Humbert ou à ceux qui les liront afin qu'ils puissent par la connaissance qu'ils auront par ce moyen prendre leurs mesures en pareil accident que celuy qui nous réduit dans la misère si grande que celle que nous ne pouvons empêcher de voir souffrir à la plus "saine"partie du peuple que la providence a comis à nos soins étant hors d'état de les secourir par la suitte.

    Si Dieu par un effet de sa main toute puissante n'arrête le cour de ces calamité par la récolte des bons grains que nous espérons qu-elle nous donera et dont nous serons heureux de pouvoir user au lieu de blez dont il n'est nullement question d'attendre de faire récolte car je donerais sans exagérer le produit de mes dixmes qui année pour autres me fournissait quatorze cent de grains d'hyver pour dix gerbes cette année.

    Icy tout ce que dessus n'excède en rien les bornes de la vérité les choses étant ainsi quelle sont exprimé et c'est en foy de tout ce que dessus que j'ai signé le jourd'huy septième jour du mois de juin l'année mil sept cent noeuf."

     

    Le curé de Marcq en Baroeul (59) écrit :

    "Cet hyver dura 3 mois, d'une force incroyable, entremêlés de dégels qui ne duraient que quelques heures, de neige que le vent chassait dans les endroits les plus bas de sorte que tous les blés généralement furent genés ... A Dunkerque, la mer aussi est gelée".

      

     

     


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