• Le marguillier est un officier de la religion chrétienne dont la première fonction connue était d'immatriculer les pauvres de l'église, c'est-à-dire de les inscrire sur le registre d'aumône.

    Il existait donc, dans chaque paroisse, un marguillier qui avait la charge du registre des personnes qui recevaient les aumônes de l'Église.

    Le marguiller était également membre du conseil de fabrique.

     

    La fabrique : Le terme "fabrique" désigne à la fois tout ce qui appartient à une église paroissiale et le corps de ceux qui administrent les biens qu'on appelle les marguilliers à Paris et en province, les fabriciers ou encore les fabriciens. En Lorraine, on parlera de chastelier : sur le Registre paroissial de Gye, en Meurthe & Moselle  est indiqué : « l’an mil sept cent trente deux le vingt et unième jour du mois de décembre Jean Mangeot a esté élu à la pluralité des voyes pour exercer la charge de chastelier en présence de tous les chefs de famille ».

    Ceux-ci sont au nombre de 1 à 4 selon les paroisses. Elus ou nommés ils sont choisis obligatoirement parmi les paroissiens, sont laïcs, de bonnes vie et mœurs, et en principe savent lire et écrire. Ceci dit, ils ne savent pas tous écrire et sont nommés plus pour leur bonne volonté que pour leur connaissance de la comptabilité ou de l'écriture…

    La gestion du cimetière paroissial va donc relever de l’attribution des fabriques. Gestion quelque peu défaillante si l’on en croit les divers commentateurs de l’époque : clôtures non entretenues, terrain envahi par les bestiaux qui viennent y paître, du linge que les femmes viennent étendre, des soulards avinés qui viennent cuver leur vin …

    Ils ont aussi la charge de l'entretien de l'église, l'administration des biens de la paroisse (terres, locations, écoles, rentes, impôts), la décoration de l’église, la garde du mobilier qu’ils doivent inventorier chaque année : linge, nappes d’autel, aubes, croix, aspersoir, ….

    La fabrique (et donc les marguilliers) administre les fonds, perçoit les revenus, acquitte toutes les charges du culte dont elle doit respecter strictement les usages, elle doit faire respecter les usages, vérifier la régularité de la grand messe, exécuter les fondations, distribuer le pain béni, s’occuper de la sonnerie des cloches ...


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    Le 18ème siècle est, on l’a vu ici et ici, l’époque où, timidement mais sûrement, la question de la salubrité publique se pose avec une acuité toute nouvelle.

    Sous l’influence des Lumières, les premières notions d’hygiène publique (que l’on retrouve par exemple dans la volonté de conserver la santé des enfants scolarisés) commencent à être connues».

    On commence ainsi à se rendre compte que les pratiques mortuaires menacent l’hygiène publique même si le concept de contagion et de transmission par un agent extérieur reste encore très flou.

    La pestilence des cimetières et des églises suffit de toute façon à en révulser plus d’un !

    EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

    Eglise et cimetière de Violaine (62)

    Jusqu’à présent les morts en effet sont enterrés pour les plus chanceux dans les églises, car plus près de Dieu (être inhumé dans l’église est en quelque sorte « une prière perpétuelle ») et pour les autres dans des cimetières intra muros.

    Dans les églises, le risque de surpopulation est réel et assez facile à comprendre et surtout à sentir …

    Dans les cimetières, le risque est tout aussi avéré mais moins facile à mettre en évidence pour les contemporains.

    Le fait est que ces cimetières se trouvent dans l’enceinte des villes, qu’il y en a plusieurs et que les conditions d’inhumation laissent réellement à désirer comme on va le voir plus loin.

    De ce fait au 18ème siècle a lieu un grand débat qui se concrétise dans certains endroits par de véritables combats pour mettre fin aux coutumes antérieures et établir les cimetières hors des villes.

    Le chanoine Porée de Caen, écrivain français (1685-1770), a condamné la sépulture dans les églises « avec placidité et non sans esprit », au nom de la "santé" et de la "propreté" dans ses "Lettres sur la sépulture dans les Eglises" publiées en 1743 à Caen.

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    Voltaire lui-même écrit sur la "pestilence" des églises de Persépolis « capables d’empoisonner le globe terrestre ». (à noter toutefois que celui-ci s’est tout de même fait enterrer dans l’abbaye de Scellières).

    Antoine Louis, médecin des Lumières (1723-1792) dénonce cette pratique nocive et ces exhalaisons dangereuses dans l’une de ses lettres sur la certitude des signes de la mort (1752).

    En attendant ces interdictions formelles, on essaie mais en vain de masquer l’odeur de mort dans les églises avec par exemple de l’encens brûlé à profusion.

    En Bretagne, la question s’est posée tôt (en 1719) car cette année-là sévit une épidémie de fièvre scarlatine qui désole en 3 mois (aout, septembre et octobre) la ville entière ; le nombre de sépultures s’accroit ainsi de 200% par rapport à l’année précédente et le taux de mortalité dépasse dans certaines paroisses 75 pour 1000 (notamment à St Etienne de Rennes).

    Le parlement de Bretagne interdit, face à l’urgence de la situation, dès le 16 août 1719, les sépultures dans les églises rennaises et celles de la province. « Pour la première fois la fonction de nécropole de l’église est dénoncée par une autorité laïque qui y voit un foyer d’épidémie et la source de contagion : l’infection d’un sol corrompu par la décomposition des cadavres sans cesse remodelé lors des funérailles, empeste l’atmosphère et finit par contaminer l’ensemble des fidèles ».

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    Parlement de Bretagne

    Loménie de Brienne (1727-1794), archevêque de Toulouse, prend une ordonnance en ce sens à Toulouse mais plus tard en 1775.

    Ces diverses protestations provenant de l’ensemble du Royaume aboutissent ainsi à la Déclaration royale du 10 mars 1776 qui, entre autres dispositions, comporte deux mesures essentielles.

    - Désormais, sauf exceptions limitées et prévues, "nulle personne... ne pourra être enterrée dans les églises, même dans les chapelles publiques ou particulières, oratoires et généralement dans tous les lieux clos et fermés où les fidèles se réunissent pour la prière et célébration des saints mystères".

    - Et surtout il promulgue l'article 7 : "En conséquence des précédentes dispositions, les cimetières qui se trouveront insuffisants pour contenir le corps des fidèles seront agrandis ; et ceux qui, placés dans l'enceinte des habitations, pourroient nuire à la salubrité de l'air, seront portés, autant que les circonstances le permettront hors de ladite enceinte, en vertu des ordonnances des archevêques et évêques diocésains : et seront tenus les juges des lieux, les officiers municipaux et habitants d'y concourir chacun en ce qui les concernera"

    Toutefois ne nous y trompons pas : entre l'injonction royale et son application va s'écouler un laps de temps relativement long ...

    Ainsi, à Paris, le "charnier" des Innocents dénoncé depuis très longtemps n'est fermé que le 1er décembre 1780 suite à la catastrophe qui survint le 30 mai 1780. : une des fosses du cimetière s’éboula dans les deux étages de caves d’une maison de la rue de la Lingerie, les emplissant de plusieurs cadavres en décomposition à l’odeur méphitique. Le cimetière fut provisoirement fermé par un arrêt du premier décembre 1780. Un arrêt du Conseil d’Etat de 1785 prononça sa suppression définitive. En 1786, les ossements furent, de nuit, déblayés des fosses et amenés dans les futures Catacombes créées pour l’occasion.

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    Les Innocents au 16ème siècle

    Louis Sébastien Mercier, écrivain des Lumières (1740-1814) écrit dans son Tableau de Paris que « les connaissances nouvellement acquises sur l’air méphitique furent employées utilement. Il fut reconnu que l’air du cimetière des Innocents était le plus insalubre de Paris. Les caves adjacentes étaient méphitisées au point qu’il fallut en murer les portes ».

    A Toulouse, la déclaration royale ne sera appliquée qu’en 1783, et à Lyon rien n'est réglé avant la Révolution …

    Et pourtant à Lyon, une inspection des cimetières en 1777 et 1778 avait révélée des horreurs : les enquêteurs constatèrent en effet lors de leurs inspections que « tous les corps étoient sans bière, que les uns n’avoient que quatre pouces de recouvrement de terre, les autres un pouce seulement ». L’on procéda à l’exhumation du dernier décédé, et l’on trouva « un corps sans bière, et avec neuf pouces de recouvrement de terre ».

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    Lyon en 1860 vue de la Croix Rousse

    Pire encore fut la visite de Saint-Pierre et, surtout, de l’église Saint-Saturnin. Les médecins rapportèrent : « nous avons appercu [sic] un corps sans aucun recouvrement de terre ; au premier coup de pioche que nous fîmes donner au fossoyeur, il enleva le sternum : o res horrenda ! »

    Et que dire de ce qu’ils trouvèrent à la chapelle de l’Hôtel-Dieu « nous avons trouvé une tombe levée, mais quand un des frères de cette maison a voulu y descendre, la torche qu’il portait s’est éteinte en l’approchant du caveau et il s’est exhalé une odeur si fétide que nous avons été obligé de nous en éloigner et de faire replacer sur le champ la tombe... ».

    Pour information, les chirurgiens lyonnais estimaient qu’il était nécessaire pour assurer un minimum d’hygiène que la surface individuelle d’inhumation avoisine les 4m2 et non les 2.45m2 actuels dans le meilleur des cas ! De plus et toujours selon ces derniers, il fallait proscrire toute exhumation durant « trois années consécutives, temps nécessaires pour l’entière et parfaite destruction des cadavres ».

    Comment cela s’est-il passé à Lille ?

    Au 18ème siècle, Lille est une ville manufacturière, commerçante et militaire, sans doute de 60 000 habitants ; elle dépend de l’évêché de Tournai aux Pays-Bas autrichiens. Le pouvoir "laïque" y est donc traditionnellement très fort puisque cette ville n’est pas en elle-même siège d’un évêché.

    Le monde ecclésiastique est essentiellement représenté par les chanoines et les chapelains du riche chapitre collégial Saint-Pierre et par le clergé des six autres paroisses : St Etienne, St Maurice, Ste Catherine, St Sauveur, La Madeleine, St André.

    La ville même est administrée par "Messieurs" du Magistrat désignés par les commissaires royaux, aidés d'officiers permanents. Dans les paroisses, leurs interlocuteurs pour les affaires religieuses temporelles, sont les marguilliers.

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    Sceau des échevins de Lille en 1434

     

     Le Magistrat lillois va donc être au 18ème siècle également préoccupé par "les foyers d'infection" que constituent les inhumations dans les églises et par la présence de nombreux cimetières dans la cité. Il souhaite interdire les premières et si possible transférer les seconds hors de l'enceinte.

    Ce souhait va se transformer en urgence lors d’une grave épidémie de caractère typhique qui sévit en 1772-1773. En 1772 dans les six paroisses, sans compter les hôpitaux, on compte 2 875 morts contre 1 853 en moyenne les années précédentes.

    Suite à cette épisode brutal, le 6 octobre 1773 trois commissaires sont nommés par le Magistrat (les échevins De Druez et Bonnier et le conseiller pensionnaire De Madré des Oursins) : ils sont chargés, de concert avec les marguilliers, de "chercher dans l’étendue de chaque paroisse d'icelle ville des emplacemens suffisans pour pouvoir y établir quatre classes de sépulture... la première pour tenir lieu de place distinguée de l'église, la seconde pour remplacer le surplus de l'église, la troisième le cimetière ordinaire et la quatrième pour enterrer les enfans morts sans baptême".

    Les commissaires aidés d'arpenteurs mènent alors une enquête méthodique sur chaque cimetière :

    - sa situation précise,

    - sa superficie,

    - le nombre total des morts entre 1761 et 1770,

    - ceux ensevelis dans le cimetière ou dans l'église,

    - le délai de dissolution totale des corps et de réouverture des fosses au même endroit,

    - etc...

    Ils dressent finalement un sombre tableau de la ville. "Un fond marécageux et humide, un sol qui ne doit son élévation qu'à des canaux dont les eaux sont croupissantes et gattées par les manufactures, un peuple considérable resserré dans une enceinte trop bornée et enfoncée en quelque sorte au milieu des remparts fort élevés qui l'entourent, un clos dans lequel l'air toujours chargé d'évaporations de toute espèce est continuellement intercepté par des rues étroites ou mal percées. Tel est le premier coup d'oeil qu'on jette sur cette ville".

    "II y a continuellement dans cette ville 13 038 corps dont la putréfaction toujours présente infecte et soûle en quelque sorte habituellement l'air de molécules animales putrides et pestilentielles".

    Les "salloirs" en particulier, "quoique tolérés ou plutôt ignorés de la police ne paroissent pas devoir être soufferts davantage".

    Ils insistent particulièrement sur les affreuses conditions de vie qui règnent dans le quartier de Saint Sauveur, « temple de la misère et de la maladie ».

    Lors de la visite à Saint Etienne les commissaires notent : "on nous a assuré que dans le voisinage de ce cimetière les viandes ne se conservent point, surtout pendant l'été".

    Ils rappellent les pestes du passé : "En 1597 cette maladie enleva 42 000 hommes dans la ville de Lille et ses environs... Elle y régna encore en 1603, 1617, 1635 et 1667", sans oublier l'épidémie de 1772 qui a vu se développer "la maladie le plus à craindre après la peste... Pareils malheurs nous menacent chaque jour".

    Les cadavres sont "autant de foyers dont les exhalaisons destructives peuvent propager la désolation et la mort".

    Cette enquête sera renouvelée officiellement et judiciairement en 1776 : les nouvelles conclusions des commissaires confirment le rapport précédent. Les cimetières ont bien une capacité insuffisante pour accueillir et conserver dans un délai décent les cadavres. On y rémédie depuis longtemps d’ailleurs par l’utilisation de « salloirs" ou fosses communes contre lesquels le conseiller De Madre des Oursins dresse un violent réquisitoire cette même année : « les salloirs ou grandes fosses dans lesquelles on enterre trente , quarante corps dont les derniers ne sont couverts que d’un pouce ou deux de terre … sont un moyen affreux auquel on a dû avoir recours … les marguilliers de St Etienne ont fait creuser un grand salloir dans lequel ils se proposent de placer quatre-vingt corps … le fossoyeur s’y est précipité et y est resté avec la cuisse cassée pendant une heure sur les cadavres non recouverts. Cette fosse d’infection restera ouverte pendant 4 mois ».

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    Fosse commune

    Les commissaires ajoutent également quelque chose de plus pragmatique: "la ville trouvera dans les cimetières actuels huit à neuf cens de terres qui rendus au commerce rempliront ce vide et procureront tout à la fois des maisons à imposer au vingtièmes et des logemens pour les contribuables".

    Ils attirent enfin l'attention sur l'élémentaire prudence qu'il faudra observer lors de la "profanation" des anciens cimetières pour ne pas heurter les sentiments de la population et accréditer les rumeurs. Elle devra "être remise dans six ans, époque où l'on prévoit qu'on pourra les rendre au commerce sans s'exposer à violer les cendres de ceux qui y sont enterrés".

    Les marguilliers de Saint Sauveur dans un contre rapport considèrent que leur cimetière, qui est le plus vaste de la ville, a une capacité suffisante et argumentent leur point de vue en soulignant que les populations les plus pauvres paient un lourd tribut à l'épidémie, puisque « cette paroisse (Saint Sauveur) est la seule à voir le nombre de ses morts doubler : 812 en 1772, pour 401,l’année précédente, progression tristement éloquente par rapport à Saint André » où se trouvent les belles résidences de l'agrandissement de1670 avec la rue Royale (291 morts en 1772 pour 230 en 1771).

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    Eglise St Sauveur

    Les édiles municipaux en sont d'ailleurs conscients. "Cet excédent considérable... ne peut provenir que de ce que dans celle-ci les habitants plus pauvres, plus nombreux et plus resserrés dans de petites maisons occupées souvent par plusieurs familles et situées dans des rues fort étroites connues sous le nom de ruelle ou de courettes respirent un air moins pur et propagent encore par la malpropreté presque inséparable de la misère toutes les maladies qui prennent au milieu d'eux."

    Les marguilliers de la paroisse font observer qu'on y enterre en 1772, pendant l'épidémie citée plus haut, 359 adultes et de 435 enfants alors qu'en 1770 étaient morts 132 adultes et 300 enfants et en 1771, 159 adultes et 298 enfants.

    Peu importe, « la messe est dite » : l'insuffisance des cimetières lillois est prouvée de l’avis du Magistrat et cette situation va être aggravée par l'interdiction souhaitée d'inhumer dans les églises qui, d'après eux, absorbent un sixième des corps (estimation généreuse... en fait 15%). Ils proposent donc d'y remédier en établissant des cimetières hors de l'enceinte. Ils préconisent également qu’on n'autorise la mise dans le cercueil que 24 heures après un décès normal et 48 heures après une mort subite, les signes de la mort étant parfois difficiles à identifier.

    La résistance s’organise : les marguilliers de certaines paroisses envisagent de conserver leur cimetière paroissial intra-muros pour les enterrements des 3 premières classes (Solennels, demi solennels, bourgeois) et de rejeter les autres dans les cimetières extérieurs. Il faut en effet trouver des solutions "à effet d'enterrer les morts de chaque paroisse chacun suivant l'état qu'ils ont tenu dans la société".

    Pour leur part les commissaires n'envisagent qu'une mesure générale et sans exception.

    La Déclaration royale du 10 mars 1776 est enregistrée par le Parlement de Douai le 12 novembre 1776, puis le Magistrat lillois fait constater judiciairement le 3 décembre 1776 l'insuffisance des cimetières intra-muros et le 14 décembre 1776 il ordonne aux marguilliers de désigner un représentant par paroisse pour venir arrêter avec lui les modalités du transfert ; en cas de refus, il passera outre.

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    Parlement de Douai avant la Révolution

     

    Quatre paroisses sur six refusent de désigner un délégué.

    Les marguilliers de Saint Etienne, la principale paroisse, firent circuler une pétition et allèrent porter leur affaire devant le Parlement de Douai qui les débouta en janvier 1777.

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    Eglise St Etienne

    Pendant ce temps, le Magistrat achète le terrain d'un cimetière extérieur, au faubourg de St Maurice, l'actuel cimetière de l'est : il s’agit d’un terrain de 2 000 verges (mesure de Lille), malheureusement très humide. Il procède aux premiers travaux : établissement d’un chemin pavé depuis la porte St Maurice, construction d’un mur de clôture …

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    Porte St Maurice

    Il demande également aux marguilliers de faire construire des chars funèbres conformes au modèle proposé, au plus tard pour le 1er septembre. En vain …

    Le Directeur des fortifications, Nicolas Larcher, transmet de son côté un rapport défavorable sur l'emplacement choisi, et ce, pour des raisons militaires : ce terrain est trop proche de la ville et en cas de siège, le mur du cimetière offrirait un abri de choix aux assaillants et gênerait la défense.

    Néanmoins le ministre de la Guerre, Philippe Henri, marquis de Ségur (1724-1801), donne son accord le 11 juin 1777 compte tenu que le Magistrat a accepté les deux conditions suivantes : "faire détruire à la première réquisition en temps de guerre le mur de clôture du cimetière... (et) la marche des enterremens se terminera aux églises paroissiales d'où les corps seront transportés au cimetière extérieur dans un carrosse ou chariot destiné à cet usage, sans autre appareil que celui d'être accompagné d'un seul ou de deux ecclésiastiques".

    Le Magistrat enfin compte prier l'évêque de Tournai, Guillaume-Florentin, prince du Saint Empire et de Salm-Salm de venir en personne bénir le nouveau cimetière, "ce qui ne contribuerait pas peu à ramener aux principes de l'ancienne discipline et de la saine raison ceux dont la piété s'alarme".

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    Plaque de garde aux armes du prince Guillaume Florentin

    La nouvelle réglementation des inhumations à Lille (1779).

    - Les anciens cimetières des paroisses seront totalement fermés et leurs portes murées dans les huit jours suivant la publication ; leur usage en sera interdit. Cette mesure est étendue à ceux des hôpitaux. Le nouveau cimetière commun est divisé en quatre parties "pour conserver aux différentes classes les rangs qui ont été observés de tout temps dans les enterrements et aux fabriques les profits qu'elles ont retiré de cette distinction". Les tarifs proposés le 7 décembre 1776 sont promulgués.

    - "Les corps seront transportés des maisons mortuaires à l'Eglise avec les convois ordinaires". Lorsque les prières et les cérémonies seront achevées les corps seront conduits au cimetière commun selon un trajet minutieusement précisé, "dans un char en forme de tombe, couvert d'un poêle noir avec la croix rouge et un Christ relevé sur le derrière de la tombe, accompagné d'un prêtre et traîné par un ou deux chevaux qui iront au pas". Les chars partiront tous les jours à 9 heures et les corps devront être prêts pour cette heure. Néanmoins l'usage du char commun n'est pas obligatoire ; les particuliers qui le souhaitent pourront faire transporter les corps à leurs frais, "dans un carosse particulier... immédiatement après la célébration de l'Obit ou des Prières, à telle heure que ce soit, pourvu cependant que ce soit une heure au moins avant la fermeture des portes". A cet effet les paroisses auront un carrosse qu'on pourra louer, "moyennant un écu de six francs" et qui sera accompagné de deux prêtres. Fiacres et loueurs de carrosses pourront également proposer des voitures identiques et spécifiquement affectées à cet usage.

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    - "Le cimetière commun sera continuellement fermé ; il ne sera ouvert que pour recevoir les corps... et durant le tem des inhumations". Les fosses auront au moins six pieds de profondeur. Le Magistrat pourra accorder sur requête l'autorisation d'y faire des caveaux. En revanche il défend "d'élever aucun monument et de rien placer dans le cimetière sur les fosses qui recèlent les corps tels qu'ils puissent être". Ces monuments ou les "pierres sépulchrales" pourront seulement être érigés contre la muraille ou dans l'église paroissiale (l’origine de cette mesure est certainement liée à la nécessité de répondre aux normes de la sécurité militaire exigées par le ministre : en cas de siège il faut tout pouvoir raser rapidement).

    - Pour conserver aux églises paroissiales les ressources suffisantes aucun obit ou aucune quarantaine ne peuvent être dits dans une autre église avant que la même mesure n'intervienne dans l'église paroissiale.

    - Enfin il est interdit de mettre dans le cercueil avant 24 heures les personnes décédées de maladie et avant 48 heures celles qui sont mortes subitement.

    Le 9 juillet 1779 un mandement de l'évêque de Tournai "agrée et approuve le Règlement et Ordonnance des Magistrats de la ville de Lille pour tous les points et articles qui pourraient dépendre de notre Ministère, Autorité et Juridiction". Il ordonne donc la bénédiction du nouveau cimetière et désigne à cette fin le doyen de chrétienté, Me Verdière, curé de la Madeleine, bénédiction qui interviendra le 14 août 1779.

    Rébellion : dès le 14 août les marguilliers de Sainte Catherine "au mépris de l'ordonnance municipale" laissent enterrer le cadavre de Béatrice Coquelle dans le cimetière paroissial. Le prévôt aussitôt demande au Magistrat de sévir.

    Celui-ci le 15 août ordonne l'exhumation du corps et son transfert par le char au cimetière commun. Les marguilliers pour leur part considèrent que "l'exhumation est impossible sans s'exposer à une rumeur publique, une bagarre, à des insultes, à une émotion populaire ou à une infection dans la ville".

    Le 16 août au matin les sergents aux causes criminelles constatent qu'"un cercueil dont l'extérieur rempli de terre marquoit qu'on l'avait tirez est dans le char aux côtés du cadavre de la femme du nommé Lorthioir".

    Le fossier avait exhumé le cercueil la nuit vers dix heures. Mais les sergents trouvent aussi "une multitude de personnes qui murmuroient beaucoup, disant qu'il étoit inhumain de traîner des corps".

    Le corbillard entouré de quatre fusiliers s'ébranle et son parcours est émaillé de multiples incidents : jets de pierres qui notamment cassent les lanternes du char. Un fusilier arrête un manifestant. "il fut assailli par plusieurs personnes qui le désarmèrent, brisèrent son fusil, mirent en liberté l'homme". La garde de la porte Saint Maurice est impuissante.

    Au cimetière commun, où la foule a accompagné le char malgré les interdictions, les troubles continuent. Des manifestants se précipitent vers la partie réservée aux enterrements bourgeois, "s'emparent des corps qui y étoient déposés et reconnaissant un cercueil qui avoit été exhumé à cause de la terre qui y étoit encore attachée, ils allèrent le placer dans une fosse destinée pour les services sollennele, sans assistances d'ecclésiastiques ny de fossoieur".

    Deux cavaliers de la maréchaussée de passage ne peuvent empêcher ces faits. Au retour le corbillard ne contient plus aucun corps, ce qui "libère" totalement les manifestants dont la fureur à l'aller était retenue par le respect envers les morts.

    Place aux Bleuets il est assailli ; le cocher risquant sa vie dételle et se sauve avec ses chevaux. Le char est alors brisé et les assaillants en jettent les morceaux à l'eau au pont Saint Jacques. Simultanément d'autres incidents sérieux se produisent en plein centre de la ville. Le char de Saint Maurice venu à Saint Etienne chercher un corps est lapidé. Des pierres sont aussi jetées du haut d'une maison de deux étages occupée par le nommé Gauvin. Des sergents sont malmenés, un d'entre eux est même blessé.

    Devant le désordre grandissant y compris à l'intérieur de l'église Saint Etienne, on renonce à prendre le corps. "La populace s'atroupant de plus en plus, le clergé leurs fit dire de reconduire le char parce que l'on ne s'en serviroit point". Bientôt la foule met en pièces le corbillard que le cocher blessé a dû abandonner. Seule l'arrivée de la troupe empêche que les manifestants ne fassent un feu de joie des débris.

    Les dégâts aux chars seront estimés à 644 florins. "Il y a eu hier en cette ville une mutinerie qui a duré une partie de la journée... deux chars funèbres furent assaillis en revenant du cimetière et presqu'entièrement brisés par la populace".

    Devant ces événements "Messieurs" vont faire preuve à la fois de fermeté et de souplesse. Dès le 16 août après-midi quatorze témoins sont entendus par l'échevin Beaussier et le greffier criminel Duquesne de Surparcq. L'interrogatoire est décevant. Ainsi les cinq sergents aux causes criminelles dont quatre ont plus de soixante ans "n'ont reconnu personne parmy la multitude qui s'est livré à ces excès". « Il y avait trop de monde », déclarent-ils.

    Manifestement ils estiment qu'il serait sans doute dangereux pour eux et leur famille de dénoncer des manifestants ; peut-être sont-ils également acquis à certaines revendications de la foule.

    Seul Antoine-Joseph Bonnet, âgé de 35 ans, garçon d'écurie, cocher du char parti de Sainte Catherine, qui n'a pas oublié la matinée qu'il vient de vivre, déclare avoir "reçu un soufflet d'un homme âgé de 50 ans, qui étoit blasé et vend des cendres aux blanchisseuses".

    Or Pierre François Le Saffre, âgé de 19 ans, maître tailleur "a ouï dire de son père qu'il lui avoit été rapporté que le nommé Gaussart, son facteur de cendres, s'étoit vanté dans un cabaret d'avoir insulté le conducteur d'un char funèbre".

    On arrête donc Louis-Joseph Gaussart, âgé de 46 ans, facteur de cendres, demeurant rue de la Halloterie, qui reconnaît avoir giflé le cocher mais parce qu'il avait reconnu en lui "un homme qui l'avoit baliné".

    Bien que Gaussart reconnaisse ne pas avoir été ensuite au cimetière mais au "Quatre couronnes", le cabaretier de cet établissement déclare ne pas l'avoir vu.

    Un garçon boucher de 14-15 ans qui aurait participé à la manifestation est vainement recherché.

    Le 19 août le Magistrat condamne Gaussart, reconnu coupable "d'avoir insulté le conducteur en lui donnant un soufflet après lui avoir demandé si c'était lui que devoit conduire le char, à être appliqué au carcan sur la place devant l'hôtel de cette ville et y demeurer attaché par le col l'espace de deux heures aiant sur la poitrine un écriteau... portant ces mots 'perturbateur de l'ordre public . Ce fait banni pour 5 ans de la ville et châtellenie' ".

    Or en appel le Parlement de Douai, jugeant immédiatement, aggrave considérablement cette sentence puisqu'il condamne Gaussart "à être battu de verges sur un échaffaut, marqué d'une fleur de lys et banni du royaume pour trois ans".

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    La sentence est exécutée le 21 août 1779 et le banni est conduit à la barrière de Lépine le 25 août. Manifestement on a voulu faire un exemple et Gaussart a payé pour tous.

    L'inondation du nouveau cimetière et l'interdiction de l'utiliser.

    Suite aux pluies diluviennes qui sont tombées, l’intendant de Calonne, le 19 décembre 1779 constate que "le terrain est si aquatique que lorsqu'on veut y ouvrir une fosse l'eau monte sur le champ et encouvre la superficie au point que les cadavres surnagent", et décide d'en interdire l'usage. Le procureur général fait remarquer que "les suites fâcheuses de l'inondation et la fermentation des esprits" justifient une décision que les échevins lillois auraient été bien inspirés de prendre eux-mêmes.

    En attendant qu'une solution durable soit trouvée, le cimetière extra-muros de La Madeleine doit être utilisé. On s'arrête finalement à un agrandissement provisoire du cimetière de La Madeleine en attendant que des travaux de drainage soient entrepris et achevés au cimetière commun du faubourg Saint Maurice.

    Nouvelles résistances :

    Le Magistrat doit affronter la colère du clergé qui le 3 mai 1783 dénonce au Parlement des pratiques qui lui portent préjudice : certaines personnalités lilloises font transporter parfois subrepticement à la campagne les corps de leurs parents défunts pour les y enterrer. De même elles se dispensent de faire célébrer prioritairement dans l'église paroissiale des services ou des messes. Les curés font observer qu'outre les inconvénients des transports clandestins (constatation légale de la mort, identité, etc.) ces faits privent les prêtres habitués "de la plus grande partie des émolumens qui fournissent à leur subsistance...les uns sont réduits à une indigence incompatible avec le caractère dont ils ont l'honneur d'être revêtus, les autres sont portés à des actions qui les dégradent encore plus".

    Quid du transport des défunts ? Le Magistrat, avec bien des difficultés, avait réussi à imposer l'usage des chars à compter du 1er décembre 1779. L'éloignement du cimetière de La Madeleine avait ensuite facilité l'application de cette décision. Cependant, à plusieurs reprises, des corps avaient été transportés sur des épaules d'hommes et le Prévôt avait condamné à une amende les marguilliers de Saint Maurice puis ceux de Saint Sauveur le 29 janvier et le 15 mars 1781 pour ces faits.

    EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

    Jusqu’à présent en effet le défunt était toujours transporté sur les épaules, mais de l’avis de certains commentateurs, c’était réalisé par « des porteurs particulièrement empressés d’arriver à l’église surtout quand le défunt est obèse ou la température inclémente ».

    Avec l’interdiction du transport sur les épaules, tout change : «désormais plus de porteurs ruisselant de sueurs pour se presser aux portes de l’église » !

    EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

    Mais la résistance de la population sur ce point relève d’un mélange de sémantique et de psychologie : le Magistrat a écrit en effet que « les corps seront trainés par un ou deux chevaux » ; or le terme « traîné » les renvoie au triste sort des corps des suppliciés qui sont trainés sur une claie dans toute la ville par des chevaux, jusqu’au lieu d’inhumation : ultime humiliation faite au corps du condamné dont on expose aux yeux de tous la culpabilité et l’infamie.

    Le Magistrat modifiera donc textuellement son propos et fera un effort d’explication de texte pour convaincre les marguilliers et les Lillois qu'il est plus décent et en aucune façon humiliant de transporter les corps par ce moyen.

    Par ailleurs d’un point de vue cette fois plus pragmatique, n’oublions pas que le transport sur l’épaule des corps de leurs défunts est gratuit pour les familles contrairement à l’utilisation d’un char destiné à cet effet …

     

    EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

     

    Sources

    Les morts chassés de la cité. ''Lumière et Préjugés" : les "émeutes" à Lille (1779) et à Cambrai (1786) lors du transfert des cimetières - Alain Lottin

    La pollution par les cimetières urbains - Pratiques funéraires et discours médical à Lyon en 1777 - Olivier Zeller

    L'Evolution des cimetières - Daniel Ligou

    Espace sacré et territoire vital au XVIIIe siècle : la régulation des lieux d'inhumation en Bretagne - Alain J. Lemaitre

    L’hygiène à l’école aux XVIIIe et XIXe siècles : vers la création d’une éducation à la santé

    Le XVIIIe siècle français au quotidien: textes tirés des mémoires, des ... Par Roland Mortier

    Pompes funèbres autefois et les métiers qui gravitaient autour

    Naissance, vie et mort des cimetières - Pascal Moreaux 


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    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    Quand on pense à la Révolution et la période noire qui s’ensuivit, on pense de suite à la Terreur, à la guillotine … .

    On ne pense pas nécessairement, (de prime abord en tout cas), à la guerre contre les Autrichiens et les Prussiens qui débuta en 1792 et du coup on ne pense pas à ce que purent endurer les populations du Nord face aux troupes ennemies qui avancèrent lentement mais sûrement jusqu’aux portes de Lille.

    J’avoue ne pas très bien connaître cette période. Je découvre donc en même temps que vous …

    Le 20 avril 1792, à Paris, sur une proposition du roi Louis XVI, l'Assemblée législative déclare officiellement la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », en fait l'archiduc d'Autriche François II de Habsbourg.

    La machine est lancée, l’ennemi, escorté de mercenaires et autre « brigands » va entamer sa traversée de la Flandre avec pour objectif Lille. La chute de la capitale des Flandres françaises aura en effet un effet psychologique considérable sur la nouvelle République et l’affaiblira.

    Leur avancée s’accompagne bien sûr de tout ce que l’on peut imaginer en terme de violences de campagne : massacres, viol, pillage, demande de contributions en nourriture, fourrage et monnaies trébuchantes …

    Je n’ai pas le détail de l’avancée des armées ennemies jour après jour mais

    Fin août, « un gros détachement d’impériaux d’environ 100 hommes armés de toutes pièces, se sont portés avec une fureur barbare sur les pauvres chaumières des habitans de Warneton-France et surtout de Deûlémont ; … ils ont pillé, dévasté, maltraité tout ce qui s’est présenté sans défense au-devant de leur brutalité et que secondés par des scélérats de Warneton –esclave ils ont chargé sur des chariots les effets, les outils, le linge et même les meubles de plusieurs indigens »

    Le 4 septembre Lannoy et Roubaix sont occupés : « une horde de misérables Autrichiens au nombre de 4 à 5000 dit-on, l’exécration humaine, mourant de faim et dépourvus de vêtemens, s’est portée sur Roubaix avec du canon, a tiré sur ce bourg comme s’il eut été fortifié, et l’a traité comme une ville prise d’assaut. Sans doute que son but étoit d’en faire fuir tous les habitans pour le piller avec plus de tranquillité et de sûreté ; dans ce cas les scélérats ont réussi en partie parce que ni le détachement peu nombreux qui y étoit cantonné ni la garde nationale ne pouvoient s’opposer au torrent de ces brigands avides de butin, ni résister à des volées de coups de canon chargé de mitraille, sans y trouver une mort certaine. […] sortant de Roubaix on dit qu’ils se sont portés sur Lannoy où ils ont commis les mêmes atrocités ». « on évalue les vols, les pillages et les dommages causés au bourg de Roubaix au moins à 600 000 livres ».

    Le 11 septembre les Autrichiens entrent dans Saint Amand Le 17 septembre ils sont aux portes de Pont à Râche

    Le 23 septembre, 1 300 impériaux commandés par Albert de Saxe-Teschen, gouverneur des Pays Bas autrichiens, mettent le siège devant Lille défendue par le général Ruault (à la fin du siège on recensera 32 000 soldats ennemis face à la ville).

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    Albert Van Sachsen Teschen

    L’avancée se poursuit : le 25 septembre, les Autrichiens entrent dans Seclin et Haubourdin

    Le 24 septembre les hulans (lanciers allemands) sont à Noyelles et à Emmerin

    Le 26 septembre ils se logent dans le faubourg de Fives Le 28 septembre, ils évacuent Orchies et Saint Amand

    Pendant ce temps, « les intrépides et braves habitans de Santes, de Loos, d’Emmerin se sont levés, les uns avec des fusils, les autres avec des instruments de labourage et ont donné la chasse aux brigands ».

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    Le siège de Lille - Nicolas François Joseph Masquelier

    Le 29 septembre 1792, le duc de Saxe-Teschen envoie une sommation à la place de Lille indiquant qu'il est disposé à épargner la ville contre reddition.

    Le major d'Hasper, porteur de la sommation, se présenta devant la porte Saint-Maurice accompagné d'un trompette et d'un porteur d'un drapeau blanc et il se soumit à l'obligation d'avoir les yeux bandés en pénétrant dans la ville :

    « Monsieur le Commandant,

    L’armée de Sa Majesté l’Empereur et Roi, que j’ai l’honneur de commander, est à vos portes ; les batteries sont dressées ; l’humanité m’engage, Monsieur, de vous sommer vous et votre garnison de me rendre la ville et la citadelle de Lille, pour prévenir l’effusion du sang. Si vous vous y refusez, Monsieur, vous me forcerez, malgré moi, de bombarder une ville riche et peuplée que j’aurois désiré ménager. Je demande incessamment une réponse catégorique.

    Fait au camp devant Lille, le 29 septembre 1792.

    Albert »

     

    Réponse de Ruault :

    « La garnison que j’ai l’honneur de commander, et moi, sommes résolus de nous ensevelir sous les ruines de cette place, plutôt que de la rendre à nos ennemis ; et ses citoyens, fidèles comme nous, à leur serment de vivre libres ou de mourir, partagent nos sentimens et nous seconderont de tous leurs efforts.

    Le maréchal de camp commandant à Lille, Ruault »

     

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    Le siège de Lille - Watteau

     

    Une proclamation est affichée à trois heures de l’après-midi le samedi 30 septembre 1792, suite à la sommation faite par l’ennemi aux corps administratifs de livrer la ville aux Autrichiens.

    « De Lille, le 30 septembre 1792, PROCLAMATION du Conseil de guerre, tenu à Lille le 29 septembre 1792 à midi et l’an 1er de la République françoise.

    Citoyens, nos ennemis désespérant de s’emparer de cette place par les règles de l’art, vous menacent, pour parvenir au même but, de la bombarder : Citoyens, soyez calmes, souvenez-vous de vos sermens, soyez assurés que la République vous indemnisera de vos pertes, et nos ennemis éprouveront que c’est sans succès que l’on attaque un peuple libre.

    Par ordre du conseil de guerre,

    Signé Poissonnier, secrétaire-greffier ». 

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    Le siège de Lille - Gaston Melingue

     

    Une seconde proclamation est affichée le lendemain, 1er octobre 1792, après une journée de bombardement.

    « Vous le voyez ! Un ennemi ne veut pas vous vous gouverner, il veut vous exterminer : courage ! redoublez de zèle contre les incendies : envoyez dans les campagnes libres vos tendres épouses, vos chers enfans, défendez vos habitations des flammes ; soyez assurés, soyez absolument certains que la république, riche de ses vastes domaines et des propriétés des infâmes émigrés, fera rebâtir vos maisons, vous indemnisera de toutes vos pertes ! Le conseil de guerre en prend derechef l’engagement au nom de la nation entière, libre enfin de ses tyrans. Par ordre du conseil de guerre. Signé : Poissonnier, secrétaire greffier. »

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    Le 30 septembre donc les bombardements commencent à 3 heures et quart de l’après-midi; les casernes de Fives, Saint Etienne et Saint Sauveur sont incendiés.

    Plus précisément, durant la première journée « l’église de Saint Etienne, quelques petites maisons qui l’entouroient, deux dans la rue Esquermoise, l’extrémité de la rue de Fives, toutes les rues du Croquet, de Pois, du Curé St Sauveur, les Moulins de Garence et quelques autres maisons éparses dans différents quartiers ont été incendiées ».

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    Ruault a pour se défendre quatre mille hommes plus six mille gardes nationaux et 132 canonniers. Il doit attendre le renfort des armées républicaines.

    Le maire de Lille, le 30 septembre, lance un appel désespéré aux villes voisines : "Exposés au bombardement le plus vif de la part de l’ennemi qui ne cesse de tirer sur notre ville à boulets rouges et à bombes, nous vous prions au nom de la Patrie de nous envoyer vos pompes... ".

     

    Le bombardement durera 185 heures quasi ininterrompues au cours desquelles 30 000 boulets rouges et 6 000 bombes tombèrent sur Lille. Pour rendre plus meurtrières ces « machines infernales », les Autrichiens y mirent «des clous et autres mitrailles mêlés dans la poudre ».

    « Quelques citoyens ont eu la bien louable audace d’empêcher l’éclat de plusieurs en arrachant la mèche avant qu’elle ait eu atteint l’ingrédient inflammable, auquel rien ne résiste. »

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    Le siège de Lille - Watteau

    A noter que ces fameux «boulets rouges» sont restés dans le langage courant puisqu'on dit toujours: «Tirer à boulets rouges»!

    Que pensent les historiens de ces 30 000 boulets rouges ? En fait il s'agissait de boulets de 4 ou de 12 qu'on avait portés à la température du rouge cerise et ceci posait naturellement un problème de chargement du canon. Avec des projectiles habituels les canonniers devaient d'abord introduire au fond du tube la charge propulsive fréquemment constituée par des gargousses en papier; on enfournait ensuite le boulet en usant habituellement d'un refouloir pour que le projectile vienne au contact de la charge. Il est évident que l'introduction d'un boulet porté au rouge dans un tube où se trouvait déjà la charge eut provoqué aussitôt une explosion et il fallait donc interposer de part et d'autre du boulet une couche isolante; pour ce faire on utilisait deux tampons de foin mouillé ou même deux mottes de gazon. Le boulet était au préalable chauffé sur des grils placés à une certaine distance du canon et on le transportait avec des pinces. L'ensemble de l'opération était donc très long et, de plus, il fallait fréquemment refroidir le tube, ce qui augmentait encore les délais. Bref, il était impossible d'atteindre la cadence habituelle du tir avec des projectiles normaux, c'est-à-dire 10 à 12 coups à l'heure. Avec les boulets rouges, on devait pouvoir débiter un coup par quart d'heure, aussi faut-il penser que sur les 30 000 boulets tirés pendant le bombardement, le tiers tout au plus fut tiré pour provoquer des incendies.

    A noter que ce mode de tir n'était pas exempt de danger. Napoléon écrira "« Le service du tir à boulets rouges est par lui-même dangereux, pénible et difficile ; les canonniers y répugnent tellement, que, pour peu qu’il y ait encore d’autres dangers, ils y renoncent, et ne tirent qu’à boulets froids. »

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    À bout de munitions et sous la pression des armées révolutionnaires, accourues d'Aire, de Béthune, Saint-Omer et Dunkerque, les Autrichiens finissent par lever le siège le 6 octobre non sans avoir mis la place à feu et à sang.

     

    Verdict de ces quelques jours de bombardement : 500 maisons sont détruites, plus de deux mille maisons sont touchées (les historiens pensent toutefois que ces chiffres ont été grossis) ; le quartier St Sauveur n’est plus qu’un amas de ruines. La rue Royale et ses environs, habités par « l'aristocratie," ont été épargnés par l'ennemi. «Parmi les édifices, l'église Saint-Etienne, alors sur la Grande Place, avait été incendiée, en même temps qu'une douzaine de maisons qui l'entouraient. L'église Saint-Sauveur avait perdu sa flèche ; la tourelle de la Bourse et le clocher de l'église des Jésuites (Saint-Etienne actuelle), étaient gravement endommagés. Les rues de Fives, de Poids, du Croquet, St Sauveur n’étaient qu’un monceau de ruines ».

    On profita des destructions pour élargir et aligner la rue Saint -Sauveur. L'église Saint-Etienne resta en ruines pendant des années; de là le nom de la rue des Débris-Saint-Etienne. L'église fut déplacée dans le collège des Jésuite, rue de l'hôpital militaire à quelques mètres de là.

     

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    Incendie de l'église St Etienne

     

    Quid des pertes humaines ? Aux dires d'un curé dont les paroissiens se trouvaient dans la zone la plus touchée, 150 personnes auraient été inhumées; mais un autre texte révèle qu'il y eut seulement une quarantaine de morts dans la population civile et parmi eux se trouvait un bébé de six mois. On ignore d'autre part le nombre des militaires tués.

     

    Le 8 octobre 1792, la Convention nationale décréta à cette occasion que « Lille et les Lillois ont bien mérité de la patrie ». Le vote de la Convention fit l’objet d’un poème révélateur de l’emphase d’alors :

    « Honneur à vous, Lillois. Françaises Thermopyles

    Vos murs, tout de granit, ont protégé nos villes

    Que la ligue des Rois menaçait en courroux.

    Ici l'ère nouvelle a reçu son baptême;

    Vous étiez sous le feu dans cet instant suprême,

    Républicains, Honneur à vous! »

     

    La colonne de la Déesse, sur la Grande place, commémore cette victoire de la ville sur ses assiégeants. Elle sera érigée en 1845.

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

     

    1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

    Projet de Watteau

    Les Autrichiens ont battu en retraite mais continuèrent à rôder dans les villages alentours, portant des sommations aux municipalités pour les faire contribuer et en profitèrent pour dévaliser pour leur compte les passants sur les routes et prennent des à comptes dans les villages.

    « Les habitans de celui de Phalempin réunis à ceux de Gondecourt, Attiches, Garnin et autres, se sont armés pour repousser ces brigands, ce qu’ils ont fait avec succès. Mais le lendemain (5 octobre), ces monstres sont revenus en force, ils ont pillé Phalempin et brûlé 23 à 24 maisons et assassinés un grand nombre d’habitans ».

     

    Aide financière

    Dès le 12 octobre, pour venir en aide aux dentellières, nombreuses à Lille, la Municipalité leur fournit gratuitement un carreau, des fuseaux et du fil. On achète aussi cent pièces de toile pour faire des chemises et cinquante autres pièces pour des paillasses, ainsi que des bois de lits, pour les pauvres.

    Le Bureau de Charité générale a fait faire une distribution de secours par les ministres paroissiaux de Saint-Sauveur (1 000 livres), de Saint-Maurice (800 livres) de Sainte-Catherine (300) et de la paroisse Saint- Pierre (300).

    La glorieuse défense de Lille avait enthousiasmé toute la France : de nombreux dons affluèrent.

    Ainsi les citoyens de Rouen envoyèrent 2 270 livres, la société patriotique de St Quentin 1 706 livres, la commune d’Hondschoote 1 146 livres, la société des amis de la liberté et de l’égalité de Nancy 1 500 livres, les citoyens et la société patriotique de Lorient 3 085 livres …

    A ces dons volontaires, la Convention ajouta une somme de 2 969 044 livres, ce qui forme un total de 3 390 734 livres 15 sols, lequel suffit à dédommager complètement les sinistrés.

     

    Comment les indemnités furent elles réglées ?

    L'Etat, ayant pris la responsabilité des ruines, c'est à lui, qu'allèrent les réclamations. Il était représenté à Lille, par l'administration du District. Les demandes lui étaient envoyées sous forme de mémoires établis sur « papier ordinaire ». Chaque mémoire était signé de l'intéressé, et certifié par deux témoins qui étaient généralement des voisins. Préalablement, le sinistré prêtait serment :

    « Aujourd'hui le ......,.....,.le soussigné ......a prêté devant vous, officiers municipaux de Lille, le serment de n'augmenter en aucune manière le montant des pertes qu'il a essuyées par l'effet du bombardement de cette ville, et que l'état qu'il en donnera, sera sincère et véritable ».

    Le District adressait ensuite à la Municipalité chaque mémoire, en l'accompagnant d'une lettre-circulaire ainsi conçue :

    « Lille le ............ Citoyens, Nous vous adressons une requête présentée par le citoyen ...... Vous voudrez bien nous renvoyer cette requête le plus tôt possible avec les observations que vous croirez devoir faire sur la demande qu'elle a pour objet.

    Les administrateurs composant le Directoire du district de Lille,

    Signé : xxx, secrétaire ».

    Une commission extra-municipale dite «de liquidation des indemnités» donnait son avis sur chaque demande. Les demandes étaient instruites rapidement et l’indemnisation décidée tout aussi rapidement.

     

    Toutefois cela pouvait prendre plus de temps dans certains cas et là, l'intéressé s'adressait aux commissaires de la Convention, en mission à Lille, avec pleins pouvoirs.  Exemple du citoyen Chailly :

    « Aux citoyens représentants de la nation, députés de la Convention dans le département du Nord Citoyens, Chailly, marchand horloger, établi sur la Grande Place à Lille, implore votre justice pour obtenir les dédommagements et indemnités des pertes qu’il a éprouvées lors du bombardement de cette ville.

    Sa femme, se trouvant au fond de sa maison, a eu le malheur d'avoir une jambe emportée par un boulet de canon, et elle est morte après une maladie cruelle qui a duré plus de trois mois.

    La maison de Chailly a également souffert du siège; percée dans plus de dix endroits, il a été obligé de l'abandonner, les réparations qu'il a fait faire sont considérables ; l'état en a été remis à la Municipalité.

    Chailly lui a également remis celui de la maladie de sa malheureuse épouse, mais il n'a obtenu encore qu'un acompte sur les frais qu'elle lui a occasionnés.

    Dans ces circonstances, il vous prie, citoyens représentants, d'engager la Municipalité à lui accorder promptement les indemnités auxquelles il a droit. Sa fortune est plus que médiocre, et il ne sera jamais pleinement dédommagé des pertes qu'il a éprouvées ; celle de sa femme surtout, en est une inappréciable pour lui et pour ses enfants, dont deux sont encore en bas âge.

    Lille, le 12 avril 1793, l'an II de la République ».

    Une note, en marge de la supplique, indique que le citoyen Chailly obtint, le 29 avril 1793, une somme de 2.335 livres, y compris l'acompte de 1.000 livres qu'il avait reçu en janvier précédent.

     

    Satisfaite des procédés de la nation, la commune voulut en conserver le souvenir. Elle donna le nom de «rue des Indemnités» à la rue des Bonnes-Filles, c'est-à dire à la partie de la rue Royale actuelle, qui s'étend de la rue Esquermoise à la rue d'Angleterre.

     

    Exemple de mémoires :

    Mémoire de Sabine Deswamme, dentelière chez le citoyen Alexandre Deswamme, son frère, rue du Croquez, paroisse Saint-Sauveur,

    Mémoire N° 1446 elle déclare avoir tout perdu par l'effet du bombardement de cette ville de Lille. Savoir :

    Une paillasse de toile 6 livres

    Un carreau et fuseaux à faire dentelle 4 livres

    Six aunes de dentelle 1,2 livres

    Une coiffure à dentelle 12 livres

    Une chemise demi-neuve 3 livres

    Trois bonniques ou bonniquets 3 livres

    Un coffre de bois blanc 3 livres

    Quatre mouchoirs de poche 2 livres 10 sols

    Total 45 livres 10 sols

    (Certifié par deux témoins qui, ne sachant pas écrire, ont tracé des croix).

     

    Mémoire de Aimable- Joseph Delannoy, ouvrier de sayetteur, demeurant dans la rue de Malpart,

    Mémoire N° 399 : brûlés dans la maison de Jean-Baptiste Becquart, maître sayetteur dans la rue du Croquez Savoir :

    Une navette 5 livres

    Nafteaux (?) 0 livre 2 sols 6d

    Ciseaux 0 livre 6 s.

    Raucher ( ?) 0 livre 2 s. 6d

    Une lampe 0 livre 7 d.

    Un coussin 3 livres

    Total 8 .liv.res 17 s. 12 d.

    (Lacroix, qui sert de signature à Delannoy, est certifiée par deux témoins).

     

    Mémoire de Charles-Louis-Joseph Delerue, mécanicien, demeurant en cette ville, rue Saint-Sauveur, cour Lottin, section première,

    Mémoire N° 1.050 : bombardement qui a tout fracassé ce qui suit, savoir :

    Pour une garde-robe en bois de chêne 6 livres

    Pour un mécanisme à retordre le coton 60 livres

    Pour deux armoires 15 livres

    Pour un tonneau à la farine y contenant encore deux avots de farine, de plus un met à pétrir le pain 15 livres

    Un cabinet d'autel et quantité de cadres 10 livres

    Quatre chaises tournées et un tabouret 5 livres

    Une pendule et une table 4 livres

    Pour poteries, faïences et huit pots à cornichons 15 livres

    Pour trois chaises, de fenêtres à moi appartenant 4 livres

    Total 134 livres

    (La signature de Delerue, qui est une simple croix, est certifiée par un voisin, nommé André Rogez).

     

    Exemple de quelques-unes des sommes qui furent allouées aux sinistrés :

    Les religieuses de La Madeleine 1.300 livres

    L'Hôpital de la Charité 1.275 livres

    L'Hôpital Comtesse 3 734 livres

    L'Église Saint-Sauveur 31 376 livres

    Cuisine des pauvres malades de Saint-Sauveur 5 053 livres

    Pour le moulin de la porte de Fives 1 650 livres

    La réparation des lanternes servant à l'éclairage public, coûta 787 livres 13 sols.

     

    Un certain nombre de lillois refusèrent les indemnités auxquelles ils avaient droit et en firent don à la République. L'historien Dérode cite l'apothicaire Carette, qui avait vu son officine de la rue des Chats-Bossus détruite par des boulets rouges. C'était une perte de 2.000 livres. Carette n'était pas riche mais il refusa toute indemnité, et demanda en échange, à la municipalité, le don de deux boulets autrichiens qu'il fit enchâsser dans la façade de sa maison.

    Le paiement des indemnités se faisait à la Maison commune, dans le bureau dit des Patentes.

    Au mois d’aout 1793 tout était liquidé.

     

    Sources

    Les dommages de guerre à Lille en 1792 de Edmond Leleu Revue du Nord Année 1925

    http://nordnum.univ-lille3.fr/ark:/naan/a011455718610RtsIih/75b9bc20c0

    Le siège de Lille en 1792 Pierre Rocolle


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