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    En 1737 dans le diocèse de Rieux (31), il y aurait eu 44 chirurgien et 15 barbiers, les médecins n’étant pas comptabilisés parmi les praticiens.

    Il est à noter qu’après 1743, les métiers de chirurgien et de barbier sont bien séparés et il n’y aura plus de confusion entre les deux métiers (cela ne va pas se faire de suite bien sûr, il faudra attendre quelques décennies pour cela).

    M comme un Meilleur encadrement Médical

     

    En tous les cas en 1755 il semblerait que les chirurgiens non barbiers (il y a donc encore à ce moment des chirurgiens barbiers) soient considérés comme des notables en Languedoc du moins :

    « Les chirurgiens non barbiers exerçant uniquement la chirurgie jouiront des prérogatives et des honneurs attribués aux autres arts libéraux et qu’ils seront regards à l’avenir comme notables bourgeois dans les villes où ils feront leur résidence » (Lettre du subdélégué Amblard concernant le statut des chirurgiens – 18/10/1755).

    Les chirurgiens vont peu à peu se spécialiser en obstétrique, délaissée par les médecins et former les sages-femmes.

    A Tournefeuille (31) une enquête sur les sages-femmes indique qu’à la fin du 18ème siècle les matrones « ne sont pas capables de remédier au plus petit accident. C’est un secours qui manque dans la communauté , s’il n’était le secours de Monsieur Conte, maître en chirurgie du lieu, qui a remédié à beaucoup de circonstances désagréables toutes les fois qu’il a été appelé à temps ».

    La loi du 19 ventôse an XI fera disparaître la séparation qui existait entre les médecins et les chirurgiens.

    A côté des médecins se trouve une catégorie de praticien que l’on nomme les officiers de santé.

    Au 19ème siècle ce sont des médecins qui n’ont pas le grade de docteur. Cette catégorie est née à la Révolution puisqu’en effet à partir de 1792, il est devenu possible d’exercer librement les professions de santé pourvu que les personnes concernées payent patente.

    Les officiers de santé vont officier dans les villages essentiellement.

    Une loi du 30 novembre 1892 abolira cette catégorie tout en laissant le droit aux candidats officiers en cours d’étude au moment de la promulgation de cette loi de les terminer et d’exercer nomalement.

    Pendant ce temps les sages-femmes voient leur niveau de formation progresser avec notamment la création d’écoles. Ainsi en 1792 une école se crée à Toulouse : 36 femmes sont choisies, 7 pour le district de Saint Gaudens, 6 pour celui de Toulouse, 5 pur celui de Grenade, 4 pour ceux de Castelsarrasin, Rieux et Muret, 3 pour ceux de Villefranche et Revel.

    Ce ne sera qu’au bout de 3 ans de formation que les maîtresses sages-femmes seront reçues.

    Avec la disparition des praticiens de santé, le nombre de médecin va mécaniquement diminuer surtout dans les zones rurales. Les formations, meilleures, vont entraîner une augmentation des prix des praticiens, excluant ainsi une partie de la population d’une possibilité de recours aux consultations.

    Les autorités vont ainsi devoir mettre en place une assistance médicale gratuite. Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Il ne s’agit toutefois pas des hôpitaux et autres hospices qui, on l’a vu dans de précédents articles, ont comme mission principale d’accueillir les nécessiteux, indigents, pèlerins et marginal en tout genre.

    Ceci étant sous l’Ancien Régime il existait des médecins gagés par les communautés mais leur rémunération ne leur permettait pas de vivre correctement. De ce fait il était très difficile d’en trouver.

    Au 19ème siècle ces médecins ne sont pas nécessairement mieux rémunérés mais cette assistance médicale gratuite est mieux organisée : un médecin par arrondissement exerce gratuitement depuis 1805 ; les médecins chargés de la vaccination anti variolique inoculent gratuitement les enfants des familles pauvres au cours de deux tournées annuelles qu’ils effectuent dans leur canton. Ils doivent en lus vacciner gratuitement chez eux le premier dimanche de chaque mois les enfants des familles indigentes des communes de leur canton qui leur seront présentés entre 8h et 10h du matin.

    M comme un Meilleur encadrement Médical

     

    Ils sont également obligés de se rendre à toutes les époques de l’année sur ordre des autorités locales dans les communes de leur canton où la petite vérole se déclarerait et d’y prescrire tout traitement curatif et préventif.

    La mise en place de cette assistance gratuite, la meilleure formation globale des praticiens de santé va permettre un net recul de la mortalité surtout la mortalité infantile.

    Mais les progrès médicaux au 19ème siècle ne sont pas encore à la hauteur de la violence de certaines maladies comme la variole qui en 1870 provoque une crise de mortalité très importante.

    A Paris la variole est endémique depuis 1865 où elle fait 700 morts chaque année mais elle devient plus virulent en décembre 1869 provoquant la mort de 4200 personnes jusqu’en juillet 1870. L’épidémie prend de telle proportion sur tout le territoire que pour la première fois dans l’histoire de la médecine une conférence est organisée du 25 mai au 29 juin 1870 à Paris pour l’étudier et la combattre. Près d e500 médecins viennent de toute la France pour y assister.

    Les populations sont pourtant vaccinées mais le vaccin n’est pas de bonne qualité. Et la guerre va entraîner des mouvements de population, de garnison et c’est ainsi que la maladie va se propager à une vitesse fulgurante dans toute la France.

    George Sand en septembre 1870 fuit Nohant et cherche refuge dans la Creuse "pour fuir la variole charbonneuse qui s’est déclarée à notre porte et qui a enlevé le mari » d’une amie dont « le fils est malade aujourd’hui ».

    Pasteur, réfugié à Arbois dans le Jura, pendant le siège de Paris, écrit début 1871 « que la petite vérole y fait des ravages épouvantables ».

     

    Il faudra attendre la fin du 19ème siècle avec les travaux de Pasteur et les progrès médicaux fulgurants au 20ème siècle pour que réellement les taux de mortalité soient durablement bas.

     

     Voir également l'article sur "se soigner autrefois".

     

    Sources

    Visages de la mort dans l'histoire du Midi Toulousain (4è-19ème siècle) sous la direction de Jean Luc Laffont

    La variole et la guerre de 1870 de Gérard Jorland

     

     

     

     


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    Adolphe est né le 15 septembre 1890 à Frouzins.

    Son père s'appelle Jean Antoine Claverie, cultivateur, né en 1845. Sa mère s'appelle Jaquette Catala, née en 1846.

    Il est châtain aux yeux verts et mesure 1.62m. Il a une cicatrice entre le nez et l'oreille gauche.

    Adolphe sait lire, écrire et compter.

    En 1910 il réside à Beaumont sur Lèze

    Il est cultivateur à cette époque. On le retrouvera électricien en 1924, puis contremaître de la Société Pyrénéenne d'électricité de Toulouse en 1932, secrétaire en 1937.

    A 24 ans il est mobilisé; on est le 3 août 1914. Il est affecté au 837ème RI

    Il est caporal

    Il est cité à l'ordre du régiment : "chef de pièce calme et résolu, s'est dépensé sans compter aux attaques des 17/18 et 19 avril 1917"

    Il est à nouveau cité le 10 mai 1918 "chef de pièce 'un courage remarquable, a été blessé à son poste de combat". Il recevra la croix de guerre, 2 étoiles de bronze.

    Le 29 avril 1918 il est en effet blessé par un obus au coude gauche, avec une plaie dans la région deltoïdienne gauche.

    En 1921, il habite Aucamville, en 1928, Muret, en 1930 Mazamet, en 1932 Puylaurens, et en 1936 Grisolles.

    Il épousera le 8 janvier 1920 à Toulouse Marie Castagné

    Il mourra le 15 mai 1978 à Toulouse

     

    Adolphe CLAVERIE

    Adolphe CLAVERIE

    Adolphe CLAVERIE

    Adolphe CLAVERIE

     


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  • A l’angle de l’avenue Honoré Serres et de la rue Godolin, en plein quartier des Chalets, se trouve un élément du patrimoine toulousain somme tout assez méconnu : le château de Verrières, connu aussi sous le nom de Castel Gesta.

     

     

    De style néogothique avec ses tours et tourelles, ses balcons dentelés, ses fenêtres en ogive, ses ferronneries d’art et ses gargouilles et autres animaux chimériques, le château a été construit par Louis-Victor Gesta, maître-verrier toulousain. Ce dernier était un grand collectionneur d'antiquités et d'œuvres d'art, et «avait fait construire sa résidence à l'image d'un palais urbain médiéval crénelé et les couverts de toitures élancées, surmontées de magnifiques épis de faîtage».

     

    Dans une pièce du château le maître verreir expose ses plus beaux vitraux comme L’Adoration des Mages d’après Albert Dürer ou celui de L’Entrée de Louis XI à Toulouse qu’il considérait comme son œuvre capitale. Il aménage également une Salle des Illustres et en confie la décoration picturale à Bernard Bénezet. Au sommet de l’escalier d’honneur s’ouvre une grande salle d’exposition peinte par le peintre toulousain Joseph Angalières.

     

    Les ateliers Gesta, créés par Louis Victor en 1852 et dont le château fait partie intégrante, ont été primés lors de nombreuses expositions notamment l’exposition universelle de 1867 (deuxième prix).

    « A cette époque, la manufacture est l’une des plus importantes de France et des milliers de vitraux sortent du faubourg avant de partir décorer plus de 8 500 églises aussi bien dans l’hexagone qu’à l’étranger » précise Christian Maillebiau, archiviste adjoint des Toulousains de Toulouse.

     

     

    Le succès des ateliers est tel que le 8 mars 1867, l’archevêque de Toulouse, accompagné de ses vicaires généraux, visite la manufacture où se trouve exposé le vitrail Sainte Geneviève de Pibrac destiné au pape Pie IX.

     

    Louis Victor Gesta sera même fait chevalier de l’ordre de Saint-Sylvestre par le pape.

     

    Gesta est ce que l’on appelle un artiste industriel, ce qui lui valut un certain nombre de critiques : ces vitraux étaient en effet produits en série mais de très bonne qualité.

     

     

    L comme Louis Victor Gesta et le château de Verrières

     

    À la mort de Gesta en 1894, le château fut vendu à un négociant toulousain, Bernard Bordes puis aux soeurs de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul, qui y hébergèrent des familles réfugiées durant la guerre.

     

    Le château en 1913

     

    Il fut ensuite transformé en centre d’apprentissage de la couture pour les jeunes filles sans emploi. En 1956, il devint un lycée d’enseignement professionnel.

     

    En 1987, le château fut racheté par la Mairie de Toulouse qui y installa la classe d’orgue du Conservatoire supérieur national de musique.

     

    Le 3 octobre 1991, l’État classe le château aux monuments historiques mais celui-ci est en piteux état, squatté et tagué depuis de nombreuses années, le terrain est en friche.

    L comme Louis Victor Gesta et le château de Verrières

    Le château en 2009 avant les travaux de réstauration

     

    Il est racheté par un promoteur qui entame à compter de 2014 une série de travaux pour le réhabiliter et y aménager six appartements.

     

    L comme Louis Victor Gesta

    Le château en 2016

     

     


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    Certaines rues de Toulouse ont des nom qui prêtent à sourire.

    Voici l’origine du nom de certaines d’entre elles…

     

    Le chemin Mal Clabel, pas loin de l’avenue Jean Rieux

    Ce chemin était en fait mal pavée (mal clabel en occitan) mais un ouvrier a mal lu les directives et a transformé Mal en Maréchal d’où la naissance d’un officier imaginaire ….

     

    Rue de la Verge d’Or, à côté de la place Arnaud Bernard

    Le nom semble coquin et pour cette raison la rue fut renommée à plusieurs reprises mais en vain :

    En 1794 elle est appelée rue l’Expérience.

    En 1869, on lui donne le nom de rue de la Merci.

    Le 13 août 1883, on proposa de l’appeler rue Delescluse.

    Mais elle reste toulours la rue de la Verge d’or

    Comment expliquer ce nom ?

    Trois pistes possibles :

    1/La Verge d’or est un « ancien nom de terroir, connu dès le XVe siècle », explique l’historien Pierre Salies dans son Dictionnaire des rues de Toulouse.

    2/La verge d’or est le nom d’une plante aux nombreuses vertus médicales, le solidago, qui auraient poussé dans les cours d’immeubles de la rue ou dans le jardin d’Embarthe à proximité.

    3/Il semble que cette rue au XVe Siècle se nommait « Carriera Virgam auri apud Vergadaux » en raison de la présence d’une probable échoppe. « Vergadaux » ne resistant pas au temps qui passe devient progressivement Verge d’Or

     

    Le quartier des Trois cocus

    Le terme de Trois-Coucuts (en occitan, c’est-à-dire trois coucous en français) est ancien puisqu’on le retrouve dans dans un bail datant de 1740.

    La petite anecdote veut qu’à l’époque napoléonienne, le quartier était surnommé « Tres Coucuts » en raison d’une bâtisse seigneuriale, aujourd’hui disparue, qui était ornée d’une sculpture de trois coucous. Des soldats de Napoléon qui y étaient logés demandèrent aux habitants le nom du quartier. Ne comprenant pas l’occitan ils marquèrent sur leur carte « trois cocus ».

    Pierre Salies dans son Dictionnaire des rues de Toulouse paru en 1989 privilégie également cette origine car en effet dit-il  « quand on arrivait à ce quartier [il y a quelques années] on apercevait au sommet du pignon d’une vieille maison une pierre carrée encastrée dans la muraille. Sur cette pierre se trouvait dessinée la silhouette de trois oiseaux qui semblaient regarder les passants. Ces oiseaux représentaient trois coucous, en patois coucuts ».

    Malgré cette origine tout à fait morale, au début du XXe siècle, il a été question de supprimer le nombre « Trois », ce chiffre étant désobligeant pour certains habitants de cette rue. Le maire de cette époque a tranché la question de façon tout à fait diplomatique :

    « Voyons, répondit Albert Bedouce, ancien maire de Toulouse, en souriant, cela n’est pas sérieux ! D’abord, nul ne connait les cocus en question ! Ensuite, c’est pour vous une vraie chance que d’habiter un quartier comptant aussi peu de maris trompés. Ceci est tout à l’honneur de la vertu de vos épouses, et quel autre quartier de Toulouse oserait se vanter de n’en avoir que trois ? Allez, allez, conclut-il, gardez vos trois cocus et essayez bonnement de n’en pas augmenter le nombre ! »

      

    Chemin de Lanusse

    Le chemin de Lanusse est situé dans le quartier des Trois-Cocus, au nord du parc de la Maourine. Il fait référence tout bonnement à François de Lanusse, capitoul au 17ème siècle, qui possédait un château et des terres à Croix-Daurade.

     La famille de Lanusse est d'origine gasconne, du Béarn plus exactement  et le terme Lanussa qui est un mot occitan fait référence à une mauvaise lande.

     

    Chemin de la Levrette

    Cette impasse se situe près du lac de Sesquière. En Langue d’oc, le chemin de la Levrette fait uniquement référence au petit du lièvre.

    Rien de bien coquin …

     

    Rue de la Hache

    Rue de la Hache

    Considérée comme une voie privée, un habitant en fit condamner l’accès en 1632 par une porte à l’angle de la rue du Castel.

    N’ayant pas d’issue, elle fut longtemps négligée, et vers 1920 encore, nul éclairage n’y était prévu, rappelle Pierre Salies, dans son Dictionnaire des rues de Toulouse. À la Révolution, elle devient la rue de la Hache.

     

    Rue de l’homme armé

    Le "sauvage"

    La rue de l'Homme-Armé tire son nom d'une auberge du Sauvage, établie dans la rue à la fin du XVe siècle (actuels no 16 et 18, et no 23 de la rue des moulins). C'est le propriétaire de l'auberge, Peyronet Delfau, qui fit sculpter, comme enseigne, un « sauvage », c'est-à-dire un indien, armé d'une massue. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que le nom devint rue de l'Homme-Armé[].

     

    Chemin du sang du serp (quartier des Ponts Jumeaux)

    Ce chemin date du 16ème siècle et doit son nom aux serpents et à son sang. En effet, à l'époque ce chemin traversait des champs infestés de serpents (d'où Serp).

    L'évocation du sang n'est qu'une succession de déformation du mot toulousain "cami" (chemin) qui donnera "camp del Serp" qui se transformera ensuite en "Sang du Serp".

     

    Rue du coq d’inde (centre ville historique)

    Rue du Coq d'inde

    Le nom de la rue du Coq-d'Inde est apparu au milieu du XVIIe siècle. Il vient d'une auberge (au n°3) qui avait pour enseigne un « coq d'Inde », c'est-à-dire un dindon, animal venant des Amériques

     

    Rue des Gestes, (centre ville historique)

    Les Gestes étaient une riche famille de Toulouse. Leur demeure était située derrière l’actuelle place du Capitole. Des membres de cette famille furent Capitouls.

     

    La rue de la Pomme (centre ville historique)

    Elle tient son nom de l’auberge de la Pomme qui avait son enseigne au n°40

     

    Rue du Poids de l’huile (centre ville historique)

     

    Ce nom vient du Poids de l'huile qui se trouvait dans la maison commune (le Capitole) où étaient pesées les denrées alimentaires entrant en ville

    Enclos de la Maison commune au 18ème siècle : 1 = façade du Capitole, 13=poids de l'huile

     

    Rue des Trois Renards (proche du musée Saint Raymond)

    Anciennement «carriera de banquetis ou banquos sancti Saturnini » ou rue des bancs puis qu’elle comprenait des étals étroits où commerçants, maraîchers et poissonniers présentaient leurs produits. C’est au XVIIe que la rue prit le nom actuel grâce à l’installation d’une auberge qui avait pour enseigne « les trois renards ».

     

    La rue de l'Écharpe

    Rue de l'écharpe

    116 m de long et entre 4 et 7m de large, près de la place d’Assézat  tient son nom de l'hôtellerie de l'Écharpe, établie dans la rue en 1755 (actuel no 3).

     

    Rue du May (centre ville historique)

    Rue du May

    Ce nom vient de l'hôtel Dumay que possédait Antoine Dumay, docteur de la Faculté de médecine de Toulouse en 1596

     


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    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    L'Hôtel Dieu et le dôme de la Grave

     

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    La Grave

     

    La construction des institutions hospitalières sur la rive gauche en bordure de la Garonne, remonte au XIIè siècle. Deux ensembles vont émerger de quelques maisons de charité, couvents et autres hôpitaux établis sur la rive gauche tout au long du Moyen Age.

     

     

    HÔTEL DIEU SAINT JACQUES

    L’hôpital Sainte-Marie de la Daurade est édifié entre 1130 et 1140 en face de l’Eglise de la Daurade implantée sur la rive droite. Un pont (le pont de la Daurade, voir ci après), dont l’existence est attestée en 1150, mais qui a aujourd’hui disparu, reliait les deux établissements.

     

    Une maison de charité, destinée à accueillir les voyageurs et pèlerins, est établie en amont de l’hôpital Sainte-Marie. Ce sera l’Hôpital Nouvel. Entre les deux établissements se trouve l’entrée du pont de la Daurade disparu au XVIè siècle, mais dont on conserve encore aujourd’hui, la dernière arche de la rive gauche.

      

    C’est au début du XIVè siècle, en 1313, que les deux établissements Sainte-Marie et l’Hôpital Nouvel adoptent le même nom : “l’hôpital Saint-Jacques” ou “Hôpital du bout du pont ; ils sont dirigés par la confrérie Saint Jacques.

     

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    Emplacement des bâtiments au 13ème siècle

    de part et d'autre du pont de la Daurade

     

    Quid de ce fameux pont de la Daurade ?

    L’hôpital Saint Jacques est relié à Toulouse par deux ponts à cette époque : le pont de la Daurade ou pont couvert ou encore  « Pont neuf », pour le distinguer du deuxième pont de Toulouse, le Pont de la reine Pédauque (du nom d’une reine wigothique légendaire qui aurait eu son palais au pied de l’eau ) ou Pont vieux.

     

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    Extrait du plan de Boisseau - 1645 - Toulouse

     

    Le pont de la Daurade va être endommagé à de nombreuses reprises du fait notamment des inondations. Aussi il devient vital de construire un nouveau pont : la construction de celui-ci, le futur “Pont-Neuf”, est décidée dès 1541 et Jean de Mansencal, président du Parlement de Toulouse, pose solennellement la première pierre de l’ouvrage le 7 janvier 1544.

    Les travaux de construction du Pont-Neuf se poursuivront jusqu’en 1632, date de sa mise en circulation et à partir de 1639, débutera la démolition du pont de la Daurade déjà très endommagé par la crue de 1608 et qui est devenu entre temps « Pont Vieux ».

     

    Les travaux de construction du pont de la Daurade ont commencé dans les années 1130 et se sont achevées en 1179. Il était traversé par les nombreux pèlerins de Saint Jacques de Compostelle et son emplacement était tout à fait pertinent du fait de la présence de l’hôpital Sainte Marie (ne pas oublier qu’à cette époque ce que l’on appelle « hôpital » n’est en fait qu’un lieu d’accueil pour les nécessiteux notamment les pèlerins.

    Neuf arches, 8 piles en rivière. La dernière arche est encore visible en face de l’hôtel Dieu, adossée à sa façade. Ce pont se couvrent très vite de maisons en bois comme il est habituel d’en voir à cette époque.

    Et les capitouls décident à partir de 1480 de couvrir le pont d’un toit et d’édifier sur ce pont, à côté des maisons en bois, des échoppes qu’ils donnent en location. Le pont de la Daurade devient alors le « Pont-Couvert », que l’on peut voir sur le plan de Melchior Tavernier, en 1631, à côté du pont de Clary, du nom de François de Clary, président du parlement de Toulouse : il s’agit d’un pont de bois provisoire érigé en attendant la mise en service du Pont-Neuf et qui sera finalement emporté par les eaux cinq ans plus tard.

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    Extrait du plan de Tavernier - 1631

    Toulouse et ses 3 ponts : le pont de la Daurade, le pont Vieux, le pont Clary

     

    Entretemps, en 1554, les capitouls décident de réunir les “petites charités” de la ville en un seul établissement. L’idée est d’éliminer le plus possible les foyers d’infections potentiels.

    C’est ainsi qu’est créée la “Maison Dieu” ou “Hôtel-Dieu” Saint-Jacques qui est désormais l’établissement hospitalier le plus important de la ville.

    Suite à un grave incendie, le 7 février 1574, il est en grande partie détruit et la reconstruction se fait sensiblement suivant le plan qu’on lui connaît aujourd’hui.

     

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    L'Hôtel Dieu au 17ème siècle

    Le Pont de la Daurade est détruit, il ne reste que les piles

     

    Au 18ème siècle, on reconstruit la grande aile le long de la Garonne qui se prolonge presque jusqu’au Pont-Neuf et le mur situé entre le Pont et l’Hôpital est bâti en 1710. A l’emplacement de la rue qui prolongeait le pont de la Daurade est installé en 1716 un grand escalier d’honneur, fermé du côté rivière par la grande verrière qui évoque toujours l’une des voies majeures du Toulouse médiéval.

     

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    L'Hôtel Dieu au 18ème siècle

     

    La dernière pile du pont médiéval qui subsiste est aménagée en terrasse en 1734 pour permettre aux convalescents de se promener vers le fleuve.

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    L'hôtel Dieu à la veille de la Révolution

    On voit le promontoire servant de promenade

     

    La façade sur la Garonne se déploie alors de part et d’autre de la pile du pont de la Daurade qui est encore débout. Cette façade, longue de 130 mètres, est légèrement courbe et plonge directement dans le fleuve.

     

    L’Hôtel Dieu conservera jusqu’au bout sa vocation première : l’accueil des pèlerins et des nécessiteux au contraire de La Grave qui, on va le voir, va devenir au 17ème siècle un lieu de renfermement des pauvres et des mendiants.

     

    En 1793, l’Hôtel Dieu est rebaptisé “l’Hospice de l’Humanité”

     

     

    L’Hôtel Dieu héberge aujourd'hui le centre administratif du CHU de toulouse ainsi que l’Institut européen de Télémédecine, le centre européen de recherche sur la peau et les épithéliums de revêtement ainsi qu'un musée d’histoire de la médecine.

    Ce musée est une petite merveille. Je vous conseille la visite guidée qui est faite par un bénévole dont l’érudition est absolument captivante !!

     

     

    LA GRAVE

    La construction du futur Hospice de la Grave, remonte probablement à l’extrême fin du XIIè siècle puisqu’il est mentionné dans une charte du comte Raymond V en 1197. Il est érigé en aval de l’Hôpital Sainte-Marie de la Daurade à quelques centaines de mètres sur les graviers de la Garonne (d’où son nom), dans le quartier Saint-Cyprien. Il ne reste rien de ce premier hôpital aujourd’hui.

     

    Deux établissements occupent alors les lieux de ce que sera plus tard notre hôpital la Grave: un petit hospice et un couvent de frères bénédictins issus de l’abbaye de Moissac.

      

    Entre 1508 et 1544, le futur Hôpital de la Grave est transformé et agrandi, notamment pour permettre l’accueil des pestiférés (la peste ravage en effet Toulouse, emportant près de 3000 personnes dans les premières années du siècle).

    Il va s’appeler hôpital Saint-Sébastien (du nom du Saint protecteur contre la peste), le long de la Garonne et rejoignant, à l’ouest, le rempart et la tour Taillefer. Cette tour fut construite entre 1516 et 1517 ; il s’agit en fait de l’une des 4 tours qui flanquent le rempart englobant le faubourg St Cyprien, surplombant la Garonne à environ 35 m de hauteur.

    La Tour Taillefer est à l’origine une tour d’artillerie servant de réserve de poudre et de munitions. Elle fut affectée à l’accueil des pestiférés, des mendiants et des épileptiques car son isolement en fait un lieu particulièrement bien adapté pour mettre à l’écart les malades victimes d’épidémies, les pestiférés notamment ; par ailleurs elle compte peu d’ouvertures et se dresse à l’ouest, ce qui évite à la ville les effluves malodorants les jours de vent d’Autan.

     

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    La tour Taillefer au premier plan

     

    Les années qui vont suivre vont être traumatisantes pour la population : épidémies, guerres, famines, … Toutes ces catastrophes vont jeter à la rue nombre de personnes. La pauvreté et la misère vont conduire à une augmentation de la délinquance qui va elle-même mettre en danger l’ordre public.

    Pour donner un ordre d ‘idée, sur une population estimée à 40 000 habitants (après l’épidémie de peste de 1628/1631 qui a fait 10 000 morts), Toulouse compte 5 000 mendiants .

     

    C’est ainsi qu’à partir des années 1630-1640, va se mettre en place partout en France ce que l’on va appeler le « Grand Renfermement ». Cette politique conduit les autorités à interner d’office les pauvres, de façon à les « soigner, instruire et relever leur niveau moral ». Voir article sur ce sujet ICI.

     

    L'Aumônerie Générale de la ville, crée en 1647, et qui sert de refuge volontaire ou imposé, aux pauvres et aux mendiants de la ville, est installée à l’Hospice de la Grave qui va devenir “l’Hôpital Général Saint-Joseph de la Grave” préfigurant ainsi l’édit royal de 1662 de Louis XIV qui décide d’imposer l’ouverture de ce type d’établissement dans toutes les villes du Royaume.

     

    C’est ainsi que l’Hôpital Saint-Sébastien des Pestiférés perd sa vocation d’assistance aux pestiférés et malades ; il est désormais destiné à « renfermer » mendiants, voleurs, filles publiques, « fous », vieillards démunis, orphelins et enfants abandonnés.

    On met en place des boutiques et des manufactures dans lesquelles les pauvres travaillent. Le produit de ce travail représente une petite partie des revenus de l’Hôpital.

      

    Une représentation de “L’hospital de la Contagion” établie par Colignon en 1642 nous donne une idée de ce à quoi ressemblait l’hôpital de la Grave à cette époque … il lui manque son dôme si caractéristique.

      I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    Hospital de la Contagion - 1642

     

    L’hôpital est agrandi dans les années 1660 et 1687.

    Dès 1684 et 1686, la construction d’une nouvelle chapelle, plus spacieuse, plus éloignée du fleuve, devient nécessaire. L’emplacement choisi pour le futur bâtiment, est un jardin situé devant l’hôpital et appartenant à un particulier, le sieur Rose. Mais sa réalisation n’aura lieu qu’aux siècles suivants.

     

    Aux abords de l’Hôpital de la Grave l’environnement est modifié en 1719, par le déplacement du gué du Bazacle décalé et prolongé vers l’Hôtel-Dieu. Ce changement a pour conséquence de provoquer la montée des eaux du fleuve le long de l’aile de l’Hôpital de la Grave où se trouve probablement la chapelle.

     

    En 1717, l’archevêque de Toulouse, Mgr Henri de Nesmond lègue à l’Hospice de la Grave tous ses biens dans le but de construire une nouvelle Chapelle : enfin les travaux peuvent commencer.

     

    En 1793, la Grave est rebaptisée “l’Hospice de Bienfaisance”.

     

    Vers 1797, l’Hôpital de la Grave est considérablement agrandi par l’annexion de l’ancien couvent des Dames des Clarisses établi depuis l’époque médiévale au sud de l’hôpital et qui avait été préalablement réquisitionné et transformé en hôpital militaire à la Révolution sous le nom d’Hôpital "Christophe Colomb".

     

    Le chantier de la chapelle de l’hôpital de la Grave n’est toujours pas terminé au XIXè siècle.

     

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    Le Dôme de la Grave

     

    Le premier pont suspendu Saint-Pierre est réalisé en même temps que le percement de la rue du même nom et l’ouvrage est ouvert à la circulation en 1852 .

     

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    Le pont suspendu Saint Pierre et la Grave en arrière plan

     

    Au cours de l’inondation de 1875, les eaux de la Garonne montent jusqu’au dessus du premier étage de l’hôpital et provoquent de nombreuses destructions à l’intérieur des salles. Les cours et les jardins sont ravagés, ensevelis sous quarante centimètres d’eau et au cours de la crue, le personnel comme les malades se réfugient sur le toit de l’orangerie .

     

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    Inondations de 1875

     

    Devant l’ampleur de la catastrophe pour l’ensemble du quartier Saint-Cyprien, il est prévu de détruire le Pont-Neuf, l’Hôtel-Dieu et une partie de l’Hospice de la Grave pour permettre l’élargissement du lit de la Garonne. Grâce à l’Association des Toulousains de Toulouse et une partie de la population, ce projet fut abandonné. Mieux que cela, le site du Pont-Neuf comprenant les vestiges de ponts plus anciens situés en amont et en aval, l’Hôtel Dieu Saint Jacques et l’Hospice de la Grave « faisant partie de la perspective des rives de la Garonne » sont classés aux Monuments Historiques en 1932.

     

    Les projets de démolitions des ouvrages et édifices au bords de la Garonne sont définitivement abandonnés le 16 mars 1933.

     

    Une note accompagnant les débats qui ont eu lieu autour du devenir de ces bâtiments indique :

    C’est un paysage admirable. Les ingénieurs ont déclaré qu’ils ne comprennent pas la beauté de l’hôpital. Mais que pourraient-ils mettre à la place qui soit plus noble et plus grand et la silhouette du dôme de la Grave ne rappelle t- elle pas des souvenirs de Florence ?

     

     I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    La Grave à droite et tout à gauche l'l'Hôtel Dieu

     

     

    I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

    Pour bien visualiser les deux établissements : la Grave à gauche et Saint Jacques à droite

     

    Sources

    http://france.jeditoo.com/MidiPyr/toulouse/Toulouse-hotel-dieu.htm

    https://www.chu-toulouse.fr/-histoire-des-hopitaux-de-toulouse-

    MONOGRAPHIE HISTORIQUE - SITE DE L’HÔTEL-DIEU SAINT-JACQUES (FAÇADE EST) ET DE L’HOSPICE DE LA GRAVE par Mesdames FUCHS Magali et MARTIN Élisabeth


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