• A l’angle de l’avenue Honoré Serres et de la rue Godolin, en plein quartier des Chalets, se trouve un élément du patrimoine toulousain somme tout assez méconnu : le château de Verrières, connu aussi sous le nom de Castel Gesta.

     

     

    De style néogothique avec ses tours et tourelles, ses balcons dentelés, ses fenêtres en ogive, ses ferronneries d’art et ses gargouilles et autres animaux chimériques, le château a été construit par Louis-Victor Gesta, maître-verrier toulousain. Ce dernier était un grand collectionneur d'antiquités et d'œuvres d'art, et «avait fait construire sa résidence à l'image d'un palais urbain médiéval crénelé et les couverts de toitures élancées, surmontées de magnifiques épis de faîtage».

     

    Dans une pièce du château le maître verreir expose ses plus beaux vitraux comme L’Adoration des Mages d’après Albert Dürer ou celui de L’Entrée de Louis XI à Toulouse qu’il considérait comme son œuvre capitale. Il aménage également une Salle des Illustres et en confie la décoration picturale à Bernard Bénezet. Au sommet de l’escalier d’honneur s’ouvre une grande salle d’exposition peinte par le peintre toulousain Joseph Angalières.

     

    Les ateliers Gesta, créés par Louis Victor en 1852 et dont le château fait partie intégrante, ont été primés lors de nombreuses expositions notamment l’exposition universelle de 1867 (deuxième prix).

    « A cette époque, la manufacture est l’une des plus importantes de France et des milliers de vitraux sortent du faubourg avant de partir décorer plus de 8 500 églises aussi bien dans l’hexagone qu’à l’étranger » précise Christian Maillebiau, archiviste adjoint des Toulousains de Toulouse.

     

     

    Le succès des ateliers est tel que le 8 mars 1867, l’archevêque de Toulouse, accompagné de ses vicaires généraux, visite la manufacture où se trouve exposé le vitrail Sainte Geneviève de Pibrac destiné au pape Pie IX.

     

    Louis Victor Gesta sera même fait chevalier de l’ordre de Saint-Sylvestre par le pape.

     

    Gesta est ce que l’on appelle un artiste industriel, ce qui lui valut un certain nombre de critiques : ces vitraux étaient en effet produits en série mais de très bonne qualité.

     

     

    L comme Louis Victor Gesta et le château de Verrières

     

    À la mort de Gesta en 1894, le château fut vendu à un négociant toulousain, Bernard Bordes puis aux soeurs de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul, qui y hébergèrent des familles réfugiées durant la guerre.

     

    Le château en 1913

     

    Il fut ensuite transformé en centre d’apprentissage de la couture pour les jeunes filles sans emploi. En 1956, il devint un lycée d’enseignement professionnel.

     

    En 1987, le château fut racheté par la Mairie de Toulouse qui y installa la classe d’orgue du Conservatoire supérieur national de musique.

     

    Le 3 octobre 1991, l’État classe le château aux monuments historiques mais celui-ci est en piteux état, squatté et tagué depuis de nombreuses années, le terrain est en friche.

    L comme Louis Victor Gesta et le château de Verrières

    Le château en 2009 avant les travaux de réstauration

     

    Il est racheté par un promoteur qui entame à compter de 2014 une série de travaux pour le réhabiliter et y aménager six appartements.

     

    L comme Louis Victor Gesta

    Le château en 2016

     

     


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    Bataille de Toulouse de 1814 - Théodore Jung

     

     

    Le contexte de la bataille

    Depuis le 18ème siècle une même famille règne sur la France et l'Espagne : les Bourbons. Aussi quand Louis XVI est exécuté le 21 janvier 1793, l'Espagne vient au secours de la famille royale de France et déclare la guerre. Collioure et les rives de la Bidassoa tombent très vite sous les assauts espagnols.

    A noter qu'à cette époque l'Angleterre est une alliée de l'Espagne.

    En 1794, les Français retournent la situation et s'emparent de Figueras, Bilbao, et Vitoria. L'Espagne négocie la paix et le 18 août 1796 le traité de San Idelfonso matérialise l'alliance franco espagnole contre l'Angleterre.

    Par la suite, pour diverses raisons que nous ne développerons pas ici, l'Espagne entreprend de marcher sur le Portugal avec le soutien de Napoléon, celui ci voulant mettre au pas le Portugal pour avoir refusé de participer au blocus contre l'Angleterre : ce sera la guerre des Oranges de 1801.

     

    En 1807, rebelote, le Portugal refuse toujours de participer au blocus et Napoléon envoie des troupes pour occuper le pays. Mais pour ce faire il passe par l'Espagne. Or les troupes françaises se conduisent comme des rustres et pillent les villages espagnols, ce qui ne fait qu'attiser la haine de la population à leur égard. En parallèle, Napoléon tente de profiter de la situation politique chaotique de l'Espagne pour s'immiscer dans les affaires du royaume. Et alors que l'armée napoléonienne occupe Madrid, la population se soulève; cette révolte embrase le pays quand le roi d'Espagne abdique sous la pression de Napoléon au profit de son frère Joseph. La rébellion espagnole sera écrasée dans le sang par Murat. Violence que représentera Goya dans sa peinture.

     

    Francisco De Goya - Tres de Mayo - 1814

    Musée du Prado - Madrid

     

    Et c'est ainsi que la guerre d'indépendance espagnole commença. Elle dura 6 ans et fut un désastre pour Napoléon qui l'avoua d'ailleurs à Sainte Hélène : "cette malheureuse guerre d'Espagne a été une véritable plaie, la cause première des malheurs de la France".

    Entre temps, le Portugal qui est lui aussi occupé par Napoléon qui ne lui pardonne pas son manque de coopération dans le blocus international, recevait de l'aide de l'Angleterre.

    C'est ainsi qu'une coalition Espagne/Portugal/Angleterre va se former contre Napoléon dans cette guerre d'indépendance.

     

    L'assaut de la caserne de Monteleon, 1808 - Joaquin Sorolla (1886)

    Musée Victor Balaguer, Vilanova, Catalogne

     

    En décembre 1809, Napoléon prend le contrôle de la Catalogne qui sera annexée à l'empire le 26 janvier 1812 et le restera jusqu'au 10 mars 1814. Ce territoire sera divisé en 4 départements :

    - les Bouches de l'Ebre avec Lleida comme préfecture

    - Montserrat avec Barcelone comme préfecture

    - Sègre avec Puigcerdà

    - Ter avec Gérone

     

    Mais les Français vont perdre du terrain et en quelques semaines, de mai à juillet 1813, Joseph Bonaparte et son armée reculent jusqu'aux Pyrénées. Napoléon n'eut d'autre choix que d'accepter par le traité de Valencay le retour de Ferdinand VII dans son royaume.

    Début 1814, la Catalogne est reconquise par les Espagnols. La guerre d'Espagne s'achève mais à l'inverse, débute pour les Hispano Britanniques, la campagne de France qui allait amener la chute de Napoléon.

     

    Scène de la campagne de France - 19ème siècle - Horace Vernet

     

    Et c'est ainsi que l'on se retrouve quelques mois plus tard en ce jour de Pâques, le dimanche 10 avril 1814, à Toulouse ...

     

    La bataille de Toulouse 

    La bataille s'est déroulée le dimanche 10 avril 1814 de 6h à 21h et opposa les troupes françaises  commandées par le maréchal Soult aux troupes anglo hispano portugaises menées par le duc de Wellington.

    L'armée française comptaient à peu près 42 000 hommes contre 52 000 pour les coalisés. Le nombre exact est difficile à déterminer car il varie selon les sources mais ce qui est sûr c'est que les coalisés sont supérieurs en nombre.

    A noter que parmi les Français se trouve Louis Joseph Hugo, chef d'état major de la 1ère division d'infanterie de l'armée des Pyrénées, dont le neveu, Victor, n'a alors que 12 ans.

    7 956 soldats seront mis hors de combats dans les deux camps (dont 975 morts) à la fin de la journée selon les comptages. 

     

    Quelle est la situation de Toulouse en 1814 ?

    La ville compte près de 65 000 habitants et constitue la base arrière de l'armée. Elle abrite des casernes, la poudrerie impériale sur l'ile de Tounis, fond depuis 1793 des canons dans l'ancien couvent de Sainte Claire des Salins à l'emplacement de l'actuel Institut catholique, fabrique des armes à l'Arsenal (ancien couvent des Chartreux, rasé en 1960, il ne reste que les vestiges du cloître aujourd'hui) depuis 1792 et organise le ravitaillement des troupes depuis le Lauragais et le piémont ariégeois.

     

    Elle est entourée d'un rempart médiéval en piteux état, avec tours et portes fortifiées et s'étend sur la rive droite à l'intérieur des actuels boulevards, sur la rive gauche à l'intérieur des allées Charles de Fitte; des embryons de faubourgs à Guilheméry, aux Minimes, et à la Patte d'Oie complètent la physionomie de la ville.

     

    Toulouse en 1870 mais cela permet de situer les différents sites, quartiers, faubourgs de la ville

    A consulter avec zoom sur ce lien : https://www.visites-p.net/ville-histoire/toulouse-01.html#b

     

    En 1814, les remparts ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes : mal entretenus, crevassés, envahis par des constructions civiles : l'enceinte de Saint Cyprien par exemple "ne consiste plus guère qu'en un mur d'octroi percé de deux grilles, l'une à la barrière de la patte d'oie, l'autre à l'extrémité du Cours Dillon".

    Une partie des remparts a qui plus est été détruit pour laisser place au boulevard Saint Cyprien de la place du Fer à cheval à la place Roguet et à l'allée de Garonne de la place Roguet au pont des Amidonniers.

    Les fossés étaient en partie comblés, et des maisons avaient été adossées aux murailles; d'autres, bâties sur le terrain de l'ancienne contre-escarpe masquaient près de la moitié de l'enceinte, qui conservait néanmoins un terre-plein, ou terrassement, trèslarge , de la Porte du Bazacle, ou de Saint-Pierre, jusqu'à la Porte de Las-Croses, et de celle d'ArnaudBernard jusqu'à la Porte-Neuve.

    Toulouse c'est aussi de l'eau : en plus du fleuve, elle est entourée de rivières et de ruisseaux : le Touch, l'Hers, la Save, la Louge, la Lèze, l'Hyse, l'Aussonnelle, la Sauve, le Girou, la Sausse, la Pichounelle, la Marcaissonne, la Seillonne plus le Canal du Midi et le canal de Brienne.

     

    Carte de Toulouse en 1815 par Vitry à consulter sur :

    https://www.archives.toulouse.fr/documents/10184/405363/20Fi13.jpg/0e37e64c-db58-4cf6-ad17-2725221a1d04?t=1535095546234

     

    Quant à la population toulousaine, elle est a priori plus royaliste que partisane de l'empereur et souffre du blocus continental; par ailleurs elle commence à connaitre les atrocités commises par les Français en Espagne et de ce fait ne montre guère de motivation à venir en aide aux troupes françaises.

     

    Les magasins sont fermés, les affaires commerciales, l'activité des administrations et des tribunaux sont suspendues. Les plus riches propriétaires de la ville sont partis. Les rues vont bientôt être encombrées par les voitures d'artillerie sortant de l'Arsenal, les fantassins, les cavaliers

     

    Toulouse en 1839

    Il s'agit de la plus vieille photo de Toulouse ; elle date de 1839 : un daguerréotype de l'opticien Antoine Bianchi (il avait ouvert un magasin rue de la Pomme) pris en haut du clocher des Jacobins : on voit le Capitole au 1er plan et derrière, la colline de Jolimont telle qu'elle était en 1814 c'est à dire sans habitations ainsi que le cimetière de Terre-Cabade.

    On voit en haut à gauche l'obélisque de Jolimont qui a été érigé le 28 juillet 1839 pour commémorer la bataille de Toulouse. C'est en effet à cet endroit notamment (appelé le Calvinet ou Mont Chauve) que s'est déroulée une partie de la bataille. La gare ne s'y trouve pas car elle ne fut inaugurée qu'en 1857avec la mise en service du tronçon ferroviaire Bordeaux Sète.

     

     

    Les différentes portes de Toulouse

     

    Situation de l'armée française et travaux de défense sur Toulouse

    Le 22 mars 1814 l'armée quitte Saint Gaudens et arrive le soir à Martres. Le 23 elle bivouaque dans la plaine de Noé; le 24 elle prend une position semi circulaire en avant de Toulouse, entre les Minimes et Montaudran et entre les allées Charles de Fitte et la Patte d'oie.  Malgré la pluie, "les différents mouvements de troupes avaient pour spectateurs plusieurs milliers d'habitants accourus sur les boulevards à la rencontre de l'armée".

    "Les Toulousains paraissaient saisis de respect et de recueillement à la vue de ces vieux débris des armées d'Espagne et du Portugal auxquels la fatigue de la campagne et la marche pénible du matin, au milieu de la pluie qui dégoutaient encore des armes et des vêtements n'ôtaient rien de leur mâle assurance".

    Soult décide de préparer la ville au siège   

     

    Ses officiers du Génie mettent en oeuvre la défense de la ville sur les deux rives de la Garonne reliées par le seul pont de Toulouse à l'époque, le Pont neuf.

     

    Des maisons furent utilisées pour y construire des plates formes ou y percer des embrasures destinées au tir de l'artillerie ou pour construire des redoutes, sortes de fortin destiné à l'artillerie notamment.

     

    Ils entourèrent par exemple d'une enceinte fortifiée les fermes Aurole et Chastel au nord et au sud de le chemin de Cugnaux : ce furent les redoutes Aurole et Chastel équipée chacune de 6 pièces d'artillerie.

     

    Idem pour la maison Rodolose qui s'élevait près de la route de Bayonne à 700m en avant de la Patte d'oie : elle fut entourée d'une redoute rectangulaire armée de deux pièces.

     

    Près de la caserne Pérignon, deux maisons surplombant la route de Castres (la maison Sacarin et la maison Cambon laquelle se trouvait à l'emplacement de l'actuel Caousou) furent entourées chacune d'une redoute terrassée.

     

    Voici quelques unes des redoutes que l'on pouvait trouver le 10 avril à Toulouse : la redoute Caraman sur le plateau de Montaudran entre la route de Caraman (ou de Castres) et le vieux chemin de Lasbordes, la redoute de la Sipière (qui n'a rien à voir avec la Cépière) à 500 mètres au sud est de la précédente, la redoute du nord et celle des Augustins sur le Calvinet, la redoute du Colombier près du chemin de la Gloire près de la route de Soupetard.

    Exemple de redoute (1900, redoute des Mattes près de Narbonne)

     

    Exemple de redoute adossée à une habitation : redoute de St Pierre près de Narbonne en 1900

     

    La porte Matabiau fut défendue par deux canons de 24 et deux mortiers de 32 cm.

    Entre les portes St Etienne et St Michel, on mit deux pièces pointées sur Montaudran.

    Au Pont des Demoiselles furent construits deux bastions et une courtine qui barrait la route de Revel.

    Le couvent des Récollets et la chapelle furent fortifiés en crénelant les murs, en barricadant les fenêtres et en cerclant le tout d'un fossé.

     

    Le livre de H. Geschwind et F. De Gélis détaille de façon très précise les travaux effectués afin de défendre la ville.

     

    Ces travaux gigantesques réalisés en quelques jours (entre le 24 mars et le 9 avrril) n'ont pas tous pu être menés à terme et ont demandé la réquisition de près de 1000 ouvriers par jour sur Toulouse et ses environs.

    Le 2 avril, Soult donna l'ordre suivant : "les habitants de la ville seront commandés pour être employés aux ouvrages de défense, chacun dans son quartier, particulièrement aux portes, aux ouvrages avancés et sur les remparts. Ils devront être munis d'outils; ils seront conduits par les commissaires de quartier qui en feront l'appel et resteront avec eux au travail et imposeront des amendes à ceux qui refuseront de s'y rendre".

     

    L'armement

    L’infanterie se sert encore du fusil à pierre du modèle de 1777 dont la portée utile tourne autour de 100 m sans dépasser 150m . S'il pleut, si c’est humide, impossible de tirer. Par ailleurs si un vétéran arrivait à tirer jusqu’à 6 coups par minute, un soldat moins aguerri n’en tirait que 2 ou 3. Dans les 2 cas la précision du tir restait médiocre.

     

     

    L’artillerie n’était pas plus performante et surtout très peu mobile ; il  fallait de 4 à 6 chevaux voir pour les trainer et souvent faute de chevaux on utilisait des bœufs. Ainsi à Véra, au passage de la Bidassoa par Clausel « les premiers obus de sa propre artillerie tombèrent au milieu de son infanterie aux applaudissements ironiques et joyeux des soldats anglais postés sur l’autre rive ».

     

    Le quotidien des soldats français

    Pour ne rien arranger, les soldats de Soult manquait de chaussures. Le 10 mars il écrivait au ministre que 2 à 3000 de ses hommes étaient pieds nus et il demandait à ses généraux à « requérir dans les communes où ils passent ou qui seraient à leur portée , des souliers pour être distribués aux soldats qui en manquaient entièrement , les communes devant être indemnisées par la suite ».

    En arrivant à Toulouse Soult vida les magasins pour remédier à cette situation.

    Et que dire de la charge du soldat français . Elle est trop importante : 60 livres. Le soldat anglais ne porte pas ses gamelles et sa marmite, il ne porte du pain que pour 3 jours, tout le reste est transporté par les animaux de bât : tente, ustensile de cuisine, provisions, etc.

    Le ravitaillement a toujours été une source de préoccupation pour les armées. Les troupes françaises ont pillé au cours de toutes leurs campagnes les villes et villages qu'ils ont traversés alors que les anglais avaient pour habitude de payer ce dont ils avaient besoin.

    De façon générale les Français réquisitionnaient tout ce dont ils avaient besoin sur leur passage : bois de chauffe, tonneaux, volailles, jambons, draps, charrettes, bois de charpente, bétail …

    Un arrêté du 7 avril 1814 stipulait que le département de la Haute Garonne devait fournir à l’armée d’Espagne 4 000 quintaux métrique de grains, 100 de sel, 200 de légumes,  40 000 l d’eau de vie.

     

    Nicolas Jean-de-Dieu Soult (1769-1851), Maréchal d'Empire et duc de Dalmatie

    de Louis Henri de Rudder

     

    Prise en charge des blessés

    Toulouse était en capacité de recevoir près de 1500 malades et blesséa.

    Les évacuations de blessés et malades se faisaient par les lignes d’étape sur la route d’Auch ou celle de Saint Gaudens, par voiture de roulage ou par charrettes à bœufs.

    Toulouse comptaient comme hôpitaux La Grave (900 places),  l’Hôtel dieu St Jacques (400 places), l’Hôpital militaire (400 places)  mais ce ne fut pas assez et furent créés des hôpitaux temporaires : dans la caserne de passage Guibal, au bd Lascrosses (400 places) et dans le dépôt de mendicité de St Cyprien (300 places).

     

    La Grave

     

    S’y ajoutèrent l’ancien couvent de la Visitation de la bienheureuse Vierge Marie fondé en 1646 à la porte Saint-Étienne au 41 de la rue Rémusat (aujourd'hui remplacé par Primark), l’ancienne manufacture Boyer Fonfrède au Bazacle et l’ancien réfectoire des Jacobins 69 rue Pargaminière.

     

    Réfectoire des Jacobins

     

    Ceci étant, les Toulousains, malgré leur hostilité envers les armées françaises, vont venir en aide aux blessés : un témoin des faits écrira que "toutes les maisons de Toulouse étaient autant d'hospices ouverts aux malheureux blessés".

    Soult a également prévu et organisé un transport des blessés et malades par eau de Toulouse vers Castelnaudary et le Lauragais tant pour désencombrer au fur et à mesure les hôpitaux qu’en cas de retraite. Aussi tous les magasins et bâtiments de l’administration ont été réquisitionnés ainsi que les bateaux existants sur le canal, les chevaux pour les tirer, des brancards et des paillasses.

     

    La bataille ( le livre de H. Geschwind et F. De Gélis détaille très précisément les différentes étapes de cetet bataille)

    Le 25 mars, les coalisés arrivant par le chemin de Boulogne, et donnent l’assaut sur Tournefeuille. Les divisions napoléoniennes se replient sur Saint-Cyprien.

    Le 28 mars un détachement ennemi remonte jusqu'à Roques. Dans la nuit du 30 au 31 mars une partie de l'armée britannique remonte l'Ariège jusqu'au pont de Cintegabelle, l'avant garde poussant dans la direction de Villefranche.

    Le 4 avril les troupes ennemies changent de position et se dirigent vers Blagnac par Cugnaux, Tournefeuille, et la vallée du Touch. 

    Le 8 avril Grisolles, sur la route de Montauban est occupé par Welligton. Des reconnaissances de cavalerie furent envoyés vers Lalande, Croix Daurade et Balma.

    le 9 avril Soult fit sauter les ponts de Balma et de Lasbordes

    La Ville Rose est entourée notamment au niveau de St Cyprien, des Minimes, de la vallée de l'Hers, de Croix Daurade et la bataille s’engage le 10 avril dès 6 heures avec trois coups de canon tirés depuis Croix-Daurade, d’où les Anglais partent sur Le Calvinet ou Mont Chauve ou encore Mont Rave (site aujourd'hui appelé Jolimont).

     

     

     Vues de Toulouse et certains des sites indiqués dans l'article

     

     

    Les anglais s’élancent dans le même temps vers le faubourg Saint Cyprien mais sont arrêtés aux actuelles allées Charles de Fiite. Les combats sont rudes devant le mur d’enceinte, à l’angle de la rue Varsi et des allées Charles-de-Fitte. Les coalisés massés devant l’actuel musée des Abattoirs, canardent les Français perchés sur les redoutes et le mur d’enceinte. 

    Les Espagnols échouent au pont Matabiau et au Calvinet. Les anglais arrivent à rejoindre la route de Castres malgré l'inondation de l'Hers et attaquent en donnant l'assaut à la redoute de la Sipière.

    Il faut se rappeler que les lieux de l’époque ne correspondent en rien à ce que nous connaissons aujourd’hui : à la place du tissu urbain dense que nous connaissons entre l’Hers et la butte de Jolimont se trouvait en 1814 la campagne (voir la photo de 1839 plus haut). Les soldats avançaient donc à découvert. La bataille qui s’est déroulée notamment entre la rivière l’Hers et la colline de Jolimont s’est donc déroulée en rase campagne dans des conditions difficiles, avec des rivières en crues et des sols gorgés d’eau rendant la progression des troupes compliquée.

    Dès 9h les Espagnols lancent un assaut depuis le pont de Périole (le pont qui traverse aujourd’hui l’Hers en direction d’Auchan-Gramont), vers les hauteurs de Périole. Ils sont décimés par l’artillerie française.

    Les Ecossais attaquent à ce moment les Ponts Jumeaux qui sont défendus par 300 soldats et 5 canons : c’est un nouvel échec. Au milieu des soldats, sur le pré aujourd’hui recouvert par le périphérique et le skatepark de l’Embouchure, tombe le lieutenant écossais Thomas Forbes, l’aïeul du fondateur du magazine économique du même nom.

    Après la bataille, ses camarades l’enterrent dans les jardins du château du Petit-Gragnague. Dans les années 1960, on déplacera ses restes pour faire de la place au Stade Toulousain tennis club. Il repose depuis au cimetière de Terre-Cabade et partage la sépulture de Hunter.

    Les suites de cette attaque des Ponts Jumeaux est relatée notamment dans le récit d’un officier du 45th The Sherwood Foresters : « toutes les maisons et chaumières sont pleines de blessés de la 3ème division. Nous entrons dans la pièce où le pauvre Little du 45th agonise. La scène est poignante, la brigade a établi son bivouac derrière un grand château vide car on a donné des ordres pour que les tentes et les bagages arrivent de l’arrière. Je demeure avec eux jusqu'à 22h et puis je retourne au camps. J'essaye de retrouver l'ordonnance blessée de Barnwell dans un hôpital installé dans une grande maison abandonnée où le spectacle est encore plus pénible. Plusieurs de ses malheureux garçons sont morts et d'autres agonisent tandis que le vent sifflant dans des tonnelles semble se moquer des gémissements de ces malheureux...".

    À 10h, après avoir repoussé une offensive française, les Britanniques lancent des assauts sur les positions françaises et atteignent le Calvinet (juste en dessous du Jolimont actuel) et tentent de percer les défenses françaises situées entre la colline et l’enceinte médiévale. Mais ils sont repoussés par une contre-attaque menée par Darmagnac et Soult.

    À la mi-journée, les Espagnols tentent toujours de contourner les défenses par Montaudran tout en maintenant une forte pression sur Jolimont. 

    La position des Français devient critique en début d’après-midi puisque l’armée de Soult est menacée d’encerclement. Si bien que vers 16h, le maréchal Soult ordonne l’évacuation définitive des positions du Calvinet pour se retirer derrière le canal du Midi. 

    Les Français racontent :

    "Après l’évacuation (du Calvinet), les Espagnols et les Portugais s’emparèrent des retranchements inférieurs délaissés qui enveloppaient la base du Calvinet, où il n’y avait plus personne. C’est alors qu’ils purent juger de la grandeur des sacrifices qu’ils avaient faits, par le nombre de cadavres dont cette pente, qu’ils furent obligés de traverser, était couverte"

    "Un témoin oculaire qui visita la pente de la montagne du côté de la Ville, l’après-midi vers le soir, estima que le nombre des blessés dont le champs de bataille était couvert à ce moment pouvait se porter à 1 500. Les tertres, les chemins creux en étaient comblés, tant des nôtres que de ceux de l’ennemi; mais celui-ci surtout semblait , avoir semé les siens depuis Croix-Daurade, Lapujade, la vallée de l’Ers, Montaudran et le Pont des Demoiselles, jusque à l’embouchure du canal; et de là, au sommet du Calvinet comme s’il avait voulu avec les traces de son sang marquer toute l’étendue du terrain qu’il avait parcouru".

     

    il est environ 21h quand les combats s’arrêtent.

    "A neuf heures du soir les pièces du pont des Demoiselles, commandées par le lieutenant Marcoux, terminèrent la fatale journée par urne dernière explosion qui sonna la retraite; et avertit ceux qui n’étaient ni morts ni blessés de préparer leurs armes pour  le lendemain. Cependant, les Français avaient besoin de prendre quelques moments de repos pour se refaire de tant de fatigues de toute espèce, un grand nombre d’entre eux s’étant battus à jeun; et de son côté l’ennemi avait trop de morts et de blessés pour pouvoir recommencer au jour la même scène. La Ville néanmoins était dans l’effroi, les Anglais se vantant sur toute la ligne d’avoir les moyens de l’incendier avec leurs fusées à la Congrève (du nom de l’inventeur - Ça ne fait pas beaucoup de dégâts mais ça effraie les chevaux et les soldats sans expérience. Avec ces fusées, les Anglais ont fait fuir des régiments entiers de conscrits à Saint-Cyprien et surtout à l’emplacement de la Cité de l’Espace). C’était pour en terrifier les habitants et les soulever contre l’armée. Ils ont ensuite nié qu’ils en eussent l’intention, ni même que la chose fut possible".

    Les Français se sont regroupés du côté du faubourg Saint-Etienne et préparent leur départ de la ville : ils partiront dans la nuit du 11 au 12 avril. L’armée de Soult, sauf les blessés intransportables quittent Toulouse pour Avignonet-Lauragais puis Castelnaudary d’où le maréchal Soult a finalement signé l’Armistice le 18 avril.  

    Le 12 avril, Wellington entre triomphant dans Toulouse accueilli sous les acclamations des royalistes qui firent allégeance à Louis XVIII lors du conseil municipal tenu le même jour.

     

    Le 19 avril, Soult faisait paraître l'ordre du jour suivant :

    "La Nation ayant manifesté son voeu sur la déchéance de l'Empereur Napoléon et le rétablissement de Louis XVIII au trône de ses anciens rois, l'armée, essentiellement obéissante et nationale, doit se conformer au voeu de la Nation. Ainsi au nom de l'armée, je déclare que j'adhère aux actes du Sénat-conservateur et du Gouvernement provisoire relatifs au rétablissement de Louis XVIII au trôn de St Louis et de Henri IV et que nous jurons fidélité à Sa Majesté.

    Au quartier général à Castelnaudary, le 19 avril 1814

    Le Maréchal, Duc de Dalmatie"

     

    Qui a gagné ?

    Victoire à la Pyrrhus ou coup nul !

    En tout cas, totalement inutile, puisque Napoléon Ier avait abdiqué quatre jours plus tôt, le 6 avril ... Soult et Wellington ne l'apprirent que le 12.

    Il est évident que la ville n'a pas été prise d'assaut, Soult a pu évacuer ses blessés, ses armes, son matériel. Son armée a eu moins de pertes que chez les coalisés donc on pourrait imaginer une victoire française.

    D'un autre côté, Wellington est entré dans Toulouse en libérateur.

    Depuis 1814, les avis divergent sur la question !

     

    Toulouse pendant cette journée : "Les citoyens, épouvantés dès les 1ers coups de canon, se cachèrent au fond  de leurs maisons dont les portes restèrent fermées [...] Remis de la première frayeur, ils accourent dans les rues et sur les places, plusieurs se portent sur les remparts, un petit nombre va même explorer le champ de bataille. Mais la majeure partie, penchée sur les toits et les clochers attend avec impatience l'issue de cette effrayante lutte".

     

    Les dégâts

    - 60 maisons furent brûlées, 85 endommagées

    - 200 dossiers de demandes de dédommagement pour 178 propriétaires

    - L’état récapitulatif des pertes se monte à 103 450 francs

     

    Commémoration de la bataille

    Depuis le 24 juillet 1839 se dresse, dans le parc de la Colonne, un obélisque commémorant la bataille de Toulouse.

    Cet obélisque construit de 4,50 mètres de côté et de 32,60 mètres de haut, avec une échelle intérieure, permettait à l’époque d’avoir une vue complète sur le champ de bataille et sur les buttes des redoutes

     

    Obélisque de Toulouse, Jolimont

     

    Epilogue

    Le 28 juin 1838, à Westminster, Soult et Wellington se retrouvent pour un banquet célébrant le couronnement de la reine Victoria. Lorsqu’on demande à Wellington s’il ne voit pas d’inconvénient à avoir Soult comme voisin de table, il répondra : “Je préfère l’avoir à côté qu’en face.”

     

    Sources

    Précis historique de la bataille de Toulouse livrée le 10 avril 1814, entre l'armée française, commandée par le maréchal Soult, duc de Dalmatie et l'armée alliée sous les ordres de Lord Wellington, éd. Delboy, Toulouse, 1852 de Alexandre de Mège 

    La bataille de Toulouse de 1814 de H. Geschwind et F. De Gélis

    Toulouse une métropole méridionale – 20 siècles de vie urbaine de Jean Paul Escalettes

    10 avril 1814, la bataille de Toulouse de Jean Paul Escalettes

     

    Un article  de 2021 sur la bataille de Sébastien Vaissière (photo : Rémi Benoit et illustrateur ; Laurent Gonzalez) sur le site : https://www.boudulemag.com/2021/05/la-bataille-de-toulouse-de-1814-un-choc-pour-l-honneur-napoleon-et-nous/

     

    Sur les armes : http://armesfrancaises.free.fr/fusil%20d%27infanterie%20Mle%201777%20an%20IX.html

    https://www.musee-armee.fr/fileadmin/user_upload/Documents/Support-Visite-Fiches-Objets/Fiches-Louis-XIV-Napo-Bonaparte/MA_fusil-1777.pdf

     

    Cartes de Toulouse

    https://www.flickr.com/photos/archives-toulouse/albums/72157664247082820/with/25111159875/ différentes cartes de Toulouse sur plusieurs siècles

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8441589z/f1.item.zoom : carte fin 18ème

    cartes de Toulouse à consulter sur : https://www.archives.toulouse.fr/histoire-de-toulouse/patrimoine-urbain/plans-anciens/plans1772_1847


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    En 1737 dans le diocèse de Rieux (31), il y aurait eu 44 chirurgien et 15 barbiers, les médecins n’étant pas comptabilisés parmi les praticiens.

    Il est à noter qu’après 1743, les métiers de chirurgien et de barbier sont bien séparés et il n’y aura plus de confusion entre les deux métiers (cela ne va pas se faire de suite bien sûr, il faudra attendre quelques décennies pour cela).

    M comme un Meilleur encadrement Médical

     

    En tous les cas en 1755 il semblerait que les chirurgiens non barbiers (il y a donc encore à ce moment des chirurgiens barbiers) soient considérés comme des notables en Languedoc du moins :

    « Les chirurgiens non barbiers exerçant uniquement la chirurgie jouiront des prérogatives et des honneurs attribués aux autres arts libéraux et qu’ils seront regards à l’avenir comme notables bourgeois dans les villes où ils feront leur résidence » (Lettre du subdélégué Amblard concernant le statut des chirurgiens – 18/10/1755).

    Les chirurgiens vont peu à peu se spécialiser en obstétrique, délaissée par les médecins et former les sages-femmes.

    A Tournefeuille (31) une enquête sur les sages-femmes indique qu’à la fin du 18ème siècle les matrones « ne sont pas capables de remédier au plus petit accident. C’est un secours qui manque dans la communauté , s’il n’était le secours de Monsieur Conte, maître en chirurgie du lieu, qui a remédié à beaucoup de circonstances désagréables toutes les fois qu’il a été appelé à temps ».

    La loi du 19 ventôse an XI fera disparaître la séparation qui existait entre les médecins et les chirurgiens.

    A côté des médecins se trouve une catégorie de praticien que l’on nomme les officiers de santé.

    Au 19ème siècle ce sont des médecins qui n’ont pas le grade de docteur. Cette catégorie est née à la Révolution puisqu’en effet à partir de 1792, il est devenu possible d’exercer librement les professions de santé pourvu que les personnes concernées payent patente.

    Les officiers de santé vont officier dans les villages essentiellement.

    Une loi du 30 novembre 1892 abolira cette catégorie tout en laissant le droit aux candidats officiers en cours d’étude au moment de la promulgation de cette loi de les terminer et d’exercer nomalement.

    Pendant ce temps les sages-femmes voient leur niveau de formation progresser avec notamment la création d’écoles. Ainsi en 1792 une école se crée à Toulouse : 36 femmes sont choisies, 7 pour le district de Saint Gaudens, 6 pour celui de Toulouse, 5 pur celui de Grenade, 4 pour ceux de Castelsarrasin, Rieux et Muret, 3 pour ceux de Villefranche et Revel.

    Ce ne sera qu’au bout de 3 ans de formation que les maîtresses sages-femmes seront reçues.

    Avec la disparition des praticiens de santé, le nombre de médecin va mécaniquement diminuer surtout dans les zones rurales. Les formations, meilleures, vont entraîner une augmentation des prix des praticiens, excluant ainsi une partie de la population d’une possibilité de recours aux consultations.

    Les autorités vont ainsi devoir mettre en place une assistance médicale gratuite. Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Il ne s’agit toutefois pas des hôpitaux et autres hospices qui, on l’a vu dans de précédents articles, ont comme mission principale d’accueillir les nécessiteux, indigents, pèlerins et marginal en tout genre.

    Ceci étant sous l’Ancien Régime il existait des médecins gagés par les communautés mais leur rémunération ne leur permettait pas de vivre correctement. De ce fait il était très difficile d’en trouver.

    Au 19ème siècle ces médecins ne sont pas nécessairement mieux rémunérés mais cette assistance médicale gratuite est mieux organisée : un médecin par arrondissement exerce gratuitement depuis 1805 ; les médecins chargés de la vaccination anti variolique inoculent gratuitement les enfants des familles pauvres au cours de deux tournées annuelles qu’ils effectuent dans leur canton. Ils doivent en lus vacciner gratuitement chez eux le premier dimanche de chaque mois les enfants des familles indigentes des communes de leur canton qui leur seront présentés entre 8h et 10h du matin.

    M comme un Meilleur encadrement Médical

     

    Ils sont également obligés de se rendre à toutes les époques de l’année sur ordre des autorités locales dans les communes de leur canton où la petite vérole se déclarerait et d’y prescrire tout traitement curatif et préventif.

    La mise en place de cette assistance gratuite, la meilleure formation globale des praticiens de santé va permettre un net recul de la mortalité surtout la mortalité infantile.

    Mais les progrès médicaux au 19ème siècle ne sont pas encore à la hauteur de la violence de certaines maladies comme la variole qui en 1870 provoque une crise de mortalité très importante.

    A Paris la variole est endémique depuis 1865 où elle fait 700 morts chaque année mais elle devient plus virulent en décembre 1869 provoquant la mort de 4200 personnes jusqu’en juillet 1870. L’épidémie prend de telle proportion sur tout le territoire que pour la première fois dans l’histoire de la médecine une conférence est organisée du 25 mai au 29 juin 1870 à Paris pour l’étudier et la combattre. Près d e500 médecins viennent de toute la France pour y assister.

    Les populations sont pourtant vaccinées mais le vaccin n’est pas de bonne qualité. Et la guerre va entraîner des mouvements de population, de garnison et c’est ainsi que la maladie va se propager à une vitesse fulgurante dans toute la France.

    George Sand en septembre 1870 fuit Nohant et cherche refuge dans la Creuse "pour fuir la variole charbonneuse qui s’est déclarée à notre porte et qui a enlevé le mari » d’une amie dont « le fils est malade aujourd’hui ».

    Pasteur, réfugié à Arbois dans le Jura, pendant le siège de Paris, écrit début 1871 « que la petite vérole y fait des ravages épouvantables ».

     

    Il faudra attendre la fin du 19ème siècle avec les travaux de Pasteur et les progrès médicaux fulgurants au 20ème siècle pour que réellement les taux de mortalité soient durablement bas.

     

     Voir également l'article sur "se soigner autrefois".

     

    Sources

    Visages de la mort dans l'histoire du Midi Toulousain (4è-19ème siècle) sous la direction de Jean Luc Laffont

    La variole et la guerre de 1870 de Gérard Jorland

     

     

     

     


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    Je découvre l'idée du #généathème que je trouve très intéressante et pour démarrer cette année 2024, je vous fais découvrir mon sosa 2024 !

     

    Il s'agit de Jean Baptiste Fénart né vers 1675 peut être à Ennetières en Weppes dans le Nord de la France.

    Il était laboureur à Armentières (revue Nord Généalogie 1988, n°92)

    Il est mon aïeul au niveau de ma branche maternelle

     

    Mon sosa 2024

     

     

    Il s'est marié une 1ère fois le 30 juillet 1698 à Ennetières en Weppes avec Marie Catherine Flouret (née vers 1675)

    Il a eu au moins trois enfants de cette union nés dans le village d'ennetières:

    - Albert né le 1er janvier 1699 soit 6 mois après le mariage de ses parents

    - Marie Madeleine née le 20 novembre 1700 

    - Jean François né le 9 janvier 1703

     

    Il s'est marié une seconde fois le 4 février 1714 à Ennetières en Weppes avec Marie Anne Lerminet, elle même née le 28 novembre 1695 dans cette ville. (Acte de mariage - FENART-LERMINET - ADN en ligne - 5 Mi 042 R 064 )

    Un contrat de mariage a été passé (2E3/7883 acte 2) chez Maître Antoine Richard Lesaffre, notaire à Ennetières

     

    De cette union sont nés :

    - Thomas né le 23 décembre 1714 - Référence n° 211800226717120076 / CHGW Genealo 59-62-B

    - Jean Baptiste né le 23 janvier 1716 - Référence n° 211800226682520076 / CHGW Genealo 59-62-B, mon ancêtre

    - Jean Antoine né le 20 décembre 1719 à Armentières

    - Marie Jeanne Isbergue née le 25 décembre 1721 à Armentières, décédée le 4 décembre 1800 à Radinghem en Weppes ; elle était domestique à l'abbaye de Loos

    - Marie Anne Joseph  née le 3 mars 1724 à Armentières, décédée le 10 mars 1800 à Armentières

    - Marie Rose née le 26 février 1726 à Armentières

    - Pierre Albert né le 26 décembre 1727 à Armentières

    - Marie Catherine née le 1er décembre 1730 à Armentières et décédée das la même ville le 27 décembre 1771 des suites de ses couches

    - Philippe Joseph

     

    Son fils Jean Baptiste né en 1716 épousera en 1755 Jeanne Thérèse Gruson et de fil en aiguille on arrivera jusqu'à moi !

    Jean Baptiste Fénart 1716-1780

                 

    Pierre Joseph Fénart 1764 -1809

                 

    Sophie Augustine Joseph Fénart 1803-1861

                 

    Henri Joseph Haage 1833-1932 

                  ⇓

    Léonie Marie Haage 1875-1916

                  ⇓

    Marie Thérèse Boutry 1899-1968

                 

    Danielle Jeanne Denise Théry 1922-1998

                 ⇓

    Janine Thérèse Léontine Delannoy 1945

                  ⇓

    Séverine Legros 1971



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    Sous l’Ancien Régime l’Eglise est omniprésente dans la vie de chacun. On a un peu de mal à l’imaginer aujourd’hui. Mais chaque geste est empreint de religieux soit par contrainte soit par dévotion. Quel que soit l’endroit où l’observateur pose son regard, ce sera pour voir un clocher, un habit de religieuse, un couvent, une croix à un carrefour, une statue de la Vierge, une procession de fidèles, des pèlerins harassés ... L’observateur entendra les cloches qui sonnent pour appeler les fidèles à la prière, rythmant par la même occasion leur journée. L’environnement dans lequel évoluent nos ancêtres est imprégnés de la culture catholique.

     

    Prenons des exemples en Flandres et plus précisément à Lille :

     

    Le temps par exemple est régi par l’Eglise et l’on peut passer l’essentiel de ses journées à prier : ainsi à l’église Saint-Etienne et sa douzaine de chapelles, se succèdent chaque dimanche les messes, de demi-heure en demi-heure, depuis 4 heures jusqu'à midi. Et c’est ainsi dans chacune des églises de la cité.

     

    Ensuite l’espace géographique ; cet espace est complètement soumis à la « puissance spirituelle » : la Flandre wallonne (l'intendance de Lille) se trouve ainsi partagée entre les diocèses de Tournai pour la ville de Lille, d'Arras pour Douai et le Douaisis, de Cambrai pour l'abbaye de Cysoing, de Saint-Omer pour l'abbaye de Beaupré sur-la-Lys.

     

    L'évêché de Tournai comprend, entre autres, les décanats de Lille, Seclin, Saint-Amand, Helchin, Werwick. Pour l'essentiel, Lille et les paroisses voisines dépendent de l'évêque de Tournai. Les villes elles-mêmes sont découpée en paroisses, cellule de base de l’organisation ecclésiastique.

     

    Lille ainsi dispose en 1617 de cinq paroisses pour ses 32 604 habitants. Outre la collégiale Saint-Pierre située dans le plus ancien quartier de Lille (Saint Sauveur) les paroisses s'intitulent Saint-Etienne, Saint-Maurice, Saint Sauveur et Sainte-Catherine. La paroisse de Saint André sera érigée plus tard dans les Beaux quartiers lorsque Vauban agrandira la ville.

     

    Ces paroisses jouissent de revenus et comptent un personnel considérable. Ainsi, les 9 700 paroissiens de Saint-Etienne disposent de 21 ecclésiastiques au début du 17ème siècle, de prêtres habitués, horistes, chapelains, prêtres non habitués, clercs ou laïcs subalternes, comme le coutre, c'est-à-dire le sacristain, le sonneur, le fossier...

     

    En 1695, la paroisse de St Etienne dispose d'une quarantaine de prêtres, de 67 Recollets, 54 Dominicains, 34 Sœurs Noires pour 10 000 habitants environ.

     

    O comme Omniprésence de l'Eglise

    Un frère mineur Récollet

     

    Les membres du clergé sont donc visibles partout dans les rues de Lille.

     

    L’église assume également ce que l’on appellerait aujourd’hui les services sociaux avec la table des pauvres et les diverses institutions charitables qu’elle patronne.

     

    L'Eglise se charge aussi de l'enseignement dans les trois collèges Saint-Pierre, des Jésuites, et des Augustins, dirige quelques écoles élémentaires : celle des Grisons, depuis 1554, une école dominicale de Saint-Etienne depuis 1587, l’école des Bapaumes fondée par un tailleur de drap en 1605... Un Collège des Hibernois prépare, sur la paroisse Saint-Sauveur, des missionnaires pour l'Irlande. Grâce à cet équipement scolaire, la Flandre figure, sous l'Ancien Régime, parmi les provinces où l'analphabétisme est bien réduit.

     

    O comme Omniprésence de l'Eglise

    Collège Saint Joseph à Lille, ancienne institution jésuite

     

    Les livres de prières sont nombreux et représentent la moitié de la production lilloise en imprimerie.

    Plus précisément, de 1667 à 1715, Lille publie 305 ouvrages religieux sur 483, soit 63 %. Ces livres sont volumineux. Les guides de dévotion l'emportent, atteignant plus du tiers des titres religieux, plus du quart des livres vendus. Ensuite, ce sont les instructions chrétiennes, puis les ouvrages de polémique. La théologie et la liturgie occupent une place plus modeste.

     

    Le clergé régulier n’est pas en reste : début 17ème siècle on dénombre à Lille neuf communautés d'hommes (Dominicains, Récollets, Capucins, Minimes...), douze communautés de femmes (Dames de l'Abbiette, Clarisses, Brigittines, Urbanistes...) quatre couvents de religieuses (Sœurs noires, Sœurs grises, Visitandines, Sœurs de la Magdeleine). Il faut ajouter les hospitalières, les béguines et, proche de Lille, les Bernardines de l'Abbaye de Loos, les Augustines de Cysoing et de Phalempin, les Bénédictines du Prieuré de Fives, les Cisterciennes de Marquette. Les Capucins exercent une grande influence par leurs prédications populaires. Les Jésuites commencent à ériger leur église en 1606, au Rihour.  En 1613, les Augustins s'installent à Lille dans un refuge près de l'église Saint-Maurice ; En 1616, les Carmes Déchaussés bâtissent maison et église sur l'emplacement du Château de Courtrai.

     

    O comme Omniprésence de l'Eglise

    Une sœur Clarisse

    O comme Omniprésence de l'Eglise

    Les Colettines, chassées en 1639 du Vieil Hesdin, par la destruction de leur couvent, s'établirent près de l'église Saint Sauveur, grâce à la générosité de la famille Hangouart et de l'écolâtre Jacques Boudart.

    Sur la paroisse Saint-André, les Carmes constituent, en 1676, la Confrérie de Notre Dame du Mont Carmel. Les Recollets, sur la paroisse Saint-Etienne, fondent, en 1665, une Confrérie de l'Immaculée Conception.

     

    Ces diverses institutions paroissiales contribuaient à entretenir la ferveur religieuse.

     

    Car justement cette ferveur doit être alimentée régulièrement par des actes ostentatoires comme les processions, pèlerinages et autres dévotions. Toutes ces manifestations égayent le quotidien et influence positivement les fidèles par leur faste, par la magnificence qui y est déployée.

     

    O comme Omniprésence de l'Eglise

    Procession à Paris des reliques de Sainte Geneviève

    en 1539 pour faire cesser les pluies diluviennes

     

    « Les cérémonies sont nécessaires pour attacher les peuples sur lesquels la pompe et l'appareil mystérieux des cérémonies fait souvent plus d'impression que le fond même de la religion ».

     

    On va donc « processionner » pour remercier Dieu d'avoir rétabli la paix ou chassé la peste ou pour tout autre évènement qui va permettre de marquer les esprits.

     

    Ainsi sous l'influence des Archiducs, des cérémonies cultuelles exceptionnelles ponctuent le quotidien : Te Deum en 1606, en l'église Saint-Pierre pour remercier Dieu d'avoir donné la victoire à Albert d'Autriche sur Maurice de Nassau « grand pilier des hérétiques », dit Mahieu Manteau; en 1603, on fait une procession pour remercier Dieu d'avoir fait découvrir les voleurs de ciboires ; en 1604, pour célébrer la paix entre le roi d'Espagne et le roi d'Angleterre …

     

    De temps à autre, Louis XIV fait célébrer des messes solennelles qui provoquent l'admiration populaire : en 1673, à Saint-Pierre « quand ce vint l'Evangile tous les soldats se levèrent avec leurs épées nues et quand ce vint au remonstrance de l'hostie, les trompettes résonnaient et puis tous les officiers et soldats tirèrent encore leurs épées et la tenir en main toute nue pour faire serment pour Dieu et pour le Roi ».

     

    Les processions régulières les plus suivies sont celles de l'Ascension, de la Fête-Dieu avec le concours de toute la garnison et surtout celle de la ville, le dimanche qui suit la Trinité. C'est la plus solennelle. Le Magistrat inspecte le parcours de la Collégiale Saint-Pierre jusqu'à la Porte des Malades, prie les Lillois de lever les immondices, de « jeter de l'eau pour empêcher la poussière en cas qu'il fasse sec » et de « décorer le dehors de leurs maisons ».

     

    Le Jésuite Buzelin commente, dans sa Gallo-Flandria, les Rogations célèbres à Lille au temps de la Réforme catholique : « Les processions que font les paysans de toute Antiquité ont moins d'éclat, mais réclament plus d'effort (que les processions urbaines) et pourtant, ils les accomplissent joyeusement et de bon cœur. Chaque été, aux environs de la Pentecôte, ils ont l'habitude de faire le tour du territoire de leur village et ils font dans ce parcours jusqu'à quatre ou cinq lieues pour ne pas laisser un coin du village sans bénédiction. Ils font la plus grande partie de cette procession à jeun pour obtenir de Dieu les fruits de la terre ».

     

    Dans la paroisse St André, l'une des plus grandioses cérémonies eut lieu en 1681, « à l'occasion de l'élection des chevaliers militaires des Ordres de Saint Lazare et de la Bienheureuse Marie du Carmel, en présence de M. de la Rablière, maréchal des camps royaux, préfet militaire de Lille, grand prieur des Ordres de la Flandre, et de douze commandeurs, M. de Saint-Silvestre, mestre de Camp, inspecteur de la cavalerie, M. de Rosamel, capitaine de gendarmes de Flandre, M. de la Motte, major de la citadelle de Lille, en présence de nombreux chevaliers. Dans l'église des Carmélites, ornée de tapisseries avec des portraits de Louis XIV, grand maître de cet ordre, de Louvois, grand vicaire, furent célébrées des vêpres en musique. Parmi les officiers, M. Warcoin, ancien mayeur, M. Turpin, procureur de l'ordre en la langue belge... assistèrent à ces journées. Le lendemain, on chanta un Te Deum, on célébra la messe, les chevaliers tenant l'épée nue pendant la lecture de l'Evangile. Les réjouissances profanes suivirent : banquet, pétards, boites, feu d'artifice... Désormais, cette solennité se renouvela deux fois par an, pour la fête de Notre-Dame du Carmel (16 juillet) et pour la Saint-Lazare (17 décembre) ».

     

    Le culte des Saints participe de la dévotion chrétienne : le saint protège, commande, punit, intercède auprès des puissances plus élevées ; il se spécialise, pour ainsi dire, dans un recours. Il est plus facile proche du commun des mortels et plus facilement accessible à la ferveur populaire.

     

    On prie saint Roch à Wazemmes, saint Calixte à Lambersart, saint Piat à Seclin, saint Guislain à Fiers, saint Matthieu, apôtre, à Wambrechies... A Bergues, on invoque saint Winoc pour arrêter les cataractes du ciel, mais aussi pour faire cesser une sécheresse excessive. A Douai, la fontaine de saint Maurand, patron de la ville, guérit les enfants malades.

     

    O comme Omniprésence de l'Eglise

     

    Même chose pour le culte marial : le lieu de prière va également être spécialisé en fonction des miracles qui y ont eu lieu : Ainsi Notre-Dame du Prieuré de Fives accorde la guérison de la fièvre, Notre-Dame de la Barrière, à Marquette, est célèbre, depuis le 16è siècle, car elle a protégé le monastère pendant les troubles religieux. La statue de Notre-Dame de Grâce, à Loos, placée dans un arbre, guérit les apoplectiques.

     

    O comme Omniprésence de l'Eglise

     

    Bref, quelques exemples pour tenter de mieux visualiser le quotidien de nos ancêtres…

     

    Sources

    Dévotions populaires en Flandre au temps de la Contre-Réforme de Louis Trénard

    La vie religieuse à Lille au temps de la Conquête Française de Louis Trénard


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