• Bonté charitable contre crime de pauvreté

     

    Le message chrétien incite à l’amour de son prochain et donc à la charité.

    "J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais étranger et vous m'avez recueilli, j'étais nu et vous m'avez vêtu, j'étais malade et vous m'avez visité, j'étais en prison et vous êtes venu vers moi » Matthieu

      

    B comme Bonté charitable et bureau de charité

    L’évêque Sébastien Zamet au 17ème siècle affirmait qu’aider les humbles, c'était à la fois, rendre grâces à  Dieu et assurer son salut. Ce n’est donc pas une charité tournée réellement vers l’autre, donnée par pur altruisme mais une charité plutôt égoïste.

    Ainsi Jean louis Roch, auteur du livre « Le jeu de l'aumône au Moyen Age» précise bien que «Le pauvre reste un oublié, il n'est pas considéré pour lui-même, mais comme l'image du Christ, comme l'instrument du salut du riche, comme un objet ».

    Quoi qu’il en soit, pour satisfaire à cette vertu, de nombreuses villes au moyen âge ont mis en place « l’Aumône générale », une sorte de bureau des pauvres qui va se charger de recenser et d’enregistrer les indigents puis qui va les trier en deux catégories : les invalides aidés par des distributions régulières de pain et les valides affectés systématiquement à des travaux publics.

    Ne nous y trompons pas, dès le départ, les bureaux des pauvres excluaient des secours « les vagabonds, fainéants et gens sans aveu». Comment les distinguait elle des autres ? ce sera surtout une affaire de circonstances, nous le verrons au fur et à mesure des articles.

    Des chasse pauvres ou chasse coquins ou encore chasse gueux étaient chargés d’expulser de la cité les errants de tous horizons et de traquer toux ceux qui faisaient l’aumône. En effet le bureau des pauvres était censé suppléer à l’aumône en prélevant une taxe des pauvres auprès des habitants de la cité , donc mendier était désormais interdit.

    Certains prêtres s’insurgèrent contre ce tri car finalement laisser un pauvre à la porte, c'était repousser le Christ, c'était courir à la damnation.

     

    Les pauvres étant pour certains les Elus de Dieu, des legs parfois très importants sont faits en leur faveur.

    Ainsi le 13 septembre 1767 le sieur Arnaud Soussens, Bagnerais, laisse t-il « aux Pauvres Honteux de Bagnères une maison, un jardin, des écuries pour faire du Bouillon aux pauvres à perpétuité »

    Un archiprêtre de la paroisse de Monfaucon crée en 1700 une fondation dont les revenus devaient permettre de verser « une somme de trente livres pour chaque fille pauvre et vertueuse pour l’aider à se marier et la même somme pour donner un métier à de pauvres garçons ».

    Maitre Dumoret avocat au parlement rédigea en 1765 son testament dans lequel il exige que son héritier distribue 50 livres aux « Pauvres présents lors de ses honneurs funèbres » qu’il désire d’ailleurs modestes.

     

    Crime de pauvreté

    Toutefois, il faut reconnaître que le message chrétien d’amour charitable n’est quand même pas passé par toutes les oreilles.

    C comme Crime de pauvreté contre Charité

    Ainsi le 11 mai 1732 à Mauvezin dans le Gers, un certain Jean « pauvre mendiant estranger » attendait sur le parvis de l’église quelque aumône quand il fut pris à parti soudainement et brutalement par un certain Jean Monnin. Celui-ci lui a prononcé de « sales paroles » avant de se ruer sur le malheureux à coups de bâton. Il a fallu ‘intervention de plusieurs personnes pour arriver à dégager le pauvre mendiant.

    Ce Jean Monnin est lui aussi un misérable déclassé (valet de boucher devenu brassier sans emploi et qui vit de menus larcins).

    Il fut jeté au cachot et durement puni non pas seulement parce qu’il avait agressé le mendiant mais parce qu’il s’en était pris aux honnêtes gens qui avaient essayé de le calmer et par ce que tout simplement il est pauvre et a troublé l’ordre public.

    Les juges lui demandent de faire amende honorable devant tous « en chemise, le hard au col, pieds nus, tenant en ses mains une torche de cire ardente et du poids de deux livres » contraint de s’agenouiller devant les portes de l’église puis devant celles de l’hôtel de ville, « demandant pardon à Dieu, au Roy, et à la justice des crimes de rébellion par luy commis ».

    Il sera ensuite livré « entre les mains d’un patron de galère », il y servira le roi comme forçat pendant 6 années.

    Et enfin il devra payer une amende de 20 livres et les dépens de justice (73 livres, 15 sols et 8 deniers).

    La dureté de cette sanction tient au fait que les villes sont envahies de pauvres et que ces misérables font peur : la misère n’est plus vertueuse mais redoutable, obscène, abjecte.

    Les temps difficiles liées aux guerres, famines, et autres catastrophes jettent à la rue quantité d’hommes, de femmes et d’enfants qui livrés à eux même, en quête de quoi survivre deviennent bien malgré eux potentiellement dangereux.

    Pour protéger les honnêtes gens, des mesures plus radicales vont être prises : l’enfermement. 

     

    Dans cet article j'explique ce qui était mis en place pour aider les pauvres avant la Révolution.

     

    Au 19ème siècle la vision du pauvre n'a guère changé  ... 

     

    « D’où qu’ils viennent, les mendiants et les vagabonds, que l’on peut bien confondre dans ce même point de vue, sont un danger pour la société, car l’absence de ressources, l’incertitude des moyens d’existence, sont pour eux un stimulant perpétuel au maraudage, au vol et à de pires délits. Ce sont des parasites qui coûtent à la collectivité plus qu’on se l’imagine et qui, à ne consulter que l’intérêt, sont toujours trop nombreux ». Paroles du substitut du procureur général près la Cour d’appel d’Orléans, Monsieur Drioux, en 1892

     

    A comme Avant toute chose

    Sources

    Les dépôts de mendicité sous l’Ancien Régime et les débuts de l’assistance publique aux malades mentaux (1764-1790) de Christine Peny

    Les dépôts de mendicité sous l’Ancien Régime et les débuts de l’assistance publique aux malades mentaux (1764-1790) de Christine Peny

    Le dépôt de mendicité de Toulouse (1811-1818) de David Higgs

    L'Hôpital Général de Paris. Institution d'assistance, de police, ou de soins ? de Nicolas Sainte Fare Garnot

    Mendier sa vie au XVIIIe siècle : de la résignation à la révolte (Amiens, 1764-1789) de Charles Engrand

    Les travaux publics comme ressource : les ateliers de charité dans les dernières décennies du xviiie siècle de Anne Conchon

    Les secours aux indigents : un droit ou une faveur de Dominique Godineau,

    Quand la pauvreté était un crime de Françoise Froelhy

    Le délit de vagabondage au 18ème siècle de Catherine Grand

     

    « Manuels de vulgarisation thérapeutiqueEnfermement des pauvres »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :