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Les moyens de transport à Toulouse au 19ème siècle

13 Août 2025 , Rédigé par srose Publié dans #transport, #Toulouse

Jean Fourcassié, écrivain français né le 17 octobre 1886 à Albi et mort le 15 juillet 1955 à Catella en Catalogne fut également professeur de littérature française à la faculté des lettres de Toulouse.

Il écrit dans son livre « Toulouse, une ville à l’époque des romantiques », qu’un réseau assez dense de voitures publiques relie Toulouse au reste de la France. En effet au 19ème siècle une soixantaine de diligences arrivent et partent de la ville quotidiennement.

On peut trouver dans la ville rose des départs pour Nîmes, Bordeaux, Auch, Albi, Paris, d’autres encore pour Tarascon, Lavaur, l’Isle Jourdain, Muret, St Girons etc

Les sociétés de transports sont situées dans le centre de Toulouse notamment avec les Messageries du Midi et du Commerce au 21 rue Lafayette , La Poste aux chevaux, rue des arts,  ou encore les Messageries de l’Hôtel d’Espagne au 18 rue Peyrolières ; et bien d’autres encore.

 

Diligence des Messageries du Midi et du Commerce 1839 - maquette exposée à la salle toulousaine en 1935

La durée des voyages est longue à cette époque : il faut compter pour aller de Toulouse à Paris  4 jours et demi de transport en 1840 !

Pour aller de Toulouse à Ax les Termes ce sera un voyage de 14h

Ci dessous une série de cartes permettent de constater l'évolution des temps de trajet en France en 1765, 1840 et 1870 (la dernière carte concernant le train)

Temps de parcours en coche en 1765 depuis Paris - l'Indicateur fidèle de Michel et Desnos
 
Temps de parcours en malle poste depuis Paris en 1840 - Annuaire des postes
 
Temps de parcours en train depuis Paris en 1870 - Guide Chaix

Et le trajet n’est pas de tout repos : en 1820 la diligence, partie de Toulouse pour Paris est arrêtée près d'Uzerche la nuit par une bande de sept hommes à cheval et armés

Tandis que la diligence Bordeaux Toulouse est pillée près de Moissac par un bandit qui dévalise sept voyageurs en 1842; peu de temps après la malle-poste Bordeaux Toulouse est dévalisée près d'Agen par 4 voleurs espagnols qui seront condamnés à mort par la suite.

Indépendamment des risques du voyage et de la longueur de celui-ci , le gros inconvénient des voyages en diligence ou en malle poste reste pour le voyageur le fait d'être enfermé durant tout le voyage. Dans Mémoire d'un touriste, en 1838, Stendhal écrit « Trois jours de Paris à Marseille ! C'est beau mais aussi l'homme est réduit à l'état d'animal  : on mange du pâté ou l'on dort la moitié de la journée »

En tous les cas, Toulouse au 19è siècle est une place connue en ce qui concerne la carrosserie : Prosper Mérimée écrit en 1840 à la comtesse de Montijo « s'il vous faut une voiture, vous feriez bien je crois de la prendre ou de la commander à Toulouse où l'on fabrique très bien les voitures de voyage et peut-être plus solide qu'à Paris ; outre qu'elle coûte 1/3 moins cher, elles ont l'avantage d'être plus tôt et plus économiquement rendu à la frontière d'Espagne ».

 Le développement de cette industrie est dû à la position topographique de la ville « qui se trouve à portée de toutes les matières premières nécessaires à la carrosserie ; ainsi les bois d’orme et de frêne y sont abondants et à bas prix ; les fers de l’Ariège et de Bruniquel fournissent de très bonnes bandes de roue ; l’acier du Saut du Tarn donne des ressorts de première qualité ; les cuirs de Toulouse et les draps du Midi procurent les moyens de garnir à peu de frais l’intérieur des voitures » (Exposition des produits des Beaux-Arts et de l’Industrie, dans les Galeries du Capitole, à Toulouse en 1835, Toulouse, Imp. Auguste Hernault, 1835, p. 162-163)

En 1830, l’Annuaire du département de la Haute Garonne indique 18 carrossiers en activité. Certains occupant jusqu’à 60 ouvriers et fabriquant entre 40 et 50 voitures par an

En 1850, on dénombre 39 entreprises de carrosserie dans la ville rose.

Ces entreprises ont une clientèle locale mais pas que : Marseille, les Landes, Bayonne, l’Ardèche, l’Espagne, Narbonne, l’Algérie, Buenos Aires, Saïgon et bien d’autres endroits !

 

Pont neuf photographié par Georges Ancely, 1886

 

Quelle différence entre la malle poste et la diligence ?

Au 17ème siècle le volume de lettres à adresser aux 4 coins de la France augmente et ce que l’on appelle les courriers (en fait les personnes qui « courrent la poste. ») utilisent alors une charrette appelée « brouette » pour transporter la « malle aux lettres ».  il n’est pas possible de transporter des voyageurs. Normalement mais dans les faits la  brouette prendra un ou deux voyageurs à chaque départ !

En 1793 cette brouette est remplacée par une voiture à 2 roues et 3 chevaux, assez inconfortable puis par une voiture à 4 roues et 4 ou 5 chevaux, plus grande et plus rapide, la malle poste. Plus rapide car elle a le droit de mettre ses chevaux au galop là où les diligences sont au trot. La malle poste a pour vocation de transporter la correspondance et des voyageurs (6 à 8) avec leurs bagages. Mais elle est également plus chère que les diligences et donc réservée à la bourgeoisie.

En 1818, 259 malles poste sillonnent la France.

Maquette de malle poste de l'administration des Postes 1879 - Musée Carnavalet

Une diligence est plus lourde car elle transporte plus de voyageurs et sera moins rapide.

La diligence va progressivement évoluer pour finalement être divisé en trois compartiments : de l’avant vers l’arrière, le coupé, la berline ou intérieur et à l'arrière la rotonde peu appréciée des voyageurs. A l'extérieur on aura la banquette ou impériale

Dessin tiré du site : http://aghve.verton.free.fr/H-AGHVE/H-PAGES/diligence.html

Victor Hugo écrira dans "En voyage" tome 2 lors de son voyage Bordeaux Bayonne : "Une diligence, c’est bien plus qu’une préfecture ; c’est l’image parfaite d’une nation avec sa constitution et son gouvernement. La diligence a trois compartiments comme l’état. L’aristocratie est dans le coupé ; la bourgeoisie est dans l’intérieur ; le peuple est dans la rotonde. Sur l’impériale, au-dessus de tous, sont les rêveurs, les artistes, les gens déclassés". Victor Hugo voyageait dans l'impériale..

En 1814 il faut 86 h pour aller de Paris à Bordeaux contre 37 un 1840.

En 1840,  une lettre va mettre 36 h pour être transporté de Paris à Lyon contre 56 h en 1750.

Diligences et malle poste laisseront progressivement la place au chemin de fer. La dernière malle poste qui reliait Toulouse à Montpellier cesse son service le 23 aout 1857.

Michelet à propos des transports écrit : « Les diligences, comme on sait, marchaient encore fort lentement à cette époque [ 19ème]. Je ne m’en plaignais pas. C’est la seule façon de voyager avec profit. Depuis qu’on a créé les chemins de fer, on passe, on s’éblouit, on a le vertige et tout échappe. » 

 

Qu’en est il de la Garonne ?

La route n’est pas le seul moyen de transport à Toulouse au 19ème siècle : il est possible aussi de voyager par eau. Avec la barque de poste.

Coche d'eau 1830 - Musée de la batellerie et des voies navigables (Conflans Sainte Honorine)

En 1673 Pierre Paul Riquet commande les 1ères barques qui sont fabriqués à Gardouch

La traction de ces barques exige un certain nombre de relais sur le trajet , relais qui vont fournir des chevaux car ces barques ne vont circuler que grâce à la force des chevaux.

Embarquement à Castelnaudary 1815 - Musée de la batellerie et des voies navigables (Conflans Sainte Honorine)

Jusqu’au début du 19ème les barques ne franchissent pas les doubles et triples écluses et l’on change donc régulièrement de barques ce qui ne fait qu’augmenter le temps de trajet.

C’est ainsi que tout au long du canal, on va trouver des auberges des chapelles et bien sûr des écuries (par exemple l'ancien hôtel de voyageurs dit auberge de Négra, actuellement maison d'éclusier à Montesquieu Lauragais qui date du 17ème siècle : voir https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA31011107

Les haltes repas et dodo se font à Castelnaudary Trèbes , Le Somail et Agde

Des modèles tractés par 4 chevaux atteignent une vitesse comprise entre 11 et 13km/h !

Avant la Révolution, aller à Bordeaux prenait 6 à 8 jours , 4 jours quand l’eau était haute mais pour remonter il fallait 10 à 15 jour suivant le vent.

De même avant 1826, pour aller De Toulouse à Béziers il faut quand même plus de 3 jours car on s’arrête la nuit.. À partir de 1826 le coche d'eau avance nuit et jour ce qui permet d'aller à Béziers en 36 h avec un arrêt à Castelnaudary Carcassonne et Le Somail.

Le guide du voyageur sur le canal du midi publié en 1836 indique que le départ a lieu tous les matins du port de l'embouchure, du port Saint Etienne ou du bassin du Radoub ; le bateau peut transporter jusqu'à 150 voyageurs

En 1841 on peut trouver comme moyen de transport fluvial plusieurs bateaux à vapeur : le Toulousain, un bateau à vapeur pour le trajet Toulouse Agen Bordeaux, le bateau l'Etoile qui lui, fait le trajet Bordeaux Toulouse en 3 jours aller-retour et le bateau Clémence Isaure qui va d'Agen à Toulouse en 15h00 en 1843 et qui peut recevoir jusqu’à 150 voyageurs et leurs bagages. En Avril 1843 : Le Clémence Isaure fait la liaison Agen-Moissac en 6 heures !

«Le musée du vieux Lormont possède une pièce rare : la maquette du premier navire à vapeur destiné à naviguer sur la Garonne, et qui fut baptisé le Garonne, construit en 1818 par M. Church, consul d'Amérique à Bordeaux. Le musée d'Aquitaine de Bordeaux en possède aussi quelques-unes» (Dépêche du 14/04/2013)

Maquette du Garonne - Musée du vieux Lormont

Le guide du voyageur en France De Richard de 1849 indique que le bateau à vapeur le Xavier remonte la Garonne de Bordeaux à Toulouse en 32 h et l'adolescent en 15h00

Le canal ne devint malheureusement pas la voie incontournable reliant l'océan à la méditerranée ; le transport fluvial ne survécut en effet pas à l’arrivée du chemin de fer puis de la route. 

 

 

Sources

 

 

 

 

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