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#GENEATHEME 01/2024 - Mon sosa 2024

21 Janvier 2024 , Rédigé par srose

 

Je découvre l'idée du #généathème que je trouve très intéressante et pour démarrer cette année 2024, je vous fais découvrir mon sosa 2024 !

 

Il s'agit de Jean Baptiste Fénart né vers 1675 peut être à Ennetières en Weppes dans le Nord de la France.

Il était laboureur à Armentières (revue Nord Généalogie 1988, n°92)

Il est mon aïeul au niveau de ma branche maternelle

 

Mon sosa 2024

 

 

Il s'est marié une 1ère fois le 30 juillet 1698 à Ennetières en Weppes avec Marie Catherine Flouret (née vers 1675)

Il a eu au moins trois enfants de cette union nés dans le village d'ennetières:

- Albert né le 1er janvier 1699 soit 6 mois après le mariage de ses parents

- Marie Madeleine née le 20 novembre 1700 

- Jean François né le 9 janvier 1703

 

Il s'est marié une seconde fois le 4 février 1714 à Ennetières en Weppes avec Marie Anne Lerminet, elle même née le 28 novembre 1695 dans cette ville. (Acte de mariage - FENART-LERMINET - ADN en ligne - 5 Mi 042 R 064 )

Un contrat de mariage a été passé (2E3/7883 acte 2) chez Maître Antoine Richard Lesaffre, notaire à Ennetières

 

De cette union sont nés :

- Thomas né le 23 décembre 1714 - Référence n° 211800226717120076 / CHGW Genealo 59-62-B

- Jean Baptiste né le 23 janvier 1716 - Référence n° 211800226682520076 / CHGW Genealo 59-62-B, mon ancêtre

- Jean Antoine né le 20 décembre 1719 à Armentières

- Marie Jeanne Isbergue née le 25 décembre 1721 à Armentières, décédée le 4 décembre 1800 à Radinghem en Weppes ; elle était domestique à l'abbaye de Loos

- Marie Anne Joseph  née le 3 mars 1724 à Armentières, décédée le 10 mars 1800 à Armentières

- Marie Rose née le 26 février 1726 à Armentières

- Pierre Albert né le 26 décembre 1727 à Armentières

- Marie Catherine née le 1er décembre 1730 à Armentières et décédée das la même ville le 27 décembre 1771 des suites de ses couches

- Philippe Joseph

 

Son fils Jean Baptiste né en 1716 épousera en 1755 Jeanne Thérèse Gruson et de fil en aiguille on arrivera jusqu'à moi !

Jean Baptiste Fénart 1716-1780

             

Pierre Joseph Fénart 1764 -1809

             

Sophie Augustine Joseph Fénart 1803-1861

             

Henri Joseph Haage 1833-1932 

              ⇓

Léonie Marie Haage 1875-1916

              ⇓

Marie Thérèse Boutry 1899-1968

             

Danielle Jeanne Denise Théry 1922-1998

             ⇓

Janine Thérèse Léontine Delannoy 1945

              ⇓

Séverine Legros 1971


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La bataille de Toulouse de 1814

13 Août 2023 , Rédigé par srose

 

Bataille de Toulouse de 1814 - Théodore Jung

 

 

Le contexte de la bataille

Depuis le 18ème siècle une même famille règne sur la France et l'Espagne : les Bourbons. Aussi quand Louis XVI est exécuté le 21 janvier 1793, l'Espagne vient au secours de la famille royale de France et déclare la guerre. Collioure et les rives de la Bidassoa tombent très vite sous les assauts espagnols.

A noter qu'à cette époque l'Angleterre est une alliée de l'Espagne.

En 1794, les Français retournent la situation et s'emparent de Figueras, Bilbao, et Vitoria. L'Espagne négocie la paix et le 18 août 1796 le traité de San Idelfonso matérialise l'alliance franco espagnole contre l'Angleterre.

Par la suite, pour diverses raisons que nous ne développerons pas ici, l'Espagne entreprend de marcher sur le Portugal avec le soutien de Napoléon, celui ci voulant mettre au pas le Portugal pour avoir refusé de participer au blocus contre l'Angleterre : ce sera la guerre des Oranges de 1801.

 

En 1807, rebelote, le Portugal refuse toujours de participer au blocus et Napoléon envoie des troupes pour occuper le pays. Mais pour ce faire il passe par l'Espagne. Or les troupes françaises se conduisent comme des rustres et pillent les villages espagnols, ce qui ne fait qu'attiser la haine de la population à leur égard. En parallèle, Napoléon tente de profiter de la situation politique chaotique de l'Espagne pour s'immiscer dans les affaires du royaume. Et alors que l'armée napoléonienne occupe Madrid, la population se soulève; cette révolte embrase le pays quand le roi d'Espagne abdique sous la pression de Napoléon au profit de son frère Joseph. La rébellion espagnole sera écrasée dans le sang par Murat. Violence que représentera Goya dans sa peinture.

 

Francisco De Goya - Tres de Mayo - 1814

Musée du Prado - Madrid

 

Et c'est ainsi que la guerre d'indépendance espagnole commença. Elle dura 6 ans et fut un désastre pour Napoléon qui l'avoua d'ailleurs à Sainte Hélène : "cette malheureuse guerre d'Espagne a été une véritable plaie, la cause première des malheurs de la France".

Entre temps, le Portugal qui est lui aussi occupé par Napoléon qui ne lui pardonne pas son manque de coopération dans le blocus international, recevait de l'aide de l'Angleterre.

C'est ainsi qu'une coalition Espagne/Portugal/Angleterre va se former contre Napoléon dans cette guerre d'indépendance.

 

L'assaut de la caserne de Monteleon, 1808 - Joaquin Sorolla (1886)

Musée Victor Balaguer, Vilanova, Catalogne

 

En décembre 1809, Napoléon prend le contrôle de la Catalogne qui sera annexée à l'empire le 26 janvier 1812 et le restera jusqu'au 10 mars 1814. Ce territoire sera divisé en 4 départements :

- les Bouches de l'Ebre avec Lleida comme préfecture

- Montserrat avec Barcelone comme préfecture

- Sègre avec Puigcerdà

- Ter avec Gérone

 

Mais les Français vont perdre du terrain et en quelques semaines, de mai à juillet 1813, Joseph Bonaparte et son armée reculent jusqu'aux Pyrénées. Napoléon n'eut d'autre choix que d'accepter par le traité de Valencay le retour de Ferdinand VII dans son royaume.

Début 1814, la Catalogne est reconquise par les Espagnols. La guerre d'Espagne s'achève mais à l'inverse, débute pour les Hispano Britanniques, la campagne de France qui allait amener la chute de Napoléon.

 

Scène de la campagne de France - 19ème siècle - Horace Vernet

 

Et c'est ainsi que l'on se retrouve quelques mois plus tard en ce jour de Pâques, le dimanche 10 avril 1814, à Toulouse ...

 

La bataille de Toulouse 

La bataille s'est déroulée le dimanche 10 avril 1814 de 6h à 21h et opposa les troupes françaises  commandées par le maréchal Soult aux troupes anglo hispano portugaises menées par le duc de Wellington.

L'armée française comptaient à peu près 42 000 hommes contre 52 000 pour les coalisés. Le nombre exact est difficile à déterminer car il varie selon les sources mais ce qui est sûr c'est que les coalisés sont supérieurs en nombre.

A noter que parmi les Français se trouve Louis Joseph Hugo, chef d'état major de la 1ère division d'infanterie de l'armée des Pyrénées, dont le neveu, Victor, n'a alors que 12 ans.

7 956 soldats seront mis hors de combats dans les deux camps (dont 975 morts) à la fin de la journée selon les comptages. 

 

Quelle est la situation de Toulouse en 1814 ?

La ville compte près de 65 000 habitants et constitue la base arrière de l'armée. Elle abrite des casernes, la poudrerie impériale sur l'ile de Tounis, fond depuis 1793 des canons dans l'ancien couvent de Sainte Claire des Salins à l'emplacement de l'actuel Institut catholique, fabrique des armes à l'Arsenal (ancien couvent des Chartreux, rasé en 1960, il ne reste que les vestiges du cloître aujourd'hui) depuis 1792 et organise le ravitaillement des troupes depuis le Lauragais et le piémont ariégeois.

 

Elle est entourée d'un rempart médiéval en piteux état, avec tours et portes fortifiées et s'étend sur la rive droite à l'intérieur des actuels boulevards, sur la rive gauche à l'intérieur des allées Charles de Fitte; des embryons de faubourgs à Guilheméry, aux Minimes, et à la Patte d'Oie complètent la physionomie de la ville.

 

Toulouse en 1870 mais cela permet de situer les différents sites, quartiers, faubourgs de la ville

A consulter avec zoom sur ce lien : https://www.visites-p.net/ville-histoire/toulouse-01.html#b

 

En 1814, les remparts ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes : mal entretenus, crevassés, envahis par des constructions civiles : l'enceinte de Saint Cyprien par exemple "ne consiste plus guère qu'en un mur d'octroi percé de deux grilles, l'une à la barrière de la patte d'oie, l'autre à l'extrémité du Cours Dillon".

Une partie des remparts a qui plus est été détruit pour laisser place au boulevard Saint Cyprien de la place du Fer à cheval à la place Roguet et à l'allée de Garonne de la place Roguet au pont des Amidonniers.

Les fossés étaient en partie comblés, et des maisons avaient été adossées aux murailles; d'autres, bâties sur le terrain de l'ancienne contre-escarpe masquaient près de la moitié de l'enceinte, qui conservait néanmoins un terre-plein, ou terrassement, trèslarge , de la Porte du Bazacle, ou de Saint-Pierre, jusqu'à la Porte de Las-Croses, et de celle d'ArnaudBernard jusqu'à la Porte-Neuve.

Toulouse c'est aussi de l'eau : en plus du fleuve, elle est entourée de rivières et de ruisseaux : le Touch, l'Hers, la Save, la Louge, la Lèze, l'Hyse, l'Aussonnelle, la Sauve, le Girou, la Sausse, la Pichounelle, la Marcaissonne, la Seillonne plus le Canal du Midi et le canal de Brienne.

 

Carte de Toulouse en 1815 par Vitry à consulter sur :

https://www.archives.toulouse.fr/documents/10184/405363/20Fi13.jpg/0e37e64c-db58-4cf6-ad17-2725221a1d04?t=1535095546234

 

Quant à la population toulousaine, elle est a priori plus royaliste que partisane de l'empereur et souffre du blocus continental; par ailleurs elle commence à connaitre les atrocités commises par les Français en Espagne et de ce fait ne montre guère de motivation à venir en aide aux troupes françaises.

 

Les magasins sont fermés, les affaires commerciales, l'activité des administrations et des tribunaux sont suspendues. Les plus riches propriétaires de la ville sont partis. Les rues vont bientôt être encombrées par les voitures d'artillerie sortant de l'Arsenal, les fantassins, les cavaliers

 

Toulouse en 1839

Il s'agit de la plus vieille photo de Toulouse ; elle date de 1839 : un daguerréotype de l'opticien Antoine Bianchi (il avait ouvert un magasin rue de la Pomme) pris en haut du clocher des Jacobins : on voit le Capitole au 1er plan et derrière, la colline de Jolimont telle qu'elle était en 1814 c'est à dire sans habitations ainsi que le cimetière de Terre-Cabade.

On voit en haut à gauche l'obélisque de Jolimont qui a été érigé le 28 juillet 1839 pour commémorer la bataille de Toulouse. C'est en effet à cet endroit notamment (appelé le Calvinet ou Mont Chauve) que s'est déroulée une partie de la bataille. La gare ne s'y trouve pas car elle ne fut inaugurée qu'en 1857avec la mise en service du tronçon ferroviaire Bordeaux Sète.

 

 

Les différentes portes de Toulouse

 

Situation de l'armée française et travaux de défense sur Toulouse

Le 22 mars 1814 l'armée quitte Saint Gaudens et arrive le soir à Martres. Le 23 elle bivouaque dans la plaine de Noé; le 24 elle prend une position semi circulaire en avant de Toulouse, entre les Minimes et Montaudran et entre les allées Charles de Fitte et la Patte d'oie.  Malgré la pluie, "les différents mouvements de troupes avaient pour spectateurs plusieurs milliers d'habitants accourus sur les boulevards à la rencontre de l'armée".

"Les Toulousains paraissaient saisis de respect et de recueillement à la vue de ces vieux débris des armées d'Espagne et du Portugal auxquels la fatigue de la campagne et la marche pénible du matin, au milieu de la pluie qui dégoutaient encore des armes et des vêtements n'ôtaient rien de leur mâle assurance".

Soult décide de préparer la ville au siège   

 

Ses officiers du Génie mettent en oeuvre la défense de la ville sur les deux rives de la Garonne reliées par le seul pont de Toulouse à l'époque, le Pont neuf.

 

Des maisons furent utilisées pour y construire des plates formes ou y percer des embrasures destinées au tir de l'artillerie ou pour construire des redoutes, sortes de fortin destiné à l'artillerie notamment.

 

Ils entourèrent par exemple d'une enceinte fortifiée les fermes Aurole et Chastel au nord et au sud de le chemin de Cugnaux : ce furent les redoutes Aurole et Chastel équipée chacune de 6 pièces d'artillerie.

 

Idem pour la maison Rodolose qui s'élevait près de la route de Bayonne à 700m en avant de la Patte d'oie : elle fut entourée d'une redoute rectangulaire armée de deux pièces.

 

Près de la caserne Pérignon, deux maisons surplombant la route de Castres (la maison Sacarin et la maison Cambon laquelle se trouvait à l'emplacement de l'actuel Caousou) furent entourées chacune d'une redoute terrassée.

 

Voici quelques unes des redoutes que l'on pouvait trouver le 10 avril à Toulouse : la redoute Caraman sur le plateau de Montaudran entre la route de Caraman (ou de Castres) et le vieux chemin de Lasbordes, la redoute de la Sipière (qui n'a rien à voir avec la Cépière) à 500 mètres au sud est de la précédente, la redoute du nord et celle des Augustins sur le Calvinet, la redoute du Colombier près du chemin de la Gloire près de la route de Soupetard.

Exemple de redoute (1900, redoute des Mattes près de Narbonne)

 

Exemple de redoute adossée à une habitation : redoute de St Pierre près de Narbonne en 1900

 

La porte Matabiau fut défendue par deux canons de 24 et deux mortiers de 32 cm.

Entre les portes St Etienne et St Michel, on mit deux pièces pointées sur Montaudran.

Au Pont des Demoiselles furent construits deux bastions et une courtine qui barrait la route de Revel.

Le couvent des Récollets et la chapelle furent fortifiés en crénelant les murs, en barricadant les fenêtres et en cerclant le tout d'un fossé.

 

Le livre de H. Geschwind et F. De Gélis détaille de façon très précise les travaux effectués afin de défendre la ville.

 

Ces travaux gigantesques réalisés en quelques jours (entre le 24 mars et le 9 avrril) n'ont pas tous pu être menés à terme et ont demandé la réquisition de près de 1000 ouvriers par jour sur Toulouse et ses environs.

Le 2 avril, Soult donna l'ordre suivant : "les habitants de la ville seront commandés pour être employés aux ouvrages de défense, chacun dans son quartier, particulièrement aux portes, aux ouvrages avancés et sur les remparts. Ils devront être munis d'outils; ils seront conduits par les commissaires de quartier qui en feront l'appel et resteront avec eux au travail et imposeront des amendes à ceux qui refuseront de s'y rendre".

 

L'armement

L’infanterie se sert encore du fusil à pierre du modèle de 1777 dont la portée utile tourne autour de 100 m sans dépasser 150m . S'il pleut, si c’est humide, impossible de tirer. Par ailleurs si un vétéran arrivait à tirer jusqu’à 6 coups par minute, un soldat moins aguerri n’en tirait que 2 ou 3. Dans les 2 cas la précision du tir restait médiocre.

 

 

L’artillerie n’était pas plus performante et surtout très peu mobile ; il  fallait de 4 à 6 chevaux voir pour les trainer et souvent faute de chevaux on utilisait des bœufs. Ainsi à Véra, au passage de la Bidassoa par Clausel « les premiers obus de sa propre artillerie tombèrent au milieu de son infanterie aux applaudissements ironiques et joyeux des soldats anglais postés sur l’autre rive ».

 

Le quotidien des soldats français

Pour ne rien arranger, les soldats de Soult manquait de chaussures. Le 10 mars il écrivait au ministre que 2 à 3000 de ses hommes étaient pieds nus et il demandait à ses généraux à « requérir dans les communes où ils passent ou qui seraient à leur portée , des souliers pour être distribués aux soldats qui en manquaient entièrement , les communes devant être indemnisées par la suite ».

En arrivant à Toulouse Soult vida les magasins pour remédier à cette situation.

Et que dire de la charge du soldat français . Elle est trop importante : 60 livres. Le soldat anglais ne porte pas ses gamelles et sa marmite, il ne porte du pain que pour 3 jours, tout le reste est transporté par les animaux de bât : tente, ustensile de cuisine, provisions, etc.

Le ravitaillement a toujours été une source de préoccupation pour les armées. Les troupes françaises ont pillé au cours de toutes leurs campagnes les villes et villages qu'ils ont traversés alors que les anglais avaient pour habitude de payer ce dont ils avaient besoin.

De façon générale les Français réquisitionnaient tout ce dont ils avaient besoin sur leur passage : bois de chauffe, tonneaux, volailles, jambons, draps, charrettes, bois de charpente, bétail …

Un arrêté du 7 avril 1814 stipulait que le département de la Haute Garonne devait fournir à l’armée d’Espagne 4 000 quintaux métrique de grains, 100 de sel, 200 de légumes,  40 000 l d’eau de vie.

 

Nicolas Jean-de-Dieu Soult (1769-1851), Maréchal d'Empire et duc de Dalmatie

de Louis Henri de Rudder

 

Prise en charge des blessés

Toulouse était en capacité de recevoir près de 1500 malades et blesséa.

Les évacuations de blessés et malades se faisaient par les lignes d’étape sur la route d’Auch ou celle de Saint Gaudens, par voiture de roulage ou par charrettes à bœufs.

Toulouse comptaient comme hôpitaux La Grave (900 places),  l’Hôtel dieu St Jacques (400 places), l’Hôpital militaire (400 places)  mais ce ne fut pas assez et furent créés des hôpitaux temporaires : dans la caserne de passage Guibal, au bd Lascrosses (400 places) et dans le dépôt de mendicité de St Cyprien (300 places).

 

La Grave

 

S’y ajoutèrent l’ancien couvent de la Visitation de la bienheureuse Vierge Marie fondé en 1646 à la porte Saint-Étienne au 41 de la rue Rémusat (aujourd'hui remplacé par Primark), l’ancienne manufacture Boyer Fonfrède au Bazacle et l’ancien réfectoire des Jacobins 69 rue Pargaminière.

 

Réfectoire des Jacobins

 

Ceci étant, les Toulousains, malgré leur hostilité envers les armées françaises, vont venir en aide aux blessés : un témoin des faits écrira que "toutes les maisons de Toulouse étaient autant d'hospices ouverts aux malheureux blessés".

Soult a également prévu et organisé un transport des blessés et malades par eau de Toulouse vers Castelnaudary et le Lauragais tant pour désencombrer au fur et à mesure les hôpitaux qu’en cas de retraite. Aussi tous les magasins et bâtiments de l’administration ont été réquisitionnés ainsi que les bateaux existants sur le canal, les chevaux pour les tirer, des brancards et des paillasses.

 

La bataille ( le livre de H. Geschwind et F. De Gélis détaille très précisément les différentes étapes de cetet bataille)

Le 25 mars, les coalisés arrivant par le chemin de Boulogne, et donnent l’assaut sur Tournefeuille. Les divisions napoléoniennes se replient sur Saint-Cyprien.

Le 28 mars un détachement ennemi remonte jusqu'à Roques. Dans la nuit du 30 au 31 mars une partie de l'armée britannique remonte l'Ariège jusqu'au pont de Cintegabelle, l'avant garde poussant dans la direction de Villefranche.

Le 4 avril les troupes ennemies changent de position et se dirigent vers Blagnac par Cugnaux, Tournefeuille, et la vallée du Touch. 

Le 8 avril Grisolles, sur la route de Montauban est occupé par Welligton. Des reconnaissances de cavalerie furent envoyés vers Lalande, Croix Daurade et Balma.

le 9 avril Soult fit sauter les ponts de Balma et de Lasbordes

La Ville Rose est entourée notamment au niveau de St Cyprien, des Minimes, de la vallée de l'Hers, de Croix Daurade et la bataille s’engage le 10 avril dès 6 heures avec trois coups de canon tirés depuis Croix-Daurade, d’où les Anglais partent sur Le Calvinet ou Mont Chauve ou encore Mont Rave (site aujourd'hui appelé Jolimont).

 

 

 Vues de Toulouse et certains des sites indiqués dans l'article

 

 

Les anglais s’élancent dans le même temps vers le faubourg Saint Cyprien mais sont arrêtés aux actuelles allées Charles de Fiite. Les combats sont rudes devant le mur d’enceinte, à l’angle de la rue Varsi et des allées Charles-de-Fitte. Les coalisés massés devant l’actuel musée des Abattoirs, canardent les Français perchés sur les redoutes et le mur d’enceinte. 

Les Espagnols échouent au pont Matabiau et au Calvinet. Les anglais arrivent à rejoindre la route de Castres malgré l'inondation de l'Hers et attaquent en donnant l'assaut à la redoute de la Sipière.

Il faut se rappeler que les lieux de l’époque ne correspondent en rien à ce que nous connaissons aujourd’hui : à la place du tissu urbain dense que nous connaissons entre l’Hers et la butte de Jolimont se trouvait en 1814 la campagne (voir la photo de 1839 plus haut). Les soldats avançaient donc à découvert. La bataille qui s’est déroulée notamment entre la rivière l’Hers et la colline de Jolimont s’est donc déroulée en rase campagne dans des conditions difficiles, avec des rivières en crues et des sols gorgés d’eau rendant la progression des troupes compliquée.

Dès 9h les Espagnols lancent un assaut depuis le pont de Périole (le pont qui traverse aujourd’hui l’Hers en direction d’Auchan-Gramont), vers les hauteurs de Périole. Ils sont décimés par l’artillerie française.

Les Ecossais attaquent à ce moment les Ponts Jumeaux qui sont défendus par 300 soldats et 5 canons : c’est un nouvel échec. Au milieu des soldats, sur le pré aujourd’hui recouvert par le périphérique et le skatepark de l’Embouchure, tombe le lieutenant écossais Thomas Forbes, l’aïeul du fondateur du magazine économique du même nom.

Après la bataille, ses camarades l’enterrent dans les jardins du château du Petit-Gragnague. Dans les années 1960, on déplacera ses restes pour faire de la place au Stade Toulousain tennis club. Il repose depuis au cimetière de Terre-Cabade et partage la sépulture de Hunter.

Les suites de cette attaque des Ponts Jumeaux est relatée notamment dans le récit d’un officier du 45th The Sherwood Foresters : « toutes les maisons et chaumières sont pleines de blessés de la 3ème division. Nous entrons dans la pièce où le pauvre Little du 45th agonise. La scène est poignante, la brigade a établi son bivouac derrière un grand château vide car on a donné des ordres pour que les tentes et les bagages arrivent de l’arrière. Je demeure avec eux jusqu'à 22h et puis je retourne au camps. J'essaye de retrouver l'ordonnance blessée de Barnwell dans un hôpital installé dans une grande maison abandonnée où le spectacle est encore plus pénible. Plusieurs de ses malheureux garçons sont morts et d'autres agonisent tandis que le vent sifflant dans des tonnelles semble se moquer des gémissements de ces malheureux...".

À 10h, après avoir repoussé une offensive française, les Britanniques lancent des assauts sur les positions françaises et atteignent le Calvinet (juste en dessous du Jolimont actuel) et tentent de percer les défenses françaises situées entre la colline et l’enceinte médiévale. Mais ils sont repoussés par une contre-attaque menée par Darmagnac et Soult.

À la mi-journée, les Espagnols tentent toujours de contourner les défenses par Montaudran tout en maintenant une forte pression sur Jolimont. 

La position des Français devient critique en début d’après-midi puisque l’armée de Soult est menacée d’encerclement. Si bien que vers 16h, le maréchal Soult ordonne l’évacuation définitive des positions du Calvinet pour se retirer derrière le canal du Midi. 

Les Français racontent :

"Après l’évacuation (du Calvinet), les Espagnols et les Portugais s’emparèrent des retranchements inférieurs délaissés qui enveloppaient la base du Calvinet, où il n’y avait plus personne. C’est alors qu’ils purent juger de la grandeur des sacrifices qu’ils avaient faits, par le nombre de cadavres dont cette pente, qu’ils furent obligés de traverser, était couverte"

"Un témoin oculaire qui visita la pente de la montagne du côté de la Ville, l’après-midi vers le soir, estima que le nombre des blessés dont le champs de bataille était couvert à ce moment pouvait se porter à 1 500. Les tertres, les chemins creux en étaient comblés, tant des nôtres que de ceux de l’ennemi; mais celui-ci surtout semblait , avoir semé les siens depuis Croix-Daurade, Lapujade, la vallée de l’Ers, Montaudran et le Pont des Demoiselles, jusque à l’embouchure du canal; et de là, au sommet du Calvinet comme s’il avait voulu avec les traces de son sang marquer toute l’étendue du terrain qu’il avait parcouru".

 

il est environ 21h quand les combats s’arrêtent.

"A neuf heures du soir les pièces du pont des Demoiselles, commandées par le lieutenant Marcoux, terminèrent la fatale journée par urne dernière explosion qui sonna la retraite; et avertit ceux qui n’étaient ni morts ni blessés de préparer leurs armes pour  le lendemain. Cependant, les Français avaient besoin de prendre quelques moments de repos pour se refaire de tant de fatigues de toute espèce, un grand nombre d’entre eux s’étant battus à jeun; et de son côté l’ennemi avait trop de morts et de blessés pour pouvoir recommencer au jour la même scène. La Ville néanmoins était dans l’effroi, les Anglais se vantant sur toute la ligne d’avoir les moyens de l’incendier avec leurs fusées à la Congrève (du nom de l’inventeur - Ça ne fait pas beaucoup de dégâts mais ça effraie les chevaux et les soldats sans expérience. Avec ces fusées, les Anglais ont fait fuir des régiments entiers de conscrits à Saint-Cyprien et surtout à l’emplacement de la Cité de l’Espace). C’était pour en terrifier les habitants et les soulever contre l’armée. Ils ont ensuite nié qu’ils en eussent l’intention, ni même que la chose fut possible".

Les Français se sont regroupés du côté du faubourg Saint-Etienne et préparent leur départ de la ville : ils partiront dans la nuit du 11 au 12 avril. L’armée de Soult, sauf les blessés intransportables quittent Toulouse pour Avignonet-Lauragais puis Castelnaudary d’où le maréchal Soult a finalement signé l’Armistice le 18 avril.  

Le 12 avril, Wellington entre triomphant dans Toulouse accueilli sous les acclamations des royalistes qui firent allégeance à Louis XVIII lors du conseil municipal tenu le même jour.

 

Le 19 avril, Soult faisait paraître l'ordre du jour suivant :

"La Nation ayant manifesté son voeu sur la déchéance de l'Empereur Napoléon et le rétablissement de Louis XVIII au trône de ses anciens rois, l'armée, essentiellement obéissante et nationale, doit se conformer au voeu de la Nation. Ainsi au nom de l'armée, je déclare que j'adhère aux actes du Sénat-conservateur et du Gouvernement provisoire relatifs au rétablissement de Louis XVIII au trôn de St Louis et de Henri IV et que nous jurons fidélité à Sa Majesté.

Au quartier général à Castelnaudary, le 19 avril 1814

Le Maréchal, Duc de Dalmatie"

 

Qui a gagné ?

Victoire à la Pyrrhus ou coup nul !

En tout cas, totalement inutile, puisque Napoléon Ier avait abdiqué quatre jours plus tôt, le 6 avril ... Soult et Wellington ne l'apprirent que le 12.

Il est évident que la ville n'a pas été prise d'assaut, Soult a pu évacuer ses blessés, ses armes, son matériel. Son armée a eu moins de pertes que chez les coalisés donc on pourrait imaginer une victoire française.

D'un autre côté, Wellington est entré dans Toulouse en libérateur.

Depuis 1814, les avis divergent sur la question !

 

Toulouse pendant cette journée : "Les citoyens, épouvantés dès les 1ers coups de canon, se cachèrent au fond  de leurs maisons dont les portes restèrent fermées [...] Remis de la première frayeur, ils accourent dans les rues et sur les places, plusieurs se portent sur les remparts, un petit nombre va même explorer le champ de bataille. Mais la majeure partie, penchée sur les toits et les clochers attend avec impatience l'issue de cette effrayante lutte".

 

Les dégâts

- 60 maisons furent brûlées, 85 endommagées

- 200 dossiers de demandes de dédommagement pour 178 propriétaires

- L’état récapitulatif des pertes se monte à 103 450 francs

 

Commémoration de la bataille

Depuis le 24 juillet 1839 se dresse, dans le parc de la Colonne, un obélisque commémorant la bataille de Toulouse.

Cet obélisque construit de 4,50 mètres de côté et de 32,60 mètres de haut, avec une échelle intérieure, permettait à l’époque d’avoir une vue complète sur le champ de bataille et sur les buttes des redoutes

 

Obélisque de Toulouse, Jolimont

 

Epilogue

Le 28 juin 1838, à Westminster, Soult et Wellington se retrouvent pour un banquet célébrant le couronnement de la reine Victoria. Lorsqu’on demande à Wellington s’il ne voit pas d’inconvénient à avoir Soult comme voisin de table, il répondra : “Je préfère l’avoir à côté qu’en face.”

 

Sources

Précis historique de la bataille de Toulouse livrée le 10 avril 1814, entre l'armée française, commandée par le maréchal Soult, duc de Dalmatie et l'armée alliée sous les ordres de Lord Wellington, éd. Delboy, Toulouse, 1852 de Alexandre de Mège 

La bataille de Toulouse de 1814 de H. Geschwind et F. De Gélis

Toulouse une métropole méridionale – 20 siècles de vie urbaine de Jean Paul Escalettes

10 avril 1814, la bataille de Toulouse de Jean Paul Escalettes

 

Un article  de 2021 sur la bataille de Sébastien Vaissière (photo : Rémi Benoit et illustrateur ; Laurent Gonzalez) sur le site : https://www.boudulemag.com/2021/05/la-bataille-de-toulouse-de-1814-un-choc-pour-l-honneur-napoleon-et-nous/

 

Sur les armes : http://armesfrancaises.free.fr/fusil%20d%27infanterie%20Mle%201777%20an%20IX.html

https://www.musee-armee.fr/fileadmin/user_upload/Documents/Support-Visite-Fiches-Objets/Fiches-Louis-XIV-Napo-Bonaparte/MA_fusil-1777.pdf

 

Cartes de Toulouse

https://www.flickr.com/photos/archives-toulouse/albums/72157664247082820/with/25111159875/ différentes cartes de Toulouse sur plusieurs siècles

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8441589z/f1.item.zoom : carte fin 18ème

cartes de Toulouse à consulter sur : https://www.archives.toulouse.fr/histoire-de-toulouse/patrimoine-urbain/plans-anciens/plans1772_1847

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P comme Paroisse

2 Décembre 2018 , Rédigé par srose

 

La paroisse est la cellule de base de l’organisation ecclésiastique.

 

Sociologiquement la paroisse est une société de fidèles ; ce qui implique un territoire et la preuve de l'appartenance des fidèles à cette paroisse.

 

1/ La paroisse correspond donc à un territoire limité, pas nécessairement le village d’ailleurs. Une paroisse peut ainsi regrouper plusieurs villages et hameaux ou encore une ville peut être divisée en plusieurs paroisses.

 

Qu’en est il par exemple à Lille ?

Au moment où Lille devint française, elle renfermait six paroisses: Saint-Pierre, Saint-Etienne, Saint-Maurice, Saint-Sauveur, Sainte-Catherine et Sainte-Marie-Madeleine. La paroisse Saint- André fut englobée dans les murs, à la suite de l'agrandissement de 1670, et l'église Sainte-Marie- Madeleine intra-muros remplaça celle qui était extra-muros ; il y eut donc alors sept paroisses

 

En 1678, Gilbert de Choiseul, premier évêque français de Tournai, énumère les divisions religieuses de Lille : « Il y a à Lille sept paroisses très peuplées : leurs pasteurs sont pieux, doctes, zélés et charitables. Les églises sont belles, ornées et bien meublées ; elles ont plusieurs chapelains et clercs qui chantent les offices du jour et de nuit : on les appelle horistes ».

 

On a dénombré pour chaque paroisse à l’époque (vers 1680) un certain nombre de séculiers : Saint André avec 8 séculiers, Saint Pierre et ses 65 séculiers, Saint Maurice (33 séculiers) , Saint Etienne (40 séculiers), La Madeleine (10 séculiers), Saint Sauveur (24 séculiers) et Sainte Catherine (33 séculiers).

La présence d’autant de séculiers à Saint Sauveur s’explique par la présence des chanoines du chapitre.

 

2/ Quant à l’appartenance à la paroisse, elle est établie par le domicile sur le territoire paroissial, mais aussi par la participation aux cérémonies religieuses dominicales ou aux grandes fêtes et par le versement de la dîme.

 

 

3/ L’église est le symbole de la paroisse, consacrée sous un saint patron, fêtée et célébrée tous les ans.

 

L’attachement que le peuple porte à son église s’étend généralement à tous ses éléments, les cloches notamment. Ainsi la cloche de l’église de la paroisse de Saint Etienne s’appelle Emmanuel et sonne lors des grandes occasions.

 

Celle de Saint Sauveur se nomme Jésus. En 1676 on décide de la refondre :  le 14 avril, les marguilliers font une quête pour obtenir l’argent et le marché est passé avec le fondeur. Bientôt, « fut commencé à fouir en la cimentière de sainct sauveur … pour faire le fournage » et le 23 mai « jésus fut abbaissé du clochez en bas, pour le refondre ». « Le 17 juillet elle fut pesé avec des balances dans l’église quand elle fut rompu avec une balle de canon … elle fut pesée pièces à pièces, elle pesoit 6.569 livres ».

 

 

4/ Fonctionnement de la paroisse

Un curé et un ou deux vicaires officient dans ces paroisses. Les autres séculiers sont essentiellement des chapelains, des prêtres habitués (ils sont présents dans les stalles et sont chargés de rehausser par leur présence dans le chœur l’éclat des cérémonies) ou des horistes qui chantent les heures pendant la journée.

 

Les chapelains sont titulaire d’une chapelle. Ils pouvaient entendre en confession et donner la communion mais ne pouvaient pas marier, ou baptiser sans le consentement du curé.

 

A noter que les pouvoirs temporels du curé sont limités par les marguilliers qui composent le Conseil de Fabrique (composés de notables choisis par le Magistrat). Le Conseil étant chargé de l’administration et de la gestion des biens paroissiaux et doivent rendre des comptes aux échevins.

Il y a en général 8 marguilliers par paroisse et ils sont notamment chargés de nommer les horistes et les prêtres habitués.

 

Sources

La paroisse au Moyen Âge de Monsieur Jean Gaudemet

La vie à Lille, de 1667 à 1789, d'après le cours de M. de Saint-Léger de Aristote Crapet

 

 

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M comme un Meilleur encadrement Médical

18 Novembre 2018 , Rédigé par srose

 

 

En 1737 dans le diocèse de Rieux (31), il y aurait eu 44 chirurgien et 15 barbiers, les médecins n’étant pas comptabilisés parmi les praticiens.

Il est à noter qu’après 1743, les métiers de chirurgien et de barbier sont bien séparés et il n’y aura plus de confusion entre les deux métiers (cela ne va pas se faire de suite bien sûr, il faudra attendre quelques décennies pour cela).

M comme un Meilleur encadrement Médical

 

En tous les cas en 1755 il semblerait que les chirurgiens non barbiers (il y a donc encore à ce moment des chirurgiens barbiers) soient considérés comme des notables en Languedoc du moins :

« Les chirurgiens non barbiers exerçant uniquement la chirurgie jouiront des prérogatives et des honneurs attribués aux autres arts libéraux et qu’ils seront regards à l’avenir comme notables bourgeois dans les villes où ils feront leur résidence » (Lettre du subdélégué Amblard concernant le statut des chirurgiens – 18/10/1755).

Les chirurgiens vont peu à peu se spécialiser en obstétrique, délaissée par les médecins et former les sages-femmes.

A Tournefeuille (31) une enquête sur les sages-femmes indique qu’à la fin du 18ème siècle les matrones « ne sont pas capables de remédier au plus petit accident. C’est un secours qui manque dans la communauté , s’il n’était le secours de Monsieur Conte, maître en chirurgie du lieu, qui a remédié à beaucoup de circonstances désagréables toutes les fois qu’il a été appelé à temps ».

La loi du 19 ventôse an XI fera disparaître la séparation qui existait entre les médecins et les chirurgiens.

A côté des médecins se trouve une catégorie de praticien que l’on nomme les officiers de santé.

Au 19ème siècle ce sont des médecins qui n’ont pas le grade de docteur. Cette catégorie est née à la Révolution puisqu’en effet à partir de 1792, il est devenu possible d’exercer librement les professions de santé pourvu que les personnes concernées payent patente.

Les officiers de santé vont officier dans les villages essentiellement.

Une loi du 30 novembre 1892 abolira cette catégorie tout en laissant le droit aux candidats officiers en cours d’étude au moment de la promulgation de cette loi de les terminer et d’exercer nomalement.

Pendant ce temps les sages-femmes voient leur niveau de formation progresser avec notamment la création d’écoles. Ainsi en 1792 une école se crée à Toulouse : 36 femmes sont choisies, 7 pour le district de Saint Gaudens, 6 pour celui de Toulouse, 5 pur celui de Grenade, 4 pour ceux de Castelsarrasin, Rieux et Muret, 3 pour ceux de Villefranche et Revel.

Ce ne sera qu’au bout de 3 ans de formation que les maîtresses sages-femmes seront reçues.

Avec la disparition des praticiens de santé, le nombre de médecin va mécaniquement diminuer surtout dans les zones rurales. Les formations, meilleures, vont entraîner une augmentation des prix des praticiens, excluant ainsi une partie de la population d’une possibilité de recours aux consultations.

Les autorités vont ainsi devoir mettre en place une assistance médicale gratuite. Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Il ne s’agit toutefois pas des hôpitaux et autres hospices qui, on l’a vu dans de précédents articles, ont comme mission principale d’accueillir les nécessiteux, indigents, pèlerins et marginal en tout genre.

Ceci étant sous l’Ancien Régime il existait des médecins gagés par les communautés mais leur rémunération ne leur permettait pas de vivre correctement. De ce fait il était très difficile d’en trouver.

Au 19ème siècle ces médecins ne sont pas nécessairement mieux rémunérés mais cette assistance médicale gratuite est mieux organisée : un médecin par arrondissement exerce gratuitement depuis 1805 ; les médecins chargés de la vaccination anti variolique inoculent gratuitement les enfants des familles pauvres au cours de deux tournées annuelles qu’ils effectuent dans leur canton. Ils doivent en lus vacciner gratuitement chez eux le premier dimanche de chaque mois les enfants des familles indigentes des communes de leur canton qui leur seront présentés entre 8h et 10h du matin.

M comme un Meilleur encadrement Médical

 

Ils sont également obligés de se rendre à toutes les époques de l’année sur ordre des autorités locales dans les communes de leur canton où la petite vérole se déclarerait et d’y prescrire tout traitement curatif et préventif.

La mise en place de cette assistance gratuite, la meilleure formation globale des praticiens de santé va permettre un net recul de la mortalité surtout la mortalité infantile.

Mais les progrès médicaux au 19ème siècle ne sont pas encore à la hauteur de la violence de certaines maladies comme la variole qui en 1870 provoque une crise de mortalité très importante.

A Paris la variole est endémique depuis 1865 où elle fait 700 morts chaque année mais elle devient plus virulent en décembre 1869 provoquant la mort de 4200 personnes jusqu’en juillet 1870. L’épidémie prend de telle proportion sur tout le territoire que pour la première fois dans l’histoire de la médecine une conférence est organisée du 25 mai au 29 juin 1870 à Paris pour l’étudier et la combattre. Près d e500 médecins viennent de toute la France pour y assister.

Les populations sont pourtant vaccinées mais le vaccin n’est pas de bonne qualité. Et la guerre va entraîner des mouvements de population, de garnison et c’est ainsi que la maladie va se propager à une vitesse fulgurante dans toute la France.

George Sand en septembre 1870 fuit Nohant et cherche refuge dans la Creuse "pour fuir la variole charbonneuse qui s’est déclarée à notre porte et qui a enlevé le mari » d’une amie dont « le fils est malade aujourd’hui ».

Pasteur, réfugié à Arbois dans le Jura, pendant le siège de Paris, écrit début 1871 « que la petite vérole y fait des ravages épouvantables ».

 

Il faudra attendre la fin du 19ème siècle avec les travaux de Pasteur et les progrès médicaux fulgurants au 20ème siècle pour que réellement les taux de mortalité soient durablement bas.

 

 Voir également l'article sur "se soigner autrefois".

 

Sources

Visages de la mort dans l'histoire du Midi Toulousain (4è-19ème siècle) sous la direction de Jean Luc Laffont

La variole et la guerre de 1870 de Gérard Jorland

 

 

 

 

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L comme Louis Victor Gesta et le château de Verrières

18 Novembre 2018 , Rédigé par srose

A l’angle de l’avenue Honoré Serres et de la rue Godolin, en plein quartier des Chalets, se trouve un élément du patrimoine toulousain somme tout assez méconnu : le château de Verrières, connu aussi sous le nom de Castel Gesta.

 

 

De style néogothique avec ses tours et tourelles, ses balcons dentelés, ses fenêtres en ogive, ses ferronneries d’art et ses gargouilles et autres animaux chimériques, le château a été construit par Louis-Victor Gesta, maître-verrier toulousain. Ce dernier était un grand collectionneur d'antiquités et d'œuvres d'art, et «avait fait construire sa résidence à l'image d'un palais urbain médiéval crénelé et les couverts de toitures élancées, surmontées de magnifiques épis de faîtage».

 

Dans une pièce du château le maître verreir expose ses plus beaux vitraux comme L’Adoration des Mages d’après Albert Dürer ou celui de L’Entrée de Louis XI à Toulouse qu’il considérait comme son œuvre capitale. Il aménage également une Salle des Illustres et en confie la décoration picturale à Bernard Bénezet. Au sommet de l’escalier d’honneur s’ouvre une grande salle d’exposition peinte par le peintre toulousain Joseph Angalières.

 

Les ateliers Gesta, créés par Louis Victor en 1852 et dont le château fait partie intégrante, ont été primés lors de nombreuses expositions notamment l’exposition universelle de 1867 (deuxième prix).

« A cette époque, la manufacture est l’une des plus importantes de France et des milliers de vitraux sortent du faubourg avant de partir décorer plus de 8 500 églises aussi bien dans l’hexagone qu’à l’étranger » précise Christian Maillebiau, archiviste adjoint des Toulousains de Toulouse.

 

 

Le succès des ateliers est tel que le 8 mars 1867, l’archevêque de Toulouse, accompagné de ses vicaires généraux, visite la manufacture où se trouve exposé le vitrail Sainte Geneviève de Pibrac destiné au pape Pie IX.

 

Louis Victor Gesta sera même fait chevalier de l’ordre de Saint-Sylvestre par le pape.

 

Gesta est ce que l’on appelle un artiste industriel, ce qui lui valut un certain nombre de critiques : ces vitraux étaient en effet produits en série mais de très bonne qualité.

 

 

L comme Louis Victor Gesta et le château de Verrières

 

À la mort de Gesta en 1894, le château fut vendu à un négociant toulousain, Bernard Bordes puis aux soeurs de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul, qui y hébergèrent des familles réfugiées durant la guerre.

 

Le château en 1913

 

Il fut ensuite transformé en centre d’apprentissage de la couture pour les jeunes filles sans emploi. En 1956, il devint un lycée d’enseignement professionnel.

 

En 1987, le château fut racheté par la Mairie de Toulouse qui y installa la classe d’orgue du Conservatoire supérieur national de musique.

 

Le 3 octobre 1991, l’État classe le château aux monuments historiques mais celui-ci est en piteux état, squatté et tagué depuis de nombreuses années, le terrain est en friche.

L comme Louis Victor Gesta et le château de Verrières

Le château en 2009 avant les travaux de réstauration

 

Il est racheté par un promoteur qui entame à compter de 2014 une série de travaux pour le réhabiliter et y aménager six appartements.

 

L comme Louis Victor Gesta

Le château en 2016

 

 

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I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

13 Novembre 2018 , Rédigé par srose

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

L'Hôtel Dieu et le dôme de la Grave

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

La Grave

 

La construction des institutions hospitalières sur la rive gauche en bordure de la Garonne, remonte au XIIè siècle. Deux ensembles vont émerger de quelques maisons de charité, couvents et autres hôpitaux établis sur la rive gauche tout au long du Moyen Age.

 

 

HÔTEL DIEU SAINT JACQUES

L’hôpital Sainte-Marie de la Daurade est édifié entre 1130 et 1140 en face de l’Eglise de la Daurade implantée sur la rive droite. Un pont (le pont de la Daurade, voir ci après), dont l’existence est attestée en 1150, mais qui a aujourd’hui disparu, reliait les deux établissements.

 

Une maison de charité, destinée à accueillir les voyageurs et pèlerins, est établie en amont de l’hôpital Sainte-Marie. Ce sera l’Hôpital Nouvel. Entre les deux établissements se trouve l’entrée du pont de la Daurade disparu au XVIè siècle, mais dont on conserve encore aujourd’hui, la dernière arche de la rive gauche.

  

C’est au début du XIVè siècle, en 1313, que les deux établissements Sainte-Marie et l’Hôpital Nouvel adoptent le même nom : “l’hôpital Saint-Jacques” ou “Hôpital du bout du pont ; ils sont dirigés par la confrérie Saint Jacques.

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

Emplacement des bâtiments au 13ème siècle

de part et d'autre du pont de la Daurade

 

Quid de ce fameux pont de la Daurade ?

L’hôpital Saint Jacques est relié à Toulouse par deux ponts à cette époque : le pont de la Daurade ou pont couvert ou encore  « Pont neuf », pour le distinguer du deuxième pont de Toulouse, le Pont de la reine Pédauque (du nom d’une reine wigothique légendaire qui aurait eu son palais au pied de l’eau ) ou Pont vieux.

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

Extrait du plan de Boisseau - 1645 - Toulouse

 

Le pont de la Daurade va être endommagé à de nombreuses reprises du fait notamment des inondations. Aussi il devient vital de construire un nouveau pont : la construction de celui-ci, le futur “Pont-Neuf”, est décidée dès 1541 et Jean de Mansencal, président du Parlement de Toulouse, pose solennellement la première pierre de l’ouvrage le 7 janvier 1544.

Les travaux de construction du Pont-Neuf se poursuivront jusqu’en 1632, date de sa mise en circulation et à partir de 1639, débutera la démolition du pont de la Daurade déjà très endommagé par la crue de 1608 et qui est devenu entre temps « Pont Vieux ».

 

Les travaux de construction du pont de la Daurade ont commencé dans les années 1130 et se sont achevées en 1179. Il était traversé par les nombreux pèlerins de Saint Jacques de Compostelle et son emplacement était tout à fait pertinent du fait de la présence de l’hôpital Sainte Marie (ne pas oublier qu’à cette époque ce que l’on appelle « hôpital » n’est en fait qu’un lieu d’accueil pour les nécessiteux notamment les pèlerins.

Neuf arches, 8 piles en rivière. La dernière arche est encore visible en face de l’hôtel Dieu, adossée à sa façade. Ce pont se couvrent très vite de maisons en bois comme il est habituel d’en voir à cette époque.

Et les capitouls décident à partir de 1480 de couvrir le pont d’un toit et d’édifier sur ce pont, à côté des maisons en bois, des échoppes qu’ils donnent en location. Le pont de la Daurade devient alors le « Pont-Couvert », que l’on peut voir sur le plan de Melchior Tavernier, en 1631, à côté du pont de Clary, du nom de François de Clary, président du parlement de Toulouse : il s’agit d’un pont de bois provisoire érigé en attendant la mise en service du Pont-Neuf et qui sera finalement emporté par les eaux cinq ans plus tard.

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

Extrait du plan de Tavernier - 1631

Toulouse et ses 3 ponts : le pont de la Daurade, le pont Vieux, le pont Clary

 

Entretemps, en 1554, les capitouls décident de réunir les “petites charités” de la ville en un seul établissement. L’idée est d’éliminer le plus possible les foyers d’infections potentiels.

C’est ainsi qu’est créée la “Maison Dieu” ou “Hôtel-Dieu” Saint-Jacques qui est désormais l’établissement hospitalier le plus important de la ville.

Suite à un grave incendie, le 7 février 1574, il est en grande partie détruit et la reconstruction se fait sensiblement suivant le plan qu’on lui connaît aujourd’hui.

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

L'Hôtel Dieu au 17ème siècle

Le Pont de la Daurade est détruit, il ne reste que les piles

 

Au 18ème siècle, on reconstruit la grande aile le long de la Garonne qui se prolonge presque jusqu’au Pont-Neuf et le mur situé entre le Pont et l’Hôpital est bâti en 1710. A l’emplacement de la rue qui prolongeait le pont de la Daurade est installé en 1716 un grand escalier d’honneur, fermé du côté rivière par la grande verrière qui évoque toujours l’une des voies majeures du Toulouse médiéval.

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

L'Hôtel Dieu au 18ème siècle

 

La dernière pile du pont médiéval qui subsiste est aménagée en terrasse en 1734 pour permettre aux convalescents de se promener vers le fleuve.

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

L'hôtel Dieu à la veille de la Révolution

On voit le promontoire servant de promenade

 

La façade sur la Garonne se déploie alors de part et d’autre de la pile du pont de la Daurade qui est encore débout. Cette façade, longue de 130 mètres, est légèrement courbe et plonge directement dans le fleuve.

 

L’Hôtel Dieu conservera jusqu’au bout sa vocation première : l’accueil des pèlerins et des nécessiteux au contraire de La Grave qui, on va le voir, va devenir au 17ème siècle un lieu de renfermement des pauvres et des mendiants.

 

En 1793, l’Hôtel Dieu est rebaptisé “l’Hospice de l’Humanité”

 

 

L’Hôtel Dieu héberge aujourd'hui le centre administratif du CHU de toulouse ainsi que l’Institut européen de Télémédecine, le centre européen de recherche sur la peau et les épithéliums de revêtement ainsi qu'un musée d’histoire de la médecine.

Ce musée est une petite merveille. Je vous conseille la visite guidée qui est faite par un bénévole dont l’érudition est absolument captivante !!

 

 

LA GRAVE

La construction du futur Hospice de la Grave, remonte probablement à l’extrême fin du XIIè siècle puisqu’il est mentionné dans une charte du comte Raymond V en 1197. Il est érigé en aval de l’Hôpital Sainte-Marie de la Daurade à quelques centaines de mètres sur les graviers de la Garonne (d’où son nom), dans le quartier Saint-Cyprien. Il ne reste rien de ce premier hôpital aujourd’hui.

 

Deux établissements occupent alors les lieux de ce que sera plus tard notre hôpital la Grave: un petit hospice et un couvent de frères bénédictins issus de l’abbaye de Moissac.

  

Entre 1508 et 1544, le futur Hôpital de la Grave est transformé et agrandi, notamment pour permettre l’accueil des pestiférés (la peste ravage en effet Toulouse, emportant près de 3000 personnes dans les premières années du siècle).

Il va s’appeler hôpital Saint-Sébastien (du nom du Saint protecteur contre la peste), le long de la Garonne et rejoignant, à l’ouest, le rempart et la tour Taillefer. Cette tour fut construite entre 1516 et 1517 ; il s’agit en fait de l’une des 4 tours qui flanquent le rempart englobant le faubourg St Cyprien, surplombant la Garonne à environ 35 m de hauteur.

La Tour Taillefer est à l’origine une tour d’artillerie servant de réserve de poudre et de munitions. Elle fut affectée à l’accueil des pestiférés, des mendiants et des épileptiques car son isolement en fait un lieu particulièrement bien adapté pour mettre à l’écart les malades victimes d’épidémies, les pestiférés notamment ; par ailleurs elle compte peu d’ouvertures et se dresse à l’ouest, ce qui évite à la ville les effluves malodorants les jours de vent d’Autan.

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

La tour Taillefer au premier plan

 

Les années qui vont suivre vont être traumatisantes pour la population : épidémies, guerres, famines, … Toutes ces catastrophes vont jeter à la rue nombre de personnes. La pauvreté et la misère vont conduire à une augmentation de la délinquance qui va elle-même mettre en danger l’ordre public.

Pour donner un ordre d ‘idée, sur une population estimée à 40 000 habitants (après l’épidémie de peste de 1628/1631 qui a fait 10 000 morts), Toulouse compte 5 000 mendiants .

 

C’est ainsi qu’à partir des années 1630-1640, va se mettre en place partout en France ce que l’on va appeler le « Grand Renfermement ». Cette politique conduit les autorités à interner d’office les pauvres, de façon à les « soigner, instruire et relever leur niveau moral ». Voir article sur ce sujet ICI.

 

L'Aumônerie Générale de la ville, crée en 1647, et qui sert de refuge volontaire ou imposé, aux pauvres et aux mendiants de la ville, est installée à l’Hospice de la Grave qui va devenir “l’Hôpital Général Saint-Joseph de la Grave” préfigurant ainsi l’édit royal de 1662 de Louis XIV qui décide d’imposer l’ouverture de ce type d’établissement dans toutes les villes du Royaume.

 

C’est ainsi que l’Hôpital Saint-Sébastien des Pestiférés perd sa vocation d’assistance aux pestiférés et malades ; il est désormais destiné à « renfermer » mendiants, voleurs, filles publiques, « fous », vieillards démunis, orphelins et enfants abandonnés.

On met en place des boutiques et des manufactures dans lesquelles les pauvres travaillent. Le produit de ce travail représente une petite partie des revenus de l’Hôpital.

  

Une représentation de “L’hospital de la Contagion” établie par Colignon en 1642 nous donne une idée de ce à quoi ressemblait l’hôpital de la Grave à cette époque … il lui manque son dôme si caractéristique.

  I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

Hospital de la Contagion - 1642

 

L’hôpital est agrandi dans les années 1660 et 1687.

Dès 1684 et 1686, la construction d’une nouvelle chapelle, plus spacieuse, plus éloignée du fleuve, devient nécessaire. L’emplacement choisi pour le futur bâtiment, est un jardin situé devant l’hôpital et appartenant à un particulier, le sieur Rose. Mais sa réalisation n’aura lieu qu’aux siècles suivants.

 

Aux abords de l’Hôpital de la Grave l’environnement est modifié en 1719, par le déplacement du gué du Bazacle décalé et prolongé vers l’Hôtel-Dieu. Ce changement a pour conséquence de provoquer la montée des eaux du fleuve le long de l’aile de l’Hôpital de la Grave où se trouve probablement la chapelle.

 

En 1717, l’archevêque de Toulouse, Mgr Henri de Nesmond lègue à l’Hospice de la Grave tous ses biens dans le but de construire une nouvelle Chapelle : enfin les travaux peuvent commencer.

 

En 1793, la Grave est rebaptisée “l’Hospice de Bienfaisance”.

 

Vers 1797, l’Hôpital de la Grave est considérablement agrandi par l’annexion de l’ancien couvent des Dames des Clarisses établi depuis l’époque médiévale au sud de l’hôpital et qui avait été préalablement réquisitionné et transformé en hôpital militaire à la Révolution sous le nom d’Hôpital "Christophe Colomb".

 

Le chantier de la chapelle de l’hôpital de la Grave n’est toujours pas terminé au XIXè siècle.

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

Le Dôme de la Grave

 

Le premier pont suspendu Saint-Pierre est réalisé en même temps que le percement de la rue du même nom et l’ouvrage est ouvert à la circulation en 1852 .

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

Le pont suspendu Saint Pierre et la Grave en arrière plan

 

Au cours de l’inondation de 1875, les eaux de la Garonne montent jusqu’au dessus du premier étage de l’hôpital et provoquent de nombreuses destructions à l’intérieur des salles. Les cours et les jardins sont ravagés, ensevelis sous quarante centimètres d’eau et au cours de la crue, le personnel comme les malades se réfugient sur le toit de l’orangerie .

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

Inondations de 1875

 

Devant l’ampleur de la catastrophe pour l’ensemble du quartier Saint-Cyprien, il est prévu de détruire le Pont-Neuf, l’Hôtel-Dieu et une partie de l’Hospice de la Grave pour permettre l’élargissement du lit de la Garonne. Grâce à l’Association des Toulousains de Toulouse et une partie de la population, ce projet fut abandonné. Mieux que cela, le site du Pont-Neuf comprenant les vestiges de ponts plus anciens situés en amont et en aval, l’Hôtel Dieu Saint Jacques et l’Hospice de la Grave « faisant partie de la perspective des rives de la Garonne » sont classés aux Monuments Historiques en 1932.

 

Les projets de démolitions des ouvrages et édifices au bords de la Garonne sont définitivement abandonnés le 16 mars 1933.

 

Une note accompagnant les débats qui ont eu lieu autour du devenir de ces bâtiments indique :

C’est un paysage admirable. Les ingénieurs ont déclaré qu’ils ne comprennent pas la beauté de l’hôpital. Mais que pourraient-ils mettre à la place qui soit plus noble et plus grand et la silhouette du dôme de la Grave ne rappelle t- elle pas des souvenirs de Florence ?

 

 I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

La Grave à droite et tout à gauche l'l'Hôtel Dieu

 

 

I comme Institutions hospitalières de Toulouse sous l'Ancien Régime

Pour bien visualiser les deux établissements : la Grave à gauche et Saint Jacques à droite

 

Sources

http://france.jeditoo.com/MidiPyr/toulouse/Toulouse-hotel-dieu.htm

https://www.chu-toulouse.fr/-histoire-des-hopitaux-de-toulouse-

MONOGRAPHIE HISTORIQUE - SITE DE L’HÔTEL-DIEU SAINT-JACQUES (FAÇADE EST) ET DE L’HOSPICE DE LA GRAVE par Mesdames FUCHS Magali et MARTIN Élisabeth

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H comme Hospice St Raymond

13 Novembre 2018 , Rédigé par srose

 

Le plus ancien hôpital de Toulouse semble être l’hospice de saint Raymond édifié entre 1071 et 1080 par Raymon Gairard pour les pauvres et nécessiteux, juste à côté de la toute jeune basilique Saint Sernin (qui sera consacrée en 1096).

Attention à l'époque ce que l'on appelait hôpital n'était en fait qu'un lieu d'accueil des nécessiteux malades ou non. Sa vocation première n'était donc pas le soin aux malades. Voir cet article pour plus de détail.

 

H comme Hospice St Raymond

 Saint Raymond au 19ème siècle

 

Dans le cartulaire de l’abbaye de Saint Sernin de Toulouse, on peut plus précisément lire que cette maison de charité a été fondée par le comte Guillaume IV (1060-1093), l'évêque Isarn de Lavaur (1071-1105), également prévôt de Saint-Sernin, Raymond Guillaume de Marquefave, sacriste du monastère, ainsi que par le prieur Pierre Ponchet et le chanoine Raymond Pierre.

 

Le comte Guillaume, son épouse, la comtesse Mathilde, et l'évêque Isarn confient la direction de l'établissement à un personnage nommé Raymon Gérard (ou Géraud) qui sera connu plus tard sous l’orthographe de Gairard ou Gayrard. Il est mentionné dans ce cartulaire ainsi que dans d’autres documents de l’époque non comme le fondateur de l’hospice mais comme responsable de cette institution. Dans d’autres documents, Raymon Gairard apparaît comme « capiscol » ou écolâtre de Saint-Sernin (un écolâtre est le maître d’une école monastique ou cathédrale).

 

Raymon Gairard mourra avant 1122 (a priori le 3 juillet 1118) et fera l’objet d’un culte qui remonterait au  27 juin 1122.

 

L’hospice peut accueillir à cette époque 13 pauvres.

 

En 1229 l’université de Toulouse voit le jour ; il devient nécessaire de trouver où loger et nourrir les étudiants pauvres. C’est ainsi qu’en 1233 le pape Grégoire IX ouvre le bâtiment aux étudiants pauvres.

 

L'inventaire des biens de Saint-Sernin dressé du 10 au 14 septembre 1246 sous l'autorité de l'abbé Bernard de Gensac (1243-1263) déclare d’une part que la chapelle Saint-Jean (dans laquelle est enterré Raymon de Gérard) est passée sous le vocable de Saint-Raymond (elle sera détruite en 1852/1853) et d’autre part que dans la liste des biens de l'hôpital figurent alors notamment 101 matelas dont 49 de plume, 41 couverture, 47 coussin, 54 oreiller dont 50 de plume, 56 lits de bois et 36 draps.

 

En 1250 l’évêque d’Agen Guillaume, ancien inquisiteur dominicain donne à l’hospice une maison voisine que l’on a retrouvé lors des fouilles de 1994/1996. Cette maison achetée par l’Inquisition quelques années avant, servait de prison pour les hérétiques supposés ou convaincus d’hérésie.

 

Probablement vers 1403 ou même peut être avant, le bâtiment devient un collège qui va pouvoir accueillir 16 étudiants boursiers puis seulement 10 en 1675.

 

Entre temps le bâtiment a été partiellement détruit en 1523 par un incendie ; il fut reconstruit par l’architecte Louis Privat.

 

H comme Hospice St Raymond

Saint Sernin et le collège Saint Raymond en 1760- Dessin de Pierre JOseph Wallaert

Lors des fouilles de 1994/1996 on a retrouvé entre autre chose deux murs épais de 60 cm datant du 11ème siècle ainsi qu’un mur appartenant à une maison voisine identifiée comme celle donnée par l’évêque d’Agen.

 

À la Révolution, le collège se trouva abandonné à la suite de la suppression de ces institutions. La Ville de Toulouse l'achète en 1836 pour l’utiliser comme écuries et caserne.

 

En 1852/1853, lors du réaménagement de la place Saint Sernin, le collège et ses annexes sont détruits. Seul subsiste le bâtiment qui aujourd’hui abrite le musée Saint Raymond. Viollet Le Duc le restaurera en y faisant des ajouts non historiques comme les cheminées crénelées. IL sera réaménagé en 1946/1950 et l'essentiel des ajouts de Viollet Le Duc seront supprimées.

 

Avant de devenir un musée en 1892 il servira de presbytère jusqu’en 1890.

 

H comme Hospice St Raymond

Musée de Saint Raymond

 

Sources

 

Les fouilles du musée Saint-Raymond à Toulouse de Pierre Garrigou Grandchamp

 

Mémoires de la Société Archélogique du Midi de la France – Tome LVII – 1997 - LES FOUILLES DU MUSÉE SAINT-RAYMOND À TOULOUSE (1994 -1996) par Quitterie CAZES, C. ARRAMOND, avec la collaboration de S. BACH (anthropologie),L. BOUOARTCHOUK (étude de mobilier), CABA (recherches historiques) et L. GRIMBERT (dessins)

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G comme Galetas, loges et autres taudis

11 Novembre 2018 , Rédigé par srose

 

Les pauvres de l'Ancien Régime habitent un habitat précaire dont les noms que l’on retrouve dans les compoix sont assez évocateurs …

  • « mesons basses et pauvres »
  • « bouges de maisons »
  • « maisonchielles » à Douai (59)
  • « maisoncelles » (Calais)
  • « logettes »
  • « borda » dans le Midi (équivalent d’une cabane)
  • appentis

 

Ces logements sont souvent sans étage, de plein pied sur rue et sont le lot commun des pauvres de la ville.

On trouve aussi souvent des baraques faites d’un assemblage de planches de moins de 5m2 tassées entre les contreforts d’une cathédrale ou contre les remparts de la ville.

Au fond des impasses , dans les caves ou au dernier étage des immeubles on ne trouve guère mieux : de véritables tanières que l’on retrouve tout aussi bien dans les arrière-cour de maisons bourgeoises et cela jusqu’au 19ème siècle et même après  (voir article ICI )

Remontons le temps jusqu’à la fin du 13ème à Bruges : Jean Froissart loge dans « une povre maisonnette enfumée, ossi noire que atremens de fumier de tourbes et ny avait en celle maison fors le bouge devant et une povre ceute de veille toille enfummée pour esconcer le feu, et apr dessus un povre solier auquel on montait par une eschelle de sept eschellons. En ce solier avoit povre literon où li povre enfant de la femmelette gisoit . »

 

Au 17ème la situation ne s’est guère améliorée : à Lille nombre de cours bordées de « maisonnettes » avec une densité moyenne de 7 à 10 habitants par maison. Le surpeuplement peut atteindre des chiffres assez hallucinants : au 314 de la rue des Etaques vivent 25 personnes, au 66 rue Five, 21 personnes, au 15 de la rue Croquet, ce sont 16 personnes qui vivent ensemble.

La promiscuité est encore aggravée par la faible taille du logement. Ainsi fin 18ème siècle à Lyon, dans un immeuble du quartier Saint Vincent, 20 locataires se partagent une surface de 816m2 soit une moyenne inférieure à 41m2 par logement ; près de 100 personnes vivent dans cet immeuble qui disposent donc de 8m2 chacune en moyenne. A cela s’ajoute le fait qu’il n’y a pas de chauffage, que les fenêtres sont recouvertes de papier huilé, que les toilettes sont méconnues …

Et que dire des femmes abandonnées ou veuves qui habitent les caves avec leurs enfants ; voir ICI.

 

 

Sources 

Pauvres et marginaux au Moyen Age de Jean Pierre Leguay

Chavatte, ouvrier lillois de Alain Lottin

Quelques remarques sur l’habitat urbain, l’exemple de Lyon au 18ème siècle de Maurice Garden

 

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F comme instruction des Filles

10 Novembre 2018 , Rédigé par srose

 

Comme nous l’avons vu dans l’article sur l’alphabétisation, l’école et le catéchisme sont les outils privilégiés pour façonner les têtes et remettre sur le droit chemin de l’Eglise les égarés (protestants).

Sur ce point aucune différence de principe n’existe entre filles et garçons au 16ème siècle et au début du 17ème siècle. Mais soyons pragmatique, la pauvreté des moyens éducatifs ne permettait pas non plus d’avoir deux écoles sur un même lieu, une pour les filles et une pour les garçons.

Cependant au fur et à mesure que nous avançons dans le 17ème siècle les évêques deviennent de plus en plus hostiles à la mixité des écoles, jugée immorale.

Les écoles rurales étaient financées par des systèmes divers (portion de la dîme, revenus de fondations ... Leur activité est saisonnière et la qualité de l’enseignement n’est pas nécessairement à son meilleur niveau.

Les écoles urbaines sont plus nombreuses, tenues par des religieux/religieuses le plus souvent.

Les couvents par exemple, notamment des Ursulines, auront la vocation de devenir des internats non pour recruter des religieuses mais pour former « les mœurs des filles à la bienséance et honnêteté ... ».

Il est à noter que l’objectif principal des religieuses éducatrices n’est pas l’éducation mais l’enseignement de la doctrine chrétienne et des bonnes mœurs, « réprimant la curiosité des esprits pour les accoutumer à traiter les choses divines avec beaucoup de respect ».

 

L’éducation des filles reste secondaire même dans l’esprit des philosophes des Lumières

« Ainsi toute l’éducation des femmes soit être relative aux hommes. leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des femmes de tous les temps et ce qu’on doit leur apprendre dès l’enfance ».  Extrait de L’Emile de Rousseau

 

La Révolution fermant les couvents, comment instruire les jeunes filles ? Tout en sachant que cette époque ne révolutionna pas l’éducation : les rôles de l’homme et de la femme étant différents, leur formation doit être différente. Mirabeau dira même que les filles doivent rester sous la garde de leur mère.

Talleyrand excluera la gente féminine de l’éducation qu’il préconise aux enfants et jeunes gens du fait de « leur constitution délicate, leurs inclinations paisibles, les devoirs nombreux de la maternité ». Il ne leur accorde que l’instruction élémentaire jusqu’à 8 ans et ensuite les jeunes filles rentreront chez leur mère apprendre ce qui leur est nécessaire…

Pour Condorcet en revanche l’instruction doit être donnée en commun, et les femmes ne doivent pas être exclues de l’enseignement. Idée novatrice mais elle ne sera pas retenue.

F comme instruction des Filles

Condorcet

Condorcet estimait que les femmes ainsi instruites pouvaient mieux surveiller l’instruction de leurs enfants. Il affirmait aussi que les femmes avaient les mêmes droits que les hommes à l’instruction publique.

 

L’épisode révolutionnaire passé les congrégations et ordres religieux reviennent et reprennent en main l’éducation des filles dans le même esprit de maintenir la femme dans son rôle d’épouse et de mère.

Vers 1860 Victor Duruy ministre de l’instruction publique sous Napoléon III propose d’ « organiser l’éducation des filles car une partie de nos embarras actuels proviennent de ce que nous avons laissé cette éducation aux mains de gens qui ne sont ni de leur temps ni de leur pays ».

Victor Duruy

En 1866 Victor Duruy adresse une lettre à l’impératrice pour lui faire part de ses préoccupations : « L’Impératrice voudra bien d’abord remarquer qu’en France il n’y a pas d’enseignement supérieur pour les femmes … Je ne voudrais pas en faire des bas-bleus ais l’influence de la mère sur l’éducation du fils et sur la direction de ses idées est trop grande pour qu’on ne s’inquiète pas de voir les femmes rester étrangères à la vie intellectuelle du monde moderne ».

 

Notons que c’est grâce à l’impératrice Eugénie que la première femme médecin a pu accomplir sa scolarité et soutenir sa thèse : Madeleine Gebelin, épouse Brès (1842-1921).

 

Madeleine Brès

 

En 1867, Jules Simon, philosophe et homme d’état français, né en 1814 à Lorien et mort en 1896 à Paris, prononce le discours suivant :

« Les filles même dans les pensionnats les plus élevés reçoivent une instruction futile, incomplète toutes d’arts d’agrément mais rien de sérieux et d’élevé. Elles que la nature a douées d’une intelligence si ouvertes, d’un tact si sûr, d’une sennsibilité si fine et délicate, qui sont faites pour comprendre ce qu’il y a de plus grand dans les lettres et pour s’y plaire, qui seraient pour nous des compagnes d’études si utiles et si charmantes nous les réduisons à n’être que des idoles parées ».

Jules Simon

 

La loi du 10 avril 1867, portée par Victor Duruy va enfin donner sa place à l’instruction des filles :

Toute commune de plus de cinq cents habitants (et non plus de huit cents habitants comme c'était le cas auparavant) doit se doter d'une école publique pour les filles, qui peut être une section au sein de l'école communale. Si l'école est mixte – c'est souvent le cas dans les petites communes –, une femme est nommée par le Préfet pour les travaux d'aiguilles pour les filles. Le financement est assuré non par l'Etat mais par les Communes. Les caisses des écoles sont instituées ; ce sont des cagnottes, composées de cotisations volontaires et de subventions de la commune, destinées à encourager la fréquentation des élèves par des récompenses et à aider les familles les plus pauvres lorsque la commune ne prend pas entièrement à sa charge les frais de l'école.

 

Mais en pratique, ce fut un échec, peu de filles fréquentant les cours dispensés : hostilité cléricale, manque d’intérêt de la majorité des familles pour l’instruction des filles, difficulté matérielle à entretenir des institutrices.

 

Mais le processus est lancé. Le 21 décembre 1880 est promulguée la loi qui fonde l’enseignement secondaire des jeunes filles. Cet enseignement est différent de celui donné aux garçons et n’est pas sanctionné par le baccalauréat ; IL est moins long (5 ans au lieu de 7 pour les garçons) ; le latin et les mathématiques sont enseignés de manière rudimentaire car la jeune fille n’a pas besoin de ces matières.

 

Six mois plus tard, l’école normale supérieure site de Sèvres est créée afin de former des professeurs femmes.

 

Ecole de Sèvres

 

F comme instruction des Filles

Chambre d'élève à l'école de Sèvres

 

En 1914 les lycées, collèges et cours secondaires de jeunes filles comptent 38000 élèves (100 000 garçons fréquentent l’école à cette époque) ; 20 ans plus tard ce nombre s’élève à 60 000.

 

L’instruction des filles a évolué et commence à rentrer dans les mœurs. Mais à la veille de la première guerre mondiale, n’oublions pas que cette instruction n’est pas destinée à donner un travail à la femme ni à favoriser son épanouissement intellectuel. L’idée reste toujours que cette éducation lui soit utile dans son rôle d’épouse et de mère.

 

Suite dans un prochain article …

 

Sources

L’éducation des filles en France au 19ème siècle de Françoise mayeur

 

 

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E comme Enfants abandonnés

10 Novembre 2018 , Rédigé par srose

 

 

L’hôpital général reçoit les enfants orphelins, les enfants qui sont abandonnés ou ceux qu’on leur confie tout simplement.

Ainsi à Pau :

« En 1776, « un enfant Etienne âgé de deux ans dont la mère est morte et qui est sans parens ny aucune personne qui en ait soin »

En 1779 « Antoine dit Vincent âgé d’environ 3 ans , son père était étranger, cieur de long qui étant décédé à Pau, son épouze chargée de deux enfants mendiaient tous les trois et cette pauvre femme étant morte subitement, une personne se chargea de l’ainé des enfants âgé de 6 ans ,le dit Vincent fut reçu à l’hôpital »

L’hôpital reçoit aussi des enfants délaissés : le 1er novembre 1767 l’hôpital accepte de prendre « une fille Julie, 6 ans que sa mère est morte chez le nommé Lestanguer, aubergiste à la rue de Polidor, commis à Mr Berdoulet , le père de cette fille est un faiseur d’instruments pour la musique, ayant laissé sa femme malade pour s’aller chercher de l’ouvrage pour gagner son pain, il n’a plus paru, ainsi cette fille a été reçu à l’hôpital en même temps qu’une autre fille, …. sœur de celle cy »

En juillet 1780, l’hôpital accepte de se charger du fils d’un ancien décrotteur devenu marchand de faïence qui, « ayant fait faillite s’est évadé » 

En janvier 1781, l’hôpital se charge du fils d’un perruquier : la mère morte, le père s’en est allé « on ne sçait où » et l’enfant « est sur le carreau, il se retire chez le misérable Jean Ligues, son grand père, homme âgé vieux et sans ressource »

En 1783 une nourrice vint se plaindre de ce que » le nommé Labarthe fabricant de papier peint et habitant chez Jeanne Dufourc près du collège de Pau » s’était enfui en Espagne en lui laissant son fils 

En 1783 toujours une femme se présente chez un jurat « portant un enfant de sexe féminin … elle dit qu’elle était chargée de nourrir le dit enfant de l’âge de 9 mois , qu’elle était absolument sans lait et d’une misère extrême, que la mère du dit enfant qui avait été établi à Pau avait décampé de la ville depuis cinq semaines lui devant deux mois et demi de nourrissage ».

En 1764 le curé et les jurats demandent à l’hôpital de se charger de Cécile 3ans et de sa sœur Marguerite Lucie 18 mois dont « le père et la mère sont laissés sur le pavé ».

En août 1781, le sieur Cazaux, chirurgien, i ntervient pour que Pierre, fils naturel de Chinette de Guilhamet soit reçu à l’hôpital, la mère « étant sans lait … et dans un état de misère à ne pouvoir subsister elle-même qu’avec peine… ».

Et bien sûr il y a tous les enfants exposés. A Pau par exemple en 1789 128 enfants sont exposés ; parmi eux 32 ont moins d’un jour, 26 moins de 8 jours, 51 entre 9 jours et 6 mois.

Le taux de mortalité de ces enfants est énorme : un peu plus de 8 sur 10. Cette mortalité est due à la conjonction de plusieurs facteurs : les conditions de grossesse, les conditions de l’exposition (accroché à un arbre, enfoui dans un tombereau, à peine enveloppé de quelques chiffons, couvert de haillons, enveloppé dans un mauvais morceau de cape brune… mais surtout les conditions de prise en charge : les enfants sont gardés au milieu de tous les autres laissés pour compte, sans soins, hygiène et nourriture adaptée.

 

Cosette - 1862

Ce sont aussi de jeunes enfants que l’on trouve errants et qui sont « capturés » pour être remis au dépôt de mendicité le plus proche : ainsi le 4 avril 1782 sont pris Jeanne 7 ans et Pierre son frère, 2 ans. Un an plus tard, le 5 juin 1783 leur mère Hélène est à son tour arrêtée. Elle accouche d’un enfant, Jean Paul, « fils naturel du nommé Jean Demonain, tisserand ». Il mourra le 12 mai 1790 à l’hôpital. Jeanne est placée en 1786, à 11 ans mais s’enfuit , elle est reprise quelques mois plus tard comme vagabonde. Pierre placé à l’hôpital sera repris par sa mère.

Ces enfants enfermés dans les dépôts pour cause de mendicité se révèlent être une aubaine pour des manufacturiers en mal de main d’œuvre pas chère .. C’est ainsi qu’en 1771, un certain sieur Daudiffret de Barcelonnette, patron d’une fabrique de moulinage de la soie émit l’idée de se charger de 200 enfants lesquels demeureraient chez lui comme apprentis.

 

Voir sur le site de Histoire P@ssion les articles très fournis et très bien documentés sur l'histoire de l'enfance abandonnée.

 

Source

Quand la pauvreté était un crime de Françoise Froelhy

 

 

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