L comme LOUISE Claire Rosalie de Gaillard
Nous avons vu à la lettre J que le seigneur de Frouzins à la veille de la Révolution s’appelait Jean Louis René de Gaillard.
L’une de ses filles, Rosalie ou Louise Claire Rosalie, est née vers 1780 et est morte vers1870 ; elle résidait dans le château dit des Demoiselles à Frouzins et on la connaissait d’ailleurs dans la région toulousaine sous le nom de Mademoiselle de Frouzins.
Un poème fut commandé à son attention à un certain J Niel en 1796 à la demande de l’une de amies ses Madame de Florentin.
Voilà ce qu’il adresse à Mme de Florentin.
Brioudes, le 9 ventôse an IV (28 février 1796).
J'étais si honteux, Madame, de n'avoir su faire hier le charmant thème que vous m'aviez prescrit, qu'en arrivant ici j'appelai trois poètes du canton pour traiter le même sujet. Chacun de nous a travaillé de son côté; voici la production de tous les quatre :
Production du premier.
Vos ouvrages, Clairon, ont pour nous tant d'attrait
Que, dessiné par vous, l'hiver même nous plaît.
Production du deuxième.
L'hiver, Clairon, que vous nous avez peint,
N'est pas si triste; il a le front serein.
De vos seize ans et de vos grâces,
Tel est, Clairon, l'effet certain
Que près de vous l'hiver ne peut avoir de glaces.
Production du troisième.
Cet hiver, vu de loin, n'a pas un air transi :
Je le crois bien, des mains de Claire il est sorti.
Production du quatrième.
Voulez-vous que l'hiver nous soit représenté
Affreux par ses glaçons et par sa nudité?
Ah! peignés-nous, Clairon, cette contrée
Lorsque Pauline et vous l'aurés quittée !
Je vous prie, Madame, de juger laquelle de ces quatre pièces est la moins mauvaise et d'en faire pour moi l'hommage à Mlle de Frouzins.
Veuillez, Madame, agréer les assurances de mon respect et accueillir les voeux que je forme pour que votre voyage soit heureux.
J. NIEL.
J comme JEAN Louis René de Gaillard
René-Bernard de Gaillard, seigneur de Frouzins, est capitoul en 1744. Sa famille rebâtit le château seigneurial, route de Plaisance, connu aujourd’hui sous le nom de « château des Demoiselles ».
En 1759 Monsieur de Gaillard fait réédifier la chapelle du château qui était tombée en ruine
Il a eu 8 enfants. L’aîné, Jean Louis René, baron de Frouzins, conseiller au Parlement de Toulouse en 1764, né le 23 décembre 1741, succèdera à son père. Ne nous y trompons pas, il réside rarement à Frouzins, préférant sa demeure à Toulouse au 51 rue des Paradoux.
Il épousa en 1776 Mademoiselle Marie Gabrielle Joséphine de Caumels dont il eut 4 enfants : un fils mort prématurément et 3 filles : Rosalie, Claire et Augustine.
En 1789, il assista à l'Assemblée de la noblesse tenue à Toulouse pour l'élection des Députés aux Etats Généraux de la province. Il demeura Conseiller au Parlement jusqu'en 1790.
Mais il sera arrêté et jeté à la prison de la Visitation avec 35 de ses collègues en 1794 et exécuté sur la place de la Révolution le 14 juin 1794.
Informations : ex-conseiller au-ci-devant parlement de Toulouse, âgé de 52 ans, né et domicilié à Toulouse, département de la Haute-Garonne, condamné à mort le 26 prairial an 2, par le tribunal révolutionnaire séant à Paris, comme contre-révolutionnaire en protestant les 25 & 27 septembre 1790 contre les loix émanées de la représent. nationale - Dictionnaire des individus condamné à mort pendant la Révolution
Lorsqu’il mourut la liste de ses biens confisqués a été dressée sur le registre des « Biens des condamnés politiques » : :
- Frouzins Château, métairie de Vermeil et terres : 165 arpents, estimés 61 365 livres
- Métairie de Laubenque et terres ; 95 arpents, estimés 31 447 livres
- Métairie de Lègue et terres : 28 arpents, estimés 15 338 livres
- Métairie de Belloc et terres : 50 arpents, estimés 31 400 livres
- TOTAL 139 550 livres
A cela s’ajoute le mobilier de la maison sise 51 rue des Paradoux, estimés 10 050 livres.
Sa veuve (qui mourra en 1831 à l’âge de 80 ans) et ses quatre enfants reçurent pour leur subsistance un secours provisoire de 2000 livres. Ce fut jugé insuffisant et elle réclama et obtint un supplément de 4000 livres.
Il semblerait que les biens de Jean Louis René leur furent restitués car en 1808 les Demoiselles Claire, Rosalie et Augustine Gaillard figurent dans les divers papiers comme propriétaires de l’Hôtel rue des Paradoux et du Château de Frouzins qui s’appela d’ailleurs du fait de leur présence château des Demoiselles. Le 5 septembre 1821, Madame de Gaillard obtient de l’évêque de Toulouse, Anne Antoine de Clermont Tonnerre, l’autorisation de conserver la chapelle domestique du château et d’y faire célébrer la messe.
Claire de Gaillard épousera Pierre Balthasar de Roques.
Augustine se maria avec Monsieur de la Vallongue.
Rosalie née vers 1780 (de son vrai nom Louise Claire Rosalie) resta célibataire et fut appelée Mademoiselle de Frouzins.
Le château fut par la suite vendu à Mademoiselle Joséphine Amiel, épouse de M. F. Dupré, conseiller à la cour de Montpellier dont le nom est gravé sur la plaque de cheminée de la cuisine du rez de chaussée.
La famille Gaillard a été inhumée dans le cimetière du village de Frouzins, près du tumulus, du côté de l’entrée.
H comme HABITANTS de Frouzins
Frouzins est un petit village de Haute Garonne, proche de Toulouse, qui en 1895 comptait 549 habitants. D’après l’instituteur de l’époque, Mr Coutié, la population est en baisse car « la classe laborieuse déserte la campagne pour se fixer dans les grands centres comme Toulouse où elle croit vivre plus à l’aise ».
Il y a tout de même 163 feux et douze hameaux habités (centre du village, Cassagneau, Lègue, Laprade, Montbel, Sauveur, Le Ferraté, Lamartine, Paucheville, Lavache, Mailhaux, le château)
Toute la population est catholique nous dit il.
En 1911, la population décline toujours puisque nous en sommes à 421 personnes se décomposant de la sorte :
156 habitants ont déclaré une profession
- 9 femmes (tailleuse, laitière, couturière, institutrice libre, lingère, chemisière)
- 112 hommes ont une activité agricole
- 46 propriétaires exploitants + 4 propriétaires non exploitants dont une personne exerçant la profession de vétérinaire
- Quelques bourgeois de village qui font travailler leurs biens par un métayer ou un maître valet
- 1 régisseur
- 4 métayers
- 21 maîtres valets
- 35 cultivateurs
- 1 propriétaire jardinier
- 46 propriétaires exploitants + 4 propriétaires non exploitants dont une personne exerçant la profession de vétérinaire
- 20 artisans (forgerons, meuniers, charpentier, charron, roulier, tonnelier, vigneron, laitier, terrassier, coiffeur, chaisier, boulanger, …)
- 7 commerçants (épiciers, courtier en vin, limonadier, négociant en fourrage, coquetier, …)
- 3 cantonniers (préposés à l’entretien du canal de St Martory et de la voierie communale)
- 1 instituteur
- 1 receveur buraliste
- 1 garde champêtre,
- 2 domestiques (cocher, cuisinière)
Les Frouzinois avaient un divertissement de prédilection : le chant.
De 1852 à 1870 existait à Frouzins un orphéon , une sorte de chorale masculine regroupant des chanteurs issus des classes moyennes et populaires.
Mais « l’orgueil des orphéonistes devait blesser l’intelligent et infatigable directeur au point de lui faire chercher et aimer une retraite anticipée ».
G comme St GERMIER
St Germier est le patron de Frouzins. Ce n’est pourtant pas la seule paroisse à se mettre sous la protection de ce saint.
Pour quelle raison ?
Au 6ème siècle, St Germain, grand propriétaire terrien, possédait dans le territoire Doz à Ox près de Muret une vaste propriété foncière composée de terres, établissements divers et fermes.
Sur ce territoire, traversé par l'antique voie romaine qui conduisait de Toulouse vers le sud, à la ville de Convense, aujourd'hui Saint-Bertrand-de-Comminges, se trouvent les territoires qui dépendent aujourd'hui de Cugnaux, Villeneuve, Frouzins, Seysses-Tholosanes, Muret ….
C’est pourquoi plusieurs églises furent placées sous le vocable de St Germier.
Celui-ci, nous dit la légende, venant un jour de Cugnaux, marchait sur un chemin longeant le cimetière de Frouzins quand il vit dressé dans le cimetière un tumulus sur lequel un autel votif élévé en l’honneur des dieux mânes. Il se mit donc à prêcher la Bonne Nouvelle pour convertir les païens du lieu. Et un miracle eut lieu : « le miracle des fleurs ». Un laurier desséché reverdit et le tumulus se couvrit de fleurs. Les païens se convertissent alors et le tumulus où eut lieu le miracle fut appelé Montramé (mont des fleurs). Le chemin qu’emprunta St Germier fut appelé chemin de Montramé de St Germier ou encore chemin de St Germier.
Saint Germier purifia l’autel et planta sur le tumulus une croix.
A sa mort les habitants lui dédièrent l’église du cimetière et le prirent pour patron de la paroisse.
Une relique, reconnue comme authentique beaucoup plus tard (en 1839) est conservée et exposée à la vénération des fidèles le 16 mai. Cette date est donc devenue le jour de fête de Saint Germier.
La relique en question consistait en un morceau d'os enveloppé d'un ruban de soie verte fixé par un sceau épiscopal, portant l'inscription «Reliquias sancti Germerii », et incrustée dans un reliquaire servant de base à un buste d'évêque dont l’existence est avérée dès 1596.
Il semblerait toutefois qu’eu lieu en 1776 la translation des reliques de Saint Germier, lesquelles furent déposées en l’Eglise de Seysses, commune limitrophe de Frouzins.
En tout état de cause ce jour du 16 mai était important pour les Frouzinois puisqu’il était notamment choisi de préférence par les habitants comme terme de certains actes si l’on se réfère aux anciens actes notariés. De même ce jour-là deux marguilliers (ou administrateurs temporels, rendaient les comptes.
La vénération que les Frouzinois avaient pour leur saint patron les portaient à ajouter à la récitation du Confiteor (prière liturgique destinée à confesser ses fautes) : « Sanct Germé, nostré patroun ».
Tous les ans la fête du 16 mai qui commençait au jour tombant générait une grande affluence vers l’ancienne église « Sainct Germian, bastie au milieu du semantière » à tel point que des commentateurs de l’époque parlaient de pèlerinage (visite canonique de 1732). En effet « aux paroissiens de Frouzins venaient se joindre un grand concours de fidèles, la plupart originaires de l'endroit, touchante preuve de dévotion des aïeux envers leur saint patron Aux vêpres, après le panégyrique du saint, avait lieu la grande procession, présidée par le curé en étole et pluvial, portant à la main une petite croix d'argent dont parle une visite canonique de 1733, assisté du vicaire et des prêtres de Frouzins, des marguilliers des confréries de Saint-Cyr et du Saint-Sacrement revêtus de leurs robes ; enfin du seigneur, du juge, du lieutenant du juge, du procureur juridictionnel, du syndic de la communauté et des trois consuls revêtus de leurs chaperons ou livrées consulaires. On portait à cette procession, en grande pompe, dans un riche pavillon, le buste en bois doré renfermant la relique du saint patron, précédé de sa bannière et en damas cramoysi , toujours disputée par les hommes et les jeunes gens et donnée au plus fort enchérisseur, preuve de l'enthousiasme des paroissiens pour saint Germier »
Cette procession avait en tête le « réveille » c'est-à-dire « le marguillier en robe sonnant la clochette » et parcourait le chemin de Montramé, pour rentrer à l'ancienne église paroissiale de Saint-Germier, sur le tumulus témoin du miracle, où en souvenir avait lieu la bénédiction des fleurs.
Puis chacun emportait pieusement les fleurs bénites : certains en jetaient dans les champs pour les préserver des mauvais orages ; beaucoup les conservaient jusques à l'année suivante.
IL est noté que Monsieur de Marin, propriétaire du Château de Monbel à la veille de la Révolution portait à l’occasion de cette procession la croix processionnelle, nu-pieds, pendant tout le parcours de la procession.
Aujourd’hui le week end proche du 16 mai est le moment de la fête foraine qui attire elle aussi une foule considérable. Et en parallèle de ces festivités, une procession se déroule toujours à la tombée de la nuit, évoquant les processions d’antan…
F comme FROUZINS
En 1779 le conseil de communauté de Frouzins composé des 3 consuls (désignés annuellement par cooptation avec l’assentiment du seigneur) , du lieutenant du juge, du procureur seigneurial et de 5 notables habitants « constituant la partie la plus saine de la ville » décide d’établir un nouveau cadastre, le dernier datant de 1640.
Le géomètre arpenteur arriva 5 ans plus tard, Monsieur Sacareau du village d’Empeaux.
Le nouveau cadastre fut dressé en 1784.
A partir de ce cadastre, que peut-on dire sur Frouzins ?
Le village se situe tout d’abord à 15 km au sud ouest de Toulouse.
Deux ruisseaux l’Aussau au nord ouest et la Saudrune au sud ouest bornent le village.
L’étendue du territoire est à 679 ha, 21a et 31ca (le cadastre révisé de 1949 indique 791ha).
La moitié du territoire était dès le 16ème siècle entièrement mise en culture (voir la lettre V) , l’autre moitié au nord ouest est couverte de bois et de landes (des défrichements nombreux ne laisseront subsister aujourd’hui que deux petits bois attenants au château des Demoiselles et celui de Monbel.
Fin 18ème siècle, le village comptait une centaine de maison en majorité alignée sur la « grand rue » (chemin de Cugnaux à Seysses, lui-même tronçon de l’antique voie de Toulouse à Lugdunum convenarum (Saint Bertrand de Comminge).
Quelques maisons se trouvent sur le chemin de Roques à Plaisance , perpendiculairement à la Grand Rue
Hors du village, le hameau de Lavaque ( aujourd’hui La Vache) regroupait fin 18ème siècle 5 à 6 maisons sur le chemin de Villeneuve Tolosane (à l’époque Villeneuve de cugnaux) à seysses
Neuf métairies (Le Ferratié, Laubenque, Mailhos, Monbel, Lègue, la Prade, Vermeil, Sauveur et Ste Catherine) sont éparpillées sur le territoire.
Les maisons de village sont construites en torchis (ou paillebard) avec une charpente en bois pour les maisons à étage, en paillebard brut pour les maisons basses et des cheminées en briques cuites et des tuiles canal.
Un pigeonnier hexagonal porté sur piliers de pierre construit vraisemblablement au 17ème siècle et qui appartient fin 18ème à un certain M Filhes
Trois châteaux (voir article C): La bourgade au centre du village, le plus ancien, Monbel plus excentrés et celui des Demoiselles encore plus excentrées sur la route de Plaisance.
Et enfin l’église que l’on retrouvera à l’article R, commencée en 1522.
carte de 1784
E comme ECOLE de Frouzins
Si je me réfère à la monographie de Frouzins écrite en 1885 par l’instituteur du village, une première école laïque dite libre (c’est-à-dire confessionnelle) réservée aux garçons existaient déjà en 1814.
Cinq maîtres se sont succédés de 1814 à 1858.
- M. Bonnecarrère
- M. Bonnafous
- Mme Delause
- M. Cassé
- M. Laporte
Il ne semble pas que l’instruction dispensée soit au top puisque de l’avis de l’instituteur de 1885 les meilleurs élèves de cet école connaissaient très rarement les quatre opérations fondamentales.
La salle de classe était mal aérée, enfumée et mal éclairée et ne comportait qu’une « mauvaise table et un vieux banc ». Aucune carte, aucun tableau noir.
Par ailleurs le maître ne pouvait se contenter de son métier pour vivre et « devait chercher de quoi vivre en dehors de sa tâche ». En effet il était rémunéré par les parents 1,25f à 1,50 f par mois selon que les élèves apprenaient à lire seulement, ou à lire et à écrire ou enfin « à lire , écrire et compter simultanément ». « Par abonnement annuel ces instituteurs acceptaient quelquefois par chaque élève 50 litres de blé ou de vin ». Et que dire de leur retraite ? Ils n’avaient rien pour vivre à la fin de leur carrière.
En outre la méthode disciplinaire employée tenait plus de la férule et de la verge que de la récompense.
Enfin cette école n’en a que le nom puisqu’il semblerait qu’il s’agisse surtout d’une garderie, « une salle d’asile ».
Et que dire de la motivation à aller à l’école ? Les familles « laissaient très souvent leurs enfants dans la rue, abandonnés à eux même ou bien les employaient aux travaux pénibles de l’agriculture ».
En 1859, l’école laïque libre devient l’école laïque publique c’est-à-dire reprise en main par l’Etat. De 1859 à 1885 se succédèrent :
- M Sarrieu
- M. Rumeau
- M. Coffe
- M. Coutié depuis 1882 et que je suppose être le rédacteur de la monographie de Frouzins
Les matières étudiées sont plus variées : histoire et géographie, sciences physiques, sciences naturelles, instruction morale et civique et maniement des armes.
« Les parents s’habituent à se passer de leurs enfants pour les envoyer plus régulièrement à l’école ». mais la fréquentation reste malgré tout très irrégulière
Les enfants firent des progrès rapides : « tous à peu près lisaient, comptaient, écrivaient ». En 1866, pour aider au progrès des élèves, la mairie acheta une bibliothèque qui compte en 1885 124 volumes mais "le nombre de prêts diminue sensiblement d'année en année"....
La discipline est plus douce (par l’usage de récompense, la salle plus appropriée (« une salle bien aérée, bien lessivée, bien éclairées par 7 ouvertures »), le mobilier scolaire plus convenable (un pupitre pour le maître, 5 tables, une méthode de lecture, 3 cartes géographiques représentant la France, l’Europe, une mappemonde, un tableau de poids et mesures et un tableau noir).
compendium métrique
En 1884, tous les « locaux de la maison d’école » furent lessivés par la mairie. Les locaux en question comprennent la mairie, les locaux du maître et la salle d’école.
La mairie acheta cette année-là un compendium métrique, un boulier compteur, une collection de tableaux Dayrolles.
Dernière précision de notre instituteur : à partir de 1854 les instituteurs eurent un traitement de l’Etat de « 600 ou 700 francs et à la fin de leur carrière une retraite qui leur donnait presque un franc par jour ».
A partir de 1875, le traitement annuel est de 1200 francs et la retraite n’est jamais inférieure à 600 francs.
Notre instituteur de 1885 déplore toutefois qu'il n'existe aucun préau couvert et que les privés empuantissent l'air autour de la salle de classe.
Il précise enfin que "le nouvel enseignement pourrait facilement rendre l'électeur de demain plus éclairé, meilleur patriote et serviteur de plus en plus dévoué aux institutions républicaine que le pays a librement voulu se donner"....
D comme DEMOGRAPHIE
Il s’agit ici de reprendre un certain nombre d’éléments tirés des registres paroissiaux notamment ; il sera difficile d’en tirer des conclusions car je n’ai pas encore toutes les données en main. Ce qui va suivre est donc juste un aperçu très très mince de la démographie de ce petit village.
Nombre d’habitants
Le curé de frouzins en 1746 décompte 280 communiants lors de la visite pastorale du vicaire général de l’archevêque de Toulouse, Charles Antoine de la Roche Aymon. Cela ne permet pas de déterminer le nombre exact d’habitants toutefois.
Le recensement de l’an VIII donne quant à lui 473 habitants
En 1876 il y a 522 frouzinois. Tandis qu’en 1906 on ne retrouve que 424 habitants. En 1926, première guerre mondiale oblige, ce chiffre tombe à 344.
Frouzins a aujourd’hui près de 9000 habitants, la population ayant brusquement augmenté à partir de 1968 date à laquelle le recensement dénombre 1273 frouzinois soit le double de celui de 1962.
Si l’on regarde le recensement de 1911, la répartition de la population est la suivante en terme de tranche d’âge
421 habitants |
Date de naissance |
|
Tranche d’âge |
6 |
nés entre 1910 et 1911 |
|
|
110 |
nés entre 1891 et 1909 |
1à 19 ans |
|
103 |
nés entre 1871 et 1890 |
20 à 39 ans |
|
111 |
nés entre 1851 et 1870 |
40 à 59 ans |
|
91 |
nés en 1850 et avant |
60 ans et plus |
Sur les 421 personnes il y a 211 filles et femmes tous âges confondus.
La proportion des plus de 40 ans est forte : 47% tandis que la tranche de population en âge de se marier représente 24%
Ces chiffres mériteraient une analyse plus poussée ; peut être plus tard ….
L’essentiel des habitants se concentrent au niveau du bourg avec 309 personnes, le reste se répartissant autour du bourg.
BOURG |
maisons |
ménages |
individus |
||
grande rue du village |
|
55 |
45 |
144 |
|
chemin des moulis de frouzins à fonsorbes |
8 |
5 |
11 |
||
le moulin |
2 |
2 |
4 |
||
rue tournante du fort |
11 |
8 |
25 |
||
avenue du cimetière |
13 |
11 |
35 |
||
rue de l'hôpital dite des nobles |
28 |
19 |
55 |
||
rue ste catherine |
11 |
7 |
17 |
||
rue du bigard |
8 |
6 |
15 |
||
chemin dit du caminas |
|
3 |
2 |
3 |
|
TOTAUX |
139 |
105 |
309 |
||
AUTOUR DU BOURG | |||||
la martine |
|
|
1 |
1 |
3 |
paucheville |
|
1 |
1 |
5 |
|
la vache |
|
10 |
6 |
19 |
|
mailhos |
|
2 |
2 |
8 |
|
l'aiguillon |
|
1 |
1 |
3 |
|
l'aubenque-le château à vermeil |
5 |
8 |
27 |
||
la prades et les mûriers |
|
2 |
2 |
6 |
|
la pointe |
|
1 |
1 |
9 |
|
montbel et bordeneuve |
|
3 |
4 |
19 |
|
l'ausseau |
|
1 |
1 |
3 |
|
la ferrate |
|
3 |
1 |
5 |
|
sauveur |
|
|
3 |
2 |
5 |
TOTAUX |
33 |
30 |
112 |
Le taux de natalité est très variable et est surtout tributaire des différentes calamités et épidémies qui s’abattent sur la France. Ainsi de 1709 à 1713, soit pendant la période qui suit le « grand hyver » de 1709 et son lot de misère, de disettes et d’épidémies est marquée par un taux de mortalité désastreux puisqu’on compte 81 baptêmes pour 193 sépultures.
En revanche dès le début du 19ème siècle apparaît une certaine « dénatalité ». Au siècle précédent, plusieurs couples avaient 10 enfants et plus ; on ne dépasse guère 5 ou 6 enfants au 19ème siècle.
Espérance de vie : sur la période 1700/1913, on compte 19 nonagénaires ainsi qu’une centenaire en 1808 ; cette dernière n’est pas originaire de Frouzins ; il s’agit de « Suzanne, mulâtresse », femme de charge chez Monsieur de Marin (dont on a parlé dans l’article C), âgée de 103 ans .. » sans doute une ancienne esclave que le premier chatelain de Montbel, Jacques Michel, avait ramené des Antilles.
Enfin dernier point à relever : l’origine des Frouzinois
Si l’on regarde le recensement de 1911,
- 194 frouzinois sont natifs du village,
- 83 sont nés dans les communes limitrophes et le reste du canton de Muret
- 30 sont nés dans les cantons limitrophes (Léguevin, Rieumes, Saint Lys, Toulouse ouest
- 23 viennent de Toulouse
- 53 sont nés dans le reste du département
- 20 sont nés en Ariège
- 18 sont nés ailleurs (Paris, Gers, Tarn, Tarn et Garonne …)
La proximité de Toulouse attire manifestement les hommes ne serait ce que par le vivier d’emploi non négligeable que la ville et ses alentours dont Frouzins représentent.
Il est à noter qu'à partir de 1924 Frouzins va bénéficier de l’émigration italienne et quelques décennies plus tard de l'émigration espagnole.
En 1929 = ouverture de l’usine toulousaine de l’ONIA qui attire une douzaine de petits agriculteurs dans un premier temps. Progressivement le caractère rural de Frouzins va s'amenuiser.
C comme CHATEAUX de Frouzins
Frouzins possède trois châteaux.
Le château de la Bourgade, sans doute le château le plus ancien du village , résidence des seigneurs de Frouzins jusqu ‘au 17ème siècle au centre du bourg dans la continuité de la rue du fort et aujourd’hui disparu.
Madame Jeanne de Ladoux était propriétaire du château juste avant la révolution (la mère de Jeanne de Ladoux, Marie Jeanne de Calvel, était également seigneuresse de Monbel)
Je n’ai pour l’instant pas plus d’information .
Un second château dit château de Frouzins ou encore château des Demoiselles, construit sur la route de Plaisance du Touch, existait semble-t-il déjà au 17ème siècle puisque les archives du château indiquent que Jean Jacques de Meynial obtint en 1654 des recteurs de Frouzins l’autorisation d’ériger une chapelle au château. Celui-ci donc existait déjà au 17ème siècle.
Son fils Antoine, fut baron et seigneur de Frouzins dès 1665 ; ses fils Joseph et Guillaume, prêtre de son état, eurent maille sur deux décennies (entre 1718 et 1738) avec Bertrand Decamp, maître boulanger à Toulouse. Ce conflit se termina par la vente du château et de ses terres en 1745 à l’abbé Dumay, chanoine de St Sernin à Toulouse.
Dix ans plus tard le château appartient à René-Bertrand de Gaillard, ancien capitoul et receveur général à Toulouse des Fermes du Roi. Nous retrouverons l’un de ses fils, Jean Louis René de Gaillard dans un prochain article (lettre J).
Les filles de Jean Louis René, Claire, Rosalie et Augustine demeureront jusqu’à leur mort dans le château d’où le nom de château des Demoiselles.
Le château de Montbel aurait été construit vers 1760. Il était la propriété de Monsieur Jacques Michel de Marin, ancien intendant du Roi à la Guadeloupe (il fera l’objet d’un article prochainement) qui l’acheta le 14 novembre 1767 à la Dame Jeanne de Calvel de Ladoux. Jacques Michel mourra le 28 septembre 1788 à 65 ans. Son fils, Aimé de Marin, dit le « citoyen Marin aîné », restera dans le château après la Révolution. Il sera nommé maire de Frouzins en 1811 puis à plusieurs reprises jusqu’en 1830 (il faut que je vérifie ce point encore). A sa mort en 1846 le domaine passera par achat à un banquier toulousain, Monsieur de Marestaing dont les descendants le détiendront encore en 1913.
CARTE DE FROUZINS
château de La Bourgade au centre du village
château de Montbel au nord du village
château (des Demoiselles) au nord est du village
B comme BAROUDEUR
J'ai découvert un baroudeur à Frouzins. Il s'agit de Jean Pujol (Puiol), né à Frouzins le 8 février 1723. Il est le 3ème enfant d’une fratrie de 7. Son père François est « travailleur » d’après l’acte de naissance de son fils Jean. On peut supposer que cela signifie tout simplement « brassier ». Sa mère s’appelle Domenge Sartre et on sait juste qu’elle est morte à Frouzins le 9 octobre 1763.
On retrouve Jean, marié le 9 janvier 1758 à Montréal au Québec , avec Anne Marie Barthe, elle-même née à Montréal le 17 juillet 1738.
Que fait un frouzinois du 18ème siècle à des milliers de km de là, en Amérique ?
Il semblerait qu’il se soit engagé dans le régiment du Béarn lequel fut placé en 1756 sous le commandement du marquis de Montcalm.
Je ne sais pas du tout comment ce petit paysan du fin fond de la Haute Garonne eut connaissance de l’existence de ce régiment, comment il eut l’envie de partir à l’aventure loin de chez lui sans grand espoir de revenir. Peut-être fut il enrôlé de force ; peut-être suivit-il des amis en quête d’aventure.
C’est toute une thématique à approfondir. Et de nouvelles recherches à entreprendre pour en savoir plus.
(Si d’ailleurs vous avez des ancêtres qui sont partis à cette époque au Canada je serai intéressée d’en savoir plus sur leurs parcours ).
Toujours est-il que manifestement Jean a quitté Brest le 3 mai 1755 à bord de l’Ôpiniâtre ou du Léopard et est arrivé fin juin à Québec en Nouvelle France
Un an plus tard il contribua avec ses camarades à la victoire au fort Oswego. En 1758, année de son mariage, il participe à la défense du fort Carillon et, en 1759, il sera présent lors du siège de Québec. Montcalm mourut lors de cette bataille et peu après le Québec. Peu après, la garnison de Québec capitula et l'année suivante, Montréal tombait à son tour. Le Canada devint alors anglais.
Que devint Jean Pujol ? Je n’ai pour l’instant aucun renseignement sur lui après 1759. Il semblerait qu’il soit rentré e France au décès de sa femme mais je n’ai fais encore aucune recherche à ce sujet.
Les parents de sa femme, Anne Marie Barthe, sont français eux aussi. Son père Théophile Barthe est né à Tarbes vers 1695 et était armurier de Louis XIV. IL a épouse le 18 mars 1721 à Montréal Marguerite Charlotte Alavoine née le 5 juin 1693 à La Rochelle ; elle mourra le 27 avril 1778 à Montréal. Elle est dite « pionnière » et « fille à marier ».
Pour information
L'uniforme des soldats du régiment de Béarn qui servent en Nouvelle-France est caractérisé par un justaucorps de couleur blanc-gris avec les revers de manches bleus ornés de trois boutons et de poches verticales à six boutons. La veste est bleue tandis que la culotte, de la même couleur que le justaucorps, se porte avec des bas blancs ou gris et des souliers noirs à boucles métalliques. Des guêtres blanches recouvrent les bas et la culotte et se boutonnent verticalement à l'aide d'une rangée de boutons placés du côté extérieur de même qu'elles s'attachent sous le genou à l'aide d'une courroie de cuir noir. Le tricorne est quant à lui de feutre noir et possède un galon argenté33.
Projet Montcalm
http://www.sgcf.com/index.php?section=activites&page=projet_montcalm
Le projet Montcalm pourra peut-être m’aider à en savoir plus ; il s’agit d’un vaste projet de recherche portant sur les soldats des troupes françaises qui ont combattu en Amérique entre 1755 et 1760. Les objectifs du projet sont de constituer une base de données exhaustive sur quelque 7 100 soldats et officiers envoyés en Amérique au cours des années précédant la Conquête.
A COMME AVANT TOUTE CHOSE ...
L’année dernière j’ai participé au ChallengeAZ sans thématique particulière mais cette année j’ai envie d’essayer de travailler sur ma ville d’adoption : Frouzins en Haute Garonne.
Depuis plusieurs mois j’essaye d’en connaître plus sur l’histoire de cette petite ville très attachante à bien des égards et je découvre des choses assez étonnantes tant sur les villageois que sur le village lui-même. J’ai donc de multiples notes que j’ai prises tout au long de mes recherches. Je n’ai pas terminé mais je pense que l’on n’a jamais terminé ce type de recherche ; chaque élément nouveau amène de nouvelles questions et de nouvelles pistes et rebelote on repart pour de nouvelles aventures.
Je vais donc essayer de me tenir à cette thématique en sachant qu’à ce jour je n’ai pas encore trouvé de sujet pour certaines lettres mais je garde espoir !
A bientôt pour les prochains articles !