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Condition de vie des ouvriers - Les filatures du 19ème siècle - 2

23 Mars 2019 , Rédigé par srose

 

Extrait tiré du chapitre II du livre de Louis René Villermé (Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie)

Chap. II - Des ouvriers de l’industrie cotonnière dans le département du Haut-Rhin.

Progression fulgurante de l’industrie du coton en France

« C’est dans le Haut-Rhin, dans la Seine inférieure, et plus particulièrement dans la ville de Mulhouse, que l’industrie du coton a pris, en France, le plus grand développement ; elle a fait surtout des pas de géant dans le premier de ces départements. Dès l’année 1827, on y comptait 44 840 ouvriers employés dans les seuls ateliers de filature, de tissage et d’impression d’indiennes… Sept ans plus tard, en 1834, époque de prospérité et d’extension pour ces manufactures, on évaluait approximativement à 91 000 le nombre de leurs travailleurs… (un) quart de la population ».

Condition de vie des ouvriers - Les filatures du 19ème siècle - 2

Filature Hartmann à Munster

Durée du travail des ouvriers

« La durée journalière du travail varie… A Mulhouse, à Dornach… les tissages et les filatures mécaniques s’ouvrent généralement le matin à cinq heures, et se ferment le soir à huit, quelquefois à neuf. En hiver, l’entrée en est fréquemment retardée jusqu’au jour, mais les ouvriers n’y gagnent pas pour cela une minute. Ainsi leur journée est au moins de quinze heures. Sur ce temps, ils ont une demi-heure pour le déjeuner et une heure pour le dîner ; c’est là tout le repos qu’on leur accorde. Par conséquent, ils ne fournissent jamais moins de treize heures et demie de travail par jour ».

Conditions de travail et de logement

« La cherté des loyers ne permet pas à ceux des ouvriers en coton du département du Haut-Rhin, qui gagnent les plus faibles salaires ou qui ont les plus fortes charges, de se loger. Toujours auprès de leurs ateliers. Cela s’observe surtout à Mulhouse. Cette ville s’accroît très vite ; mais les manufactures se développant plus rapidement encore, elle ne peut recevoir tous ceux qu’attire sans cesse dans ses murs le besoin de travail. De là, la nécessité pour les plus pauvres, qui ne pourraient d’ailleurs payer les loyers au taux élevé où ils sont, d’aller se loger loin de la ville, à une lieue, une lieue et demie, ou même plus loin, et d’en faire par conséquent chaque jour deux ou trois, pour se rendre le matin à la manufacture, et rentrer le soir chez eux.

Ainsi à la fatigue d’une journée déjà démesurément longue, puisqu’elle est au moins de quinze heures, vient se joindre pour ces malheureux, celle de ces allées et retours si fréquents, si pénibles. Il en résulte que le soir ils arrivent chez eux accablés par le besoin de dormir, et que le lendemain ils en sortent avant d’être complètement reposés, pour se trouver dans l’atelier à l’heure de l’ouverture.

On conçoit que pour éviter de parcourir deux fois chaque jour un chemin aussi long, ils s’entassent, si l’on peut parler ainsi, dans des chambres ou petites pièces, malsaines, mais situées à proximité de leur lieu de travail. J’ai vu à Mulhouse…de ces misérables logements où deux familles couchaient chacune dans un coin, sur de la paille jetée sur le carreau et retenue par deux planches. Des lambeaux de couverture et souvent une espèce de matelas de plumes d’une saleté dégoûtante, voilà tout ce qui leur recouvrait cette paille.

Du reste, un mauvais et unique grabat pour toute la famille, un petit poêle qui sert à la cuisine comme au chauffage, une caisse ou grande boîte qui sert d’armoire, une table, deux ou trois chaises, un banc, quelques poteries, composent communément tout le mobilier qui garnit la chambre des ouvriers.

Cette chambre que je suppose à feu et de 10 à 12 pieds en tous sens, coûte ordinairement à chaque ménage, qui veut en avoir une entière, dans Mulhouse ou à proximité de Mulhouse, de 6 à 8 F. et même 9 F par mois. »

Conséquences de la misère sur la mortalité

« Et cette misère, dans laquelle vivent les derniers ouvriers de l’industrie du coton, est si profonde qu’elle produit ce triste résultat, que tandis que dans les familles de fabricants, négociants, drapiers, directeurs d’usines, la moitié des enfants atteint la 29è année, cette même moitié cesse d’exister avant l’âge de deux ans accomplis dans les familles de tisserands et d’ouvriers des filatures de coton ».

 

Condition de vie des ouvriers - Les filatures du 19ème siècle - 2

Filature Schlumberger et Herzog

Migration de travail

« Il ne faut pas croire cependant que l’industrie du coton fasse tous ces pauvres. Non ; mais elle les appelle et les rassemble des autres pays. Ceux qui n’ont plus de moyens d’existence chez eux, qui en sont chassés, qui n’y ont plus droit aux secours des paroisses (entre autres beaucoup de Suisses, de Badois, d’habitants de la Lorraine allemande), se rendent par familles entières à Mulhouse, à Thann et dans les villes manufacturières voisines, attirés qu’ils y sont d’avoir de l’ouvrage. Ils se logent le moins loin qu’ils peuvent des lieux où ils en trouvent, et d’abord dans des greniers, des celliers, des hangars, etc., en attendant qu’ils puissent se procurer des logements plus commodes.

J’ai vu sur les chemins, pendant le peu de temps que j’ai passé en Alsace, de ces familles qui venaient de l’Allemagne, et traînaient avec elles beaucoup de petits enfants. Leur tranquillité, leur circonspection, leur manière de se présenter, contrastaient avec l’effronterie et l’insolence de nos vagabonds. Tout en eux paraissait rendre l’infortune respectable : ils ne mendiaient pas, ils sollicitaient seulement de l’ouvrage ».

Les enfants

« Les enfants employés dans les manufactures de coton de l’Alsace, y étant admis dès l’âge où ils peuvent commencer à peine à recevoir les bienfaits de l’instruction primaire, doivent presque toujours en rester privés. Quelques fabricants cependant ont établi chez eux des écoles où ils font passer, chaque jour et les uns après les autres, les plus jeunes ouvriers. Mais ceux-ci n’en profitent que difficilement, presque toutes leurs facultés physiques et intellectuelles étant absorbées dans l’atelier. Le plus grand avantage qu’ils retirent de l’école est peut-être de se reposer de leur travail pendant une heure ou deux ».

Alimentation des ouvriers

« Sous le rapport de la nourriture, comme sous d’autres rapports, les ouvriers en coton peuvent se diviser en plusieurs classes.

Pour les plus pauvres, tels que ceux des filatures, des tissages, et quelques manœuvres, la nourriture se compose communément de pommes de terre, qui en font la base, de soupes maigres, d’un peu de mauvais laitage, de mauvaises pâtes et de pain. Ce dernier est heureusement d’assez bonne qualité. Ils ne mangent de la viande et ne boivent du vin que le jour ou le lendemain de la paie, c’est-à-dire deux fois par mois.

Ceux qui ont une position moins mauvaise, ou qui, n’ayant aucune charge, gagnent par jour 20 à 35 sous, ajoutent à ce régime des légumes et parfois un peu de viande.

Ceux dont le salaire journalier est au moins de 2 F. et qui n’ont également aucune charge, mangent presque tous les jours de la viande avec des légumes ; beaucoup d’entre eux, surtout les femmes, déjeunent avec du café au lait.

La seule nourriture d’une pauvre famille d’ouvriers composée de six personnes, le mari, la femme et 4 enfants, lui coûte 33 à 34 sous par jour. La dépense moyenne, jugée strictement indispensable à leur entretien complet, serait, d’après mes renseignements : - à Mulhouse : 2F. 63 par jour, 959 F. par an ».

Condition de vie des ouvriers - Les filatures du 19ème siècle - 2

 

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Condition de vie des ouvriers : niveau de vie - 1

17 Mars 2019 , Rédigé par srose

Conditions de vie des ouvriers : niveau de vie

Il est difficile d’établir des statistiques sur le niveau de vie des ouvriers aux 18 et 19ème siècle ne serait-ce que parce que l’époque ignorait justement les statistiques. Les documents sur lesquels il serait possible de se baser de façon à avoir au moins une idée du niveau de vie avant le 20ème siècle sont trop incomplets pour permettre une analyse fine ou tout simplement cohérente (durée journalière de travail, durée globale de travail qui va dépendre des saisons, des régions et des activités, type de rémunération [le plus souvent à la tâche, ce qui complique les choses]).  

Par ailleurs il faut bien avoir à l’esprit que les ouvriers et artisans exercent généralement plusieurs métiers. Ainsi beaucoup de paysans des régions du Nord (Flandres, Artois, Hainaut, Picardie …) participent au printemps et en été au travail dans les briqueteries ou sur les chantiers du bâtiment.

Les artisans des vallées du massif central, du Jura, des Pyrénées,  ou des Alpes partent quant à eux loin de chez eux lors de leur migration saisonnière proposant leur bras pour travailler dès qu’un chantier se présente  en tant que scieur de long, maçon, peigneur de chanvre, chiffonnier 

Ainsi l’historien Abel Poitrineau (1924-2013) raconte que « à la Toussaint, les scieurs de long partent en troupe constituée (de leur village de l’Auvergne)  portant dans leur sac quelques vêtements de rechange et sur leur dos leur matériel. Nourris par leur maître, ils consomment surtout du pain de seigle dont ils absorbent des quantités étonnantes et de la soupe épaisse additionné de lard ».

 

Condition de vie des ouvriers : niveau de vie 1

Scieurs de long

La pluri activité est une nécessité liée soit à la saisonnalité marquée de certaines activités soit à la nécessité d’un complément de salaire.

Par ailleurs les documents que l’on peut trouver restent factuels et localisés ; les recoupements sont donc difficiles à faire voire impossible. Etablir sur ces données des généralités est mission impossible.  Mais il reste possible de dégager des tendances qui nous permettent d’avoir une idée approximative certes mais cohérente sur les conditions de vie des ouvriers au 19ème siècle au moins.

Enfin faire une comparaison des prix et salaires de l’époque avec nos euros n’a pas grand sens eu égard aux différences de mode de vie.

Les données qui vont aider à se faire une idée des conditions de vie, à dégager des tendances quant au niveau de vie de nos ancêtres seront notamment celles se rapportant aux gains et aux dépenses d’une catégorie professionnelle ainsi que les commentaires de contemporains sur leur époque.

 

Commentaires et études statistiques sur le niveau de vie des ouvriers

Vauban dans son « Projet de dîme royal » commencé en 1697 et achevé en 1706 décrit le budget et les conditions de vie de la famille d’un manouvrier rural « n’ayant que ses bras ou fort peu de choses au-delà travaillant à la journée ou par entreprise pour qui veut l’employer. Vauban considère qu’un manouvrier travaille 180 jours ouvrables par an, à 9 sols la journée. « C’est beaucoup car il est certain qu’excepté le temps de la moisson et des vendanges, la plupart ne gagnent pas plus de 8 sols par jour l’un portant l’autre. ». Vauban arrondit le salaire à 90 livres par an. De cette somme il faut déduire 6 livres de taille et de capitation, et 8 livres et 16 sols de gabelle soit 14 livres et 16 sols d’impôt.

 

Condition de vie des ouvriers : niveau de vie 1

Si la famille est composée de 4 personnes dont deux enfants, la consommation annuelle de blé est de 10 setiers  soit environ 800 grammes par jour et par tête. Ce blé étant estimé à 6 livres le setier, la dépense annuelle en céréales est de 60 livres tournois e période de prix modérés soit les 2/3 du revenu annuel.

Il ne reste que 15 livres et 4 sols « sur quoy il faut que ce manouvrier paye le louage ou les réparations de sa maison, l’achat de quelques meubles, quand ce ne serait que de quelques écuelles de terre ; des habits et du linge, et qu’il fournisse à tous les besoins de sa famille pendant une année ». Et de conclure : « ces 15 livres et 4 sols ne le mèneront pas fort loin à moins que son commerce ou quelque commerce particulier ne remplisse les vides du temps  qu’il ne travaillera pas et que sa femme ne contribue de quelque chose à la dépense par le travail de sa quenouille, par la couture, par le tricotage de quelque paire de bas ou par la façon d’un peu de dentelle selon le pays ; par la culture aussi d’un petit jardin ; par la nourriture de quelques volailles et peut être d’une vache, d’un cochon, ou d’une chèvre pour les plus accomodés qui donneront un peu de lait ; au moyen de quoi il puisse acheter quelque morceau de lard et un peu de beurre ou d’huile pour se faire du potage. Et si on n’y ajoute la culture de quelque petite pièce de terre il sera difficile qu’il puisse subsister ou du moins il sera réduit lui et sa famille à faire une très misérable chère. Et si au lieu de deux enfants il en a quatre ce sera encore pis jusqu’à ce qu’ils soient en âge de gagner leur vie. Ainsi de quelque façon qu’on prenne la chose, il est certain qu’il aura toujours bien de la peine à attraper le bout de son année ».

 

Lavoisier dans « De la richesse territoriale du royaume de France »  écrit en 1789 : « j’ai conclu après de longs calcul et d’après de longs renseignements qui m’ont été fournis par les curés de campagne que dans des familles les plus indigentes chaque individu n’avait que 60 à 70 livres à dépenser par an, homme femme et enfants de tous âge ; et que les familles ne vivent que de pain et de laitage qui sont propriétaires d’une vache que les enfants mènent paitre à la corde le long des chemins et des hairs dépensaient même encore moins »

 Noiret au début du 19ème siècle écrit : « Avec toute l’économie possible, un homme qui travaille ne peut vivre avec une dépense moindre d’un franc par jour, ce qui fait 7 francs par semaine. Il faut en outre qu’il pourvoie à tous les besoins de sa personne, de sa famille et de sa maison et qu’il s’acquitte des dettes qu’il a pu faire pendant la stagnation du commerce ».

Louis-René Villermé, né à Paris en 1782, chirurgien dans les armées napoléoniennes, se consacre à partir de 1818, à l’étude des questions soulevées par les inégalités sociales.  En tant que membre de l’académie des Sciences morales, il est chargé avec un collègue de réaliser une étude sur l’état physique et moral de la classe ouvrière. Son rapport, de plus de neuf-cent pages, intitulé Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, date de 1840 et concerne les ouvriers de l’industrie textile.

Dans cet ouvrage, Villermé dénonce entre autre chose le travail des enfants mais reste très conservateur quand il s’agit d’expliquer les raisons de la paupérisation et des mauvais rendements des ouvriers adultes. Il les accuse en effet d’être portés sur l’alcool, de dilapider leurs salaires, de porter de trop beaux habits les dimanches et jours de fête, d’avoir des mœurs dépravées et de s’éloigner de l’ordre moral.

 

Condition de vie des ouvriers : niveau de vie 1

Villermé

 

Dans son étude, il a estimé une moyenne de dépenses pour une famille ouvrière :

Dépenses homme                                                      femme plus de 16 ans

nourriture = 339.45 f                                                 215.35 f

blanchissage 14.04 f                                                   18.20 f

vêtement 59.30 f                                                        49.70 f

loyer éclairage 47.90 f                                               32.60 f

divers soins savon tabac barbe 9.60 f                    7.25 f

total = 479.39 f                                                            323.10 f

ménage sans enfant = 760.89 f

ménage avec un enafnt à la mamelle = 878.89 f

ménage avec un enfant 6 ans = 925.54 f

ménage avec un enfant de 6 ans et un en bas âge = 1043.54 f

 

Les données qu’il a travaillées lui permettent de dégager un budget moyen pour une famille ouvrière ordinaire, gagnant un salaire ordinaire :

 « En supposant une famille dont le père, la mère et un enfant de 10 à 12 ans reçoivent des salaires ordinaires, cette famille pourra réunir dans l'année, si la maladie de quelqu'un de ses membres ou un manque d'ouvrage ne vient pas diminuer ses profits, savoir :

  •  le père, à raison de 30 sous par journée de travail : 450 francs ;
  • la mère, à raison de 20 sous par journée de travail : 300 francs ;
  • un enfant, à raison de 11 sous par journée de travail : 165 francs ;

En tout : 915 francs.

Voyons maintenant quelles sont les dépenses. Si elle occupe seule un cabinet, une sorte de grenier, une cave, une petite chambre, son loyer, qui s'exige par mois ou par semaine, lui coûte ordinairement dans la ville, depuis 40 francs jusqu'à 80. Prenons la moyenne : 60 francs. Sa nourriture environ :

14 sous par jour pour le mari : 255 ;

12 sous par jour pour la femme : 219 ;

9 sous par jour pour l'enfant : 164 ;

En tout : 638 francs.

Mais comme il y a très communément plusieurs enfants en bas âge, disons 738 francs. C'est donc pour la nourriture et le logement : 798 francs. Il reste par conséquent, pour l'entretien du mobilier, du linge, des habits, et pour le blanchissage, le feu, la lumière, les ustensiles de la profession, etc., une somme de 117 francs...."

 "En général un homme gagne assez pour faire des épargnes; mais c’est à peine si la femme est suffisamment rétribuée pour subsister et si l’enfant au-dessous de douze ans gagne sa nourriture.

Quant aux ouvriers en ménage dont l’unique ressource est également dans le prix de leur main d’œuvre, beaucoup d’entre eux sont dans l’impossibilité de faire des économies, même en recevant de bonnes journées. Il faut admettre au surplus que la famille dont la femme est peu rétribuée ne subsiste qu’avec ses seuls gains qu’autant que le mari et la femme se portent bien, sont employés pendant toute l’année, n’ont aucun vice et ne supportent d’autre charge que celle de deux enfants en bas âge.

Supposez un troisième enfant, un chômage, une maladie, le manque d’économie ou seulement une occasion fortuite d’intempérance [manque de sobriété, boisson] et cette famille se trouve dans la plus grande gêne, dans une misère affreuse, il faut venir à son secours…

La proportion d’ouvriers qui ne gagnent pas le strict nécessaire ou ce qu’on regarde comme tel, varie suivant les industries, leur état de prospérité et suivant les localités. Un filateur de Rouen… a trouvé en 1831, époque d’une crise marquée par l’abaissement des salaires, que le 61 % de ses ouvriers employés alors dans sa filature de coton ne gagnaient pas, chacun en particulier le strict nécessaire

 

Niveau des prix et pouvoir d'achat

L’économiste Jean Fourastié (1907-1990) va quant à lui mettre au point la méthode des prix réels pour « étudier l’évolution des prix dans le temps sans être gêné par la diversité des monnaies ni par les variations de leur valeur ».

Dans son livre, D’une France à une autre (1987) Jean Fourastié écrit : « En période traditionnelle, le quintal de blé revenait, en moyenne, à 200 salaires horaires de manœuvre : maintenant, il en vaut 3 à 4. […] Pour affirmer, comme nous venons de le faire, que le prix du blé a baissé, il faut s’affranchir des fluctuations de la monnaie. Que signifient en effet les prix de 30 F le quintal en 1830, 36,80 fr en 1959 et 127 F en 1985 ? […] À toutes les méthodes courantes de déflation, nous avons préféré, depuis près de quarante ans, la méthode des prix réels qui ont l’avantage d’être liés au prix de revient en heures de travail humain".

La formule de calcul est la suivante :

Le prix réel d’un bien =prix monétaire de ce bien/salaire horaire du manœuvre

Le prix réel est ainsi exprimé en temps de travail nécessaire pour acquérir ce bien. Cette méthode permet d’analyser le pouvoir d’achat d’un individu. Or jusque dans la seconde moitié du 19ème siècle c’est le pouvoir d’achat en blé qui est l’élément déterminant du niveau de vie des individus.

Exemple : 1 kilo de pain vaut en 1701 3 salaire horaire soit 3h pour l’acheter. Par comparaison, en 1913 il vaut 1,22 salaire horaire (un manoeuvre devait donc travailler une heure et quart pour acheter sa boule quotidienne) ; tandis que vingt-sept minutes suffisent en 1981. 

Revenons à notre manœuvre de 1701 : s’il a une famille à nourrir, et sachant qu’il ne peut pas acheter plus de 2 ou 3 kg de pain par jour (1kg = 3h de travail), cela veut dire qu’il était à la limite de la misère voire même totalement miséreux ; tout son salaire part dans le pain et manifestement il n’en aura pas assez s’il a trop de bouches à nourrir …

 

Pour Jean Fourastié à partir de 200 salaires horaires (pour le prix d’un quintal de blé) la situation alimentaire devient précaire et au-delà de 250, tout le salaire du manœuvre part dans le seul achat du pain ; c’est la famine.

or, en 1701, on est à 300 salaires horaires

en 1709, à 566.1 salaires horaires

en 1710 à 406.2  salaires horaires

en 1714 à 325.7 salaires horaires

 

Quelques idées de salaire au 19ème siècle (tiré de Nos ancêtres - Vie et métiers n°23)

un boulanger à Marcq en Baroeul (59) en 1829 = 1.25 f

un charretier à Marcq en Baroeul (59) en 1829 = 1.50 f

un maréchal ferrant à Marcq en Baroeul (59) en 1829 =  1.50 f

un cordonnier à Marcq en Baroeul (59) en 1829 = 1.25f

un domestique  agricole à Ennevelin (59) = 160 f en 1859

un tisserand à haubourdin 2 f en 1841

un forgeron entre 195 et 244f par an à Pont a Marcq (59) en 1859

Au Creusot un mineur gagne 2f en 1840

 

Sources

Les salaires et la condition ouvrière en France à l’aube du machinisme 1815-1830 de Paul Paillat

Où est l’erreur ? les budgets ouvriers au 19ème siècle selon Villermé de Gérard Jorland

http://www.histoirepassion.eu/?Evolution-des-prix-du-15eme-au-19eme-siecle-Panier-de-la-menagere-services

 

Productivité et richesse des nations de Fourastié

Convertisseur francs/euros 

Thema - Histoire et généalogie –la valeur des biens niveau de vie et de fortune de nos ancêtres de Thierry Sabot

La situation sociale de l'ouvrier lillois du textile autour de 1840 de Alphonse Marius Gossez 

 

 

 

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Manuels de vulgarisation thérapeutique

12 Mai 2018 , Rédigé par srose

 

Afin de lutter contre la maladie de façon efficace, sans superstition, sorcellerie ni coût dispendieux, apparaissent à partir du 16ème siècle des manuels de vulgarisation de médecine à destination des pauvres.

 

Entendons-nous bien :  le pauvre  à cette époque ne sait pas lire. En fait ce type d’ouvrage est d'abord destiné à ceux qui s’occupent du soin des pauvres ; Il n'y a pas au 16ème siècle de médecin de campagne, tout au plus des chirurgiens de campagne qui vivent et exercent essentiellement dans de gros bourgs. Ce sont donc des dames dévotes et charitables, des religieuses hospitalières, des curés … qui vont soigner de leur mieux les nécessiteux de leur paroisse.

Aussi les ouvrages en questions étaient d'une aide  inestimable pour ces personnes.

Madame Fouquet par exemple, mère du surintendant Nicolas Fouquet, préparait des remèdes qu'elle distribuait aux pauvres. C'est ainsi qu'elle rédigea une compilation de ces recettes : Les remèdes domestiques qui fut publié en 1675. Son fils Louis, évêque d'Agde, l'envoya à tous les curés du diocèse en les priant d’organiser des assemblées pour en faire prendre connaissance à leurs paroissiens.

Manuels de vulgarisation thérapeutique

« La santé du corps est assurément le plus grand de tous les biens créés puisque sans elle la possession des honneurs, des richesses et satisfactions les plus légitimes est toujours imparfaite et souvent ennuyeuse » nous explique Mme Fouquet.

Les remèdes et les simples permettent de conserver la santé, elle en est certaine mais « il y a quatre choses qui d’ordinaire font rebuter les remèdes dans les maladies tant interne qu’externe [….] la cherté, la difficulté de les préparer, l’aversion pour leur usage, et l’incertitude de leurs effets ».

Le docteur Delescure qui rédigea la préface de l'ouvrage de Mme Fouquet précise que cet ouvrage est destiné à simplifier la tâche de ceux qui ont besoin de préserver ou recouvrer leur santé en les protégeant des charlatans : « Pour moy qui suis ennemy juré de tous ceux qui font profession de débiter des secrets et qui en cachent l’intelligence ».

Et de vanter les remèdes de ce recueil de recettes : « Combien de personne de tout sexe et de tout âge qui pour être dans une pauvreté connue ou dans une honteuse indigence ne sont pas moins l’image de Dieu, que les plus riches, et à qui la vie n’est pas moins chère qu’aux plus opulents, l’ont heureusement conservée par le prudent usage de ces inestimables recettes. Combien de tête galeuse et chargées de teignes en ont été tout à fait nettoyées. Combien de visage enlaidis et rendus difformes par l’opiniâtreté des dartres ont recouvré leur premier éclat par l’application de ces rares onguents, combien de parties du corps à demy grillées par la violence d’un feu inopiné ont perdu dans peu d’heures par le moyen de ces incomparables baumes, l’impression douloureuse causée en elle par l’activité surprenante de cet impitoyable élément ? combien de bras et de jambes à demy pourris et gangrénés par la sanie des playes, le pus des tumeurs, et l’ordure maligne des ucères rongents à la guérison desquelles la plus fine chirurgie s’est trouvée courte ont été consolidez par l’énergie de ces merveilleux emplâtres… »  

Manuels de vulgarisation thérapeutique

Récolte de la sauge

Ces ouvrages de vulgarisation se développeront jusqu’au 19ème siècle : ils sont simples, pragmatiques, écrits en français  et non en latin et basés sur un savoir populaire, empirique et peu coûteux. Car l’idée (nous l'avons vu avec Mme Fouquet) est en effet de concocter rapidement  des remèdes avec les produits locaux dans la mesure du possible sans passer par des plantes exotiques et couteuses et sans passer par l’apothicaire qui bien souvent est en ville et donc loin et cher. Malgré tout, on retrouvera dans ces manuels quelques recettes imaginatives, complexes et demandant des ingrédients que l’on ne trouve pas partout …

 

Qui sont les auteurs de ces manuels ? Arnaud de Villeneuve par exemple est un médecin galiéniste connu pour ses oeuvres scientifiques et médicales, éditées jusqu'à la fin du seizième siècle, notamment le Trésor des pauvres dont la version imprimée date de 1504 et dont s’inspireront de nombreux manuels de vulgarisation  de médecine après lui.

Manuels de vulgarisation thérapeutique

 

Attention, ces manuels se basent comme toute la médecine de l’Ancien Régime, sur les théories des symboles, les humeurs,….

Manuels de vulgarisation thérapeutique

Dans le "Breviarium Practicae", Arnaud de Villeneuve explique par exemple que la douleur dentaire provient parfois du vice du cerveau à cause des humeurs froides qui descendent de la tête jusqu'au nerfs dentaires et produisent une douleur sourde avec une lourdeur de la tête, inflammation et pâleur du visage. Quand ces humeurs sont chaudes, la douleur est aigüe et pulsatile, avec une rougeur du visage.

Manuels de vulgarisation thérapeutique

 

Bref, voici quelques titres : Les erreurs populaires au fait de la médecine et régime de santé du chancelier Laurent Joubert en 1578, le Livre des secrets touchant la médecine d’Anne Marie d’Auvergne en 1768,  La médecine et la chirurgie des pauvres de Dom Nicolas Alexandre en 1714, La médecine, la chirurgie et la pharmacie des pauvres de Philippe Hecquet édité en 1740,  Les remèdes domestiques de Mme Fouquet en 1675, Le médecin des pauvres de Paul Dubé en 1669( Si un païen comme Gallien se souciait des pauvres, écrit-il, c'est un devoir bien plus grand pour nous Chrétiens de nous pencher sur le sort des malheureux) 

 

 

Exemple de recettes et remèdes tirés de ces ouvrages

- La fleur du  myrthe  est séchée et utilisée contre les piqûres d’insectes et les catarrhes.

 

- La menthe aide à lutter contre l’engourdissement et le sommeil, aiguise l’appétit aide les facultés intellectuelles, ; elle est utilisée comme expectorant contre les quintes de toux et l’asthme.

Elle est utilisée comme stomachique pour ses propriétés cordiales toniques antiseptiques de l’estomac :

 « faites cuire de la menthe pouliot dans du vin, buvez cette décoction et ayant trempé une éponge dans icelle étant chaude, appliquez la sur l’estomac »

 

- « Les coquilles de limaçons réduites en poudre sont fort diurétiques … les écrevisses de rivière lavées et dégorgées dans l’eau chaude puis concassées font un bouillon adoucissant diurétique … les grenouilles en font un excelle nt remède contre la phtisie »

 

 - « mettez dessus (sur bubon de peste) un crapaud désséché dans un pot luté mis au four. Il attirera le venin et devie ndra enflé , entterez le et appliquez un autre et continuez ainsi de suite »

 

- « pour la colique prenez de la fiente de cheval récente , jetez dessus un verre de vin blanc ; ensuite vous le passerez par un lingé fin, vous y ajouterez une drachme et demie d’anis vert pulvérisé et un peu de sucre. Il faudra réitérer cette dose seux ou trois fois »

 

- Contre la peste il est conseillé aux individus sains  de boire le matin à jeun leur propre urine de telle manière que ce concentré de leur organisme qui n’a pas conçu la maladie dont l’entourage est atteint, constitue un antidote

 

- La pierre d’aigle pendue au cou ou à la cuisse de la femme enciente permet d’obtenir un bon accouchement

 

- La pierre de jade calme les coliques

 

- Le jaspe rouge arrête les hémorragies

 

- Pour les hémorroïdes il faut boire un vin « lequel est fait de cinamone (cannelle), réglisse gingembre, girofle, calament, myrthe, mastic et balsamite. »

 

- Contre le flux de ventre , « prendre 2 drachmes de rasure de cornes de cerf, 3 livres d’eau commune, 3 onces de sucre fin, 2 onces de eau de rose, 1 once de suc de grenades aigres, 1 drachme de santal pulvérisé ; faites infuser sur les cendres chaudes dans les 3 livres d’eau commune la corne de cerf pendant 6 heures ; ensuite faites bouillir cela à feu lent jusqu’à ce que les deux tiers soient presque consumées ; coulez le at ajoutez y le reste des drogues ; faites encore bouillir le tout à feu lent pendant un quart d’ehure ; après laissez le refroidi et mettez cette liqueur dans des conserves de verre où il se réduira en gelée et donnez au malade de temps en temps deux cuillères de cette gelée »

 

- « le meilleur cordial qui coûte le moins pour les pauvres est le vin puisqu’il n’y a rien qui sépare sitôt la chaleur et les esprits que cette liqueur . Pour rendre le vin plus effectif vous y pourrez faire infiser la racine d’angélique, l’écorce d’orange et de ctron et les feuiles de mélisse avac un epu de cannelle pour en user par cuillerées »

 

- L’huile d’olive est connue pour ses propriétés laxatives, cholagogues, elle apparait dans les manuels comme remèdes des insuffisances hépatiques et de l’élimination des calculs ; les feuilles de l'olivier sont conseillées en fébrifuges toniques et hypotentives

 

La thériaque

Le remède par excellence qui peut tout soigner dont le principe fut défini dans l’antiquité et qui a traversé les siècles avec quelques variantes. Il semblerait que la première thériaque (antidote à tout poison et confectionné par le médecin du roi Mithridate au 1er siècle avant JC) contenait 64 composants dont l’ail, la colchique, le dictame, l’iris, l’encens, la poudre de vipère.

 

Manuels de vulgarisation thérapeutique

Sa composition est compliquée et on distingue la thériaque des riches et celle des pauvres ou thériaque diétessaron avec seulement 4 ingrédients : racines de gentiane ; racines d'aristoloche ; baies de laurier ; myrrhe et un peu de miel.

Cette thériaque « profite aux affections froides ; tant du cerveau comme l'épilepsie, paralysie, convulsion canine ; que du ventricule, comme à l'inflation et douleur qui en procède, à la costion tardive ; et aussi du foye, comme à l'hydropisie, cachexie, obstruction ; à la piqueure du scorpion et venin avalé. »

 

« Cette thériaque n'est pas à mépriser ; elle est fort propre dans les maladies contagieuses, dans les poisons et les morsures des bêtes venimeuses, contre l'apoplexie, les convulsions, toutes les maladies froides du cerveau, même contre les vers ; elle fortifie l'estomac et ouvre les obstructions de tous les viscères. On en peut user de même et en pareille dose que des autres thériaques".

  

Mme Fouquet nomme aussi thériaque des paysans l’extrait de genièvre : « contre tous les maux d’estomac comme aussi contre la peste et pour s’en préserver en temps de contagion l’extrait de genièvre est excellent pour cela ; en voici la préparation. Prenez la quantité que vous voudrez de graines ou baies de genièvre, pilez les bien dans un mortier de marbre, mettez les ensuite dans une poêle et versez y ensuite de l’eau bouillante de sorte qu’elle surnage sur cette matière. Faites bouillir cela pendant une demi heure entière , coulez le à travers de la toile neuve et en tirez l‘expression avec une presse ».

 

Mais la plus sophistiqué reste la thériaque de Venise ou thériaque de Paris ; en 1626 la recette contient 88 ingrédients dont l’aristoloche, l’encens, la cinamone ou cannelle et la poudre de vipère pour les contrepoisons, la centaurée, la gentiane, le marrube, pour les fébrifuges, l’anis, la rose, la sauge, la valériane, l’opium pour les antagiques, la balsamite en tant qu’antispasmodique, la cardanome pour ses effets diurétiques, la thérébentine en tant que tonique …

 

Ces ouvrages expliquent également les conditions de stockage, d'utilisation de ces remèdes, la provenance des différents ingrédients pour assurer la qualité des remèdes préconisés.

 

Certains de ces manuels insistent sur la situation des pauvres gens pour expliquer et tenter de prévenir les affections dont ils sont atteints le plus souvent ; ainsi Philippe Hecquet précise que les porteurs d’eau souffrent de rhumes, de bronchites et ont le dos « déplacé » ; les femmes qui exercent ce métier font plus souvent des fausses couches. Il ajoute que certains artisans requierent des soins particuliers : les serruries, armuriers, cloutiers, maréchaux, verriers, plâtriers, boulangers, porteur de chaise, brasseur, bâtelier, chandeliers, chaudronniers, postillons, …

 

Un autre médecin précise les causes des maladies des pauvres : la fatigue excessive, le manque de sommeil, les suées, le travail sous la pluie, la négligence alimentaire, le manque d’air à l’intérieur des maisons, l’insalubrité surtout à la campagne.

 

 Ces remèdes sont « découverts » en utilisant plusieurs théories héritées de l’Antiquité :

La théorie des contraires : il faut faire échec à la maladie en prenant des ingrédients plus forts qu’elle : des odeurs fortes comme l’oignon ou le tabac pour la léthargie ou l’évanouissement, des essences calmantes comme la marjolaine contre l’excitation des nerfs

 

La théorie des semblables ou des signatures : le mal soigné par son semblable disparaît (on se base ici sur l’analogie entre la forme, la couleur ou la consistance du remède et le mal du patient) : la bave d’escargot contre les mucosités, les enveloppements chauds contre la fièvre, le vinaigre contre les brûlures, des pétales de roses rouges pour les maladies du cœur ou les saignements, la gentiane jaune pour le foie, l’œuf contre la stérilité, le millepertuis cueilli en plein midi d’été contre les brûlures, …

 Manuels de vulgarisation thérapeutique

Certais remèdes semblent s’apparenter à un reste de magie ... magie que l’on va christianiser pour ne pas être « hors la loi" : ainsi l’ouvrage Le médecin des pauvres ou recueil de prières et d’oraisons précieuses datant de 1695) nous livre quelques prières assez ambigües :

 

Pour les brûlures : « par trois fois différentes vous soufflerez dessus en forme de croix et vous direz à st laurent : sur un brasier ardent, vous retourniez et n’étez pas souffrant. Faites comme moi la grâce que cette ardeur se passe ; feu de Dieu perd ta chaleur comme Judas perdit sa couleur quand pour sa passion juive il trahit Jésus au jardn des Olives et après avoir nommé la personnne vous ajouterez Dieu t’a guéri par sa puissance »

 

Une autre prière pour arrêter le sang de n’importe quelle blessure : « Dieu est né la nuit de Noel à minuit. Dieu est mort , dieu est ressuscité ; Dieu a commandé que le sanfg s’arrête , que ma plaie se ferme, que la douleur se passe et que ça n’entre ni en matière ni en senteur ni en chair pourrie comme ont fait les 5 plaies de notre seigneur Jésus Christ ».

 

A lire également

se soigner autrefois 1

se soigner autrefois 2

 

 

 Sources

La thériaque diatessaron ou thériaque des pauvres de Jean Flahaut

Les livrets de santé pour les pauvres aux XVIIe et XVIIIe siècles de Mireille Laget

http://scalpeletmatula.fr/epoques/moyen-age/

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57337v.image : le livre des remèdes de Mme Fouquet

Rabelais et Laurent Joubert de J. Boucher

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54036z.image Les erreurs populaires au fait de la médecine et régime de santé de Laurent Joubert

Ouvrage de Dame et succès de librairie : les remèdes de Madame Fouquet de Olivier Lafont

 

 

 

 

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L'accouchement ... avant

4 Mars 2018 , Rédigé par srose

  

   Porter un enfant demeure l'une des activités les plus dangereuses qu'une femme puisse entreprendre ; d'ailleurs un vieil adage dit "qu'être enceinte c'est mettre un pied dans la tombe"

  

En dépouillant les BMS de Frouzins, je me suis rendue compte qu'il y avait un nombre assez important de femmes qui mourrait en couche au 18 et 19ème siècle ou peu après la naissance. De même j'ai toujours été sidérée par le nombre d'enfants qu'une femme pouvait mettre au monde au cours de sa vie . Aussi je me suis demandée quelles étaient les conséquences pour elles, physiquement, à avoir toutes ces grossesses et le pourquoi du comment de ces morts en donnant la vie.

 

Et c'est là que je me suis dis que j'étais bien contente d'être née au 20ème siècle .... 

 

 

 

 

Les chiffres

D'après l'étude du Docteur Le Fort, réalisée dans les maternités parisiennes de 1860 à 1863, la mortalité maternelle était en moyenne de 3%, ce taux atteignant 9 % dans les maternités les plus mortifères.

 

De nos jours, une étude du Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) datant de 2006 précise que depuis une dizaine d'années, le taux de mortalité maternelle se stabilise entre 9 et 13 décès pour 100 000 naissances vivantes ce qui correspond en moyenne à 60 décès de femmes chaque année.

 

 

La « mort maternelle », de quoi parle t-on précisément ?

La mort maternelle est définie comme « le décès survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours à un an après la fin de la grossesse, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle ni fortuite ».

Le taux de mortalité se calcule de la façon suivante : TMM = m/nv

TMM = taux de mortalité maternelle

m= décès maternels sur une année

nv = naissances vivantes durant la même année

  

  

Les complications, mortels ou non, qu’encourent la jeune maman

La grossesse et l’accouchement sont le lieu de toutes les complications, aggravées par l’état général, le travail au champs ou à l’usine jusqu’au dernier moment, la méconnaissance des règles élémentaires d’hygiène, les grossesses à répétition … 

 Bref, je ne suis pas médecin, je ne vais donc pas vous faire une liste détaillée et exhaustive des risques, complications et séquelles de l’accouchement. Mais vous trouverez ci-après quelques éléments permettant de mieux appréhender le quotidien des femmes avant notre XXIème siècle somme toute très confortable ….

 

Les hémorragies qui demeurent aujourd’hui la 1ère  cause de mortalité maternelle (18 %) ont toujours été très difficiles à gérer en raison notamment des multiples causes possibles . Ces hémorragies sont souvent liées à un placenta praevia, des hématomes rétro placentaires ou des troubles de la coagulation. Cette complication de l’accouchement s’accroit en cas de multiparité, entre autre. 

Les maladies thrombo emboliques constituent aujourd’hui la deuxième cause de mortalité maternelle. Là aussi il était impossible d’anticiper et de traiter ce risque. Souvent, il s'agit d'accidents vasculaires cérébraux pas nécessairement provoqués directement par la grossesse mais apparaissant à la suite (un anévrysme qui va se rompre lors de l'accouchement par exemple). Ce risque est aggravé chez les multipares et lors des accouchements compliqués.

L’hypertension artérielle : Les patientes hypertendues présentent un risque de complication plus élevé lors de l'accouchement.

Les abolies amniotiques : C'est le passage de liquide amniotique dans le sang, une cause de décès fréquente et impossible à prévenir.

Et que dire des obstructions à l’accouchement ? Elles peuvent être causées par la morphologie de la mère (un pelvis trop étroit pour le passage de la tête du bébé), par une mauvaise position de l’enfant ou par des contractions utérines trop faibles. Des lésions squelettiques importantes liées à la tuberculose osseuse, le rachitisme, des séquelles de la poliomyélite, des cyphoscolioses graves, des luxations congénitales des hanches rendent les conditions mécaniques de l’accouchement impossibles ou à tout le moins très difficiles.

Sans une intervention médicale appropriée dans ces situations, la femme peut subir un accouchement de plusieurs jours et éventuellement mourir des suites d’une rupture de l’utérus.

Généralement le bébé est mort-né ou décède rapidement après sa naissance.

Au XVIII et XIXème siècle, l'accoucheur a conscience de l'existence des mauvaises présentations du bébé ou des cas de malformation du bassin des femmes rendant difficile voire impossible l’accouchement. 

L'accouchement ... avant

Pour pallier cette difficulté, des instruments facilitant l'extraction ont donc été inventés par les premiers obstétriciens.

 

Cependant, ni la femme ni l'enfant ne sont épargnés lors des accouchements difficiles. Les femmes subissaient de graves délabrements anatomiques (déchirures et autres lésions  périnéales, lésions du sphincter anal et/ou lésions de la muqueuse anale, déchirure du col, fistule obstétrique, lésion de la vessie, de l’urètre, fracture coccygienne  …) sans parler du traumatisme psychologique !

 

A noter que ces différentes séquelles existent aussi en cas d'accouchement sans instruments barbares !

 

Pieds de griffon - Ambroise Paré

 

L'accouchement ... avant

Autre type de pied de griffon - Ambroise Paré

 

Dans ces situations donc, le but n’est pas de sauver l’enfant mais la mère ; aussi des instruments tels que les pieds de griffon d'Ambroise Paré au 16ème siècle, le basiotrypse, le basiotribe , le céphalotribe, ou le cranioclaste aux 18 et 19ème siècle vont broyer le crâne du foetus afin de permettre l'accouchement, que le bébé soit mort ou vivant.

 

Basiotribe

 

Randi Hutter Epstein écrit dans «Sortez-moi de là: histoire de l’accouchement du jardin d’Éden aux banques de sperme» :

 «Avant les forceps, les bébés coincés dans le canal génital en étaient tirés par le médecin, souvent en plusieurs morceaux. Parfois les sages-femmes brisaient le crâne, tuant le bébé mais épargnant la mère. Parfois les médecins cassaient l’os pubien, ce qui souvent tuait la mère mais épargnait le bébé. Les médecins disposaient d’un arsenal complet d’épouvantables gadgets pour accrocher, poignarder et découper un bébé difficile à mettre au monde. Beaucoup de ces gadgets avaient une ressemblance troublante avec des instruments de torture médiévaux».

 

Catherine de Médicis en fit les frais puisqu'en 1556 l'accouchement des jumelles qu'elle portait étant impossible, on fut obligé de découper in utero l'une d'elle, Jeanne, pour que sa sœur Victoire survive.

 

L'accouchement ... avant

Couteau pour découper in utero - Ambroise Paré

 

Une autre méthode, moins "barbare" (encore que ...) , pouvait permettre de sauver l'enfant et la mère lorsque l'accouchement s'avérait très compliqué voire impossible là aussi. Il s'agit d'une méthode manuelle, donc sans instruments appelée "version podalique" qui consiste à saisir les pieds, à faire éventuellement tourner l'enfant et à le sortir par les fesses. Cette version podalique sur enfant vivant a été décrite pour la première fois en 1573 par Ambroise Paré (mais elle existait déjà depuis longtemps au moins sur enfant mort).

 

Puis vint le forceps, instrument destiné à sortir l'enfant du ventre de sa mère sans le mutiler, en principe. Le premier inventeur du forceps « moderne » est un français huguenot, Pierre Chamberlen (1560-1631). Mais malgré l'évidente amélioration que le forceps représente, ces instruments abiment encore les femmes et sont très traumatisantes pour les bébés.

Progressivement, la forme des forceps et la manière de les utiliser évoluent. Lors du XIXème siècle, l'utilisation des forceps reste toutefois trop fréquente même dans des situations qui ne le nécessitaient pas

 

Forceps de Chamberlen

 

Tous les instruments du monde ne sont toutefois pas toujours suffisants :

Témoignage du Dr Moriceau : « : « Le 19 août 1670, j'ai vu une petite femme de 38 ans, qui avait le passage tellement étroit et les os qui le fermaient si serrés et proches l'un de l'autre et l'os du croupion si recourbé en dedans, qu'il me fut impossible d'y introduire une main pour l'accoucher.

Il survint aussitôt un médecin anglais, nommé Chamberlen (petit neveu de Pierre Chamberlen), qui était alors à Paris et qui, de père en fils, faisait une profession ordinaire des accouchements en Angleterre, dans la ville de Londres, où il a acquis depuis ce temps-là le suprême degré de réputation. Il était venu à Paris dans l'espérance d'y faire fortune, faisant courir le bruit qu'il avait un secret tout particulier pour les accouchements de cette nature. Ce médecin, voyant cette femme et ayant appris que je n'avais pas trouvé aucune possibilité de l'accoucher, témoigna être étonné de ce que je n'en avais pas pu venir à bout, moi, qu'il disait et assurait être le plus habile homme de cette profession qui fût à Paris; nonobstant quoi, il promit d'abord de l'accoucher très assurément en moins d'un demi quart d'heure, quelque difficulté qu'il pût y trouver. Il se mit aussitôt en besogne et au lieu d'un demi quart d'heure, il travailla durant plus de trois heures entières sans discontinuer que pour reprendre haleine. Mais ayant épuisé inutilement toutes ses forces aussi bien que toute son industrie, et voyant que la pauvre femme était près d'expirer entre ses mains, il fut contraint d'y renoncer et d'avouer qu'il n'était pas possible d'en venir à bout. Cette pauvre femme mourut avec son enfant dans le ventre, vingt-quatre heures après les extrêmes violences qui lui avaient été faites ».

 

Il faudra attendre le milieu du XXème siècle pour permettre aux accoucheurs une alternative à l'utilisation des forceps. En 1950, le Dr Thierry invente les spatules et en 1954 le Suédois Malmström met au point la première ventouse réellement efficace. Les extractions par ventouse moins traumatisantes pour la mère et le foetus ont au cours du siècle remplacé en partie celles par forceps.

  

Forceps de Tarnier

 

D’autres complications et séquelles existent : le prolapsus (surtout chez les multipares), le retour de couche hémorragique, l’abcès du sein, la dépression puerpérale et tellement d’autres problèmes, malheureusement ....

 

Et bien sûr il y a les infections : c’est LE plus grand danger menaçant les femmes enceintes et ce, jusqu’au 20ème siècle (encore dans les années 1920 aux États-Unis, la moitié des morts maternelles étaient causées par la fièvre puerpérale).

 

A noter que la manifestation de la septicémie puerpérale se caractérise par une fièvre élevée survenant généralement entre le 5e et le 7e jour après l'accouchement ; donc manifestement les femmes décédées au moment de l'accouchement ou tout de suite après, que l'on recense  dans nos généalogies, ne sont pas mortes par infection.

 

En ce qui concerne les causes de cette fièvre, je pense que tout y est passé sauf l'essentiel : 

Tous les accoucheurs du début du 19ème siècle s'accordent à regarder comme causes spéciales de la fièvre puerpérale  "...des erreurs dans le régime, un air insalubre et humide que l'on respire, le défaut de soin domestique, des passions tristes et débilitantes, les jouissances réitérées, une vie molle et sédentaire ...mais après la délivrance, on doit aussi regarder comme causes générales de cette fièvre les attouchements rudes et peu ménagés, la séparation trop précipitée des placenta, une mauvaise application du forceps ou de la main, la déchirure du col de la matrice, un accouchement accéléré, une pression trop forte de la région abdominale par des bandages, des boissons alcoolisées, des substances animales trop nourrissantes ou faisandées, la constipation, l'exposition trop prompte à l'air, l'impression du froid et de l'humidité, l'influence de quelques épidémies régnantes ...»

et seulement à la fin de cette longue litanie, ils ajoutent  quand même « ...n 'oublions point que l'hygiène ou la médecine préventive ne sera jamais plus importante par ses heureux résultats, que lorsqu'elle sera appliquée avec succès à la conservation des femmes». (Robert, 1816).

 

 

Bref, ce qu'il faut surtout retenir c'est qu'avant l’apparition de la  théorie microbienne, les gens pensaient que la fièvre puerpérale était probablement contagieuse et savaient que certaines sages-femmes et certains médecins en avaient davantage dans leur patientèle que d’autres (la «putridité de l’air» était une des hypothèses en vogue :  l’air des salles d’hôpitaux est toxique et  les sécrétions des femmes en couches constituent des foyers d’infection, on en est certain).


Fin 19è, fort de ces constations, Hervieux, médecin à Port-Royal, conclut que la continuité des femmes en couches dans un local déterminé associé à l’encombrement des salles facilitent le "miasme puerpéral" et la contagion d’une personne infectée à une personne saine. 

 

L'accouchement ... avant

Maternité de Port Royal - Paris

 

Il suggère d’espacer les lits, d’organiser une occupation alternée des salles et des lits, de ventiler régulièrement, de supprimer les rideaux, de purifier les salles et les objets mobiliers. Ce ne sera pas suffisant toutefois sans une hygiène rigoureuse de toutes les personnes amenées à manipuler la femme enceinte ou venant d’accoucher. Et c’est là que l’on s’aperçoit avec stupéfaction que ce sont dans les maternités que le taux de mortalité maternelle est au plus haut.

  

L'accouchement ... avant

Maternité à Vienne

 

En effet jusqu'à la fin du XIXème siècle, les maternités sont de véritables mouroirs. Les épidémies de fièvre puerpérale déciment les femmes venant y accoucher. La mortalité maternelle atteint des sommets sans que la communauté scientifique ne comprenne pourquoi.

 

La description que font les frères Goncourt, dans leur roman Germinie Lacerteux, de la maternité de Paris au 19ème siècle est à ce titre très explicite  : « « elle était là depuis plusieurs heures, abimée dans ce doux affaissement de la délivrance qui suit les épouvantables déchirements de l’enfantement […] Tout à coup un cri […] Presque au même instant, d’un lit à côté, il s’éleva un autre cri horrible, perçant, terrifié, le cri de quelqu’un qui voit la mort […] Il y avait alors à la Maternité une de ces terribles épidémies puerpérales qui soufflent la mort sur la fécondité humaine, un de ces empoisonnements de l’air qui vident, en courant, par rangées, les lits des accouchées et qui autrefois faisaient fermer la clinique : on croirait voir passer la peste, une peste qui noircit les visages en quelques heures, enlève tout, emporte les plus forts, les plus jeunes, une peste qui sort des berceaux, la Peste noire des mères ! C’était tout autour de Germinie, à toute heure, la nuit surtout, des morts telles qu’en fait la fièvre de lait, des morts tourmentées, furieuses de cris, troublées d’hallucination et de délire, des agonies auxquelles il fallait mettre la camisole de force de la folie, des agonies qui s’élançaient tout à coup, hors d’un lit, en emportant les draps et faisaient frissonner toute la salle de l’idée de voir revenir les mortes de l’amphithéatre ».

  

 

Autres exemples : au printemps 1843, 25 des 54 accouchées à l’hôpital Necker décèdent. A la maternité de Port Royal, au cours de la première semaine de mai 1856, 31 des 32 accouchées décèdent). Un interne, Stéphane Tarnier, décide de consacrer sa thèse aux maladies des femmes en couches. Afin de prendre la mesure des choses, il compare la mortalité maternelle à la maternité pour l’année 1856 à celle survenue en ville, dans le même arrondissement : la mortalité est de 5,9 % à la maternité alors qu’elle n’est que de 0,3 % en ville. Comment expliquer ce décalage ?

 

Tout a été expliqué 9 ans auparavant par un médecin autrichien, le Dr Semmelweis (1818-1865). Celui-ci va comprendre en 1847 le mécanisme de la fièvre puerpérale en constatant tout simplement que le nombre de décès est nettement supérieur lorsque les femmes sont accouchées par les médecins que lorsqu'elles sont accouchées par des sages-femmes. 

 

L'accouchement ... avant

Ignace Semmelweis en 1864

Et la raison en est là aussi très simple : les médecins sortent de la salle d’autopsie pour aller accoucher les femmes sans aucun lavage des mains entre les deux actions ...

Il consignera ses notes en 1861 dans un ouvrage intitulé «Etiologie de la fièvre puerpérale et sa prophylaxie».

Semmelweis préconise le lavage des mains avec du chlorure de chaux après la réalisation d'une autopsie : les résultats sont spectaculaires : la mortalité a chuté à l'hôpital de Vienne passant de 18,27 % en avril 1847 à 0,19 % à la fin de l’année.

L'accouchement ... avant

Mais l’importance de ses découvertes ne sera pas convaincante pour le monde médicale, du moins pas de suite …

 

L'accouchement ... avant

Maternité en 1915

Voir aussi l'article sur la naissance au fil des siècles

 

Sources

Histoire de naître: De l'enfantement primitif à l'accouchement médicalisé de Fernand Leroy

Évolution de la Mortalité maternelle au XXème siècle en France.de  LANGLAIS Margaux

Etudes sur quelques échecs de basiotripsie du docteur Henri Galvin http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58064072

Accouchements et mortalité maternelle à l’Hôtel-Dieu de Marseille au milieu du XIXe siècle de Gilles Boetsch, Emma Rabino-Massa, Silvia Bello

La tragédie des maternités hospitalières au 19è siècle et les projets de réaménagement de Scarlett Beauvalet

Naître en France du XVII au XXème siècle de Marie Françoise Morel

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Témoignages locaux des dévastations liées à l'occupation hollandaise (1707-1713)

14 Janvier 2018 , Rédigé par srose

 

Ci-dessous quelques témoignages locaux sur les conséquences de l’occupation hollandaise dans le Pas de Calais essentiellement :

 

Témoignages locaux des dévastations liées à l'occupation hollandaise (1707-1713)

Quelques unes des villes citées ci dessous

 

Les Hollandais, campés depuis le Mont-St-Eloi jusque Tincques, incendièrent l'église de Berles et pillèrent et brûlèrent Savy le 3 septembre 1711.

 

Témoignages locaux des dévastations liées à l'occupation hollandaise (1707-1713)

Façade de l'abbaye de St Eloi

Ambroise DELOEUVACQ (1659-1721), chanoine de Saint Eloi et curé d’Aubigny-en-Artois, notait sur le registre paroissial : « depuis le 26 de mars 1711 jusqu’au 23 de novembre 1711, ce registre et les autres en ce tout ce quy estoit de conséquence a été réfugié à Arras à cause du voisinage des deux armées, scavoir l’armée du roy qui estoit campée près d’Habarcq, et l’armée des alliés qui a campé deux ou trois jours sur le terroir d’Aubigny et environs, trois jours pendant lesquels les habitants d’Aubigny et des environs ont beaucoup souffert, estant obligés de prendre quasy tous les jours les armes contre les maraudeurs de l ‘armée du roy qu’ils ont toujours repoussés avec beaucoup de bravoure. Cependant il a fallu à la fin céder au trop grand nombre de maraudeurs, de manière que tout le voisinage a été pillé par eux, à la réserve d’Aubigny qui a eu le bonheur de résister à leur furie. Savy a été entièrement pillé et bruslé, Berles et Berlette en partie. En un mot, la désolation estoit si grande dans ces villages que la postérité aura bien du mal à le croire. L’incendie est arrivé le deux, trois et quatre du mois d’aoust 1711, après quoy les deux armées ont décampé pour aller au siège de Bouchain. C’ était dans l’appréhension d’avoir un sort semblable au voisinage, que ce registre a été réfugié de bonne heure à Arras ».

 

Le 2 juillet 1710, l'armée hollandaise campe à Camblain-l'Abbé et sur les territoires circonvoisins. L'armée du roi, à son tour, quand elle campa dans les environs d'Avesnes-le-Comte, réquisitionna tout ce qui restait de blé, d'avoine, de chevaux. D'où une première disette en 1710 qui causa des maladies.

 

Le curé de Beaufort décrit quant à lui : « L’an 1709 l’hiver fut si long et si rigoureux que les blés manquèrent ; le pauvre peuple ayant été obligé de manger du pain d’avoine. Registre de catholicité de Beaufort, curé Delaleau »

 

Témoignages locaux des dévastations liées à l'occupation hollandaise (1707-1713)

Beaufort

A Izel les Hameau : « L’an 1710, les habitants d’Izel faisant peu à propos, empêchèrent les alliés d’entrer chez eux. Ils se sauvèrent sous leurs effets et abandonnèrent le village. Malborough qui occupait Villers Brulin leur y fit mettre le feu ; les soldats enlevèrent une cloche ; on avait sauvé les 3 autres à Arras, Père Ignace »

« A tous ces malheurs de la guerre, il faut ajouter la peste ; depuis le mois de 06 1710 jusqu’au mois de février 1711, les maladies et la mortalité y furent si grande qu’il mourut 230 habitants »

En 1709 et 1710 la province d’Artois était envahie dans sa partie méridionale et la ville d’Avesnes le comte se trouve cernée de toutes parts, au sud est par l’armée française sous le commandement du maréchal de Villars , au Nord est par l’armée alliée aux ordres du Prince Eugène de Savois, de Milord Malborough et du comte de Villy et l’armée des Hollandais était campée depuis St Eloi jusques et passé Aubigny. Et celle des Français était campée à Barly et s’étendait depuis Montenescourt jusqu’à Frévent.

Témoignages locaux des dévastations liées à l'occupation hollandaise (1707-1713)

Frévent

Les armées s’observèrent longtemps avant d’en venir aux mains, mais le pays eut beaucoup à souffrir de leur voisinage et fut dévasté par les deux parties : « qui nous ravagèrent si bien l’un que l’autre ». Les Hollandais surtout pillèrent les églises où ils ont « brisez, tous pillez, tous déchirez, tous emportez jusques au registres des baptêmes, des morts et des confirmés » (reg. Catholique de Beaufort par M. Nicolas DELALEAU, curé) A Izel, M. Deshorties (curé de Izel) confirme ce détail : « nota que le registre des morts depuis1692 jusqu’en 1710, a été perdu pendant la guerre ».

Témoignages locaux des dévastations liées à l'occupation hollandaise (1707-1713)

Château de Villers Brulin

A Avesnes : « la grande agglomération de troupes dans la contrée, la misère et la disette qu’en furent la conséquence y développèrent une maladie contagieuse qui causa partout une effroyable mortalité », Histoire d’Avesnes, par M. Ledru

A Nédonchel : « L’an 1710, le 24 septembre est décédée en cette paroisse Anne DANVIN, femme de Thomas COLART, 34 ans, et deux enfants qu’il avoient, décédez au mois d’aoust précédent pendant les fuites à cause des armées voisine d’icy et ont étez inhumées dans le cimetière sans cérémonies ne les pouvant faire à cause du péril par les ennemies en foy de quoy j’ay signez, étoit signez P. J Badart, curé ». Après cet acte de décès le curé note pour mémoires : « Icy suivent tous les morts pendant les mois d’aoust, septembre te octobre qui ont etez inhumez dans le cimetière de nostre paroisse sans cérémonies à cause du péril causé par les ennemies campez près d’icy au mois d’aoust »  (28 décès dont certains d’autres paroisses probablement réfugiés)

Hermaville : Le curé note : « il ne manque rien icy mais à cause des guerres commencés le 13 de juillet 1710 dans ce pays, j’ay esté obligé de sauver et transporter ce présent registre à arras et de faire une feuille volante que j’ay cy après attaché ou j’ay marqué les mariages qui se sont fait jusqu'à ce jourdhui quatorze de feb. 1713»

Magnicourt et Maizière : Déclaration du curé qui rédige la liste des morts : « La guerre faict dans l’année 1710 ayant causé une fuite générale des prestres hors des paroisses et de la province d’Artois, fust aussi la cause que les curés ayant esté contraint d’abandonner leurs paroisses n’ont peut enregistrer les enfants baptisés et toutes les personnes mortes selon le temps les mois de leur décédé, c’est pourquoi on les a mis selon l’ordre qui s’en suit : …. »

Flers (14 07 1710 (n°786) LOUIS Antoine Flers à marier, Tué à Flers par les troupes de Malbouroucq, acte en double.

 

Le curé de Cambrin, Delerue,  écrit :

Le 27 Octobre 1708 : « ne pouvant sortir pour les courses journalières des hollandais en ce quartier, n'ayant oser sortir de Béthune où j'étais réfugié à raison des mauvais traitements que l'on recevait tous les jours des troupes hollandaises et anglaises ... ».

"L'an de grace 1708 dans le courant du mois de novembre est décédé en cette paroisse Mathieu Caron agé aux environ de 52 ans, marié à Marguerite Myon, il fut inhumé dans le cimetière de ce lieu par les paysans, moy étant réfugié dans la ville de Béthune, ne pouvant sortir à cause des courses journalières des Hollandois en ce quartier, nous lui avons fait ...." " L'an de grace 1708 quelques jours après la mort du précédent est trépassé en cette paroisse Pasquier Beugnier, réfugié chez Ferdiand Marischal, son beau fils, agé aux environ de 80 ans, son corps fut inhumé dans le cimetère de ce lieu par les paysans ayans encore osé sortir de Béthune, ou estois réfugié en raison des mauvais traitements que l'on recevoit tous les jours des troupes Hollandoises et Angloises après la rebellion de la ville de Lille, ses funérailles luy furent fait dans la fuite."

Témoignages locaux des dévastations liées à l'occupation hollandaise (1707-1713)

Cambrin

"Le ving quatriemme jour d'aoust mil sept cens et dix, feste de la saint barthelemy aposthume, un convoy de chariots chargé de poudre passant par La Bassée pour être conduit au siège de Béthune, un de ces tonneau, ayant commencé à filer dessus les pavés du grand marché, le fer d'un pied de cheval fit feu dessus le pavé et fit sauter toute la poudre, et de plusieurs autres suivants, ce qui causat en même temps un fracas épouvantable dessus la place et emporta plus de cens personnes de la ville et plusieurs dont on ne sait pas le nom, quelques uns furent brûlés et d'autres sont morts depuis".

Cet accident relaté par le curé de Cambrin se déroula en fait au beau milieu du bourg de La Bassée. Il n'existe plus de registres avant 1737 à La Bassée, mais d'après plusieurs sources, cet accident aurait fait entre 150 et 250 victimes, pratiquement toutes civiles, dans la population de La Bassée.

Le curé de Cambrin écrit encore : "le 29 septembre 1710 s'est rendu aux Hollandois, après un siège de trois semaines, la ville de Saint-Venant"

" le huitième de novembre 1710 s'est rendu aux Hollandois et après un siège de deux mois la ville d'Aire elle fut vaillement défendue par Mgr de Gabriant" ...

Témoignages locaux des dévastations liées à l'occupation hollandaise (1707-1713)

Baillage d'Aire sur la Lys

Mons en Pévèle : 9 septembre 1708 est décédé Jacques Barbieux " d'une mort subite estant réfugiez dans l'Eglise a raison de guerre" . 4 août 1708 "at esté tuez Noël Mazenghe par des soldats des troupes des alliez […] ce jour Mons en Pevele fut pillez par les memes trouppes et ledit feu Noël Mazenghe se sauvant avec un fusil fut poursuivi et tuez par des soldats " " L'armée de France estoit campé au Mons en pevele et Monseigneur le duc de Bourgogne généralissime de l'armée et Monseigneur le duc de Berry son frère logez dans la maison pastoralle. Monseigneur le duc de Vendôme logé chez Thomas Picquet, le prince de Galles fils du Roy Jacques d'Angleterre sauvé en France avec sa famille royalle logé a la maison rouge ; la ville de Lille estant assiégé et prise ensuite le 25 d'octobre par le prince Eugene de Savoye général des trouppes de l'Empereur allié avec l'Angleterre, la Hollande, le Brandebourg, le Saxe, Prusse, Hesse Cassel et autres souverains de l'Empire ; général de la cavalerie, le prince d'Auvergne qui conduisit la garnison de la citadelle de Lille a Douai, pendant le siège de laquelle l'Eglise de Mons en pevele fut entierement pillez et tout le village par des trouppes des alliez."

 

1707 : une garnison hollandaise s’installe à La Bassée et rançonne Auchy. Les habitants du village d’Auchy s’enfuient vers les villages voisins.

Témoignages locaux des dévastations liées à l'occupation hollandaise (1707-1713)

La Bassée

En 1709, le maréchal français de Villars, pour mieux parer l’attaque du Duc de Marlborough et avoir une parfaite visibilité, fait raser toute la plaine environnante. Auchy voit 163 maisons et le château complètement détruits. Les bois aussi sont rasés. Il ne reste debout que l’église qui sert de poste d’observation et trois maisons où loge le corps de garde

En 1707, La Bassée est occupée par les alliés (anglais et hollandais). Mais les français avant de se retirer emportent ou détruisent tous les grains et fourrages de la région entre Lens, La Bassée, et Béthune. Pendant tout l'automne 1708 la contrée est livrée aux brigandages. Les habitants de Annequin se réfugient à Béthune ou Beuvry derrière les marais.

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Journal d'un curé de campagne au 17ème siècle - 19 - occupation hollandaise suite

13 Janvier 2018 , Rédigé par srose

L’occupation hollandaise : suite

Les exactions rencontrées lors de l’occupation hollandaise de 1709 touchèrent également l’église de Rumegies. Notre curé nous dit que l’église a été en effet « forcée, pillée, profanée de la manière la plus outrageante qui se puisse imaginer ».

Journal d'un curé de campagne au 17ème siècle - 19 - occupation hollandaise suite

Il nous explique également qu’alors qu’une femme était à l’article de la mort rue Prière, « on a dû lui porter son Viatique », et ce, sans cérémonie. Mais le curé a rencontré les hollandais en chemin qui l’ont « futé » (battu) et volé la petite boite d’argent où se trouvait la sainte hostie.

 

Journal d'un curé de campagne au 17ème siècle - 19 - occupation hollandaise suite

Eglise en bas  à gauche et rue de la prière (point rouge en haut à droite) - 16mn à pied par le chemin le plus court

 

« Nous fûmes avec toute la communauté tellement épouvantée que le lendemain (du pillage de l’église), nous avons tout abandonné à la rage de ces malheureux. Nous avons été entre leurs mains depuis huit heures du matin jusqu’à pareille heure du soir, pendant quoi ils ont commis toutes les inhumanités des nations étrangères, dont on n’entendait point le langage et qui avai0ent des visages qui ne respiraient que le carnage. Nous nous sommes enfuis les uns à St Amand, les autres à Orchies, Marchiennes, et Hasnon et nous y fûmes jusqu’à la reddition de la citadelle de Tournai où tout le pauvre peuple a bien souffert des misères, pauvreté et maladie ».

Cet exode durera 2 mois.

Durant ce laps de temps les maraudeurs ont voulu emporter les cloches de l’église : « ils ont fait tomber la petite mais elle n’a point cassé. Dès que nous l’apprîmes à Saint Amand, nous sommes venus avec six sauvegardes et trois chariots pour sauver les trois cloches ». Mais en vain car un commandant en poste à l’entrée du village leur refusa l’accès. Dès que celui-ci partit, ils revinrent et « trouvâmes les maraudeurs qui frappaient à toute force sur les cloches pour les rompre ; et les autres avaient dépendu la seconde pour la faire tomber sur la petite pour es casser toutes deux mais en vain. Dès qu’ils nous ont aperçus ils ont fui. Et ainsi avec bien des peines, nous avons chargé nos trois cloches et les avons emmenées à l’abbaye de St Amand ».

 

Une fois Tournai prise (septembre 1709), l’armée hollandaise n’a pas demandé son reste et les villageois sont revenus à Rumegies pour trouver un paysage désolé : « point de portes, point de fenêtres, point de vitres, point un morceau de fer, et qui pis est, point une botte de paille ».

Le curé précise que dans tout le Tournaisis, il n’y avait plus une seule botte de paille « ce qui a causé une mortalité de tous les bestiaux qui sont presque tous morts l’hiver suivant ».

Et que dire des hommes ? « Depuis le mois de septembre jusqu’au Noël », il semblerait que près de 300 personnes soient mortes (dans le village et dans les villages alentours) et « tous, faute d’aliments, de linge, de soins, tout le monde étant malade et ne se pouvant secourir les uns les autres [… ] La plupart de ceux qui sont morts n’avaient ni argent ni linge ni même de la paille pour se coucher ».

Le curé remarque que « ceux qui ont eu des bouillons de bon vin de Bourgogne, il n’en est point mort un seul de ceux là ».

 

Finalement cette année 1709 fut effroyable, à tel point misérable que le curé Dubois ne se sent pas capable de l’exprimer qu’avec ses larmes ! « Adieu fatale année ! que je ne me souvienne jamais de toi si ce n’est pour me souvenir que c’est mes pêchés qui ont attiré la colère de Dieu ! »

 

Voir également l'article suivant : Quelques témoignages locaux liées sur les dévastations liées à l'occupation hollandaise

 

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Le Père Noël

24 Décembre 2017 , Rédigé par srose

Le Père Noël

Tout commença avec Saint Nicolas de son vrai nom Nicolas de Myre ou Nicolas de Bari, né au IIIème siècle en Lycie, au sud de l'actuelle Turquie et évêque de Myre. Il était déjà aux yeux de tous ses contemporains le protecteur des enfants, des veuves et des personnes les plus faibles. Il serait mort aux alentours du 6 décembre.

Le Père Noël

La légende de ce Saint raconte qu’entre Nancy et Metz, l'hiver approchant, trois enfants, partis glaner dans les champs, se perdirent sur le chemin du retour. Attirés par la lumière filtrant des fenêtres d'une maison, ils s'approchèrent et frappèrent à la porte.

L'homme qui leur ouvrit, un nommé Pierre Lenoir, boucher, accepta de leur donner l'hospitalité pour la nuit. En fait, sitôt les enfants entrés, il les tua, puis à l'aide de son grand couteau, les coupa en petits morceaux, pour finalement les mettre dans son saloir (un grand baquet empli de sel), afin d'en faire du petit salé.

Saint Nicolas, chevauchant son âne, vint à passer par là et frappa à son tour à la porte du boucher. L'homme, n'osant pas rejeter un évêque, le convia à dîner. Son invité lui demandant du petit salé, le boucher comprit qu'il était découvert et, pris au piège, avoua tout. Le saint homme étendit alors trois doigts au dessus du tonneau de petit salé, reconstituant et ressuscitant ainsi les trois enfants.

Saint Nicolas enchaîna le boucher à son âne et le garda auprès de lui pour le punir. Il devint le père Fouettard, être mauvais, dont le rôle est de réprimander les enfants désobéissants et les cancre. Toujours vêtu de noir, caché sous une cagoule et une épaisse barbe noire, il incarne tout l'opposé de Saint Nicolas, qui arbore une belle barbe blanche, des vêtements colorés d'évêque (mauve et blanc, avec une crosse, dorée à l'origine, puis rouge et blanche).

Le Père Noël

Le Père Fouettard

C’est ainsi que Saint Nicolas devient le patron des enfants, leur protecteur et bienfaiteur. Il descend du ciel dans la nuit du 5 au 6 décembre, accompagné d'un âne ou d'un cheval blanc, selon les pays. Il se glisse dans les cheminées, et distribue des fruits secs, des pommes, des gâteaux, des bonbons, des figurines en chocolat et de grands pains d'épices aux enfants qui avaient au préalable laisser leur soulier devant la porte ou devant la cheminée tandis que sa monture se nourrit des pommes et des carottes laissées par les enfants. Mais gare à ceux qui n'ont pas été sages. Le Père Fouettard est chargé de les punir.

Le Père Noël

Saint Nicolas

Dans le nord de la France, il est de coutume le soir du 5 décembre, que les familles se réunissent pour manger ensemble une coquille de saint Nicolas (une sorte de brioche), qu'on trempe dans le cacao chaud. Saint Nicolas a pour habitude de distribuer là bas une orange, des spéculoos, des nic-nacs, et du pain d’épice à son effigie.

Le Père Noël

Dans les années 1500, la fête de Saint-Nicolas à Dunkerque est ainsi décrite :

« Le 5 décembre, veille de la fête de la Saint-Nicolas, le patron des enfants, les écoliers nommaient, parmi eux, un évêque. Toute la journée du 6 décembre, l'élu avait le titre et les immunités d'évêque des enfants. En cette qualité, il ordonnait tout ce qui concernait la fête générale des enfants de la ville. Afin d'y contribuer à sa manière, l'échevinage lui faisait délivrer deux kannes (cruche)[] de vin soit : 6 litres. »

 

Mais c’est surtout en Lorraine que Saint Nicolas est le plus fêté, car en effet il est aussi le Saint Patron de la région depuis 1477.

 

Le Père Noël

Fête de St Nicolas 1700

 

Les célébrations de la Saint-Nicolas vont s’étendre à toute l'Europe du Nord, centrale et de l'Est. En Hollande, Saint Nicolas est appelé Sinterklaas. Et lorsque les Hollandais au XIXe siècle, vont migrer aux Etats-Unis, ils vont importer la tradition de «Sinterclaas», qui deviendra par déformation «Santa-Claus».

 

La première pierre à la création du mythe du Père Noël est posée en 1821 avec la publication dans un journal américain du poème «A visit from St Nicholas» de Clément Clarke Moore, pasteur américain, poème mieux connu depuis sous le nom de «The night before Christmas». Voir ci dessous.

 

L'oeuvre raconte la venue de Saint-Nicolas, un sympathique lutin dodu et souriant, qui descend du ciel dans un traineau tiré par huit rennes, et distribue des cadeaux aux enfants dans la nuit du 24 au 25 décembre. En effet les familles trouvèrent plus appropriées que la fête des enfants soit associée à la naissance de l’enfant Jésus et donc peu à peu la tournée de Santa Claus se fit dans la nuit du 24 au 25 décembre.

 

Le poème transforme quelque peu l’apparence de Santa Claus : Il a pris de l'embonpoint, sa crosse s’est transformé en sucre d'orge, sa mitre est devenu un bonnet, sa mule est remplacée par un attelage de rennes. En outre, l'auteur fit disparaître le Père Fouettard...

 

En 1863, Santa Claus troqua définitivement ses habits d'évêque contre un costume rouge avec fourrure blanche, rehaussé d'une large ceinture de cuir (il fut représenté ainsi par Thomas Nast, illustrateur et caricaturiste au journal new-yorkais Harper's Illustrated Weekly.).

Le Père Noël

En 1885, Nast décida aussi que l'antre de Santa Claus se trouvait au Pôle Nord (le dessin qu'il réalisa représentait deux enfants regardant, sur une carte du monde, le tracé du parcours de Santa Claus depuis le pôle Nord jusqu'aux États-Unis.

 

Le Père Noël

Puis, en 1886, l'écrivain américain George Webster reprit l'idée de Nast, précisant que la manufacture de jouets et la demeure du Père Noël, pendant le reste de l'année, était en fait dans les neiges du pôle Nord.

 

Le Père Noël

Enfin, en 1931, l'entreprise Coca Cola donna une nouvelle allure au Père Noël, sous le pinceau d'Haddon Sundblom. Santa Claus y gagna alors son air jovial et son attitude débonnaire, et troqua sa robe contre un pantalon et une tunique rouge. L'objectif de la firme était alors d'inciter les consommateurs à boire du Coca Cola en plein hiver... 

 

Le Père Noël

Le Père Noël n'est donc pas une invention moderne ni même une invention de Coca Cola d’ailleurs mais est au contraire le résultat d’une lente adaptation au monde moderne !

 

Il faudra attendre la fin de la Seconde guerre mondiale pour que le Père Noël débarque brusquement dans les foyers européens avec sapin décoré, papier cadeau, cartes de vœux, bûche à déguster et joujoux par milliers …

 

Il est à noter que ce mouvement n'est pas pour plaire à l'église catholique, qui voit d'un très mauvais oeil ce personnage païen détournant les chrétiens du message de la naissance du Christ. Cette défiance est illustrée de manière spectaculaire à Dijon, le 23 décembre 1951: le Père Noël est brûlé comme hérétique devant les grilles de la cathédrale ! «Il ne s'agissait pas d'une attraction, mais d'un geste symbolique. Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. À la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l'enfant et n'est en aucune façon une méthode d'éducation », écrivait l'église de Dijon. «Pour nous, chrétiens, la fête de Noël doit rester la fête anniversaire de la naissance du Sauveur».

Le Père Noël

Navrant ...

 

 

La Nuit avant Noël

C'était la nuit de Noël, un peu avant minuit,

À l'heure où tout est calme, même les souris.

On avait pendu nos bas devant la cheminée,

Pour que le Père Noël les trouve dès son arrivée.

Blottis bien au chaud dans leurs petits lits,

Les enfants sages s'étaient déjà endormis.

Maman et moi, dans nos chemises de nuit,

Venions à peine de souffler la bougie,

Quand au dehors, un bruit de clochettes,

Me fit sortir d'un coup de sous ma couette.

Filant comme une flèche vers la fenêtre,

Je scrutais tout là haut le ciel étoilé.

Au dessus de la neige, la lune étincelante,

Illuminait la nuit comme si c'était le jour.

Je n'en crus pas mes yeux quand apparut au loin,

Un traîneau et huit rennes pas plus gros que le poing,

Dirigés par un petit personnage enjoué:

C'était le Père Noël je le savais.

Ses coursiers volaient comme s'ils avaient des ailes.

Et lui chantait, afin de les encourager:

"Allez Tornade!, Allez Danseur!

Allez , Furie et Fringuant! En avant Comète et Cupidon!

Allez Eclair et Tonnerre!

Tout droit vers ce porche,

Tout droit vers ce mur!

Au galop au galop mes amis!

Au triple galop!

" Pareils aux feuilles mortes, emportées par le vent,

Qui montent vers le ciel pour franchir les obstacles,

Les coursiers s'envolèrent, jusqu'au dessus de ma tête,

Avec le traîneau, les jouets et même le Père Noël.

Peu après j'entendis résonner sur le toit

Le piétinement fougueux de leurs petits sabots.

Une fois la fenêtre refermée, je me retournais, J

uste quand le Père Noël sortait de la cheminée.

Son habit de fourrure, ses bottes et son bonnet,

Étaient un peu salis par la cendre et la suie. J

eté sur son épaule, un sac plein de jouets,

Lui donnait l'air d'un bien curieux marchand.

Il avait des joues roses, des fossettes charmantes,

Un nez comme une cerise et des yeux pétillants,

Une petite bouche qui souriait tout le temps,

Et une très grande barbe d'un blanc vraiment immaculé.

De sa pipe allumée coincée entre ses dents,

Montaient en tourbillons des volutes de fumée.

Il avait le visage épanoui, et son ventre tout rond

Sautait quand il riait, comme un petit ballon.

Il était si dodu, si joufflu, cet espiègle lutin,

Que je me mis malgré moi à rire derrière ma main.

Mais d'un clin d'oeil et d'un signe de la tête, I

l me fit comprendre que je ne risquais rien.

Puis sans dire un mot, car il était pressé,

Se hâta de remplir les bas, jusqu'au dernier,

Et me salua d'un doigt posé sur l'aile du nez,

Avant de disparaître dans la cheminée.

Je l'entendis ensuite siffler son bel équipage.

Ensemble ils s'envolèrent comme une plume au vent.

Avant de disparaître le Père Noël cria:

"Joyeux Noël à tous et à tous une bonne nuit"

 

Le Père Noël

 

Sources

La Nuit de Noël dans tous les pays de Alphonse Chabot

France pittoresque

Comment vivaient nos ancêtres ? de Jean Louis Beaucarnot 

www.noel-vert.com

Contes et Légendes Hors série 2017

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k940508c/f7.image le mémorial historique et géographique de la pâtisserie

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Le sapin de Noël

24 Décembre 2017 , Rédigé par srose

Le sapin de Noël

Dans le Journal de Rouen du 25 décembre 1897, Georges Dubosc (journaliste français 1854-1927) écrivait : « Devant les yeux émerveillés des touts petits, le verdoyant sapin, illuminé de mille petites lumières tremblotantes, se dresse tout chargé de jouets et de cadeaux qui, pendant des heures, mettent du bonheur dans les âmes de tout ce monde enfantin.

A ces joujoux d’un jour, on joint quelquefois une large distribution de bons vêtements chauds et de hardes neuves : tricots qui recouvrent les petits membres grelottants, mitaines qui préservent des engelures, foulards où s’enfouissent les petits nez rougis par la bise, bonnes galoches qui sonnent sur le pavé au moment des glissades. Et comme il n’est point de belles fêtes sans chanson, on chante quelques-uns de ces jolis noëls naïfs, sur des airs qui ont traversé les siècles et qui n’en sont pas moins une bonne et égayante musique ».

 

Le romancier anglais Charles Dickens décrit ainsi l’arbre de Noël : « Cet arbre, planté au milieu d’une large table ronde et s’élevant au-dessus de la tête des enfants, est magnifiquement illuminé par une multitude de petites bougies et tout garni d’objets étincelants. Il y a des poupées aux joues roses qui se cachent derrière les feuilles vertes, il y a des montres, de vraies montres, ou du moins avec des aiguilles mobiles, de ces montres qu’on peut remonter continuellement ; il y a de petites tables vernies, de petites armoires et autres meubles en miniature qui semblent préparés pour le nouveau ménage d’une fée ; il y a de petits hommes à face réjouie, beaucoup plus agréables à voir que bien des hommes réels - car si vous leur ôtiez la tête, vous les trouveriez pleins de dragées. - Il y a des violons et des tambours, des livres, des boîtes à ouvrage, des boîtes de bonbons... toutes sortes de boîtes ; il y a des toutous, des sabots, des toupies, des étuis à aiguilles, des essuie-plumes et des imitations de pommes, de poires et de noix, contenant des surprises. Bref, comme le disait tout bas devant moi un charmant enfant à un autre charmant enfant, son meilleur ami : Il y avait de tout et plus encore ! »

Le sapin de Noël

Décoration du sapin

On met sur le sapin de petites choses qui le font paraître briller de mille feux : des coquilles de noix remplies d’huile à la surface desquelles des mèches flottaient ou des chandelles souples nouées autour des branches,  des boules de verre ou de petits miroirs qui reflètent, en mille facettes, la lumière des petites bougies suspendues dans l’arbre, des poignées de givre argenté et de neige artificielle, de longs fils d’argent qu’on appelle des « cheveux d’ange », de petits rubans, des bouffettes, des nœuds et des croisettes de bolduc rose.

On ajoute des fruits, de confiserie, de petits gâteaux et des jouets à surprises, et au sommet de l’arbre de Noël, une étoile lumineuse étincelante, symbolisant l’Etoile de Bethléem ou un ange de carton aux ailes d’or et aux mains pleines de présents.

Le sapin de Noël

Origine de l’arbre de Noël ?

En 354, l’Eglise institue la célébration de la naissance du Christ, le 25 décembre, pour rivaliser avec la fête païenne du solstice d’hiver durant laquelle il semblerait qu’un arbre, symbole de vie (l’épicéa) était décoré de fruits, de fleurs et de blé.

Toutefois la fête chrétienne de Noël se résumait à la messe de la nativité. Pas de sapin, de bûche, de père Noël à cette époque.

Les premières traces écrites d'une décoration de ce célèbre conifère ont été découvertes en 1510 à Riga, en Lettonie. À cette époque, des marchands dansaient autour d'un arbre décoré de roses artificielles, avant de le brûler sur un bûcher.

Mais c’est peut-être en Alsace qu’il faut chercher l’origine de l’arbre de Noël. La tradition rapporte que dès 1521 on décorait les intérieurs des maisons avec des branches coupées 3 jours avant Noël. De même à Sélestat en Alsace, à la même date, des arbres sont décorés d’hosties et de pommes. En 1546, toujours dans la ville de Sélestat on autorise à couper des arbres verts pour Noël, au cours de la nuit de la Saint Thomas.

La plus ancienne mention de l’arbre de Noël comme sapin entier se trouve dans une description des usages de la ville de Strasbourg, en 1605. On y lit le passage suivant : « Pour Noël, il est d’usage, à Strasbourg, d’élever des sapins dans les maisons ; on y attache des roses en papier de diverses couleurs, des pommes, des hosties coloriées, du sucre, etc. ».

Un autre témoignage de l’existence du sapin décoré pour Noël se retrouve dans l’Essence du Catéchisme que publia en 1642-1646 le pasteur protestant Dannhauer, de Strasbourg. Il constate que depuis quelque temps, en Alsace, on suspend, à la Noël, pour la récréation des enfants, des bonbons et des jouets aux branches d’un sapin. Il déclare qu’il ignore d’où cet usage, qu’il blâme fortement, a pu tirer son origine.

En France, c’est en 1738 que Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, aurait installé un sapin de Noël dans le château de Versailles.

En 1765, Goethe se trouvant à Leipsig, chez un ami, exprime la surprise que lui cause le spectacle d’un arbre de Noël qu’il voyait pour la première fois.

L’arbre de Noël fait son apparition à Paris, en 1837, grâce à la duchesse d’Orléans Hélène de Mecklembourg, duchesse d’Orléans. Mais ce fut un échec, les parisiens y voyant des habitudes protestantes. Cette tradition se généralisera en fait après la guerre de 1870 dans tout le pays grâce aux immigrés d’Alsace-Lorraine qui firent largement connaître la tradition de l’arbre de Noël aux Français.

En 1840, le prince Albert, époux de la reine Victoria, l’introduisit au palais royal de Buckingham, à Londres, et le mit en honneur dans l’aristocratie et la bourgeoisie anglaise et de là le sapin partit à la conquête du monde anglophone …

 

Le sapin de Noël

 

 

Sources

La Nuit de Noël dans tous les pays de Alphonse Chabot

France pittoresque

Comment vivaient nos ancêtres ? de Jean Louis Beaucarnot 

www.noel-vert.com

Contes et Légendes Hors série 2017

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k940508c/f7.image le mémorial historique et géographique de la pâtisserie

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La bûche de Noël

24 Décembre 2017 , Rédigé par srose

 

L’allumage de la bûche est issue d’une tradition très ancienne : la bûche représente en effet pour les Chrétiens le Christ sacrifié pour nos péchés. Le feu est signe de joie et de lumière, puisque cette fête de Noël serait une christianisation de la fête païenne du Natalis Invictus, du soleil invaincu dans cette période du solstice.

 

La cérémonie d’allumage de la bûche réunissait tous les habitants de la maison, les hôtes, les parents et domestiques.

 

La bûche de Noël

Cette cérémonie consistait à mettre la veille de Noël, une bûche (ou selon les régions tronc, cosse, tison, souche, tréfoir, tréfeu, tréfouet [pour « trois feux » car devait durer les jours de fêtes]) dans la cheminée avec un rituel qui était autrefois bien établi. Cette bûche devait être une grosse branche d'arbre fruitier, cerisier, poirier, prunier mais pas de figuier (il brûle mal, la fumée donne mal à la tête, le Christ a maudit l'arbre stérile et ce serait l'arbre auquel Judas s'est pendu).  Ce pouvait être aussi de l’olivier, du chêne, du hêtre selon les régions.

 

Le choix de l’essence pouvait selon les croyances assurer une bonne récolte dans l’année à venir.

 

Certains versaient sur l’écorce du vin, de l’huile, du miel du lait, voire du sel ou de l’eau bénite pour se garantir des esprits et des sorciers. D’autres encore y faisaient couler quelques gouttes du précieux cierge de la Chandeleur.

 

Les cendres et charbons issus de la combustion de la bûche sont dotés de pouvoirs divers (porter chance notamment) et de ce fait seront conservés précieusement pour allumer la bûche de l’année suivante. De même que les brandons du feu de la Saint Jean qui étaient conservés aussi pour allumer la bûche de Noël.

 

Dans le Berry, les brandons étaient recueillis et mis en réserve sous le lit du maître de la maison. Toutes les fois que le tonnerre se faisait entendre, on en prenait un morceau que l’on jetait dans la cheminée, et cela était suffisant pour protéger la famille contre la foudre.

 

La bûche devait être assez grosse pour brûler pendant trois jours et même parfois jusqu’au 1er janvier.

 

La bûche de Noël

 

Voici en quels termes l’historien et avocat général à la Cour royale de Paris Marchangy (1782-1826) parle de cette coutume en Normandie : « Le père de famille, accompagné de ses fils et de ses serviteurs, va à l’endroit du logis où, l’année précédente, à la même époque, ils avaient mis en réserve les restes de la bûche de Noël. Ils rapportent solennellement ces tisons qui, dans leur temps, avaient jeté de si belles flammes à rencontre des faces réjouies des convives.

 

L’aïeul les pose dans ce foyer et tout le monde se met à genou en récitant le Pater. Deux forts valets de ferme apportent lentement la bûche nouvelle. À l’instant où l’on y met le feu, les petits enfants vont prier dans un coin de l’appartement, afin, leur dit-on, que la souche leur fasse des présents, et, tandis qu’ils prient, on met à chaque bout de cette souche des paquets d’épices, de dragées et de fruits confits ».

 

Il arrivait aussi que les pauvres gens qui ne pouvaient se procurer des bûches convenables pour la veillée de Noël, se les fassent donner. « Beaucoup de religieux et de paysans, écrit Léopold Bellisle, recevaient pour leurs feux des fêtes de Noël un arbre ou une grosse bûche nommée tréfouet ».

 

Autre témoignage de cette tradition : « Dès que la dernière heure du jour s’était fondue dans l’ombre de la nuit, tous les chrétiens avaient grand soin d’éteindre leurs foyers, puis allaient en foule allumer des brandons à la lampe qui brûlait dans l’église, en l’honneur de Jésus. Un prêtre bénissait les brandons que l’on allait promener dans les champs. Ces brandons portaient le seul feu qui régnait dans le village. C’était le feu bénit et régénéré qui devait jeter de jeunes étincelles sur l’âtre ranimé. Cependant, le père de famille, accompagné de ses enfants et de ses serviteurs, allait à l’endroit du logis où, l’année précédente, ils avaient mis en réserve les restes de la bûche. Ils apportaient solennellement ces tisons ; l’aïeul les déposait dans le foyer et tout le monde se mettant à genoux, récitait le Pater, tandis que deux forts valets de ferme ou deux garçons apportaient la bûche nouvelle.

 

Cette bûche était toujours la plus grosse qu’on pût trouver ; c’était la plus grosse partie du tronc de l’arbre, ou même la souche, on appelait cela la coque de Noël [le gâteau allongé en forme de bûche que l’on donnait aux enfants le jour de Noël portait encore au début du XXe siècle dans certaines provinces le nom de coquille ou petite bûche, en patois, le cogneu.

 

 On mettait le feu à cette coque et les petits enfants allaient prier dans un coin de la chambre, la face tournée contre le mur, afin, leur disait-on, que la souche leur fît des présents ; et tandis qu’ils priaient l’Enfant-Jésus de leur accorder la sagesse, on mettait au bout de la bûche des fruits confits, des noix et des bonbons. A onze heures, tous les jeux, tous les plaisirs cessaient. Dès les premiers tintements de la cloche, on se mettait en devoir d’aller à la messe, on s’y rendait en longues files avec des torches à la main. Avant et après la messe, tous les assistants chantaient des Noëls, et on revenait au logis se chauffer à la bûche et faire le réveillon dans un joyeux repas. »

 

  

Une fois la bûche allumée, chaque famille se rendait à la messe de minuit. Et de retour, on donnait du foin aux animaux de l’étable (en plus grande proportion ou meilleure qualité qu’à l’ordinaire) afin de remercier les bœufs et les ânes d’avoir réchauffé l’enfant Jésus. On dit que la nuit de Noël, les animaux ont le pouvoir de parler et d’être compris par ceux qui les écoutent. Gare à celui qui les écouterait car il mourrait dans l’année…

 

  

Courant 19ème siècle, la bûche est sortie de l’âtre pour venir sur nos tables sous forme d’un dessert. Quand précisément, nul ne le sait. Certains pensent qu’il s’agit de l’invention d’un pâtisser de la rue de Buci à Paris, dénommé Antoine Caradot en 1879, d’autres disent que la bûche est née dans la cuisine du chocolatier lyonnais Félix Bonnat en 1860 ou que le  pâtissier glacier du prince Charles III de Monaco, Pierre Lacam, l’a mis au point en 1898 ; peut être est ce bien plus tôt et qu’un apprenti pâtissier de Saint-Germain-des-Prés en 1834 est l’inventeur de cette nouvelle tradition culinaire.

 

 

Quelle importance … ?

  

La bûche de Noël

 

Sources

 

La Nuit de Noël dans tous les pays de Alphonse Chabot

France pittoresque

Comment vivaient nos ancêtres ? de Jean Louis Beaucarnot 

www.noel-vert.com

Contes et Légendes Hors série 2017

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k940508c/f7.image  Le mémorial historique et géographique de la pâtisserie de Pierre Lacam

 

 

 

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Les milices provinciales

3 Décembre 2017 , Rédigé par srose

 

Les milices provinciales

 

« De par le Roi, soldats, levez la main. Vous jurez et promettez que vous obéirez aux ordres de vos officiers en tout ce qui concerne le service de Sa Majesté, que vous ne quitterez jamais la troupe dont vous êtes et que voulant servir le Roi avec honneur et fidélité vous n'abandonnerez jamais vos drapeaux ».

 

(Serment des recrues des milices provinciales; XVIIIe siècle).

 

 

Le principe La guerre en France sous l’Ancien Régime n’est pas que l’affaire de militaires professionnels. L’armée recrute aussi des mercenaires français ou étrangers et utilise également des milices composées de civils tirés au sort paroisse par paroisse.

 

Ce type de levée de civils a toujours existé mais de façon ponctuelle et temporaire. Au 17è tout change.

    

L’ordonnance royale du 29 novembre 1688 imposa en effet à chaque paroisse du royaume l’obligation de désigner un homme qui, incorporé dans une compagnie, contribuait à former un régiment de milice. Désignés pour une période déterminée de 2 à 6 ans selon les époques, ces miliciens devaient servir en tant qu’auxiliaires de l’armée régulière.

   

Cette ordonnance de 1688 organisa une première levée de 25 050 miliciens, âgés de 20 à 40 ans, répartis en bataillons et compagnies. Chaque homme choisi devait être obligatoirement domicilié dans sa paroisse. Il était désigné à la pluralité des voix par ses concitoyens. Ces miliciens étaient encadrés par la noblesse locale. Tous devaient demeurer au service du roi pendant 2 ans (au départ puis durant 4 voire 6 ans), sans s’absenter de leur paroisse, dans l’attente d’être éventuellement appelés à servir. Ces miliciens étaient habillés et armés par leurs paroisses respectives et, en cas de guerre, soldés par le Roi à raison de 5 sols par jour.

 

En résumé, cette organisation créée en 1688 par Louvois, supprimée une première fois de 1697 à 1700 puis en 1715, rétablie momentanément en 1719 puis définitivement en 1726 jusqu’à sa suppression définitive en 1791 préfigure le système qui sera celui du XIXe siècle jusqu'en 1875.

 

 

Les milices provinciales

 

 

Organisation des milices : En 1726, les miliciens forment 100 bataillons de 12 compagnies. Chaque bataillon comporte un nombre variable d’hommes selon les années mais grosso modo cela tourne autour de 700 miliciens par bataillon. Les bataillons portaient le nom de leur commandant et étaient réparties dans les provinces et généralités.

   

- La généralité de Paris et la Bretagne fournissent chacune 7 bataillons soit 4200 hommes

 

- Le duché de Bourgogne , le comté de Bourgogne et le Languedoc 6 bataillons

 

- Les généralités de Rouen, de Châlons, de Tours et de Bordeaux 5

 

- Les généralités d’Auch et d’Orléans 4

 

- Les généralités de Soissons, Amiens, Laon, Alençon, Poitiers, Montauban 3

 

- Celles de Moulins, Limoges, Riom, Lyon, Grenoble les Trois-Evêches, l’Artois, l’Alsace 2

 

- La Provence, les généralités de Bourges et de La Rochelle, la Flandre, le Hainaut et le Roussillon chacune 1

 

 

Une compagnie est composée de 2 sergents, 3 caporaux,  3 anspessades (soldats 1ère classe), 41 fusillés et 1 tambour

 

Les milices provinciales

Officier de milice

 

La composition de ces bataillons se modifia au fil des années et des besoins.

Ainsi 30 ans plus tard, la milice comprend 107 bataillons issus des 29 généralités de France. Chacun des bataillons associe 8 compagnies de fusiliers et 2 compagnies de grenadiers, toutes les compagnies sont de 50 hommes.

L'ordonnance du 1er décembre 1774 prévoit quant à elle 105 bataillons formant 48 régiments, dont 10 à 3 bataillons, 37 à 2 bataillons et 1 à 1 bataillon. Chaque bataillon reste à 710 hommes avec une formation en 8 compagnies.

  

Leurs tâches Les miliciens n’étaient pas tous des combattants. Les milices provinciales remplissaient en effet presque toujours des tâches auxiliaires : garde de ponts de passage, de lignes de communications, de forteresses, de prisonniers mais participaient aussi à des missions de couverture, voire à des batailles rangées.

 

En Flandre wallonne, comme dans bien d’autres provinces frontières, ils devaient aussi participer à des travaux de terrassement et escorter les convois de ravitaillement destinés aux troupes régulières.

 

De façon générale les troupes réglées tenaient en peu d’estime les miliciens qui pour la majorité n’étaient que de piètres combattants, sans instructions militaires ou si peu.

 

Pourtant nombre de miliciens provinciaux servirent hors du royaume pour « boucher » les vides occasionnés par les guerres incessantes : Pays-Bas autrichiens, Allemagne et même Bohême, au cours des guerres de Louis XV.

 

Certains miliciens sont tellement satisfaisants que le roi Louis XIV en 1744 créa le corps des grenadiers royaux, composé de plusieurs compagnies de grenadiers de milice, réunies sous un même chef.

 

Les milices provinciales

Uniforme des grenadiers

 

Fréquence des levées De 1726 à la fin de l’Ancien Régime (avec une courte interruption entre 1758 et 1765), on procéda à 43 levées de milice, soit une levée tous les 17 mois. Bon an, mal an, 10 000 à 12 000 hommes furent appelés avec, en temps de guerre, des crues pouvant s’élever, comme en 1743 par exemple, jusqu’à 66 000 hommes. Ces miliciens, toujours recrutés dans la tranche d’âge des 16 à 40 ans (le minimum fut porté à 18 ans en 1765), devaient effectuer un service de 4 ans (6 ans après 1765) 

  

Instruction La convocation et l'instruction militaire sont irrégulières. Les convocations pouvaient aller d'une fois par mois à une fois par an; cette dernière fréquence fut ensuite imposée par l'ordonnance de 1774. Chaque convocation ne comprenait à l'origine qu'une seule journée d'instruction militaire, forcément sommaire, mais sa durée fut fortement allongée par la suite.

Le lieu de convocation ne devait pas être situé à plus de trois jours de marche du domicile et les miliciens percevaient des frais de déplacement : deux sols par lieue. Au lieu d'assemblée ils recevaient un billet de logement chez l'habitant

  

Mode de recrutement des miliciens. A l’origine, le cadre du recrutement fut celui de la paroisse. Chaque paroisse devait fournir un milicien. Le choix de cet homme dépendit d’abord du volontariat. Puis, le système évolua et l’on tint compte de l’importance de la paroisse qui se vit dans l’obligation de présenter autant d’hommes qu’elle payait de fois 2 000 livres de taille .

Puis, très rapidement, on introduisit un certain nombre de modalités dans ce mode de recrutement. Dès 1726, par exemple, la levée put se faire selon le nombre de feux que comptait la paroisse . Mais surtout, l’ordonnance du 23 décembre 1692 introduisit dans les procédures de recrutement une nouveauté lourde de conséquences : le tirage au sort.

 

Si l'on se reporte au Journal d'un curé de campagne (Rumegies dans le Nord), en 1702, cinq garçons furent levés pour la milice

  

Procédure de levée En 1726 par exemple, le « département de Flandre wallonne et maritime » dut fournir 720 hommes .

 L’intendant devait répartir cet effectif entre les paroisses et les communautés relevant de son autorité. Puis, c’était aux subdélégués de superviser l’opération en commençant par envoyer aux différents syndics, curés et autres responsables locaux, la copie du texte qui ordonnait la levée. Ces autorités locales dressaient alors la liste de tous les « miliciables » en retenant les seuls célibataires, âgés de 16 à 40 ans et mesurant 5 pieds de haut (1 m 62 environ). Si le nombre de célibataires ne suffisait pas, on inscrivait des hommes mariés depuis moins d’un an. Les inscrits devaient ensuite se soumettre à un tirage au sort, le dimanche suivant celui où lecture de l’ordonnance de mobilisation avait été faite par le curé au prône dominical. Précisons qu’on devait tirer obligatoirement dans la paroisse où l’on était domicilié : « aucun passager, vagabond, estranger ou habitant d’une autre paroisse ne [pouvait] être admis à servir à la place d’un milicien tiré au sort » précisait l’intendant de la Flandre wallonne et maritime en 1726.

Les milices provinciales

Tirage au sort en 1708

 

À l’appel de leur nom, les hommes s’avançaient les uns après les autres et prenait un billet qui se trouvait dans un chapeau. Tout le monde tirait mais étaient « bons pour le service » seuls ceux qui se retrouvaient avec un « billet noir », c’est-à-dire un billet sur lequel était inscrit « milicien » . À l’issue de ce tirage au sort était dressé un procès-verbal sur lequel on indiquait le signalement précis de chacun des nouveaux miliciens (nom, âge, taille et autres caractéristiques). Les hommes retenus devaient enfin se rendre au plus vite au chef-lieu de la région pour une première réunion de leur compagnie

 

Tous étaient, par ailleurs, tenus de demeurer en leur paroisse pendant toute la période qu’allait durer leur service. Cette période de « disponibilité » fut d’abord fixée à 4 ans pour s’élever à partir de 1765 à 6 ans.

  

Exemptions il existait un grand nombre de cas d’exemption. Échappaient tout d’abord à la milice tous ceux qui ne répondaient pas aux critères physiques adéquats (plus de 20 % des cas en Auvergne). 

 

De façon générale étaient exemptés la noblesse le clergé, leurs domestiques, les bourgeois vivant de leur rente, les marchands et cultivateur aisés, les hommes exerçant des professions libérales, les fonctionnaires publics les gens de robbe et de plume.

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Origine sociale des miliciens sur Albi et ses environs

 

 

Mais aussi une foule de professions jugées trop utiles pour la communauté nationale ou tout simplement incompatibles avec l'exercice des armes : transporteurs, médecins, élèves de l'école royale vétérinaire, collecteurs d'impôts, employés des fermes du Roy, postiers, changeurs, agents municipaux, pompiers, employés des arsenaux, des constructions navales, des poudres et salpêtres, de la monnaie, personnel hospitalier, artistes et nombre d'artisans exerçant des métiers rares, gardes-chasse et gardes forestiers, domestiques de nobles, d'ecclésiastiques, de veuves vivant seules et d'infirmes, desservants laïques des églises, laboureurs, hommes de loi, étudiants, le berger d’une communauté possédant plus de 300 têtes de bétail, le maréchal ferrand d’une paroisse d’au moins 50 feux  et bien entendu les militaires en activité, et en fonction de la durée de leurs services, certains anciens militaires.... Certaines charges publiques dispensaient du tirage : maires, échevins, syndics, membres des milices bourgeoises, comme déjà vu. Noter que différents emplois et charges exemptaient non seulement le titulaire mais aussi son premier valet ou premier commis ou l'aîné de ses fils, voire tous.

 

Les services rendus à l'État pouvaient entraîner aussi des dispenses : ainsi les fils de capitaines retraités n'étaient pas soumis au tirage.

 

Certaines situations socio-familiales délicates entraînaient aussi l'exemption : fils aînés de veuves chargées de familles ou vivant seules, et même de pères âgés vivant seuls, orphelins chargés de leurs frères et sœurs…

 

À Arras, entre 1778 et 1783, près de 17 % des « miliciables » furent ainsi réformés .

Les milices provinciales

 

 

Eviter la milice Exceptionnellement, les paroisses étaient autorisées à recruter des remplaçants dont elles devaient rémunérer le « volontariat ». Pour cela, on trouvait l’argent en taxant les paroissiens. Dans les campagnes artésiennes, par exemple, on imposait les paroissiens selon le nombre de charrues (une quarantaine d’ares environ) que comptaient les exploitations . Un contrat précis et détaillé était ensuite établi entre la communauté et celui qui se présentait pour être volontaire pour servir dans la milice, à l’exemple de celui conclu en 1733 devant le bailli d’Aubigny (en Artois) :

 

« Le soussigné… natif de…, fils de…, demeurant à…, déclare servir Sa Majesté en qualité de milicien pour les villages de Thilloy-les-Hermaville et d’Ofines (?), pendant le temps de 5 années, porté par l’ordonnance du [12 novembre 1733], dont il a eu lecture à son apaisement (?) et à laquelle il promet satisfaire sous les peines portées, et ce, au lieu et par remplacement du nommé Michel Viconne, milicien, décédé depuis quelque temps, lequel servoit de milice pour lesdits villages, moyennant quoy la jeunesse desdicts lieux promet luy paier la somme de 30 livres pour son engagement ou remplacement, et par dessus ce de luy mettre ès mains par forme de gratification, celle de… le tout lorsqu’il aura été reçu par Messieurs des États d’Artois, et admis milicien par M. le Commissaire de guerre ».

  

Attention toutefois car le roi punissait sévèrement toute tentative pour échapper au tirage au sort et au service de milice : « ceux à qui le sort sera échu », précisait-on en 1776 en Flandre wallonne, « ne pourront en substituer d’autres en leur place, sous tel prétexte que ce puisse être, quand même des garçons de la même paroisse offriront de servir pour eux ». Jusqu’en 1705, ceux-ci étaient condamnés aux galères avec ablation du nez et des oreilles, puis on se contenta de la peine du fouet et de la flétrissure.

  

Mais tous les moyens sont bons pour échapper à la milice : postuler à une place qui permettait d’être exempté (laquais d’un ecclésiastique, par exemple), se marier en urgence, devenir marchand ambulant pour expliquer le pourquoi de son absence lors du tirage au sort… On essayait aussi de tomber malade en ayant recours à divers artifices…on fuyait hors du royaume :  à Arras, entre 1778 et 1783, on enregistra jusqu’à 22 % de déserteurs. D’autres encore se mutilaient.

 

«Ils criaient et pleuraient qu’on les menait périr et il était vrai qu’on les qu’on les envoya presque tous en Italie dont il n’en était jamais revenu un seul » écrira Saint Simon en 1705 (Duc et pair de France, mémorialiste, 1675-1755) 

 

Charles Pinot Duclos (écrivain et historien 1704-1772) dira dans Mémoires secrets ; « j’ai vu dans mon enfance ces recrues forcées conduites à la chaine comme des malfaiteurs ».

  

Le tirage au sort est honni, la milice haïe  « Que le tirage à la milice soit supprimé dans toute la France », réclamaient les députés des négociants d’Arras en 1789, « comme attentatoire à la liberté naturelle des citoyens, nuisible au commerce, à l’agriculture, ne pouvant fournir au roi que des soldats qui le servent contre leur gré, et qui pourroient être très utiles dans d’autres professions, et que dans le cas où l’État auroit besoin de miliciens, les communautés soient libres de fournir leur contingent en hommes de bonne volonté et de se les procurer de telle manière qu’elles trouveront convenir… » 

 

En 1710, le duc d’Aumont, gouverneur du pays, argumentait déjà dans le même sens en regrettant qu’après le départ des miliciens, il ne resta « plus d’hommes pour la moisson… » .

 

En 1701 Lille devait fournir  182 hommes et se plaignait de ne plus posséder d’artisans « ceux qui restent sont criblés de dettes et émigreront certainement pour éviter la nouvelle imposition ; Douai ville sans commerce et sans trafic remplie de couvents, casernes, arsenaux, collèges ne vit que de son université ; l’annonce de la levée la dépeuplera et ses étudiants retourneront » en Flandre, Hollande, Allemagne et ailleurs

  

Une levée de milice coûtait fort cher À partir de 1726, les paroisses devaient équiper leurs miliciens. Certes, le roi fournissait l’armement, soit un fusil, une baïonnette, une épée, une giberne, un ceinturon, et habillait le milicien : un justaucorps de drap blanc, une veste et une culotte de serge blanche doublée de toile grise avec, pour la veste, un revers, un collet et des parements bleus.

Mais les populations devaient, quant à elles, continuer à payer le petit équipement, soit un chapeau bordé d’un galon d’argent faux, deux chemises de toile, deux cols, une paire de souliers, une paire de guêtres et un havresac .

 

Les milices provinciales

Uniforme des régiments provinciaux sous Louis XVI

  

 

En janvier 1746, le coût de ce « petit équipement » pour 290 miliciens levés en Flandre wallonne et maritime s’éleva à 8 263 livres 10 sols.

  

À ces frais s’en ajoutaient d’autres. Il fallait, en effet, payer l’homme qui conduisait le ou les miliciens au lieu de regroupement.

 

Les paroissiens devaient aussi verser en temps de paix une solde, prise en charge par le Roi en temps de guerre. Cette solde payée par les paroisses fut fixée à 4 sols par jour par l’ordonnance de 1705. Pour un service d’une durée d’environ 5 ans, une communauté pouvait donc débourser près de 365 livres, soit 70 livres par an. C’est ce que payèrent le 6 mai 1784, au milicien Alexandre Lhomme, les communautés d’Arleux, Mont d’Arleux, Thélus, Bailleul-sir-Berthould et Willerval.

 

Au total, l’entretien d’un milicien pouvait approcher la centaine de livres et on comprend donc pourquoi certaines paroisses s’associaient pour supporter ces frais

 

 Un avantage fiscal est tout de même prévu  à partir de 1732 :  

Le père du milicien jouit pendant durée du service du fils d’une dispense complète de l’impôt de la taille si sa quote part était fixée à moins de 20 livres ; au dessus de ce chiffre il ne payait que l’excédent

Le milicien quant à lui ne peut être imposé à la taille que deux ans après sa libération pour ses bien propres ou pour ceux de sa femme s’il venait à se marier pendant ces deux années. S’il était marié avant de tober au sort sa côte personnelle tait diminuée de 10 livres durant des années de miliciens

 

 

 

Les milices disparaissent en 1791 mais en 1798 un autre type de levée de recrues est mis en place : la conscription. Avec les mêmes inégalités .....

 

 

 

Sources  

Les milices et les troupes provinciales, volume 1834 –  Léon Clément Hennet

 

Les milices provinciales dans le Nord d royaume de France à l’époque moderne (17è-18è) – Revue du Nord, volume 350, n°2, 2003, pp279-296 - Alain Joblin

 

La milice dans l'intendance de la Flandre Wallonne au XVIIIe siècle – revue du Nord, 1937, volime 23, n°89, pp5-50 – Marie Agnès Robbe

 

L’obligation militaire en France sous l’Ancien régime – Lieutenant Colonel Alain Huyon

 

 

 

 

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