• B comme Bataillon scolaire

     

    1870 est une défaite et une humiliation pour la France

    Aussi la 3ème République veut exalter le patriotisme, propager une morale civique, développer un certain chauvinisme également et pour cela va commencer par instruire en ce sens les enfants.

    Jules Ferry proclame ainsi : « Nous voulons pour l'école des fusils ! Oui le fusil, le petit fusil que l'enfant peut manier dès l'école ; dont l'usage deviendra pour lui chose instructive ; qu'il n'oubliera plus, et qu'il n'aura plus besoin d'apprendre plus tard. Car ce petit enfant, souvenez-vous en, c'est le citoyen de l'avenir, et dans tout citoyen, il doit y avoir un soldat toujours prêt » (extrait du discours aux instituteurs du 18 septembre 1881).

    Le Ministre de l'instruction publique en 1882, Paul Bert n'hésite pas à dire que l'école doit avant tout « préparer pour la nation des citoyens dévoués jusqu'au sacrifice suprême dans les luttes où peuvent être engagés les intérêts de la patrie ».

    Le ministre de la guerre, le général Farre explique en 1881 : « Le service de trois ans, tel qu’il existe dans un autre pays, doit, pour porter ses fruits, avoir été précédé pendant longtemps d’un dressage préliminaire spécial acquis à l’école. Il faut donc développer l’instruction, l’instruction à tous les degrés, et surtout l’instruction militaire civique. Apprenons aux enfants ce que c’est que le soldat : quels sont ses devoirs ; quelle charge lui impose sa mission ; et même quelle grandeur et quel honneur il y a dans les charges qui lui sont imposées. ».

    Pour cela, un décret du 6 juillet 1882 autorise la constitution de bataillons scolaires. L'instruction militaire devient ainsi obligatoire mais cela ne fait qu’entériner officiellement une pratique mise en place par de nombreuses écoles depuis 1870.

    Les enfants portent l’uniforme et s'entraînent sous la direction d'instructeurs militaires : « Tout établissement public d'instruction primaire ou secondaire, ou toute réunion d'écoles de 200 à 600 élèves, âgés de douze ans et au-dessus, pourra, sous le nom de "bataillon scolaire", rassembler ses élèves pour des exercices de gymnastique et militaires, pendant toute la durée de leur séjour dans les établissements d'instruction. »

    La France comptera jusqu’à 109 bataillons pour environ 44 000 enfants.

     

    Ces « Bataillons » devaient dispenser aux élèves une formation prémilitaire graduée, adaptée à leur âge, dont le programme était ainsi conçu :

    • Au cours élémentaires, de 7 à 9 ans, gymnastique, exercices de présentation individuelle et évolutions collectives.
    • Au cours moyens, de 9 à 11 ans, éducation physique avec éventuellement exercices aux agrès, marches, évolutions en ordre serré.
    • Au cours supérieurs, de 11 à 13, gymnastique, agrès, évolutions en ordre serré, marches, éléments de topographie et préparation au tir.

    D'autres activités vont être au programme : les chants patriotiques et la formation aux défilés.

    Les élèves des bataillons scolaires utilisent des fusils d'exercice. Pour les manœuvres, ce sont des fusils inertes en bois ou bois/métal. Mais pour les exercices de tir réel souvent pratiqués dans les préaux convertis en stands, les élèves sont dotés de versions spécifiques de fusils réglementaires utilisant des cartouches à tir réduit.

    En 1892, une loi met fin à cette expérience de bataillons scolaires, dont la valeur éducative est jugée peu efficace et qui s'avère très coûteuse pour les communes. Ils disparaissent peu à peu. Cependant le tir scolaire reste au programme et continue d'être pratiqué dans les écoles.

    A noter que sur certains modèles de registres matricules, on trouve l'indication de l'instruction militaire :

    • soit "3" (pour dire exercé),
    • soit "Exercé"

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