• Enfermement des pauvres

     

    E comme Enfermement

    L’idée est de séparer les réprouvés de toute sorte du corps social.

    Un « test » a été fait en 1581 dans la Rome des deux papes : Grégoire XIII et Sixte Quint. 850 mendiants furent enfermés dans un monastère désaffecté …. et relâchés un peu plus tard faute d’argent.

    L’idée fait son chemin malgré tout et à Paris au 17ème siècle le Grand Bureau des Pauvres confine dans l’Hospice Saint Germain pour les y dissimiler « les vieils et decrepitz et autres pauvres incorrigibles ou invalides ou impotens ».

    Louis XIV va déclarer très vite la guerre à ces oisifs incapables de s’amender, à ces « vraÿs fénéans » : l’idée qui circule alors est de créer des espaces de coercition où l’on va leur enseigner des rudiments de religion et les faire travailler : en les soumettant à la pénitence et au travail, on les aiderait ainsi à dominer leurs mauvais penchants.

    Et c’est comme cela qu’apparurent les hôpitaux généraux et un peu plus tard les dépôts de mendicité et autres « ateliers de charité ».

    En 1693 Tarbes se dote de l’hôpital de la Clôture qui est destiné à recevoir les mendiants bien portants que les chasse-gueux vont débusquer. Ces pauvres hères, habillés de blanc avec une croix rouge sur la poitrine voient leur vie leur échapper totalement puisqu’un règlement va gérer chaque parcelle de leur vie :

    Levés en été à 4h et en hiver à 5h, couchés à 21h, à 6h Rosaire, à 10h seconde partie du Rosaire, après le diner, une courte prière pour les bienfaiteurs, à 4h 3ème partie du Rosaire, à 7h litanie des Saints, puis prière du soir, les repas sont à 8h (déjeuner), 11h (dîner), et 18h (souper), et entre chaque prière et repas, ce sera du travail et des chants sacrés. Les récréations prévues uniquement le dimanche et les jours de fêtes pour instruire « les enfermez » des mystères de la religion.

    Ceux qui se rebiffent seront mis au cachot ou privé de repas …

    Ce nouveau dispositif est vu comme une réelle avancée pour les pauvres qui vont ainsi ne plus succomber à la « paresse dédaigneuse et insolente ». C’est pourquoi par exemple le maréchal de Navailles et sa fille la duchesse d’Elbeuf donnent des sommes importantes à l’hôpital de la Cloture.

    E comme Enfermement

     

    Une des premières bienfaitrices  de cet hôpital au XVIIème siècle s'appelait Isabeau de Rimbles d'Orignac. Elle légua à hôpital de Tarbes une rente de 500 livres. Puis une somme de 300 livres fut léguée par un administrateur nommé Bonsom Pedoux.

    A noter que louis XIV a étendu en 1693 le système de l’hôpital général à tous les bourgs et villes du royaume.

    Mais malgré ce système il y a toujours des mendiants ! Les autorités de l’époque sont consternées tant elles pensaient tenir La Solution pour éradiquer ces hordes de vagabonds, mendiants, oisifs …

    Une ordonnance du 30 juillet 1777 renforce encore l’arsenal judiciaire :  tous les mendiants de l’un et l’autre sexe,  qu’ils aient un domicile fixe ou non, devront dans un délai de 15 jours prendre état, emploi, métier ou profession dont ils puissent vivre vraiment ; passé ce délai toute personne prise en train de demander la charité « dans les campagnes ou sur les grandes routes », dans les rues des bourgs, dans les églises et autres lieux publics quel que soit son âge, sera arrêtée et conduite en prison pour y être punie.

    En vain …

     

    Voir cette page sur l'histoire des hôpitaux de Tarbes

     

    Sources

    Les dépôts de mendicité sous l’Ancien Régime et les débuts de l’assistance publique aux malades mentaux (1764-1790) de Christine Peny

    Les dépôts de mendicité sous l’Ancien Régime et les débuts de l’assistance publique aux malades mentaux (1764-1790) de Christine Peny

    Le dépôt de mendicité de Toulouse (1811-1818) de David Higgs

    L'Hôpital Général de Paris. Institution d'assistance, de police, ou de soins ? de Nicolas Sainte Fare Garnot

    Mendier sa vie au XVIIIe siècle : de la résignation à la révolte (Amiens, 1764-1789) de Charles Engrand

    Les travaux publics comme ressource : les ateliers de charité dans les dernières décennies du xviiie siècle de Anne Conchon

    Les secours aux indigents : un droit ou une faveur de Dominique Godineau,

    Quand la pauvreté était un crime de Françoise Froelhy

    Le délit de vagabondage au 18ème siècle de Catherine Grand

     

    « Bonté charitable contre crime de pauvretéQui sont ces gueux, mendiants et autres vagabonds que l'on enferme? »

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