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E comme Enfants abandonnés
L’hôpital général reçoit les enfants orphelins, les enfants qui sont abandonnés ou ceux qu’on leur confie tout simplement.
Ainsi à Pau :
« En 1776, « un enfant Etienne âgé de deux ans dont la mère est morte et qui est sans parens ny aucune personne qui en ait soin »
En 1779 « Antoine dit Vincent âgé d’environ 3 ans , son père était étranger, cieur de long qui étant décédé à Pau, son épouze chargée de deux enfants mendiaient tous les trois et cette pauvre femme étant morte subitement, une personne se chargea de l’ainé des enfants âgé de 6 ans ,le dit Vincent fut reçu à l’hôpital »
L’hôpital reçoit aussi des enfants délaissés : le 1er novembre 1767 l’hôpital accepte de prendre « une fille Julie, 6 ans que sa mère est morte chez le nommé Lestanguer, aubergiste à la rue de Polidor, commis à Mr Berdoulet , le père de cette fille est un faiseur d’instruments pour la musique, ayant laissé sa femme malade pour s’aller chercher de l’ouvrage pour gagner son pain, il n’a plus paru, ainsi cette fille a été reçu à l’hôpital en même temps qu’une autre fille, …. sœur de celle cy »
En juillet 1780, l’hôpital accepte de se charger du fils d’un ancien décrotteur devenu marchand de faïence qui, « ayant fait faillite s’est évadé »
En janvier 1781, l’hôpital se charge du fils d’un perruquier : la mère morte, le père s’en est allé « on ne sçait où » et l’enfant « est sur le carreau, il se retire chez le misérable Jean Ligues, son grand père, homme âgé vieux et sans ressource »
En 1783 une nourrice vint se plaindre de ce que » le nommé Labarthe fabricant de papier peint et habitant chez Jeanne Dufourc près du collège de Pau » s’était enfui en Espagne en lui laissant son fils
En 1783 toujours une femme se présente chez un jurat « portant un enfant de sexe féminin … elle dit qu’elle était chargée de nourrir le dit enfant de l’âge de 9 mois , qu’elle était absolument sans lait et d’une misère extrême, que la mère du dit enfant qui avait été établi à Pau avait décampé de la ville depuis cinq semaines lui devant deux mois et demi de nourrissage ».
En 1764 le curé et les jurats demandent à l’hôpital de se charger de Cécile 3ans et de sa sœur Marguerite Lucie 18 mois dont « le père et la mère sont laissés sur le pavé ».
En août 1781, le sieur Cazaux, chirurgien, i ntervient pour que Pierre, fils naturel de Chinette de Guilhamet soit reçu à l’hôpital, la mère « étant sans lait … et dans un état de misère à ne pouvoir subsister elle-même qu’avec peine… ».
Et bien sûr il y a tous les enfants exposés. A Pau par exemple en 1789 128 enfants sont exposés ; parmi eux 32 ont moins d’un jour, 26 moins de 8 jours, 51 entre 9 jours et 6 mois.
Le taux de mortalité de ces enfants est énorme : un peu plus de 8 sur 10. Cette mortalité est due à la conjonction de plusieurs facteurs : les conditions de grossesse, les conditions de l’exposition (accroché à un arbre, enfoui dans un tombereau, à peine enveloppé de quelques chiffons, couvert de haillons, enveloppé dans un mauvais morceau de cape brune… mais surtout les conditions de prise en charge : les enfants sont gardés au milieu de tous les autres laissés pour compte, sans soins, hygiène et nourriture adaptée.
Cosette - 1862
Ce sont aussi de jeunes enfants que l’on trouve errants et qui sont « capturés » pour être remis au dépôt de mendicité le plus proche : ainsi le 4 avril 1782 sont pris Jeanne 7 ans et Pierre son frère, 2 ans. Un an plus tard, le 5 juin 1783 leur mère Hélène est à son tour arrêtée. Elle accouche d’un enfant, Jean Paul, « fils naturel du nommé Jean Demonain, tisserand ». Il mourra le 12 mai 1790 à l’hôpital. Jeanne est placée en 1786, à 11 ans mais s’enfuit , elle est reprise quelques mois plus tard comme vagabonde. Pierre placé à l’hôpital sera repris par sa mère.
Ces enfants enfermés dans les dépôts pour cause de mendicité se révèlent être une aubaine pour des manufacturiers en mal de main d’œuvre pas chère .. C’est ainsi qu’en 1771, un certain sieur Daudiffret de Barcelonnette, patron d’une fabrique de moulinage de la soie émit l’idée de se charger de 200 enfants lesquels demeureraient chez lui comme apprentis.
Voir sur le site de Histoire P@ssion les articles très fournis et très bien documentés sur l'histoire de l'enfance abandonnée.
Source
Quand la pauvreté était un crime de Françoise Froelhy
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