• D comme DOMENGE, DAMIANE et autres prénoms désuetsEn remontant le fil du temps, on est frappé par la fréquence de certains prénoms mais également par le côté désuet de certains autres.

    Si je regarde par exemple le dépouillement que je suis en train de faire sur Frouzins, petite commune du 31, la palme d’or des prénoms sur 1700/1715 revient à Marie et à Jean ; viennent ensuite Jeanne et François.

    Cela n’empêche de faire quelques trouvailles originales : Domenge, Bésian, Bernarde, Bertrande, guillaumette, ou Fabiane par exemple.

    Quant à mon arbre généalogique (lequel se concentre essentiellement sur le Nord Pas de Calais), le top 10 est le suivant : Marie, Jean, Marguerite, Anne, Nicolas, Jeanne, Catherine, François, Pierre et Jacques.

    J’ai en revanche quelques prénoms à la fois très jolis et terriblement « vieillots » dans mon arbre : Florimond, Floris, Josse, Anastasie, Kléber, Léandre, Léocadie, Damiane et d’autres tout aussi vieillots mais un peu plus difficile à porter, encore que … : Barbe, Euchaire, Berthe, Isidore, Firmin, Niçaise, Zénaïde Mathieuette, Lothard, Péronne, Géraud, Jacquese et j’en passe.

    Bref, le stock de prénoms courants, va-t-on dire, reste limité sous l’ancien régime pour la simple et bonne raison que le choix du prénom est strictement contrôlé par l’Eglise . Il faut puiser dans la liste des saints et saintes, un point c’est tout et si possible reprendre le prénom du parrain pour les garçons ou de la marraine pour les filles. Ce qui n’est d’ailleurs pas sans poser quelques problèmes d’homonymie dans nos recherches…

    D comme DOMENGE, DAMIANE et autres prénoms désuets  Ce qui peut également interpeller le généalogiste est l’orthographe des prénoms qui n’est pas du tout invariable dans les actes, et qui pose là aussi quelques soucis pour bien identifier certaines personnes.

    Ainsi Domenge peut aussi s’écrire Doumenge voire même Dominique pour identifier la même personne, Bernarde s’écrira des fois Bernade, on a aussi Gabrielle ou Gabriele, Laurense ou Laurence, Anthoine ou Antoine, Guilhaume ou Guillaume, Jacquese ou Jacquete, Guillemete ou Guillaumete (avec 1 ou 2 « t » en fonction des actes) …

    Au XIXème siècle toutefois des prénoms plus novateurs arrivent sur le marché : Zélaïde, Victoire (en l’occurrence ici Victoire Républicaine née en 1794) Adélaïde, Valentin, Hortense, Jules, Flavie, Adeline, Euphémie, Virginie, Julien, Félix, Sophie …

    J’ai été surprise aussi par la question des prénoms multiples : sur Frouzins, et sur la période 1700/1715 la majorité des personnes n’a qu’un prénom et lorsqu’un second prénom est attribué c’est plus pour former un seul prénom : Jean Baptiste, Jean Bernard, Jean François alors que dans mon arbre généalogique j’ai en majorité et quelle que soit l’époque le prénom Joseph en second que ce soit pour les femmes (encore que parfois on trouve le prénom Josèphe mais c’est rare) ou pour les hommes. Autres régions autres traditions ?

    Ce qu’il faut comprendre en tous les cas c’est que le prénom sous l’Ancien Régime est en quelque sorte une mémoire familiale : il se transmet de père en fils, de mère en fille, de parrain à filleul …

    C’est pourquoi il est courant que l’on reprenne le prénom d’un enfant décédé pour le donner à celui qui vient de naître, ce qui serait difficilement pensable aujourd’hui pour des raisons psychologiques évidentes. Mais à cette époque, il ne s’agissait pas de faire survivre la mémoire du petiot mort mais de garder vivante la lignée, du moins c’est mon point de vue.

     

    J’ai pour ma part opté pour l’originalité dans le choix des prénoms de mes enfants : Virgile, Aubane et ma regrettée Candice

     D comme DOMENGE, DAMIANE et autres prénoms désuets

     


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  • Je vais évoquer ici mon arrière grand tante, Claire, que l’on appelait Tante Claire, la sœur de mon arrière-grand-mère paternelle, Gabrielle.

    J’avais 15 ans quand elle est morte en 1986 mais je me rappelle très bien d’elle, une vieille dame toute petite, toute voûtée, avec des cheveux blancs et des lunettes fumées. Elle était réservée, discrète, ne se plaignait jamais, faisait tout toute seule.

    Je me rappelle avoir entendue qu’elle est morte dans d’atroces souffrances, sans se plaindre, jamais.

    En grandissant j’ai appris qu’en fait sa vie n’avait été que souffrance et peine.

    Claire Julie Léonie Deleurence est née le 25 janvier 1899 à Estaires, petite commune du Nord. Elle est la deuxième d’une fratrie de 5 enfants dont deux seulement vivront au-delà de l’enfance.

    Elle était confectionneuse comme sa sœur Gabrielle, plus âgée qu’elle de 3 ans.

    Lors de la guerre 14/18, ses parents Elise et Georges, ses sœurs Renée et Gabrielle, et elle même partirent à Lyon. Je ne sais pas comment encore : de leur propre initiative ou via des convois qui partaient loin de la guerre ? Toujours est-il qu’ils ont fui la guerre. Le père Georges Deleurence , tisserand de son métier, trouva un travail dans la métallurgie.

    J’ai retrouvé leur trace par hasard en cherchant des IGOU sur Lyon dans les recensements : quelle ne fut ma surprise quand je découvris Georges Deleurence, Elise Carpentier, Claire et Gabrielle au 55 rue des tables claudiennes - quartier de la croix rousse à Lyon. Je les y retrouve jusqu’au recensement de 1921 mais cette fois sans Claire (je suppose qu’elle vit ailleurs qu’à Lyon car je ne retrouve pas sa trace dans les recensements). En revanche je les retrouve tous à nouveau à Estaires sur le recensement suivant en 1926.

    Claire a rencontré là-bas Marius Fernand IGOU qu’elle épousera en 1920. On s’est longtemps demandé dans la famille qui était Marius ; on se doutait que Marius venait de là-bas mais sans en être sûrs. En fait on ignorait tout de sa vie ; on ignorait d’ailleurs que les Deleurence étaient tous partis à Lyon ; jusqu’alors on pensait que mon arrière-grand-mère Gabrielle y était allée accompagnée de Claire pour accoucher de ma grand-mère Raymonde. Mais cela fera l’objet d’un article prochain.

    Revenons à Marius Fernand Igou : je suis partie de l’hypothèse qu’il avait à peu près le même âge que Claire et j’ai visionné tous les registres matricules de cette période. Et je l’ai trouvé (fiche matricule Lyon nord 1915 n°91 p. 238). Et de là j’ai retrouvé son acte de naissance. Il est donc né à Vizille dans l'Isère en 1895 et est issu d'une famille qui travaillait dans la métallurgie apparemment. Lui était tapissier décorateur. Son père Victor était forgeron et lamineur et son grand père Louis était puddleur; il avait un oncle Claudius né à Givors dans le 63, tourneur de son métier et un frère Victor né en 1889, et dont je n'ai pas encore retrouvé la trace. Sa mère s'appelait Adèle Antoinette SAMUEL et était ouvrière en soie tout comme la sœur de cette dernière.

    Marius était de constitution fragile, très fragile. Sa fiche matricule indique qu’il a été réformé le 20/2/1917 pour pseudarthrose scapulo-humérale gauche et atrophie du deltoïde.

    Il mesurait 1.62m et était châtain avec les yeux marrons ; il savait lire et écrire mais pas compter

    Il fut incorporé le 15 décembre 1914 en tant que soldat de 1ère classe. Peu après la guerre il épousera Claire, à Lyon, le 30 octobre 1920.

    Mais son service sous les drapeaux lui fut fatal car il mourut un an après son mariage, le 4 décembre 1921 à Lyon, à son domicile du 55 rue des tables claudiennes. La mémoire familiale a retenu qu’il serait mort suite à son exposition au gaz moutarde.il avait 26 ans. Claire devenait veuve à l’âge de 22 ans.

    Ils ont eu un fils Georges que je suppose être né là-bas mais pas moyen de retrouver sa trace ; je sais juste qu’il est né en 1921.

    Tante Claire est donc revenue à Estaires en 1921 avec son fils, ses parents, ses sœurs et sa nièce.

    Ils reprirent le cours de leur vie sur les ruines laissées par la guerre mais cela fera l’objet d’un prochain article également,

    Tante Claire ne s’est jamais remariée. Elle a exercé un métier désuet aujourd’hui : elle jouait du piano dans les cinémas pour les films muets !

    Mais elle avait elle-même des problèmes de santé : elle devenait aveugle peu à peu et avait des problèmes de dos qui la « voûtèrent » progressivement.

    Elle devint vendeuse dans un magasin de liqueur et ses employeurs, sensibles à sa situation lui laissèrent le logement au-dessus du magasin. Elle resta là-bas très longtemps.

    Je ne sais pas encore grand-chose de Georges ; j’ai une photo de lui en costume de marin avec le béret et le pompon. Il faisait du cheval. Il a épousé dans le Nord une dame, Madeleine Kasse et eu 2 filles Danièle née en 1945 et Michèle née en 1946.

    Georges mourut en 1946 à 26 ans des suites de maladie. Danièle mourut en 1945 et Michèle en 1946.

    On pense qu’elles eurent la méningite.

    Claire se retrouve seule sans plus personne, sans son fils et ses petites filles. Elle avait 45 ans.

    Ses yeux lui firent de plus en plus défaut ; une maladie que je ne connais pas pliait son dos en deux.

    Et jamais elle ne s’est plainte, jamais.

    Elle est morte le 24 décembre 1986 et sa mort fut à l’image de sa vie, discrète et douloureuse.

      


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  •  

    Je suis en train de dépouiller les registres paroissiaux de Frouzins, petite commune de Haute Garonne où je vis depuis 15 ans. La période dont je m’occupe en ce moment concerne les années 1700-1715.

      

    Et je suis étonnée de voir que les baptêmes ne se font pas nécessairement de suite après la naissance. Sur 211 naissances par exemple (en 12 ans) j’ai 23% des baptêmes qui se font au-delà de 2 jours et sur ce pourcentage j’en ai 30% qui sont réalisés entre 4 et 8 jours après la naissance (voire même jusque 20 jours !). 

     

    Et cela quelles que soient l’année et la saison, été comme hiver. Je me suis dit que peut-être ils faisaient un « tir groupé » mais même pas vu le peu de naissance chaque mois et les dates de baptême toutes différentes.

     

    Or, je sais que le baptême est un moment important puisque cela permet d’éviter au petiot d’errer dans les Limbes comme une âme en peine, c’est le cas de le dire… s’il venait à mourir. Et pour éviter ce destin funeste, il fallait donc baptiser le bébé de suite après sa naissance. 

     

    La problématique principale étant donc de savoir quoi faire lorsque l’accouchement se passait mal et que le petit était en état de péril de mort ; la sage-femme pouvait en fait dans ce cas ondoyer l’enfant c’est-à-dire le baptiser d’urgence.

    Je vois dans les registres de Frouzins que sur 12 années, il n’est pas fait mention d’ondoiement mais qu’à 3 reprises l’enfant ou plutôt l’ « avorton » a été baptisé à la hâte à la maison (ce qui me paraît tout de même peu eu égard au nombre de bébés morts dans ce village à cette époque, à moins peut être que les actes de baptême ne précisait pas toujours les circonstances du baptême). En tous les cas le petit ,baptisé à la hâte, n’a quand même pas reçu de prénom puisqu’il est désigné sur l’acte par le terme « avorton » et qu’il n’a pas eu de parrain ni de marraine. A t-il seulement été enterré dans le cimetière ?

    B comme BAPTEME 

     Pourquoi toutes ces complications ? Tout simplement parce que selon St Augustin, sans baptême (qui est la condition du Salut pour le Chrétien), les âmes des enfants morts étaient condamnées à l’Enfer. L’Église, aux XIIIe et XIVe siècles, a tenté d’assouplir cette doctrine pour le moins cruelle en créant pour ces petiots un lieu intermédiaire, le Limbus puerorum. Il n’en reste pas moins que si les Limbes n’étaient pas l’Enfer, ils n’étaient pas non plus le Paradis.

     J’ai donc fait quelques recherches sur ce sacrement que je pensais simple à la base mais qui en fait ne l’est pas du tout, et j’en veux pour preuve un ouvrage très intéressant : L’ancien sacramentaire de l’Eglise écrit en 1699 et 1701 (il y a deux parties) de M. Grancolas, docteur en théologie de la Faculté de Paris. Cet ouvrage parle des divers sacrements de l’Eglise catholiques et notamment du baptême ; et je me suis aperçue que ce sacrement était en fait beaucoup plus codifié et réglementé que ce que je croyais. Je vais essayer de vous résumer ce qui y est écrit.

      B comme BAPTEME

     

    Cet article va être nécessairement long et je m’en excuse par avance.

     

     

     

    En premier lieu, qu’utilise-t-on pour baptiser ? Les Canons d’Egbert, archevêque d’York en 747 sont clairs : ils défendent de mêler du vin avec de l’eau pour baptiser et l’eau utilisée doit avoir été bénite solennellement le Samedi Saint ou la veille de  la Pentecôte. Le concile de Nîmes de 1284 permet d’utiliser de l’eau chaude en cas de nécessité lorsqu’un enfant ne fait que naître et est en danger de mort.

    Le concile de Trente nous dit ensuite que l’on doit strictement prononcer les paroles suivantes : « Ego te baptizo in nomine Patris et Filii et Spiritus Sanctis ». Il est important de ne rien omettre car si l’on a baptisé uniquement au nom de Jésus Christ,  il faut refaire le baptême nous dit le pape Pelage sauf en cas d’extrême nécessité et que l’on n’a pas le temps de prononcer toutes les paroles, nous précise encore le concile de Nîmes de 1282.

     Le concile de Sens de 1524 permet l’utilisation de la langue française à ceux qui n’entendent pas le latin : « Enfant je te baptise au nom du Père, du Fils et  du Saint Esprit ». Il est donc nécessaire, nous dit-on, d’instruire les sages- femmes pour qu’elle puisse baptiser en urgence dans les règles.

    L’ouvrage évoque ensuite le baptême sous condition. L’Eglise permet en effet de réitérer le baptême de l’enfant si et seulement s’il existe un doute qu’il ait manqué quelque chose d’essentiel la première fois. Ainsi si l’enfant a été baptisé à la maison, le prêtre doit s’enquérir des paroles exactes qui ont été prononcées et ce qui a été précisément fait. Car il ne s’agit pas de re-baptiser l’enfant, ce n’est pas possible nous dit le concile de Langres de 1404.

    Le concile de Rheims de 1583 exige d’ailleurs deux témoins qui puisse déposer comment l’enfant a été baptisé.

    Quid du baptême donné par un hérétique ? Le premier concile d’Arles en 314 sous Constantin nous dit qu’il est valide si les paroles ont bien été prononcées et si la manière est conforme : le concile de Rheims confirme cette décision ; en cas de doute on procèdera donc au baptême sous condition.

    La question se pose de savoir ce que l’on doit faire si l’on trouve des enfants abandonnés car dans ce cas personne ne peut témoigner qu’ils ont été baptisés. Doit-on procéder au baptême sous condition ? Le concile d’Aix de 1585 exige un baptême alors même qu’un billet ou autre note serait attaché et préciserait que l’enfant a été baptisé.

    L’ancien sacramentaire décrit ensuite la manière dont le baptême doit être donné. De 3 manières possibles : par immersion quand on plonge l’enfant dans l’eau, par aspersion quand on l’arrose d’eau, par infusion en versant de l’eau sur sa tête.

    Quelle que soit la manière, ce sera 3 immersions, 3 aspersions ou 3 infusions nous précise le concile de Rheims.

    B comme BAPTEME

    Le concile de Nîmes de 1282 demande que les paroles soient prononcées en même temps que les ablutions et ce doit être la même personne qui prononce et qui procède (concile de Langres de 1404).

    Le concile de Chartres de 1526 est plus précis puisqu’il indique qu’en versant l’eau sur la tête de l’enfant il faut faire les 3 infusions consécutives en forme de croix.

    Le concile de Sens de 1524 nous explique qu’il ne faut pas verser l’eau avec la main mais avec une cuillère ou un vase et l’eau versée ne doit pas tomber par terre ni dans les fonts mais dans une piscine destinée à cela (concile d’Aix de 1585).

    Tout un paragraphe est ensuite consacré au ministre du baptême : c’est le prêtre mais aussi le diacre avec la permission du prêtre nous indique Tertullien (théologien du 2ème siècle) qui peut baptiser ; et le prêtre ne peut donner le baptême qu’avec la permission de l’évêque ou du curé.

    Le concile de Frelingue en 1440 demande aux curés d’informer les hommes et les femmes qu’ils peuvent baptiser en cas de nécessité. En revanche le concile de Nîmes précise que l’on ne peut se donner le baptême quelle que soit la nécessité dans laquelle on se trouve.

    Justement en cas de nécessité que faire ? On sait qu’une autre personne que le prêtre peut intervenir mais comment ? Il existe une hiérarchie puisque le concile de Sens de 1524 prescrit qu’un homme baptisera de préférence à une femme, que les père et mère ne baptiseront point s’il se trouve quelqu’autre personne, et qu’un clerc baptisera de préférence à un laïque.

    Le concile de Langres de 1404 a précisé qu’en cas de  nécessité le baptême fait par les laîques ne crée pas d’affinités spirituelles entre eux. En effet il ne faut pas oublier que les parrain et marraine contractent une affinité spirituelle entre eux, avec l’enfant, les père et mère sauf cas de nécessité : le curé doit donc les en avertir.

    Le concile de Bourges de 1584 stipule quant à lui que les sages-femmes ne pourront baptiser qu’en cas de péril évident de mort ; et elles devront être instruite sur la manière de procéder (concile d’Aix).

    Le concile de Nîmes de 1282 indique que quand une femme est en travail et que l’enfant montre seulement la tête et qu’il semble y avoir danger, la sage-femme versera un peu d’eau sur la tête de l’enfant et prononcera les paroles suivantes : « si matre in partu laborante infans extra ventrem matris tantum emiserit caput, et in tanto periculo infans positus nasci nequiverit, infudat aliqua de obstetricibus aquam super caput infantis, dicendo, Ego te baptizo ».

    Mais le concile de Langres de 1404 et le concile de Cologne de 1280 interdisent aux sages-femmes et autres personnes de baptiser les enfants dans le ventre de leur mère sauf s’il est manifeste que l’enfant est vivant et qu’il montre la tête ; il précise que si la femme mourrait en travail et que l’on pensait l’enfant vivant, il fallait ouvrir la mère, et procéder au baptême ; si l’enfant était mort il fallait le laisser dans les entrailles de sa mère nous explique le concile de Paris de 1557 pour les enterrer ensemble.

    B comme BAPTEME

    Si l’enfant est mort, le concile de Langres de 1452 cette fois ci condamne la pratique des sanctuaires à répit qui sont très utilisés du XVe siècle au XVIIsiècle (et même encore après) où l’on emmène le bébé dans l’espoir de déceler un quelconque signe de vie même fugace qui permettrait de le baptiser ; la sanction sera l’excommunication.

    B comme BAPTEME

    Quand doit avoir lieu le baptême ? Le concile de Sens de 1524 affirme que le baptême doit intervenir dès la naissance et qu’il ne faut pas le différer quelle qu’en soit la raison, notamment qu’il ne faut point le retarder à cause des parrains.

    Le premier concile de Milan de 1585 punit d’excommunication ceux qui différeront jusqu’à 9 jours. Le concile d’Aix de 1585 également confirme la sanction pour les parents qui attendent plus de 8 jours.

    De même le concile de Rheims de 1583 demande que le prêtre soit diligent et donne le baptême aussitôt qu’il en est requis, et donc à toute heure bien que le concile de Mayence de 1549 stipule que sauf cas de nécessité le baptême devra avoir lieu le matin, devant ou après l’Office.

    Le concile de Cologne préconise d’être à jeun pour être plus attentif et le concile de Narbonne de 1619 défend de le faire dans les maisons des grands seigneurs et les chapelles privées, cela étant réservé pour les enfants des rois et des princes (concile de Chartres 1526).

    Si jamais en cas de nécessités le sacrement est fait à la maison, l’eau du baptême doit être jeté au feu et le vase ou bassin utilisé devra être donné à l’Eglise (Constitutions de l’Evêque de Sarum en Angleterre – 1217).

    La codification de ce sacrement va loin puisque la façon de se vêtir est également l’objet d’un paragraphe : le concile d’Aix de 1585 défend que  les enfants soient superbement vêtus ; le prêtre ne doit pas les accepter dans cet état ; le baptisé doit être en revanche revêtu de blanc, symbole de l’innocence et de la grâce ; cette condition est réduite dans la plupart des cas au bonnet appelé le chrémau (ou chrémeau) ; ce chrémau ou langes enveloppait autrefois l’enfant ; le concile de Troyes de 1400 demande qu’on les fasse amples et larges pour justement permettre cet enveloppement ; le concile de Paris de 1557 demande aux mères après qu’elles se soient relevées de leurs  couches d’amener les bonnets à l’Eglise pour les y brûler afin d’éviter qu’ils ne soient utilisés de façon profane ou encore pour y être utilisé à des usages saints (Constitution de Sarum de 1217).

    B comme BAPTEME

    L’ancien sacramentaire précise ensuite qu’il n’est pas possible de demander le baptême au son des tambours et autres instruments (concile d’Aix) mais il est possible en revanche de jouer de l’orgue et de sonner les cloches après, en signe de joie (concile de Rheims) tout en prenant soin de se comporter avec modestie et de ne pas faire de bruit ni de tumulte.

    Il peut arriver que l’on baptise plusieurs enfants en même temps mais là aussi un ordre doit être respecté : on commence toujours par le garçon sauf cas de nécessité (concile d’Aix).

    Le baptême des monstres est évoqué rapidement : il faut déterminer qui est mâle et femelle, voir s’il y a deux têtes et deux corps distincts pour savoir si on les baptise ensemble ou l’un après l’autre.

    Que peut-on dire sur les parrain et marraine ? Le Concile de Trente exige un de chaque. Le concile de Chartres de 1526 en demande deux ; le concile de Sens 1524 quant à lui défend d’en prendre plus de 3.

    Le parrain et la marraine seront instruits des principes de la religion (concile de Paris). Le concile de Rheims défend aux moines et religieuses d’être parrains et marraines et celui de Chartres de 1526 demande à ce que ces derniers aient au moins 10 ans et demi, tandis que celui de Rouen 1581 exige 14 ans. Ils seront de bonnes mœurs et confirmés (concile d’Aix)

    Le concile d’Aix demande également de la modestie dans leurs habits et que les hommes quittent leurs armes.

    Il sera ensuite donné aux enfants le nom d’un saint ou d’une sainte pour être incités à admirer  et suivre leur vertu (concile de tours de 1583).

    Les fonts doivent être fermés pour éviter sortilèges et profanation de l’eau bénite (de nombreux conciles le rappellent et demande à ce que l’eau soit renouvelée souvent). Le concile de Paris de 1557 ordonne de renouveler tous les ans les saintes huiles et qu’elles soient confiées au curé. Celui-ci devra tenir des registres où seront mentionnés le jour du baptême, les nom et surnom du baptisé, des parrains, marraines, des père et mère et le concile d’Oxford de 1287 exige que soit mentionné si l’enfant est né légitimement.

    B comme BAPTEME

    Le concile de Bourges de 1584 défend que l’on oublie une cérémonie sous peine d’anathème c’est-à-dire les exorcismes, les demandes et les onctions.

    De nombreux conciles demandent aux prêtres d’informer les laïques sur la signification du baptême. Ainsi il faudra leur expliquer les points suivants :

    • On donne un nom à l’enfant pour lui rappeler qu’il est enrôlé dans la milice du christ
    • Le prêtre souffle sur l’enfant pour apprendre l’approche du Saint Esprit qui va chasser le démon du catéchumène

    • On fait le signe de la croix sur le front et la poitrine pour marquer le sceau du christ

      Le signe sur la poitrine permettra de chasser le démon du cœur

    • Le prêtre étend les mains sur l’enfant en disant les prières pour marquer l’autorité et la puissance de Jésus Christ et consacrer l’enfant

    • On met le sel bénit dans la bouche de l’enfant, le sel sapienta car il est le symbole de la sagesse et de la prudence que doit incarner le chrétien dans sa conduite.

    • Le prêtre fait des exorcismes pour chasser les démons le prêtre fait des onctions avec de la salive aux oreilles à l’exemple de Jésus Christ  qui fit ainsi pour guérir un homme muet et sourd ; la salive est un liquide qui descend du cerveau et il est donc symbole de sagesse ; avec cette onction on avertit qu’il faut avoir les oreilles du cœur ouvertes pour entendre la voix de dieu

    Avant de baptiser on doit s’assurer de la volonté de celui qui se présente et après le baptême on fait l’onction avec le saint chrême sur la poitrine (le front étant réservé aux évêques)

    Le chrême doit être béni par l’évêque et est constitué d’huiles et de baume

    La dernière action du baptême est de donner au baptisé un cierge allumé qui représente la lumière et la foi qu’il a reçues

    Le 1er concile de Milan et le concile de Narbonne de 1609 condamnent la pratique de mettre ensuite l’enfant sur l’autel tel une offrande à Dieu car il y a eu des abus de la part de prêtres qui demandaient quelque chose pour rachat de l’enfant.

    Le concile de Chartres de 1526 demande que le prêtre soit revêtu du surplis et d’une étole.

    Le concile de Mayence de 813 et de Cologne en 1549 demandent que le repas de baptême ne soit pas excessif (concile de Chartres en 1526). Le prêtre ne peut pas se trouver à ces repas parce que souvent il y est dit des choses indignes d’être entendues par un ecclésiastique.

    Après leurs couches les femmes viennent à l’Eglise avec des cierges  pour se purifier et pour remercier dieu d’avoir évité les périls auxquels les exposent leurs couches.

    B comme BAPTEME

    Les conciles recommandent enfin aux prêtres d’informer les parents de ne pas faire coucher l’enfant avec les père et mère avant un an sous peine d’excommunication pour éviter de l’étouffer. Le concile de Chartres de 1526 demande d’attendre les 3ans de l’enfant.

     

     

    Il y aurait encore beaucoup à dire mais je m'arrête là. Je constate que les règles édictées n'étaient pas toutes respectées, loin de là. Mais ces quelques lignes me donnent finalement un éclairage plus vivant et plus pragmatique de cette cérémonie.

     

     

     

     

     

     


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  • Je commence ce challenge par une note introductive, plus philosophique que généalogique mais les quelques mots qui vont suivre caractérisent bien mon cheminement généalogique.

    Cette première lettre donc m’a en effet fait penser tout de suite au mot « ancêtre » et je me suis dit que ce serait une bonne entrée en matière.

    J’ai commencé très jeune à m’interroger sur ma famille du fait que justement nous avions coupé tout lien (pour d’obscures raisons pas toutes élucidées) avec la famille tant paternelle que maternelle.

    J’étais intriguée de savoir si j’avais des tantes, des oncles, des cousins. Je ne connaissais que mes grands-parents paternels et je n’avais que des bribes d’histoires sur mes arrières grands-parents paternels et sur la branche maternelle.

    J’ai donc commencé avec les moyens du bord puisqu’à l’époque Internet n’existait pas.

    J’ai posé tout un tas de questions à mes parents, écrit aux mairies et une fois écumé tout ça, j’ai mis de côté mon dossier bien maigre car je n’avais pas d’autres moyens d’en savoir plus à ce moment.

    Plusieurs années plus tard, grâce à Internet, j’ai pu m’y remettre et quel bonheur de pouvoir enfin mettre des noms sur cet arbre bien malingre.

    J’ai pu remonter la lignée maternelle et paternelle, avec beaucoup de mal certes, mais je me suis découvert des cousins que je ne connaissais pas et des ancêtres dont j’ignorais tout jusqu’alors. J’ai redécouvert le Nord Pas de Calais au fil des villes et villages dans lesquels ont vécu ces gens dont j’essayais de retracer l’histoire. J’ai découvert des métiers, résolu (peut-être) un secret de famille, retracé l’histoire inconnue d’une arrière grand tante, de ses parents et de ma grand-mère au moment de la première guerre mondiale, récupéré des photos perdues dans des tiroirs depuis des lustres …

    J’ai même fait il y a deux ans un pèlerinage (car pour moi il s’agissait bien de cela) d’une semaine tout là-haut (moi qui habite maintenant le Sud et qui n’étais pas revenue dans le Nord depuis plus de 15 ans). J’ai sillonné le Nord Pas de Calais en m’arrêtant dans chacun des villages où étaient nés mes ancêtres. Villages qui pour certains n’ont à mon sens pas bougé (ou si peu) depuis des décennies, voire plus, vu le nombre de leurs habitants et la petite taille de leur centre.

    Je me suis dit alors que ces gens qui ont disparu de la mémoire de la famille, comme si jamais ils n’avaient existé, avaient droit à davantage d’égard (je suis très sentimentale..) de la part de leur descendants. Je ne serai pas là en effet en train d’écrire ces quelques mots si ces hommes et ces femmes n’avaient pas vécu, souffert, trimé, aimé avant moi. Et je leur porte depuis une tendresse toute particulière quelle qu’ait pu être leur vie et quoi qu’ils aient pu faire car sans eux je ne serai pas là… Il m’arrive d’allumer en leur mémoire une bougie certains soirs et je les remercie alors en silence.

    Et je me dis que tenter de retracer leur vie est un hommage que je me dois de leur rendre de façon à les faire revivre d’une certaine façon sinon dans nos cœurs au moins dans notre histoire familiale.

    Et ça ne rend que plus intéressantes encore mes recherches généalogiques

     


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    L'ergotisme alimentaire ou mal des ardents ou Feu de St Antoine, feu infernal, feu sacré, peste des extrémités, est une intoxication engendrée par la prise alimentaire de seigle ergoté (l'ergot du seigle est un champignon appelé Claviceps purpuréa, parasite responsable de mycotoxicose). L’ergot de seigle se présente sous la forme d’une excroissance, un sclérote, qui s’accroche aux épis de seigle. Il pousse principalement sur du seigle abimé par des étés très humides.

    Le mal des ardents

     
     
    La consommation de farines préparées avec des grains ergotés engendre l’ergotisme qui provoque des troubles hallucinatoires et des délires avec des convulsions qui ressemblent à des crises d’épilepsie. Dans les cas graves elle entraine une gangrène des extrémités, provoquée par une diminution ou un arrêt complet de l’irrigation sanguine. Les chroniqueurs de l’époque écrivirent que “les malades étaient dévorés par un feu intérieur qui se localisait aux pieds, aux mains, à la poitrine. Puis le corps se desséchait et devenait noir, les extrémités se détachaient et ils mouraient dans d’horribles souffrances".
     
     
    L’intoxication même légère et passagère par l’ergot a des effets abortifs bien connus. Ce fait pourrait expliquer et la faible fécondité et la proportion importante de prématurés qu’on observe dans les régions où, nous l’avons vu, l’intoxication est presque habituelle.
     
    L’ergotisme arrête le lait chez les nourrices, ce qui explique également les taux de mortalité infantile exceptionnellement élevés qu’on relève certaines années dans les villages affectés. Le fait est attesté, par exemple, dans la région de Montauban (archives de Grisolles en Tarn et Garonne rapportées par H. Chaumartin).
     
    « Toutes les nourrices perdirent le lait et moururent beaucoup de petits enfants comme par famine … Il y eut pendant 3 ou 4 mois, savoir depuis le mois de juillet jusque vers l’automne … un certain mal de pieds et de jambes qui, outre la douleur très aigüe et la très grande puanteur, pourissait tellement la chair que les pieds et les jambes et même les bras … tombaient d’eux-mêmes et qu’il se trouva plusieurs personnes sans bras ni jambes ».
     
     
    Au XIème siècle, se constitua une compagnie charitable des frères de l'aumônepour soigner les égrotants qui accouraient de toutes parts se mettre sous la protection de saint Antoine. En 1247 le pape Innocent IV érigea la communauté en ordre religieux hospitalier des Antonins, ou Antonites en Allemagne, selon la règle des chanoines de saint Augustin. Quelques années plus tard, l'ordre devint l'Ordre religieux hospitalier des chanoines réguliers de Saint-Antoine-en-Viennois. Les Antonins adoptèrent la marque du Tau, figurant la béquille des malades estropiés par le feu de saint Antoine. Ils portèrent aussi le nom de religieux de Saint-Antoine du T ou Théatins. L'ordre des Antonins disparaît complètement d’Europe en 1803
     

    Le mal des ardents

     
    La plus ancienne mention de la maladie est celle que fait Flodoard de Reims, chroniqueur, pour l'année 945 dans ses Annales décrit la "Peste du feu" qui sévit à Paris : les malheureux avaient l'impression que leurs membres brûlaient, leurs chairs tombaient en lambeaux et leurs os cassaient.
     
     
    François Quesnay, le médecin de madame de Pompadour, s'est intéressé à la « gangrène des Solognots » et a découvert que la maladie était due à la consommation d'un seigle avarié. Dans les périodes de famine, les paysans consommaient « des grains corrompus et réduits en forme d'ergot de chapon » pour composer leur pain ou leurs bouillies.
     
    « … Par quelle fatalité arrive-t-il que les hommes persuadés qu’il peut leur faire du mal, ne font aucune difficulté de laisser l’ergot dans les grains dont ils se nourrissent ? demandait l’abbé Tessier . Car je ne puis douter de la manière de penser des habitants de la Sologne sur l’ergot. Tous ceux que j’ai interrogés dans le pays m’ont cité des exemples de ses funestes effets sur des personnes de leurs familles.

    Quelle peut être la cause de leur indifférence sur un point aussi essentiel, sinon leur extrême misère qui les rend sourds aux cris du danger ? ».

    A partir du Xème siècle le mal des ardents causa la mort de centaines de milliers de personnes et de nombreuses autres furent brulées ou exécutées sur la place publique car considérées “possédées” par le diable.

    On croyait en effet qu’il s’agissait d’une punition divine et les églises se remplirent et moult processions se déroulèrent. Des pèlerinages furent organisés avec succès : les gens en effet s'éloignaient du lieu de consommation des farines contaminées et étaient pour un temps guéris.

    En 1090 à Tournai une “peste” se déclare; il s’agit certainement d’une épidémie d’ergotisme qui sévit également en Flandre et dans le Brabant. L’évêque Radbod propose au peuple de revêtir l’habit de pénitent, de jeûner un vendredi et de prier Notre Dame. Une procession est constituée dans laquelle les fidèles seront accompagnés des reliques de leurs saints. La supplication est entendue et le fléau cesse. Cette procession se perpétue encore annuellement de nos jours.

    En 1747  commence la grande épidémie qui va sévir presque tous les ans jusqu’en 1764. Elle touche la Flandre, l’Artois (Lille surtout en 1749), la Sologne, le Gatinais, le Limousin et l’Auvergne

     

    Au cours du XIXème siècle, le fléau disparaît. Les progrès de l’agronomie, l’assainissement des sols par des plantations de pins, notamment (exemple fameux de la forêt des Landes), la culture progressive du froment et surtout le développement de celle de la pomme de terre, transformant complètement la nourriture des paysans.

    La dernière en France a eu lieu en 1951, à Pont Saint Esprit dans le Gard, en plein vingtième siècle

     

    Sources

    http://lartdesmets.e-monsite.com/pages/medecine-medievale/l-ergotisme-au-moyen-age.html

    wikipedia

    cehm.toulouse.free

     


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