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Le mal des ardents

27 Mars 2016 , Rédigé par srose

 

 

L'ergotisme alimentaire ou mal des ardents ou Feu de St Antoine, feu infernal, feu sacré, peste des extrémités, est une intoxication engendrée par la prise alimentaire de seigle ergoté (l'ergot du seigle est un champignon appelé Claviceps purpuréa, parasite responsable de mycotoxicose). L’ergot de seigle se présente sous la forme d’une excroissance, un sclérote, qui s’accroche aux épis de seigle. Il pousse principalement sur du seigle abimé par des étés très humides.

Le mal des ardents

 
 
La consommation de farines préparées avec des grains ergotés engendre l’ergotisme qui provoque des troubles hallucinatoires et des délires avec des convulsions qui ressemblent à des crises d’épilepsie. Dans les cas graves elle entraine une gangrène des extrémités, provoquée par une diminution ou un arrêt complet de l’irrigation sanguine. Les chroniqueurs de l’époque écrivirent que “les malades étaient dévorés par un feu intérieur qui se localisait aux pieds, aux mains, à la poitrine. Puis le corps se desséchait et devenait noir, les extrémités se détachaient et ils mouraient dans d’horribles souffrances".
 
 
L’intoxication même légère et passagère par l’ergot a des effets abortifs bien connus. Ce fait pourrait expliquer et la faible fécondité et la proportion importante de prématurés qu’on observe dans les régions où, nous l’avons vu, l’intoxication est presque habituelle.
 
L’ergotisme arrête le lait chez les nourrices, ce qui explique également les taux de mortalité infantile exceptionnellement élevés qu’on relève certaines années dans les villages affectés. Le fait est attesté, par exemple, dans la région de Montauban (archives de Grisolles en Tarn et Garonne rapportées par H. Chaumartin).
 
« Toutes les nourrices perdirent le lait et moururent beaucoup de petits enfants comme par famine … Il y eut pendant 3 ou 4 mois, savoir depuis le mois de juillet jusque vers l’automne … un certain mal de pieds et de jambes qui, outre la douleur très aigüe et la très grande puanteur, pourissait tellement la chair que les pieds et les jambes et même les bras … tombaient d’eux-mêmes et qu’il se trouva plusieurs personnes sans bras ni jambes ».
 
 
Au XIème siècle, se constitua une compagnie charitable des frères de l'aumônepour soigner les égrotants qui accouraient de toutes parts se mettre sous la protection de saint Antoine. En 1247 le pape Innocent IV érigea la communauté en ordre religieux hospitalier des Antonins, ou Antonites en Allemagne, selon la règle des chanoines de saint Augustin. Quelques années plus tard, l'ordre devint l'Ordre religieux hospitalier des chanoines réguliers de Saint-Antoine-en-Viennois. Les Antonins adoptèrent la marque du Tau, figurant la béquille des malades estropiés par le feu de saint Antoine. Ils portèrent aussi le nom de religieux de Saint-Antoine du T ou Théatins. L'ordre des Antonins disparaît complètement d’Europe en 1803
 

Le mal des ardents

 
La plus ancienne mention de la maladie est celle que fait Flodoard de Reims, chroniqueur, pour l'année 945 dans ses Annales décrit la "Peste du feu" qui sévit à Paris : les malheureux avaient l'impression que leurs membres brûlaient, leurs chairs tombaient en lambeaux et leurs os cassaient.
 
 
François Quesnay, le médecin de madame de Pompadour, s'est intéressé à la « gangrène des Solognots » et a découvert que la maladie était due à la consommation d'un seigle avarié. Dans les périodes de famine, les paysans consommaient « des grains corrompus et réduits en forme d'ergot de chapon » pour composer leur pain ou leurs bouillies.
 
« … Par quelle fatalité arrive-t-il que les hommes persuadés qu’il peut leur faire du mal, ne font aucune difficulté de laisser l’ergot dans les grains dont ils se nourrissent ? demandait l’abbé Tessier . Car je ne puis douter de la manière de penser des habitants de la Sologne sur l’ergot. Tous ceux que j’ai interrogés dans le pays m’ont cité des exemples de ses funestes effets sur des personnes de leurs familles.

Quelle peut être la cause de leur indifférence sur un point aussi essentiel, sinon leur extrême misère qui les rend sourds aux cris du danger ? ».

A partir du Xème siècle le mal des ardents causa la mort de centaines de milliers de personnes et de nombreuses autres furent brulées ou exécutées sur la place publique car considérées “possédées” par le diable.

On croyait en effet qu’il s’agissait d’une punition divine et les églises se remplirent et moult processions se déroulèrent. Des pèlerinages furent organisés avec succès : les gens en effet s'éloignaient du lieu de consommation des farines contaminées et étaient pour un temps guéris.

En 1090 à Tournai une “peste” se déclare; il s’agit certainement d’une épidémie d’ergotisme qui sévit également en Flandre et dans le Brabant. L’évêque Radbod propose au peuple de revêtir l’habit de pénitent, de jeûner un vendredi et de prier Notre Dame. Une procession est constituée dans laquelle les fidèles seront accompagnés des reliques de leurs saints. La supplication est entendue et le fléau cesse. Cette procession se perpétue encore annuellement de nos jours.

En 1747  commence la grande épidémie qui va sévir presque tous les ans jusqu’en 1764. Elle touche la Flandre, l’Artois (Lille surtout en 1749), la Sologne, le Gatinais, le Limousin et l’Auvergne

 

Au cours du XIXème siècle, le fléau disparaît. Les progrès de l’agronomie, l’assainissement des sols par des plantations de pins, notamment (exemple fameux de la forêt des Landes), la culture progressive du froment et surtout le développement de celle de la pomme de terre, transformant complètement la nourriture des paysans.

La dernière en France a eu lieu en 1951, à Pont Saint Esprit dans le Gard, en plein vingtième siècle

 

Sources

http://lartdesmets.e-monsite.com/pages/medecine-medievale/l-ergotisme-au-moyen-age.html

wikipedia

cehm.toulouse.free

 

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Peste de 1720

13 Mars 2016 , Rédigé par srose Publié dans #morts, #pandémie, #peste

 

 

La peste réapparaît en mai 1720 à Marseille suite à l'arrivée d'un navire infecté en provenance d'Orient. 

LES EPIDEMIES ET AUTRE CALAMITES (5)

Michel Serre (1658-1733) - Hôtel de Ville de Marseille pendant la peste de 1720.

 

En juillet, 50 morts par jour.

fin août : 1000 morts par jour.

Une barrière sanitaire autour de marseille évitera la contagion au reste du royaume : en 1721, les territoires d’Avignon et du Comtat Venaissin décident de se protéger par la construction d’une ligne sanitaire matérialisée par un mur de pierres sèches de 27km de long entre la Durance et le Mont Ventoux. Le mur était alors gardé jour et nuit par les troupes françaises et papales (les territoires d’Avignon et du Comtat Venaissin étant à l’époque pontificaux).

La peste tuera 120 000 personnes en provence (sur une population de 400 000 habitants) dont 40 000 marseillais (sur une population de 90 000 habitants).

Après l'épidémie, les mariages se multiplient (200 par jour)

 

NOUVELLES DECOUVERTES

Une équipe de l’Institut Max-Planck (MPI), en Allemagne est  parvenue à reconstituer le génome du bacille Yersinia pestis, à l’origine de l’épidémie de peste qui a ravagé Marseille entre 1720 et 1722.

Ce travail prouve que le terrifiant pathogène ne venait pas d’Asie, comme on le croyait jusqu’alors, mais descendait directement du responsable de la première pandémie ayant ravagé l’Europe au 14e siècle, connue sous le nom de "peste noire". 

Autrement dit, "le bacille de cette peste noire médiévale a persisté localement pendant plusieurs  siècles avant de resurgir brusquement !", explique le paléopathologiste Olivier Dutour.

Les analyses ont été réalisées à partir d’éléments pathogènes prélevés dans la pulpe dentaire de plusieurs individus décédés au 18e siècle à Marseille et retrouvés dans des fosses de pestiférés.

 

sources :

http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/20160129.OBS3633/la-grande-peste-de-marseille-de-1720-n-est-pas-venue-d-asie-le-bacille-tueur-etait-sur-place.html

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