Témoignages locaux des dévastations liées à l'occupation hollandaise (1707-1713)
Ci-dessous quelques témoignages locaux sur les conséquences de l’occupation hollandaise dans le Pas de Calais essentiellement :
Quelques unes des villes citées ci dessous
Les Hollandais, campés depuis le Mont-St-Eloi jusque Tincques, incendièrent l'église de Berles et pillèrent et brûlèrent Savy le 3 septembre 1711.
Façade de l'abbaye de St Eloi
Ambroise DELOEUVACQ (1659-1721), chanoine de Saint Eloi et curé d’Aubigny-en-Artois, notait sur le registre paroissial : « depuis le 26 de mars 1711 jusqu’au 23 de novembre 1711, ce registre et les autres en ce tout ce quy estoit de conséquence a été réfugié à Arras à cause du voisinage des deux armées, scavoir l’armée du roy qui estoit campée près d’Habarcq, et l’armée des alliés qui a campé deux ou trois jours sur le terroir d’Aubigny et environs, trois jours pendant lesquels les habitants d’Aubigny et des environs ont beaucoup souffert, estant obligés de prendre quasy tous les jours les armes contre les maraudeurs de l ‘armée du roy qu’ils ont toujours repoussés avec beaucoup de bravoure. Cependant il a fallu à la fin céder au trop grand nombre de maraudeurs, de manière que tout le voisinage a été pillé par eux, à la réserve d’Aubigny qui a eu le bonheur de résister à leur furie. Savy a été entièrement pillé et bruslé, Berles et Berlette en partie. En un mot, la désolation estoit si grande dans ces villages que la postérité aura bien du mal à le croire. L’incendie est arrivé le deux, trois et quatre du mois d’aoust 1711, après quoy les deux armées ont décampé pour aller au siège de Bouchain. C’ était dans l’appréhension d’avoir un sort semblable au voisinage, que ce registre a été réfugié de bonne heure à Arras ».
Le 2 juillet 1710, l'armée hollandaise campe à Camblain-l'Abbé et sur les territoires circonvoisins. L'armée du roi, à son tour, quand elle campa dans les environs d'Avesnes-le-Comte, réquisitionna tout ce qui restait de blé, d'avoine, de chevaux. D'où une première disette en 1710 qui causa des maladies.
Le curé de Beaufort décrit quant à lui : « L’an 1709 l’hiver fut si long et si rigoureux que les blés manquèrent ; le pauvre peuple ayant été obligé de manger du pain d’avoine. Registre de catholicité de Beaufort, curé Delaleau »
Beaufort
A Izel les Hameau : « L’an 1710, les habitants d’Izel faisant peu à propos, empêchèrent les alliés d’entrer chez eux. Ils se sauvèrent sous leurs effets et abandonnèrent le village. Malborough qui occupait Villers Brulin leur y fit mettre le feu ; les soldats enlevèrent une cloche ; on avait sauvé les 3 autres à Arras, Père Ignace »
« A tous ces malheurs de la guerre, il faut ajouter la peste ; depuis le mois de 06 1710 jusqu’au mois de février 1711, les maladies et la mortalité y furent si grande qu’il mourut 230 habitants »
En 1709 et 1710 la province d’Artois était envahie dans sa partie méridionale et la ville d’Avesnes le comte se trouve cernée de toutes parts, au sud est par l’armée française sous le commandement du maréchal de Villars , au Nord est par l’armée alliée aux ordres du Prince Eugène de Savois, de Milord Malborough et du comte de Villy et l’armée des Hollandais était campée depuis St Eloi jusques et passé Aubigny. Et celle des Français était campée à Barly et s’étendait depuis Montenescourt jusqu’à Frévent.
Frévent
Les armées s’observèrent longtemps avant d’en venir aux mains, mais le pays eut beaucoup à souffrir de leur voisinage et fut dévasté par les deux parties : « qui nous ravagèrent si bien l’un que l’autre ». Les Hollandais surtout pillèrent les églises où ils ont « brisez, tous pillez, tous déchirez, tous emportez jusques au registres des baptêmes, des morts et des confirmés » (reg. Catholique de Beaufort par M. Nicolas DELALEAU, curé) A Izel, M. Deshorties (curé de Izel) confirme ce détail : « nota que le registre des morts depuis1692 jusqu’en 1710, a été perdu pendant la guerre ».
Château de Villers Brulin
A Avesnes : « la grande agglomération de troupes dans la contrée, la misère et la disette qu’en furent la conséquence y développèrent une maladie contagieuse qui causa partout une effroyable mortalité », Histoire d’Avesnes, par M. Ledru
A Nédonchel : « L’an 1710, le 24 septembre est décédée en cette paroisse Anne DANVIN, femme de Thomas COLART, 34 ans, et deux enfants qu’il avoient, décédez au mois d’aoust précédent pendant les fuites à cause des armées voisine d’icy et ont étez inhumées dans le cimetière sans cérémonies ne les pouvant faire à cause du péril par les ennemies en foy de quoy j’ay signez, étoit signez P. J Badart, curé ». Après cet acte de décès le curé note pour mémoires : « Icy suivent tous les morts pendant les mois d’aoust, septembre te octobre qui ont etez inhumez dans le cimetière de nostre paroisse sans cérémonies à cause du péril causé par les ennemies campez près d’icy au mois d’aoust » (28 décès dont certains d’autres paroisses probablement réfugiés)
Hermaville : Le curé note : « il ne manque rien icy mais à cause des guerres commencés le 13 de juillet 1710 dans ce pays, j’ay esté obligé de sauver et transporter ce présent registre à arras et de faire une feuille volante que j’ay cy après attaché ou j’ay marqué les mariages qui se sont fait jusqu'à ce jourdhui quatorze de feb. 1713»
Magnicourt et Maizière : Déclaration du curé qui rédige la liste des morts : « La guerre faict dans l’année 1710 ayant causé une fuite générale des prestres hors des paroisses et de la province d’Artois, fust aussi la cause que les curés ayant esté contraint d’abandonner leurs paroisses n’ont peut enregistrer les enfants baptisés et toutes les personnes mortes selon le temps les mois de leur décédé, c’est pourquoi on les a mis selon l’ordre qui s’en suit : …. »
Flers (14 07 1710 (n°786) LOUIS Antoine Flers à marier, Tué à Flers par les troupes de Malbouroucq, acte en double.
Le curé de Cambrin, Delerue, écrit :
Le 27 Octobre 1708 : « ne pouvant sortir pour les courses journalières des hollandais en ce quartier, n'ayant oser sortir de Béthune où j'étais réfugié à raison des mauvais traitements que l'on recevait tous les jours des troupes hollandaises et anglaises ... ».
"L'an de grace 1708 dans le courant du mois de novembre est décédé en cette paroisse Mathieu Caron agé aux environ de 52 ans, marié à Marguerite Myon, il fut inhumé dans le cimetière de ce lieu par les paysans, moy étant réfugié dans la ville de Béthune, ne pouvant sortir à cause des courses journalières des Hollandois en ce quartier, nous lui avons fait ...." " L'an de grace 1708 quelques jours après la mort du précédent est trépassé en cette paroisse Pasquier Beugnier, réfugié chez Ferdiand Marischal, son beau fils, agé aux environ de 80 ans, son corps fut inhumé dans le cimetère de ce lieu par les paysans ayans encore osé sortir de Béthune, ou estois réfugié en raison des mauvais traitements que l'on recevoit tous les jours des troupes Hollandoises et Angloises après la rebellion de la ville de Lille, ses funérailles luy furent fait dans la fuite."
Cambrin
"Le ving quatriemme jour d'aoust mil sept cens et dix, feste de la saint barthelemy aposthume, un convoy de chariots chargé de poudre passant par La Bassée pour être conduit au siège de Béthune, un de ces tonneau, ayant commencé à filer dessus les pavés du grand marché, le fer d'un pied de cheval fit feu dessus le pavé et fit sauter toute la poudre, et de plusieurs autres suivants, ce qui causat en même temps un fracas épouvantable dessus la place et emporta plus de cens personnes de la ville et plusieurs dont on ne sait pas le nom, quelques uns furent brûlés et d'autres sont morts depuis".
Cet accident relaté par le curé de Cambrin se déroula en fait au beau milieu du bourg de La Bassée. Il n'existe plus de registres avant 1737 à La Bassée, mais d'après plusieurs sources, cet accident aurait fait entre 150 et 250 victimes, pratiquement toutes civiles, dans la population de La Bassée.
Le curé de Cambrin écrit encore : "le 29 septembre 1710 s'est rendu aux Hollandois, après un siège de trois semaines, la ville de Saint-Venant"
" le huitième de novembre 1710 s'est rendu aux Hollandois et après un siège de deux mois la ville d'Aire elle fut vaillement défendue par Mgr de Gabriant" ...
Baillage d'Aire sur la Lys
Mons en Pévèle : 9 septembre 1708 est décédé Jacques Barbieux " d'une mort subite estant réfugiez dans l'Eglise a raison de guerre" . 4 août 1708 "at esté tuez Noël Mazenghe par des soldats des troupes des alliez […] ce jour Mons en Pevele fut pillez par les memes trouppes et ledit feu Noël Mazenghe se sauvant avec un fusil fut poursuivi et tuez par des soldats " " L'armée de France estoit campé au Mons en pevele et Monseigneur le duc de Bourgogne généralissime de l'armée et Monseigneur le duc de Berry son frère logez dans la maison pastoralle. Monseigneur le duc de Vendôme logé chez Thomas Picquet, le prince de Galles fils du Roy Jacques d'Angleterre sauvé en France avec sa famille royalle logé a la maison rouge ; la ville de Lille estant assiégé et prise ensuite le 25 d'octobre par le prince Eugene de Savoye général des trouppes de l'Empereur allié avec l'Angleterre, la Hollande, le Brandebourg, le Saxe, Prusse, Hesse Cassel et autres souverains de l'Empire ; général de la cavalerie, le prince d'Auvergne qui conduisit la garnison de la citadelle de Lille a Douai, pendant le siège de laquelle l'Eglise de Mons en pevele fut entierement pillez et tout le village par des trouppes des alliez."
1707 : une garnison hollandaise s’installe à La Bassée et rançonne Auchy. Les habitants du village d’Auchy s’enfuient vers les villages voisins.
La Bassée
En 1709, le maréchal français de Villars, pour mieux parer l’attaque du Duc de Marlborough et avoir une parfaite visibilité, fait raser toute la plaine environnante. Auchy voit 163 maisons et le château complètement détruits. Les bois aussi sont rasés. Il ne reste debout que l’église qui sert de poste d’observation et trois maisons où loge le corps de garde
En 1707, La Bassée est occupée par les alliés (anglais et hollandais). Mais les français avant de se retirer emportent ou détruisent tous les grains et fourrages de la région entre Lens, La Bassée, et Béthune. Pendant tout l'automne 1708 la contrée est livrée aux brigandages. Les habitants de Annequin se réfugient à Béthune ou Beuvry derrière les marais.
Journal d'un curé de campagne au 17ème siècle - 19 - occupation hollandaise suite
L’occupation hollandaise : suite
Les exactions rencontrées lors de l’occupation hollandaise de 1709 touchèrent également l’église de Rumegies. Notre curé nous dit que l’église a été en effet « forcée, pillée, profanée de la manière la plus outrageante qui se puisse imaginer ».
Il nous explique également qu’alors qu’une femme était à l’article de la mort rue Prière, « on a dû lui porter son Viatique », et ce, sans cérémonie. Mais le curé a rencontré les hollandais en chemin qui l’ont « futé » (battu) et volé la petite boite d’argent où se trouvait la sainte hostie.
Eglise en bas à gauche et rue de la prière (point rouge en haut à droite) - 16mn à pied par le chemin le plus court
« Nous fûmes avec toute la communauté tellement épouvantée que le lendemain (du pillage de l’église), nous avons tout abandonné à la rage de ces malheureux. Nous avons été entre leurs mains depuis huit heures du matin jusqu’à pareille heure du soir, pendant quoi ils ont commis toutes les inhumanités des nations étrangères, dont on n’entendait point le langage et qui avai0ent des visages qui ne respiraient que le carnage. Nous nous sommes enfuis les uns à St Amand, les autres à Orchies, Marchiennes, et Hasnon et nous y fûmes jusqu’à la reddition de la citadelle de Tournai où tout le pauvre peuple a bien souffert des misères, pauvreté et maladie ».
Cet exode durera 2 mois.
Durant ce laps de temps les maraudeurs ont voulu emporter les cloches de l’église : « ils ont fait tomber la petite mais elle n’a point cassé. Dès que nous l’apprîmes à Saint Amand, nous sommes venus avec six sauvegardes et trois chariots pour sauver les trois cloches ». Mais en vain car un commandant en poste à l’entrée du village leur refusa l’accès. Dès que celui-ci partit, ils revinrent et « trouvâmes les maraudeurs qui frappaient à toute force sur les cloches pour les rompre ; et les autres avaient dépendu la seconde pour la faire tomber sur la petite pour es casser toutes deux mais en vain. Dès qu’ils nous ont aperçus ils ont fui. Et ainsi avec bien des peines, nous avons chargé nos trois cloches et les avons emmenées à l’abbaye de St Amand ».
Une fois Tournai prise (septembre 1709), l’armée hollandaise n’a pas demandé son reste et les villageois sont revenus à Rumegies pour trouver un paysage désolé : « point de portes, point de fenêtres, point de vitres, point un morceau de fer, et qui pis est, point une botte de paille ».
Le curé précise que dans tout le Tournaisis, il n’y avait plus une seule botte de paille « ce qui a causé une mortalité de tous les bestiaux qui sont presque tous morts l’hiver suivant ».
Et que dire des hommes ? « Depuis le mois de septembre jusqu’au Noël », il semblerait que près de 300 personnes soient mortes (dans le village et dans les villages alentours) et « tous, faute d’aliments, de linge, de soins, tout le monde étant malade et ne se pouvant secourir les uns les autres [… ] La plupart de ceux qui sont morts n’avaient ni argent ni linge ni même de la paille pour se coucher ».
Le curé remarque que « ceux qui ont eu des bouillons de bon vin de Bourgogne, il n’en est point mort un seul de ceux là ».
Finalement cette année 1709 fut effroyable, à tel point misérable que le curé Dubois ne se sent pas capable de l’exprimer qu’avec ses larmes ! « Adieu fatale année ! que je ne me souvienne jamais de toi si ce n’est pour me souvenir que c’est mes pêchés qui ont attiré la colère de Dieu ! »
Voir également l'article suivant : Quelques témoignages locaux liées sur les dévastations liées à l'occupation hollandaise
Comment présenter sa généalogie?
Comment présenter sa généalogie d'Alain Rouault
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