La médecine de nos aïeux
Sous l'Ancien Régime 1 enfant sur 4 décède avant son premier anniversaire, 1 sur 2 parvient à l'âge adulte.
Des crises de surmortalité frappent régulièrement le pays : elles sont liées aux épidémies, disettes et famines qui frappent après un hiver rigoureux ou un printemps trop humide.
La crise de 1693 -1694 provoquée par une suite de mauvaises récoltes a entraîné en 2 ans plus d'un million et de demi de décès supplémentaires.
jusqu'au 16ème siècle, la science médicale est avant tout fondée sur des textes anciens : textes d'Hippocrate, de Galien, ...
La théorie en vogue à l'époque est celle dite des "humeurs" : pour les médecins, le corps humain est parcouru par 4 humeurs, celles ci devant coexister harmonieusement pour que l'individu soit en bonne santé :
- le sang produit par le cœur : l'Air chaud et humide est porté par le sang
- la bile jaune produite par le foie : le Feu, sec et chaud, est transmis par la bile
- la pituite, lymphe ou phlegme produite par le cerveau : l'Eau humide et froide vient du phlegme
- l'atrabile ou la bile noire produite par la rate : la Terre, froide et sèche est portée par la bile noire
Chacune de ces humeurs domine lors d’une saison, et lors d’un des quatre âges de la vie.
L'’élément sang domine l’enfance, le printemps, et donne un tempérament « sanguin », porté au plaisir.
La bile jaune, chaude et sèche, est l’élément dominant de la jeunesse, elle donne un tempérament « coléreux », plein de « feu ». La bile domine en été.
L’automne, froid et sec, est la saison de l’âge adulte, dominée par la terre et son correspondant, la bile noire. Le tempérament adulte est « atrabilaire » ou « mélancolique ».
Enfin, l’hiver est la saison de l’eau, froide et humide, et de la vieillesse. Les personnes âgées sont lymphatiques ou flegmatiques, dominées par la lymphe.
Chaque personne naît avec une prépondérance de l’une ou l’autre des humeurs, qui est le signe distinctif de son caractère. Un sanguin se reconnaît à son teint plutôt rouge, à sa vigueur, à son embonpoint. Un colérique a le teint jaune, un corps sec et nerveux. Un lymphatique sera plutôt maigre et mou, le teint pâle. L’atrabilaire, enfin, est gris, plutôt maigre.
Les médecins expliquent le comportement des individus par le poids respectif de ces humeurs :
- l'émission de bile jaune provoque la colère
- l'atrabile amène tristesse et mélancolie
L'abondance et l'insuffisance de ces humeurs seront à l'origine des maladies.
Par ailleurs l'homme est au centre de l'univers et les astres ont nécessairement une influence sur lui nous explique St Thomas d'Aquin.
Au 15 et 16ème siècle, la médecine et l'astrologie travaillent ensemble : Louis XI demande en 1465 aux médecins et chirurgiens de posséder un calendrier astronomique de l'année car il y voit un instrument d'analyse médicale. Au siècle suivant les médecins des grands consultent les planètes et les étoiles avant de soigner leur patient (Nostradamus par exemple)
Finalement, l'enseignement d'astrologie disparaitra de l'Université de Paris dès 1660 et la théorie des humeurs sera abandonnée au 18ème siècle.
La théorie des humeurs implique des soins purgatifs, des saignées et des diètes :
Le but de la saignée est d'éliminer un excès de sang ou un sang corrompu. Elle se pratique avec une lancette en différents endroits du corps : avant bras, genoux, pieds, extrémité du nez ou de la tempe ...
Certains chirurgiens pratiquent plusieurs saignées sur la même personne en quelques jours : en 1761, Tissot écrit que "quelques personnes sont saignées 18, 20, 24 fois dans 2 jours".
Au 19ème siècle, l'emploi de la sangsue se multiplie en lieu et place de la saignée : entre 5 et 6 millions de sangsues sont utilisées par les hôpitaux parisiens entre 1827 et 1836.
Idem pour le clystère qui va purger le corps en injectant dans les intestins de l'eau ou diverses décoction de plantes.
S'agissant de la diète, chaque aliment est classé en fonction de ses vertus froides ou chaudes, sèches ou humides. Il en est de même pour les substances médicinales, en particulier les plantes. Le médecin préconisera une alimentation s’accordant au tempérament du malade, mais aussi à son âge.
Ainsi pour la peste, il faut vider le corps des humeurs malsaines : lavement intestinal pratiqué par le barbier avec une vessie de porc jointe à une canule de sureau par un tuyau de cuir avec lequel on injecte une décoction d'herbes, différentes comme mauve, violette, bourrache, scabieuse et sucre.
La saignée est importante : les bubons seraient le produit de l'humeur venimeuse écoulée depuis l'organe noble le plus proche (foie, cerveau, cœur). La saignée se fera sur la veine de l'ogane en question.
La théorie des humeurs sera abandonné au 19ème siècle (elle sera une dernière fois défendue par le biologiste Auguste Lumière (1862-1954)).
La pharmacopée de l'époque utilise aussi des animaux : par exemple à la fin du 17ème siècle, contre la sciatique ou la paralysie, on prescrit de "l'huile de petits chiens" à base de chiots nouveaux nés, de vers de terre et d'huile, le tout cuit au bain marie.
Les Jésuites rapportent d'Amérique au 17ème siècle le quinquina : l'écorce de l'arbre soigne les fièvres et connaît un rapide succès dans les milieux noble.
L'un des breuvages les plus connus dans la pharmacopée de l'époque (15-18ème siècle) est la thériaque, un mélange de nombreuses plantes (dont de l'opium) qui apaise et endort.
Il est censé agir contre toutes les maladies contagieuses : peste, fièvres malignes, petite vérole, morsure de bêtes venimeuses, poison, ...
Il est utilisé au 19è siècle pour faire dormir les enfants : « L'usage est, dans cette ville [Lille], de faire prendre aux petits enfants auxquels on veut procurer du sommeil, une dose de thériaque appelée dormant. Eh bien, je me suis assuré chez les pharmaciens qui vendent ces dormants, que les femmes d'ouvriers en achètent surtout les dimanches, les lundis et les jours de fête, lorsqu'elles veulent rester longtemps au cabaret et laisser leurs enfants au logis. »Dr Louis René Villermé (1782-1863), "tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, laine et soie".
La thériaque connaît un véritable âge d'or au 17 et 18ème siècles ; elle est alors préparée de façon publique et solennelle. Elle contient plusieurs substances parmi lesquelles l'opium, la vipère desséchée, la rhubarbe, la valériane, la cannelle, le gingembre, la lavande, la menthe, le navet, la terre sigillée...
La Renaissance découvre que l'antimoine permet d'élaborer un vomitif efficace qui permettrait d'éviter le clystère. Il a permis de sauver Louis XIV en 1658.
Le mercure est utilisé dans les maladies vénériennes (des seringues sont fabriquées par exemple pour injecter des sublimés mercuriels dans l’urètre)
Le blanc rhasis : pommade qui porte le nom d'un médecin arabe du 10ème siècle, auteur d'une encyclopédie pharmaceutique qui a longtemps fait référence. Il s'agit d'une préparation à base de céruse, de cire blanche, et d'huile d'olive. Cet onguent soigne les problèmes de peau, les brûlures, les écorchures.
L'hyacinthe : minéral doré de la famille des silicates, appelé aussi zircon. Il sert de base à une confection réalisée avec du miel, de la cannelle, de la terre sigillée. Ce remède est prescrit pour tuer les vers intestinaux, pour arrêter les vomissements, et pour remédier aux syncopes.
La racine de chicorée : elle est transformée en eau, sirop, conserve et est employée pour ses propriétés stomachiques (favorise la digestion), dépuratives (débarrasse l'organisme des toxines) et légèrement laxatives.
Qui soigne?
Les médecins sont longtemps de peu d'utilité. Montesquieu : "ce n'est pas les médecins qui manquent, mais la médecine"
Au début du Moyen Age, les moines et les prêtres exercent les activités de médecins et de dentiste. Mais le concile de Tours de 1163 décrète que les interventions sanglantes sont incompatibles avec le sacerdoce ("l'Eglise hait le sang").
Les médecins qui pour la plupart sont membres du clergé ne peuvent plus pratiquer de chirurgie.
le Concile de Latran de 1215 confirmera cette interdiction.
La chirurgie est donc reléguée à un rang inférieur et ce seront des barbiers essentiellement qui pratiqueront les interventions de petites chirurgie.
Ce sera sous St Louis en 1260 que les chirurgiens auront leur corporation réglementée : celle des barbiers chirurgiens spécialisée dans la saignée, la chirurgie et ... la coiffure.
En 1268, une division se crée :
- les barbiers ou chirurgiens de robe courte traitent de la petite chirurgie, les interventions dentaires
- les chirurgiens de St Côme et St Damien dits de robe longue qui vont se rapprocher des médecins et passer un examen pour exercer
En 1423, les barbiers ne peuvent plus pratiquer de chirurgie ni d'interventions dentaires.
En 1465, ceux ci peuvent à nouveau exercer et en 1494, ils peuvent suivre des cours d'anatomie à la faculté de médecine.
Au 17ème on a encore cette distinction entre les chirurgiens barbiers et les Maîtres chirurgiens.
En 1794 trois écoles de santé ouvrent : Paris, Montpelier et Strasbourg.
Elles deviennent école de médecine en 1796 et se transforme en 1808 en Faculté de médecine rattachée à l'Université impériale. Aucune mention de l'art dentaire, celui ci n'étant plus reconnu.
IL faudra attendre le milieu du XIXème siècle pour que les praticiens puissent s'appeler "médecin dentiste".
En 1884, l'école dentaire de Paris ouvre.
En 1892 statut de chirurgien dentiste.
En 1965 sont créées les écoles nationales de chirurgie dentaire (avant il s'agissait d'écoles privées)
En 1971, est créé le doctorat de chirurgie dentaire
En 1984, l'orthodontie devient une spécialité officielle.
Les dents
Les interventions dentaires consistent principalement à arracher les dents malades. Ce seront les arracheurs de dents itinérants qui au 13 et 14ème siècle s'en occuperont.
L'opération est un spectacle public qui attire les foules. Le patient est assis à même le plancher , les jambes pendantes ou il est assis sur un banc sur lequel l'arracheur de dents est debout derrière lui et officie pendant que le malheureux est retenu par quelques hommes forts.
Dentiste du XVIIIe siècle opérant sur une place de village, par Peter Angillis
Au 17 et 18ème siècle, il y a à Paris 3 endroits ou de nombreux arracheurs de dents officient : les Foire de St Germain et St Laurent, et le Pont Neuf.
La plupart sont des charlatans qui pratiquent sans principes ni méthodes.
En Bretagne les arracheurs de dents se recrutaient souvent parmi les forgerons qui ont en effet une certaine dextérité dans le maniement des tenailles ....
Ce ne sera qu'à la fin du 17ème siècle que l'art dentaire est reconnu comme une activité à part entière avec la création en 1699 du corps royal des "Experts pour les dents". Les barbiers ne peuvent plus extraire de dents.
Un apprentissage est dispensé par un maître chirurgien avec examen à la clé.
A partir de 1743, des études spécifiques apparaissent, des notions d'hygiène préventive voient le jour : nettoyage des dents régulièrement par un dentiste, le sucre provoque des caries, bains de bouche ... à l'urine pour éviter les caries.
Quid des prothèses et autres dentiers : fausses dents en bois, dents humaines plantées dans des morceaux de mâchoires d'hippopotame, prothèse amovible fabriquée à partir de fémur de bœuf (Ambroise Paré -1516/1590- maître chirurgien de Henri II et de Charles IX), couronnes métalliques au 18ème siècle, ajustée au collet, dentier en céramique en 1788.
fin 19ème siècle : évolution en matière d'anesthésie, d'aseptie.
Quelques rois de France eurent de gros problèmes dentaires :
Louis IX (1214-1270) n'avait plus qu'une molaire inférieure à sa mort. Le délabrement des dents de Charles VII (1403-1461) ne lui permettait pas de se nourrir; il serait mort d'inanition. Henri III (1551-1589) avait un râtelier dans la bouche qu'un domestique lui fixait chaque matin avec des fils. Henri IV (1553-1610) remplaçaient ses dents absentes par des dents en or ou des dents de requin ou de phoque. Louis XIV (1638-1715) subit de nombreuses extractions de dents ce qui causa des dégâts à son palais : lorsque le roi mangeait de la soupe elle lui coulait par le nez.
Chirurgie
Jusqu'au milieu du XIXème siècle on utilise différents anesthésiants : belladone, pavot, magnétisme, hypnose, alcool ...
Le 16 novembre 1846 à Boston c'est la première fois qu'une opération est pratiquée sous anesthésie (masque anesthésiant).
Dès 1847 le chloroforme remplace l'éther
A lire aussi
- manuel de vulgarisation thérapeutique
Sources
http://www.buddhaline.net/Les-quatre-elements-le-corps-et-le
http://www.universalis.fr/encyclopedie/theorie-des-humeurs/
http://vih.org/20150115/du-clystere-seringue-linjection-travers-lhistoire/69490
Nos ancêtres n°18 : médecins et chirurgiens du 15 au 19ème siècle
Musée du palais des archevêques à Narbonne
La variole
Appelée petite vérole ou "picote" dans le Sud Ouest elle est confondue au départ avec les fièvres pestilentielles. Il faut attendre le XVIIème siècle pour qu'elle soit véritablement distinguée.
après une incubation de 8 à 14 jours, la maladie débute par une fièvre de 40°. Le 4ème jour une éruption débute sur le visage puis se propage sur tout le corps.
Au bout de 10 jours les vésicules se recouvrent de croûtes qui laissent des cicatrices à vie en tombant. D'autres séquelles peuvent survenir : cécité, surdité, affections respiratoires, lésions cérébrales, fistules ...
Louis XV en fut atteint. Il mourut en 14 jours.
Elle tue deux fois plus que la peste.
Elle est le 1er facteur de mortalité au XVIIIème siècle. Au XVIIIème siècle, 8 personnes sur 10 environ subissent la maladie au cours de leur vie et 1 sur 4 y laisse la vie.
La plus grande épidémie de variole au XIXème siècle eu lieu suite à la démobilisation des troupes franco prussiennes en 1870/71 : entre 400 000 et 500 000 personnes en seraient mortes.
La variole en Moselle au XIXème siècle : http://shw-woippy.net/pdf/cg6_variole.pdf
Le typhus
Les symptômes communs à toutes les formes du typhus sont une fièvre qui peut atteindre 39 °C, des maux de tête et un état d'hébétude et de stupeur.
La première description fiable de cette maladie parut pendant le siège espagnol de la ville maure de Grenade en 1489. Cette chronique contient la description d'une fièvre, et de taches rouges sur les bras, le dos et le thorax, d'une évolution vers le délire, de la gangrène, des plaies, de la puanteur et de la décomposition des chairs. Pendant le siège, les Espagnols ont perdu trois mille hommes au combat, mais ils ont eu à en compter dix-sept mille supplémentaires, morts du typhus.
Plusieurs épidémies se déclarèrent tout au long des siècles. Il réapparait notamment en 1810 où il est appelé parfois "espagnolette" car son développement est lié au convoyage de prisonniers espagnols remontant vers le nord de la Loire. Certains malades laissés à l'abandon ou travaillant comme ouvriers agricoles contaminèrent les villes et contribuèrent à la propagation de la maladie dans la campagne environnante.
Le tiers de la population de Sarlat est ainsi emporté.
Lors de la retraite de Moscou, l'épidémie réapparaît ravageant la Grande Armée plus sûrement que la guerre ou le froid.
Les soldats blessés, soignés à Metz transmettent la "fièvre de Mayence" à la population causant la mort de 60 000 Alsaciens et Lorrains.
La maladie se transmet par les poux et se rencontre dans les endroits où les conditions d'hygiène sont déficientes (prisons d'où le nom de "fièvre des geôles", armée de campagne ...); Les provinces traversées par les grandes routes militaires qui vont vers l'est et vers l'Espagne au XIXè sont ainsi les plus touchées.
En France, les autorités donnèrent des consignes très strictes sur le comportement à avoir à l'égard des typhiques comme cette circulaire le montre :
Hospitalisation des militaires malades ou blessés
Tout hôpital ou ambulance susceptible de recevoir, d'urgence et par évacuation directe des service de l'arriere, des blessés ou malades militaires doit, pour éviter la transmission du typhus, avoir organisé son service d'admission des malades de la façon suivante:
A- salle d'examen, de déshabillage et de toilette prophylactique.
Le malade(ou blessé) est amené dans le local (salle d'examen) aussi rapproché que possible de la porte d'entrée de l'établissement hospitalier et, quant l'état des constructions le permet, isolé des autres corps de bâtiment.
Le malade (ou blessé) est aussitôt examiné par le médecin (ou chirurgien) de garde qui ne se contente pas de pratiquer un diagnostic de l'état pathologique, mais a de plus le devoir strict de recherche, sur toute la surface du corps du patient, l'existence des poux( tête, tronc, aisselles, pubis). La constatation de l'existence de ces parasites impose au personnel hospitalier une série de soins et de manœuvres particuliers.
La salle d'examen est largement éclairée, le jour par une large fenêtre, la nuit au moyen d'une lampe électrique à incandescence, munie au besoin d'un réflecteur (pour faciliter la recherche des parasites) ou à défaut par un éclairage de sûreté.
Le sol est imperméable, en pente légère, avec bouche à la partie déclive; les murs se terminent au sol par des angles arrondis.
Deux prises d'eau, l'une froide, l'autre chaude, avec une baignoire (ou tout au moins un bain douche) font partie du matériel.
Deux prises d'eau, l'une froide, l'autre chaude, avec une baignoire (ou tout au moins un bain douche) font partie du matériel.
Un brancard (sur roues articulées) assez élevé, est paré au milieu de la pièce; il possède un matelas recouvert de toile imperméable.
De grandes poubelles à couvercle fermant d'une manière hermétique, en place dans la salle, sont destinées à recevoir, au fur et = mesure de son déshabillage, tous les vêtements de tout malade ou blessé admis à l'hôpital. Chaque poubelle, une fois remplie, est portée, d'urgence, à la chambre de sulfuration (annexée à la salle d'examen et de déshabillage).
B Technique de la toilette du « porteur de poux »
Le malade, dès son entrée dans la salle, est étendu sur le matelas imperméable, déshabillé rapidement par l'infirmier de service et examiné sur l'heure, par le médecin de garde.
Premiers temps. S'il est reconnu « porteur de poux »,il passe aussitôt, entre les mains de l'infirmier chargé de la toilette spéciale: le cuir chevelu et les cheveux sont imbibés largement de xylol ou de benzine, tamponnés avec soin ainsi que la barbe (et, s'il est nécessaire, les sourcils); les oreilles, la régions cervicale n'échappent point à la friction
Cela fait l'infirmier procède, si le médecin de garde le juge nécessaire, à la coupe de cheveux et de la barbe, au moyen d'une tondeuse. Les poils coupés sont recueillis dans un réceptacle (de métal) pour être emportés et brûlés (hors de la salle à cause des vapeurs de xylol ou de benzine). Puis le crâne (y compris les oreilles) est enveloppé d'un serre-tête ne toile, bien fixé par quelques épingles anglaises.
Le deuxième temps consiste en un savonnage général du corps (au savon noir) à grande eau chaude, dans la baignoire, sous le bain-douche ou sur le brancard, selon les indications fournies par le médecin de garde, si le reste du corps est exempt de parasites. Sinon, la région contaminées, lorsqu'il s'agit du Thorax ou des aisselles, est, comme précédemment, frictionnée méthodiquement au xylol ou à la benzine. Quant les parasites occupent le pubis et les régions avoisinantes, l'emploi de l'onguent mercuriel s'impose (à cause des douleurs qu'occasionne l'essence).
Dans un troisième temps, l'infirmier de service à le devoir d'envelopper le malade (bien nettoyé) dans le drap et les couvertures approprié et de le déposer sur le brancard portatif (recouvert d'une bâche et garni ai besoin de boules d'eau chaudes) au moyen duquel le malade va être transporté dans la salle qui lui est affectée par l'ordre du médecin ou du chirurgien de garde. Un examen détaillé du sujet sera pratiqué au bout de vingt-quatre heures dans le service.
Le médecin de garde a soin de notifier sur le livre de garde le nom du malade porteur de poux et les soins qu'il a reçus au moment de son admission à l'hôpital.
Aussitôt après le départ de la salle d'examen; l'infirmier de service a pour mission de nettoyer à fond la salle d'examen: la poubelle contaminée est portée à la chambre de sulfuration annexée à la salle d'examen. Le brancard et le sol lavés largement à l'aide d'une solution antiseptique (crésyl, acide phénique, etc) et tout est prêt pour un nouvel entrant.
Telles sont les conditions ordinaires. A des circonstances exceptionnelles, des mesures exceptionnelles doivent correspondre. C'est ainsi qu'un « grand blessé » entrant porteur de poux ne peut recevoir d'urgence, la nuit, tous les soins prophylactiques susénoncés. Une salle spéciale (salle des suspect) doit être prévue dans tout service de chirurgie où le blessé insuffisamment « dépouillé » est placé, de nuit.
Le lendemain, au premier jour, il subit dans le box où il a été transporté, les soins complémentaires (savonnage; friction mercurielle, etc) qu'il n'avait pu recevoir la veille au soir. L'infirmier spécialiste de l'admission parfera ainsi son oeuvre.
C. La chambre de sulfuration est un local annexé à la chambre d'examen; de petites dimensions, elle doit être parfaitement étanche.
Les revêtements de la muraille, aussi bien que du sol, doivent être incombustibles. Les vêtements de tous les entrants sont suspendus à des fils métalliques, à 1 mètre, au plus, au dessus du sol; 40 à 50 grammes de soufre par mètre cube doivent être brûlés pour assurer la désinfection.
D. Le personnel
La pratique de la prophylaxie du typhus demande la création d'un personnel technique. Non que les opérations soient difficiles ou , à vrai dire , très dangereuse, mais elle exigent de tous le personnel une vigilance à l'abri de toute faiblesse, la moindre faute de détail pouvant déchaîner, dans un service hospitalier, la pire des catastrophes: une épidémie formidable et meurtrière.
Il faut donc constituer, dans hôpital ou établissement destiné à recevoir des malades « porteur de poux », une équipe de techniciens, infirmiers de choix, et rompus à la pratique et jouissant d'une haute paye, en rapport avec leur service quotidien.
Chaque hôpital possédera donc une double équipe « d'infirmier surveillants sanitaires » travaillant à tour de rôles, jour et nuit et prêt toujours à fonctionner sur le champs; Ces hommes porteront les cheveux rasés ainsi que la barbe.
Pour le travail, ils se vêtiront d'un costume spécial , tout en toile imperméable, sorte de scaphandrier, ou de ciré de marins, les recouvrant des pieds à la t^tet, les poignets serrés, les mains gantés de façon à pouvoir manipuler benzine, savon, onguent gris, sans difficulté comme sans danger.
Leur instruction technique sera faite avec méthode: « coupe de cheveux et de la barbe à la tondeuse, - reconnaissance des poux de la tête, du corps, du pubis-, toilette de la barbe, des sourcils, des oreilles,- déshabillage rapide (et sans trop de geste); savonnage soigné du corps, - préparation du bain ou bain-douche,- manipulation des vêtements pouilleux – préparation de la chambre à la sulfuration – sulfuration, etc.
Sources
Votre Généalogie n°9
http://www.legeneraliste.fr/actualites/article/2014/08/09/le-typhus-lautre-peste_248696
Les Invalides
Cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides
Que faire des milliers d'anciens soldats estropiés par les guerres et de ce fait réduits à la mendicité ou au rançonnement de voyageurs sur chemins?
Sont créés sous Henri IV pour eux notamment les hôpitaux de la Charité et St Louis.
Hôpital de la Charité Saint Louis entre les Faubourgs Montmartre et Saint Laurent
A partir de 1622, chaque province a ses hôpitaux généraux.
L'hôpital général, composé de la Salpétrière, Bicêtre, la Pitié, Scipion et la Savonnerie, fondé en 1656 , est affecté au renfermement des mendiants, employés à des ouvrages en manufacture et à qui on dispense des soins.
Le 24 février 1670 est créé l'Hôtel des Invalides par Louis XIV.
Pour y être accepté, il faut en 1710, 20 ans de services continus, en 1729, 18 ans et des blessures sérieuses. La condition d'ancienneté est supprimée pour les estropiés. En 1730, ce seront l'usure ou la blessure qui décidera de l'admission. Il faut être proposé par le colonel de son régiment, un certificat médical ayant été établi par le chirurgien major de l'hôpital où le soldat est soigné.
C'est l'inspecteur d'armes qui examine chaque cas et qui décide de l'envoi aux Invalides.
Le soldat est contrôlé à nouveau à son arrivée par le chirurgien major de l'Hôtel qui parfois le renvoie pour services ou blessures insuffisantes. A partir de 1709, on donne aux refusés 6 livres "pour se conduire chez eux" ou à leur régiment s'ils veulent y retourner et en 1723, 10 livres.
On remet aux anciens soldats un uniforme à l'entrée : une camisole de chamois, un chapeau noir et des bas gris.
Les anciens soldats admis logent en chambre non chauffées de 4 à 5 lits, garnies de tables, bancs, et chandeliers de cuivre.
Il y a des lieux d'aisance (qui n'existent même pas à Versailles) avec sièges et un collecteur souterrain pour les eaux sales.
On sert à chaque repas par table de 12, un potage, une pièce de bœuf, une entrée. A chaque souper, un rôti, une entrée et un dessert. Trois par semaine de la salade. Pendant le carême, poissons, œufs, et légumes secs.
Les salles de l'infirmerie sont grandes, claires, aérées. Les malades disposent en général d'un lit pour eux seul. Ils sont répartis en 3 catégories :
- les décrépits et caducs par l'âge ou les infirmités
- les paralytiques, impotents, grabataires
- les estropiés, amputés, aveugles, sourds ...
En 1686 est créée la catégorie des manicrots, qui ont des crochets à la place des mains; on leur adjoint en permanence un camarade.
Les vénériens ont une salle eux seuls vu leur nombre. Des dragées de Keiser contre la syphilis leur sont données.
40% à peu près des hommes dépassent l'âge de 70 ans et 10% 80 ans, l'âge moyen au décès ne dépassant pas à l'époque 50 ans pour le reste de la population.
Vue de l'église de l'Hôtel royal des Invalides que Louis XIV et sa suite viennent visiter en 1706 - Pierre Denis Martin (1663-1742)
L'assistance à la messe dominicale et aux fêtes sont obligatoires. Les invalides doivent présenter des billets de confession et des certificats attestant leur devoir pascal pour obtenir sorties et congés.
Les protestants sont interdits à partir de 1685. Vers 1770, les protestants réapparaissent sans qu'on leur demande de se convertir. Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, les protestants convertis ou non s'élèvent à 1% du total des admis.
Le travail est encouragé : ateliers de tailleurs d'habits, cordonniers, tapissiers de soie ou laine, enlumineurs et calligraphes...
D'autres sont fossoyeurs, garçon de salle, jardinier, portefaix ...
En 1760 une petite somme mensuelle, "solde des menus besoins", est distribuée et en 1764 une pension de 54 livres est instituée.
Initialement, l'Hôtel est conçu pour 1500 personnes, or en 1680 ils sont 5 000, 10 000 entre 1700 et 1712.
En 1763 à la fin de la guerre de sept ans, ils sont 5811.
En temps de paix on compte seulement 7 à 800 nouveaux venus par an.
Sous Louis XIV, l'Hôtel admet 30 979 invalides ; sous Louis XV, 61 338 soldats.
Louis XIV décide par une ordonnance de 1690 de créer une compagnie détachée de l'Hôtel : le roi a en effet jugé qu'une partie des officiers et soldats de l'Hôtel pouvaient encore servir pendant la campagne prochaine.
En 1702 61 compagnies cantonnent à Arras, Béthune, Aire, St Omer, Hesdin, Bapaume, Gravelines, St Malo, Rocroy, Mézières, Amiens, Le Havre, Dieppe, Cambrai, Sedan, ...
En 1735, il y a 151 compagnies dont 3 de bas officiers qui assurent la sécurité du roi de Pologne, beau père de Louis XV à Lunéville.
Aux bas officiers est confiée la garde des palais royaux (Tuileries, le Louvre, Vincennes, Bastille, ...).
Leur situation n'est toutefois pas enviables : En 1756, Paulmy secrétaire d'Etat à la guerre demande que les soldats invalides ne dorment qu'à deux par lit et non à 3.
Ils ne disposent que d'une couverture en montagne dans une forteresse non chauffée.. les hommes souffrent de mal nutrition et sont "dans un état de santé affreux".
Les invalides installés dans Paris mariés au moment de leur admission et dont l'épouse habite la ville, obtiennent l'autorisation de découcher 3 nuits par semaine. Ils peuvent obtenir une carte permanent de "logé dehors" qui leur laisse le droit de manger à l'Hôtel chaque jour sans y habiter mais qui leur impose tj la présence à la messe et le devoir pascal en l'église St Louis.
Aux provinciaux on accorde des congés courts , quelques semaines à quelques mois, puis de 12 mois voire 24 mois et plus c'est à dire illimités.
Les soldats doivent se présenter au subdélégué du lieu. Une ordonnance du 8 janvier 1737 leur accorde une somme pour couvrir les besoins pendant le voyage.
Le 21 novembre 1733, un privilège leur est accordé : exemption de taille, logement des gens de guerre, subsides et gabelles.
En 1762, des ordonnances concernant les régiments de dragons, cavalerie, hussards, et infanterie accordent la solde entière après 24 années de service et la demi solde après 16 ans. Ces sommes seront payées chaque mois par les subdélégués sous le contrôle des commissaires des guerres; ces soldats redeviennent civils et ne sont plus reçus dans les hôpitaux militaires.
En 1764, la pension d'invalidité est réorganisée : les pensionnés peuvent partir avec leur pension (54 livres par an ou 72 livres pour les bas officiers).Un peu plus de 10% décident d'intégrer l'hôtel et y laissent leur pension. La blessure n'a plus de caractère impératif.
Napoléon Ier visitant l'infirmerie des Invalides, 11 février 1808
Une base de données recense plus de 135 000 pensionnés entre 1673 et 1796 : http://www.hoteldesinvalides.org/
Sources : Votre généalogie n°14
https://blog.paris-libris.com/les-vieux-hopitaux-parisiens-la-charite-lhopital-saint-louis-bicetre-lhotel-dieu-saint-lazare-le-val-de-grace-la-salpetriere/
Témoignage - hiver 1740
l'année 1740 vue par le curé de Courcelles-lès-Lens :
"L'an 1740, il commenca a geler les premiers jours de janvier d'une maniere fore commune après cependant une gele de 12 jours assez apre dans le mois de novembre 1739. La susdite gele a toujours continué en augmentas jusqu'au huit dusdit janvier, mais le 9, 10, et 11, il fit une gele très forts avec un vent nord est très violent qui coupait les hommes en deux, il y a même eu plusieurs personnes qui mourrent en chemin. Ces trois jours, entre autre le postillon de lille à douay a été trouvé mort auprès de wattignies et je puis moy même témoignage puisque faisant le chemin d'arras, j'y ay manqué de perdre la vie. Les jours suivants n'ont plus esté si violents mais la gele a toujours continué jusqu'au 9 mars et sans faire une seule fois de la neige ce qui a fait mourire tous les scorions et presque tous les bleds avec une grande cherete des vivres tant pour les hommes que pour les bestes car le neuf may qui est le jour ou je marque ces choses on ne voyait non plus d'apparence de grain, ni d'herbe que l'on voyait huit jours après le degele cet an.[...]
Depuis le mois d'octobre 1739, jusqu'à présent, le vent est toujours au nord sans nous jamay donner une seule journée de doux temps ce qui cause que toute les plantes sont attardé, car les cerisiers et les pruniers ne seront point en fleur qui jusqu'au moins le 20 de may. Le termonette a descendu pendant le plus froid au vingt troisième degré, que l'on prétend n'avoir point gelé plus fort au mois de janvier 1709, mais je crois que cette présente gele n'a point encore cette force car alors les noyers ont ete en gele mais cette année point quoyque on ai perdu en provence tous les oliviers, orangers, datiers et toutes les plantes délicates et il est à remarquer que ce qui a fait tant de tort c'est qui n'a pas fait de neiges.[...] mais j'ajoute de plus que la saison a toujours été si froide que les pauvres hirondelles estant de retour ont presque toute mouru et on a désespéré d'en revoir encore. Les grains ont été très chers tous cette année et le seons encore selon toutes les apparences jusqu'aux nouveaux de l'année prochaine 1741.
[...]
> les bleds vallent encore aujourd'hui 9 7bre 1740 vingt florins la rasière, les orges pour ensemencer la terre ont été vendu à lille jusquà 8 patacons, 10 et 12 patacons, les pamelles 5 écus, 6 écus et plus, [...]
La suette
La suette est une ancienne maladie infectieuse épidémique caractérisée par une fièvre importante, une transpiration profuse et une mortalité élevée.
Il existe deux types de suette
- la suette anglaise qui a sévi en Angleterre au XV et XVIème siècle
- la suette miliaire ou suette des Picards ou suette de Picardie qui survint en France vers 1700 jusque 1906.
D'après un article de La Voix Du Nord paru le 20 novembre 2010, avec la suette, « 50 à 80 % des habitants des villages sont décédés entre septembre et octobre 1710 ! » Prenons par exemple le cas de Mingoval, où l'on comptait 157 âmes en 1698. En cette funeste année 1710, 138 morts sont comptabilisés. À Izel, « pour l'instant, grâce à trois documents que l'on est en train de recouper, on en est à 230 morts ».
Alors que la population était de 274 habitants en 1698.
Un passionné d'histoire, Hubert Heintz, a fait des recherches sur le secteur de Savy et alentours (dans le Pas de Calais) et tente d'expliquer le pourquoi du comment de la suette. Une maladie qui est une sorte de fièvre hémorragique « très brutale. En cinq ou six heures, on peut en mourir... »
Hubert Heintz a consulté des rapports médicaux de l'époque, à la bibliothèque de Saint-Omer. « Des documents très poignants. On se rend compte que la suette pouvait tuer une maison entière. Le père, la mère, les enfants, et enfin le bébé, qui n'avait plus personne pour s'occuper de lui. » Une maladie qui touche « d'abord les gens riches et bien portants, qui vivent au chaud.
C'est pour ça qu'on pense que la suette peut être véhiculée par les puces, qui aiment la chaleur. » Si cette épidémie a touché la population, elle a également touché les centaines de milliers de soldats qui étaient postés dans le secteur.
L'affaire date du début du siècle. En 1700, Charles II, roi d'Espagne, décède. Par voie testamentaire, il lègue le royaume à Philippe, duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV.
Mais les autres nations européennes font fi du testament. Anglais, Autrichiens et Hollandais s'unissent contre la France et l'Espagne. Du côté des Anglais, le « patron » est Marlbrough, qui s'installe en juillet 1710 au château de Villers-Brûlin. Chez les Français, le chef de file est le duc de Villars.
Sources : La Voix du Nord
"Énigmatique et meurtrière suette " de Hubert Heintz
Le choléra
Se transmet par voie digestive, qu’il s’agisse de l’eau, des aliments souillés par les déjections des malades ou par simple contact
Vomissements ou diarrhées aqueuses, abondantes et indolores, qui entraînent une déshydratation rapide du malade. La température tombe à 35/36°. Le malade a un aspect cyanosé.
En 1832 le choléra arrive pour la première fois en France causant 100 000 décès essentiellement en région parisienne et dans le nord du pays.
Le choléra arrive réellement à Paris le 26 mars 1832 même si dans les jours précédents des cas douteux ont été signalés. Ce jour là, quatre personnes furent frappées tout à coup presque simultanément et moururent en peu d’heures, dans la rue Mazarine, dans les quartiers de la Cité, de l’Hôtel-de-Ville et de l’Arsenal.
Dès le 31 mars, il y avait déjà à Paris 300 malades, et sur les 48 quartiers de la ville, 35 étaient envahis. Le troisième arrondissement était seul épargné. Du 31 mars au 1er avril, l’épidémie se répandit dans toute la capitale.
En avril toute la ville est contaminée : de 100 décès le 2 avril, on atteint les 7 000 morts 12 jours plus tard.
Un élève chirurgien au Val-de-Grâce déclara en avril qu’elle s’attaque aux vaches et aux dindons ; certains journaux de province parlent même du choléra des poules et des chats !
Les Parisiens qui le peuvent fuient la capitale, emportant avec eux sans le savoir le mal en province. À ceux qui restent, la capitale offre des rues désertes. Plus d’échoppes. On cesse, pendant quelques jours, de payer péage au pont des Arts. Il n’y a de mouvement que sur le Pont-Neuf, où des brancards chargés de morts ou de mourants se dirigent vers l’Hôtel-Dieu. Ailleurs, de rares passants, souvent de deuil vêtus, se hâtent, le mouchoir sur la bouche.
Les seuls mouvements de foule se déroulent devant les pharmacies : le camphre monte de 5 à 24 francs. Le bruit se répand que les riches ont accaparé tous les médicaments ; et parfois la foule proteste, devant les officines, contre le renchérissement des produits.
Les corbillards manquent ; Le ministre de la Guerre est sollicité : il prête des fourgons du dépôt d’artillerie qui font le service dans la rue du Cherche-Midi mais ces véhicules font tant de tapage et de bruit que l'on abandonne cette idée.
Les cercueils manquent; on empile les cadavres dans des sacs.
L’épidémie atteignit son maximum au 9 avril, jour où il y eut 814 décès. Le 14 du même mois, le fléau était arrivé à un tel degré qu’on comptait 12 à 13 000 malades et 7 000 morts.
L’épidémie resta stationnaire durant six jours environ. À dater de ce moment le mal commença à décroître ; les décès tombèrent de 756 à 651 ; le 30 avril, ils étaient à 114 ; et du 17 mai au 17 juin on n’en comptait plus que 15 à 20 par jour.
Cependant vers la fin de ce dernier mois, le troisième de l’épidémie, et au commencement de juillet, une recrudescence très grave se manifeste. Le 9 juillet, 710 personnes succombent ; le 18, la mortalité est remontée à 225. Cette recrudescence dura peu ; et dès le 28 juillet il n’y avait plus que 25 à 30 morts chaque jour.
La France recensera en 1832, 229 554 cas de choléra et 94 666 morts dont 18 402 à Paris dont 12 733 pour le seul mois d’avril (parmi eux : Casimir Perier, président du conseil des ministres).
En 1833, l'épidémie de Choléra à Lille provoque 18% du total des décès de l'année
En 1834, le choléra revient et touche davantage le midi
En 1848, 3ème épidémie de choléra : elle tuera plus de 140 000 personnes
En 1866, nouvelle épidémie de choléra qui est bien connue grâce à l'annuaire statistique du Département, publié en 1867. L’épisode est assez court mais ses ravages sont importants:
- Le premier cas est signalé le 6 février 1866 dans l'arrondissement de Dunkerque,
- le dernier est consigné le 22 novembre de la même année dans la région de Cambrai.
- La maladie touche 150 communes sur les 660 que compte alors le département, surtout dans les communes ouvrières: Lille, Roubaix, Valenciennes, Dunkerque, Armentières, Halluin... mais «curieusement» épargne l’arrondissement d’Avesnes-sur-Helpe.
Pour les rédacteurs de l’Annuaire, il semble que la catégorie socioprofessionnelle des malades concernés soit une cause majeure dans la propagation de cette épidémie.
2,9 % de la population totale du département est réellement touchée, 1,4 % décède. Ces chiffres peuvent sembler assez peu, mais le plus inquiétant est la mortalité liée à la maladie: 49,9% des malades, tous âges et sexes confondus.
Le Progrès du Nord du 8 décembre 1866 n’hésite pas à qualifier le choléra de «maladie épidémique du pauvre». Ce n’est là qu’un constat dressé après les épidémies de 1832, 1849, 1854, 1859... durant lesquelles les populations ouvrières, notamment du textile à Lille, furent les plus durement atteintes.
A Lille, on déplore en effet un habitat humide, froid, misérable, des rues étroites et malpropres, un manque d’hygiène extrême. Les canaux de la ville comme les rues recueillent les déjections. Certains déplorent l’habitude qu’ont les hommes d’uriner dans les fossés à la sortie des estaminets, les femmes celle de se soulager dans les ruisseaux, d’incriminer les déjections qui stagnent entre les interstices du pavage
La plupart des ouvriers s’entassent littéralement dans une ou deux pièces, rarement plus.
L’Annuaire Statistique de 1867 précise ainsi : «En examinant aussi les conditions sociales des personnes atteintes par l’épidémie, on constate que c’est la classe ouvrière qui a été presqu’exclusivement frappée pour ainsi dire partout. La raison de ce fait paraît facile à déduire; n’est-ce pas en effet la classe ouvrière qui par ses labeurs, sa nourriture peu substantielle, l'exiguïté de ses logements et, il faut le dire, ses habitudes d’intempérance, se trouve dans la situation hygiénique la plus défavorable? A Valenciennes, cependant, toutes les classes de la société ont dû payer leur tribut au fléau.» (in Annuaire Statistique, page 380)
En 1884, Marseille sera touché par la 5ème attaque de choléra; plus de 1700 Marseillais en mourront.
http://histoiresdunord.blogspot.fr/2006/03/1866-une-pidmie-de-cholra-dans-le-nord.htmlfv
http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article3185
Les écrouelles
C'est une forme de tuberculose qui se caractérise par des fistules apparentes au niveau des ganglions lymphatiques du cou.
Les rois de France auraient eu le pouvoir de guérir les écrouelles. Ce pouvoir viendrait du St Chrême dont ils sont oint lors du sacre; il ne semble pas que ce pouvoir ait existé avant St Louis.
Saint Marcoul aurait eu ce pouvoir également
Sources : http://www.histoireaisne.fr/memoires_numerises/chapitres/tome_11/Tome_011_page_093.pdf
La tuberculose
Connue depuis l'Antiquité Grecque, Hippocrate lui donna le nom de phtisie (du grec φθιέιω, sécher ou état de dépérissement).
En effet, le principal symptôme de cette maladie pulmonaire d'évolution lente était alors un état d'épuisement progressif de l'organisme ou consomption, évoluant jusqu'à la mort. Hippocrate croyait que les mauvaises humeurs fabriquées par le cerveau, « le flegme salé », se concentraient dans le poumon, d'où elles ne pouvaient sortir provoquant des ulcérations pulmonaires.
On ne parle pas beaucoup de la tuberculose durant le Moyen Age finalement car le fléau principal de l'époque reste la peste. On parlera plus en revanche d'une autre forme clinique de la tuberculose : l'adénite cervicale fistulisée ou scrofule ou écrouelles, maladie chronique, d'évolution le plus souvent bénigne, quelquefois guérissant spontanément. Il ne faut pas oublier que le roi acquérait lors de son sacre, le pouvoir « thaumaturge », c'est à dire le pouvoir de guérir les écrouelles, par imposition des mains, « le toucher », en prononçant la phrase rituelle : « le roi te touche, Dieu te guérit ».
En 1683, par lettre patente du roi Louis XIV, s'ouvrait à Reims, l'hôpital des Incurables de Saint- Marcoul pour traiter « le mal des écrouelles ».
Ce n'est qu'à la fin du XVIIIème siècle que l'on se rend compte de l'impact de la phtisie sur la population. Et ce d'autant plus qu'elle est liée au développement de l'industrialisation. Elle touche particulièrement les classes populaires.
Rozière de la Chassagne, en 1770, en fit une description en trois stades avec toux quinteuse, fatigabilité à l'effort, amaigrissement, puis fièvre et sueurs nocturnes, expectorations qui deviennent purulentes, enfin amaigrissement qui frise la cachexie : « le malade ressemble à un squelette », crachats de pus fétides, « fétidités qu'ils détestent eux-mêmes ».
« L'étrange maladie ! » s'exclamait Dickens, « son évolution est lente et solennelle, son issue si incertaine ! Jour après jour, parcelle après parcelle ce qui est mortel disparaît, l'âme devient toujours plus légère et plus libre, à mesure que le fardeau terrestre s'amenuise. »
La tuberculose est très meurtières sous sa forme pulmonaire (80% des cas de tuberculose au XIXè siècle) mais elle effraie moins que le choléra car peu spectaculaire; Elle cause tout de même 20% des décès au début du XIXè.
En 100 ans elle aurait tué neuf millions de personnes (dont l'Aiglon, Chopin ....)
Sources :
http://www.federation-quartiers-pessac.com/pessac/hopitaux/tuberculose.htm
Votre Généalogie n°9
La syphilis
La syphilis ou mal de Naples, mal français, mal des Anglais, grosse ou grande vérole, ... est une infection sexuellement transmissible, contagieuse, due à la bactérie tréponème pâle.
Elle est diagnostiquée par les médecins depuis le XVè ou le XVIème siècle.
Les manifestations de cette maladie étaient si redoutées que durant le règne de Charles VIII (1470-1498) on jetait les malades dans la Seine.
Le chevalier allemand Ulrich Von Hütten (1488-1523), atteint de cette maladie, décrit en 1518, avec précision les maux et ulcérations qu'il subit :
"D'abord mon pied gauche, auquel la maladie s'était accrochée pendant plus de huit annnées, est devenu inutile et au milieu de mon tibia, où les dernières chairs recouvraient la lame, se trouvaient enflammées, les ulcères nécrotiques de la chair gonflée, causant une grande douleur. Quand l'un guérissait d'autres éclataient (...). Au dessus de ces derniers il y avait un gonflement aussi dur que l'os et à l'intérieur une douleur immense ininterrompue (...). Puis vers le haut ma hanche et mon genou étaient devenues raides et la cuisse était devenue extrêmement émaciée et la chair réduite à néant (...) la peau semblait couvrit l'os. (...) j'ai eu une souillure très douloureuse et purulente juste derrière la couronne (...) le contact le plus léger sur ma tête était ressenti comme si mon crâne avait été percé ..."
Longtemps le remède (bien incertain) fut le mercure; cette médication fut à l'origine d'une plaisanterie : "passer une nuit avec Vénus et le reste de la vie avec mercure".
Balzac a décrit les manifestations de la Syphilis chez Véronique dans Le curé de village en 1832 : "Cette figure également colorée par une teinte où le brun et le rouge étaient harmonieusement fondus, resta frappées de mille fossettes qui grossissent la peau dont la pulpe blanche avait été profondément travaillé : le front ne put échapper aux ravages du fléau , il devint brun et demeura comme martelé (...). Ces déchirures du tissu, creuses et capricieuses, altérèrent la pureté du profil, la finesse de la coupe du visage, celle du nez (...). La maladie ne respecta que ce qu'elle ne pouvait atteindre, les yeux et les dents."
La découverte récente en Angleterre de squelettes datant d'une période allant de 1200 à 1400 et atteints de syphilis invalide la théorie selon laquelle les conquistadores auraient ramenés cette maladie du Nouveau Monde.
François 1er serait mort de la syphilis à 53 ans après 9 ans de souffrances.