Le chiffonnier
Le chiffonnier - gravure n°10 - Carle Vernet
« Rien ne se perd, rien ne se perd, tout se transforme »
Phrase de Lavoisier remise au goût du jour actuellement pour des raisons écologiques et que déjà nos ancêtres connaissaient très bien mais pour des raisons économiques cette fois. En effet tout se recyclait chez nos aïeux :
- la bouse de vache séchée au soleil constituait un combustible
- les papeteries du 19è fonctionnaient grâce à la récupération de chiffon
- les cordages et les toiles hors d’usage des voiliers, servent à la fabrication du papier à cigarettes
- les boues urbaines composées de paille et de crottin de chevaux étaient amenés à la voierie et servaient aux maraichers pour leurs jardins. Cela occasionnait d’autres désagréments comme expliqué dans cet article ICI
- l’urine des urinoirs publics (simple tonneaux mis à disposition) était collectée pour servir dans les opérations de peignage de la laine
- eaux grasses, épluchures de légumes, croûtes de pain en provenance des hôpitaux constituaient après transformation un « excellent pâté » pour les milliers de porcs élevés en banlieue
- les culots de bouteilles et les tessons de gros verts servaient à la fabrication de papier de verre
- les viandes avariées venues des abattoirs servaient à l’élevage d’asticots vendus ensuite aux pêcheurs
- etc
Pour mesurer l’ampleur de cette activité « cachée » car essentiellement nocturne, il faut savoir qu’à Paris en 1899, 30 000 chiffonniers vivent de la libre collecte des chiffons et autres vieux papiers, bouchons, clous, cheveux …
Chiffonnier en 1899
Qui est le chiffonnier ? Une personne dont on se méfie : les chiffonniers sont en effet nécessairement suspect du fait de leur vagabondage et des matières , des déchets qu’ils touchent.
Le chiffonnier inquiète la population et est défini de « parasite, sale, dépenaillé, violent, alcoolique, inadapté, dégénéré, sans morale ».
Le journaliste russe Petr Petrov, correspondant à Paris dans les années 1870, a visité Paris et a décrit ce qu’il a vu à la Cité Doré entre le boulevard de l'Hôpital et la rue Jeanne-d'Arc, refuge misérable des chiffonniers les plus pauvres (aujourd’hui le 13ème arrondissement) :
« Quelques sans-abris ont décidé de se doter d’un toit. Ils ont entassé tout un bric-à-brac, ont volé des planches, des cadres, des portes, des caisses en bois, ont dérobé des poutres et des perches, assemblé des ordures, amassé une montagne de saletés […]. Le passé de ces chiffonniers est plus ou moins identique : une vie dissolue et vide, la ruine, l’absence d’esprit de décision et de volonté de se mettre au travail ou, au contraire, la volonté de se suicider, l’ivrognerie due au malheur, au désespoir, une ivrognerie sans moments de lucidité ; puis, la chute finale, la dégradation, la misère, les guenilles, l’errance, la faim, le froid… […] Le passé des chiffonnières est plus uniforme : ce sont presque toutes d’anciennes prostituées, confites dans l’alcool, qui n’ont pas su se ménager leur vieillesse. En un mot, dans leur masse, ce sont les déchets, la lie de la société, qui s’accumulent en un seul et même endroit, tel un liquide pourri qui coule vers la même fosse, telles les eaux usées de la ville qui s’écoulent vers le collecteur central des égouts ».
Petr PETROV, Les Chiffonniers de la Butte-aux-Cailles, Le Tout sur le Tout, 1983, Paris.
Cité Doré
Malgré cette image négative, le chiffonnier est un personnage indispensable de l’économie de l’époque puisqu’il approvisionne massivement l’industrie, comme le remarque Henri Blerzy en 1867 (1830-1904 - directeur départemental des PTT dans l’Aube) : « Près de sept mille individus n’ont d’autre moyen d’existence que d’explorer, le crochet à la main, les humbles rebuts de la population parisienne : 10,000 francs par jour, 3 millions et demi par an, telle est la moisson incroyable que les chiffonniers récoltent dans leurs expéditions nocturnes, butin immonde dont s’alimentent des fabriques de papier, de carton et de noir animal. Quelque inconvénient qu’il y ait à souffrir les usages actuels, on a pensé qu’il serait inhumain d’enlever à cette armée de pauvres travailleurs son gagne-pain de chaque nuit »
Crochet du chiffonnier
L’activité de chiffonnage connait son heure de gloire au 19ème avec la papeterie. Au 19ème on écrit à tour de bras et on a besoin de papier ; or le papier est fabriqué à cette époque avec des chiffons.
Le chiffonnage, ce n’est bien sûr pas que les chiffons : les os collectés par les chiffonniers sont aussi très demandés, car ils entrent à partir de la fin du XVIIIe siècle, dans de multiples fabrications : bouton, suif, colle, charbon animal, gélatine, etc..
Chiffonniers au 19ème siècle - photo Eugène Atget (1857-1927)
Et parce que le chiffonnage prend au XIXe siècle un essor considérable, une ordonnance de police est rédigée en 1828 par M. de Belleyme, préfet de police de Paris, afin de limiter le nombre de biffins et de mieux les contrôler.
Désormais, les chiffonniers sont assujettis au port d’une médaille délivrée par la Préfecture de Police : le chiffonnage devient une profession à autorisation : « nul ne pourra plus ramasser des chiffons dans la rue sans y avoir été autorisé par l’administration ». « Tout chiffonnier recevra une médaille en cuivre de forme ovale qui portera ses noms, prénoms, sobriquet et signalement ainsi qu’un numéro d’ordre. cette médaille devra être portée de manière apparente. le chiffonnier devra faire placer sur la face extérieure de la hotte en chiffres percés à jour de 54mm de haut son numéro d’ordre. Ce chiffre sera reproduite en couleur noire sur une des vitres de sa lanterne. »
11000 médailles furent délivrées à paris entre 1828 et 1873.
Mais les chiffonniers résistent à ce contrôle et se prêtent les médailles afin de pouvoir exercer sans soucis. les médailles passaient de père en fils créant de véritables dynastie de chiffonniers.
En 1872, cette ordonnance tombe en désuétude alors que les chiffonniers parisiens sont presque 12 000, et approximativement 30 000 à la fin du siècle.
Comment fonctionne le métier ? Le chiffonnage se hiérarchise en trois catégories jusqu’aux années 1850 :
- Le chiffonnier de nuit ou « piqueur » récolte le meilleur. Il est appelé aussi coureur ou biffin (de biffe qui désigne le crochet de fer avec lequel les chiffonniers fouillent les détritus) : il court les rues, pique avec son crochet tout ce qu’il trouve revendable ; il porte une hotte sur son dos appelée « cachemire d’osier ».
- Le « secondeur » pratique cette activité en plus de son travail déclaré et vient fouiller à la fin de la nuit les tas déjà visités par le piqueur.
- Le « gadouilleur » ou « gadoueur » est le plus misérable, il part du matin au soir vers les dépôts de boues ou chez les paysans pour récupérer ce qui peut encore l’être ; il passait après ses confrères.
Chiffonniers de la porte d'Asnières Paris - Photo Eugène Atger (1857-1927)
Lorsque les boîtes à ordures de Mr Poubelle sont adoptées vers 1884, la hiérarchisation du chiffonnage change à nouveau.
- Le « placier », nouvelle catégorie de chiffonnier, travaille en étroite collaboration avec un concierge qui l’autorise à entrer dans la cour pour fouiller dans les boîtes. il ne court donc pas, il a une place et fait le travail du concierge à la place de celui-ci : il récupère toutes les boites à ordure de chaque occupant, les vide dans la cour, les trie et récupère tout ce qu’il y a à récupérer, nettoie les boites et les remet en place Le placier a souvent une voiture en lieu et place de la traditionnelle hotte. Il peut gagner jusqu’à 10 à 12 francs par jour mais contrairement aux coureurs il doit assumer son service quel que soit le temps qu’il fait. Il perd la liberté qu'a le chiffonnier traditionnel.
- Le « coureur » quant à lui doit se contenter des boîtes déjà fouillées par les « placiers »
- Enfin, le « gadouilleur » continue d’essayer d’exister.
En tout état de cause, coureur, placier, secondeur et gadoueur ne sont que des récolteurs. Une fois la récolte terminée, ils amènent leur marchandise au maître chiffonnier qui achète au poids. Chaque produit a un cours précis et chaque maître chiffonnier est spécialisé dans un type de produit : un tel les chiffons, un autre les os, encore un autre le verre … Les maîtres chiffonniers sont des commerçants, des notables, , des élus locaux qui mènent une vie de bourgeois, achetant le produit des fouilles des piqueurs et des placiers, employant du personnel pour trier, et revendant par wagons à l'industrie les textiles, les os, les métaux ….
La vie du chiffonnier « ...il y a d'abord les chiffonniers de naissance, c'est-à-dire les enfants des chiffonniers qui n'ont jamais fait que ce métier-là. Ensuite, il y en a beaucoup qui, comme moi, l'hiver de 1860-61, étant sans travail, me suis mis à chiffonner le soir d'abord, parce que je craignais d'être rencontré par des personnes qui me connaissaient. Pour qu'on ne me reconnût pas, je me coiffais d'un chapeau à larges bords que j'avais soin de rabattre sur mes yeux. A cette époque, tous les soirs, je gagnais 6 ou 7 francs en travaillant jusqu'à minuit ou une heure du matin. (...) Lorsque le beau temps revint, et que le travail reprit dans mon métier de menuisier, je ne cherchai pas d'ouvrage, je continuai le chiffonnage et je m'enhardis à le pratiquer le matin. Ne gagnant que 3,75 francs dans la menuiserie, prix de la journée en 1860, je préférai chiffonner parce que je gagnais davantage et que j'étais plus libre. »
Extrait de Notes d'un chiffonnier de Desmarquest, in Le Travail en France. Monographies professionnelles de J. Barberet.
Cet extrait permet de voir qu’un chiffonnier motivé peut gagner bien mieux sa vie qu’un simple ouvrier mais tous les chiffonniers ne sont pas placés à la même enseigne comme on l'a vu plus haut
Et n’oublions pas les ravages de l’alcool : le chiffonnier comme tant d’autres travailleurs était malheureusement attiré par la boisson qui lui permettait d’oublier sa vie de misère … et qui le faisait par là même retomber dans la misère puisqu’il buvait chaque semaine son salaire …
Intérieur d'un chiffonnier - 1912 - porte d'Ivry - Phoro Eugène Atger
Philosophie du chiffonnier
« Vidons l’écrin !... vidons le panier aux ordures, et faisons l’inventaire de ma nuit !... Voyons si j’ai vraiment fait une grasse journée… si je trouverai quelque chose de bon dans ce résidu de Paris !... C’est peu de chose que Paris qui va dans la hotte d’un chiffonnier… Dire que j’ai tout Paris, le monde, là, dans cet osier… Mon Dieu, oui, tout y passe, la feuille de papier… tout finit là tôt ou tard… à la hotte !... […] L’amour, la gloire, la puissance, la richesse à la hotte ! à la hotte !... toutes les épluchures !... tout y vient, tout y tient, tout y tombe… tout est chiffon, haillon, tesson, chausson, guenillon !... […] Et dire que tout cela refera du beau papier à poulet, de belles étoffes à grandes dames, et que ça reviendra là encore, et ainsi de suite, jusqu’à l’extermination. O folies d’hier… ô superbes rogatons… c’est là votre humiliation !... C’est le rendez-vous général, c’est la fosse commune, c’est la fin du monde… c’est plus que la mort, c’est l’oubli !... Qu’est ce qui reste après le père Jean, je vous le demande un peu ?... Rien, un os comme celui-là ! ».
Félix PYAT (1810-1889), journaliste, auteur dramatique et homme politique français, Le Chiffonnier de Paris, 1861
Carte postale - début 20ème
La chanson de la hotte
Les chiffonniers, glaneurs nocturnes,
Tristes vaincus de maints combats,
Vers minuit quittant leurs grabats,
Dans l'ombre rôdent taciturnes.
La Hotte sur leurs reins courbés
Se dresse altière et triomphante ;
Voici ce que cet osier chante
Sur ces échines de tombés :
Moi, la Hotte nauséabonde,
Épave où vivent cramponnés
Les parias et les damnés,
L'écume et le rebut du monde,
Fosse commune à tous débris,
Où ce qui fut Hier s'entasse,
En juge, chaque nuit, je passe,
Fatal arbitre du mépris.
À la lueur de sa lanterne,
Mon compagnon qui fouille au tas
Ramasse tout : chiffons, damas,
Sans que sourcille son œil terne ;
Tout ! auréoles de clinquant,
L'honneur vendu, des ailes d'ange ;
On trouve en remuant la fange
Les vertus mises à l'encan ;
Fausses grandeurs, fausses merveilles,
Et tant d'autres choses encor ;
Vieux satin blanc aux trois lis d'or,
Velours vert parsemé d'abeilles.
Dernier et fatal ricochet,
Tout va, tôt ou tard, à la hotte
Du chiffonnier qui dans la crotte
Fouille du bout de son crochet. »
Charles Burdin, Heures noires, Paris : Librairie des bibliophiles, 1876
Fin des chiffonniers La fin du 19ème siècle va sonner le glas des chiffonniers.
1/ L’invention de Mr Poubelle est le premier coup de semonce. En effet le 24 novembre 1883, le préfet de la Seine, Eugène René Poubelle prend un arrêté relatif à l’enlèvement des ordures ménagères en imposant des boites à ordures à chaque occupant de logement et oblige les propriétaires parisiens à fournir à chacun de leurs locataires un récipient muni d'un couvercle.
Trois boîtes étaient obligatoires : une pour les matières putrescibles, une pour les papiers et les chiffons, et une dernière pour le verre, la faïence ou les coquilles d'huîtres.
Ces premières « poubelles » devait être en bois, garnies de fer blanc à l’intérieur pour des raisons d’hygiène, être muni d’un couvercle et avoir une contenance de 80 à 120 litres.
Les boites à ordures de Mr Poubelle, rue Emile Zola, Paris - 1913
Elles devaient être sorties le matin très tôt afin que les ramasseurs d’ordures puissent les vider dans leur tombereau.
Ces boîtes à ordures vont fatalement faire baisser les revenus des chiffonniers car si les récipients sont sortis juste avant le passage du tombereau, ils n’auront pas le temps de procéder au tri. Seuls les « placiers », en relation avec les concierges, parviennent à conserver des revenus décents pendant un temps.
Ramassage des ordures
« Depuis qu'on ne peut plus vider les ordures sur la voie publique, 50 % des détritus utilisables que recueillaient les chiffonniers sont perdus pour l'industrie française. Et au lieu de 2 Frs par jour, les chiffonniers gagnent à peine 1 Fr. Je suis marchand de chiffons ! J'employais, avant l'arrêté, six hommes et un certain nombre de femmes. J'achetais en moyenne pour 500 Frs par jour de détritus ; depuis, je n'en achète plus que pour 140 ou 150 Frs ; au lieu de six hommes, je n'en emploie plus que trois, et sur dix ou douze femmes, j'ai été obligé d'en renvoyer la moitié. Or ces hommes et ces femmes, qui ne peuvent plus travailler chez moi, ne trouvent pas plus d'ouvrage chez mes confrères, ils sont sur le pavé de Paris, il leur est impossible de s'employer. Il est évident que ces femmes ne peuvent guère aller faire de la couture ou de la lingerie. Voilà la crise que nous subissons ».
Extrait de la déclaration de M. Potin, maître chiffonnier, à la Commission dite des 44, cité par Joseph Barberet in Le travail en France : monographies professionnelles.
La poubelle va avoir du mal à passer dans les habitudes des gens mais cela va se faire et en moins d’un demi- siècle tout le monde utilise ce récipient qui s’appelle désormais une poubelle.
Ne nous y trompons pas toutefois, la poubelle et le ramassage organisé des ordures est certes une avancée importante en matière d’hygiène publique mais ce qui a sous tendu ces décisions fut également et peut être surtout le profit. En effet, industriels et financiers entendent tirer profit dès la seconde moitié du 19ème siècle, du chiffonnage.
En effet, « Paris compte près de 20 000 chiffonniers réguliers qui gagnent 2.50 f à 3 francs chaque jour ce qui donne 50 000 francs par jour et 18 millions par an ! Cette somme rémunère quatre choses : la recherche de détritus réutilisables, le triage ou cassement de ces divers résidus, leur transport chez le maître chiffonnier et enfin la valeur même dudit détritus. […] Nous pourrions grâce à un arrêté habilement fait obtenir gratuitement trois de ces choses. Pour cela il faudrait commencer par rendre le chiffonnage impossible et alors tous les détritus qui ont une valeur quelconque serait ramassés par les voitures du concessionnaire de l’enlèvement des boues et des immondices de Paris ».
2/ Les matières premières récoltées par les chiffonniers sont de moins en moins demandées : les industriels se détournent en effet lentement du chiffon qui n’est ni assez abondant, ni assez compétitif. Les fibres du bois semblent nettement plus intéressantes. Quant aux os, ils sont progressivement remplacés par les premiers plastiques.
« Entre 1883 et 1902, les cours des chiffons et des vieux papiers s’effondrèrent ; la tonne de blanc de toile passa de 30 à 15 francs et celle des vieux bouquins de 8 à 3 francs ».
L’activité de chiffonnier devient alors très difficile et, peu à peu, le déclin de la profession se fait.
La collecte des matières qui faisait vivre et même s’enrichir certains chiffonniers jusqu’au milieu de XIXe siècle n’est plus du tout rentable à la veille du XXe siècle ...
Mais le recyclage a retrouvé ses lettres de noblesse au 21ème siècle ...
Sources
Histoire des ordures : de la préhistoire à la fin du dix-neuvième siècle de Marine Béguin
Histoire des hommes et de leurs ordures, Le Cherche Midi, 2009 de Catherine de Silguy
Sur les pas des chiffonniers de Nanterre
Les Chiffonniers de Paris de Antoine Compagnon
Le chiffonnier, une activité menacée dès la fin de 19ème siècle
Nos ancêtres, vie et métiers n°56
Paul DANGLA
Paul est né le 23 novembre 1887 à Frouzins.
Son père s'appelle Bernard; il est boulanger, né vers 1863. Sa mère s'appelle Marie Laveran, nées vers 1867.
Paul a les yeux et les cheveux noir et mesure 1.63m; il sait lire, écrire et compter.
Il s'engage à l'armée en 1905 pour 5 ans. Il a 18 ans.
En 1907 il est à Toulouse, 19 rue des Puits Clos; il exerce la profession de mécanicien.
Quartier maître mécanicien en 1909 lors de son service militaire.
Il épouse le 15 février 1912 Louise Adeline Deltruel, née à Crespin le 25 février 1887.
Il habite la rue Arago à Toulouse à cette époque
Il avait 27 ans le 3 août 1914. Il est affecté au 5ème dépôt des équipages de la flotte à Toulon.
Il sera renvoyé dans ses foyers le 11 novembre 1918.
Second maître mécanicien en 1917.
En 1924, il est ajusteur.
En 1928 il habite rue du canon d'Arcole chez Dancaresse mécanicien
Il mourra à Frouzins le 25 août 1974.
Guillaume Jean Marie COSTES
Guillaume est né le 31 mars 1880 à Frouzins.
Son père Germain Costes est né le 8 février 1839 à Frouzins, cultivateur et a épousé le 24 février 1867 à Frouzins, Elisabeth Villeroux, née elle aussi à Frouzins le 9 janvier 1848.
Guillaume a les cheveux chatain et mesure 1.71m; il sait lire, écrire et compter.
Guillaume est cultivateur.
Lors de son service militaire, il devient 1er canonier (1901)
Il épouse Marie Félicie Villeneuve le 10 septembre 1910 à Frouzins
Il avait 34 ans le 11 août 1914, jour de sa mobilisation.
Soldat de 2è classe, il est affecté au 82è régiment d'artillerie lourde.
Il sera renvoyé dans ses foyers le 20 février 1919.
Paulin Jean Marie CLAVEYROL
Paulin est né le 11 février 1872 à Frouzins.
Il est valet de chambre en 1892.
Il sait lire, écrire et compter. IL a les cheveux et les yeux noirs et mesure 1.58m.
Ses parents sont Espagnols : Son père se nomme François Claveyrol né en 1833 à Esterri (bien que sur le registre matricule il soit indiqué Pierre) et mort le 17 décembre 1897 à Frouzins. Il était cultivateur. Sa mère s'appelle Marie Ramon (transformé au fil des années en ramond, rémond, raymond), née vers 1830 en Espagne. Ils se sont mariés à Toulouse en 1858.
Il souffre d'un chevauchement d'orteils
Il a 42 ans quand il est mobilisé le 24 septembre 1914. Il est affecté à la 17ème section d'infirmier militaires.
Il rentrera dans ses foyers le 23 mars 1915 mais sera rappelé le 20 décembre 1915 et affecté au 97è régiment d'artillerie. Il sera mis en congé illimité le 5 juin 1919.
Il mourra à Saint Orens le 17 septembre 1958.
O comme Omniprésence de l'Eglise
Sous l’Ancien Régime l’Eglise est omniprésente dans la vie de chacun. On a un peu de mal à l’imaginer aujourd’hui. Mais chaque geste est empreint de religieux soit par contrainte soit par dévotion. Quel que soit l’endroit où l’observateur pose son regard, ce sera pour voir un clocher, un habit de religieuse, un couvent, une croix à un carrefour, une statue de la Vierge, une procession de fidèles, des pèlerins harassés ... L’observateur entendra les cloches qui sonnent pour appeler les fidèles à la prière, rythmant par la même occasion leur journée. L’environnement dans lequel évoluent nos ancêtres est imprégnés de la culture catholique.
Prenons des exemples en Flandres et plus précisément à Lille :
Le temps par exemple est régi par l’Eglise et l’on peut passer l’essentiel de ses journées à prier : ainsi à l’église Saint-Etienne et sa douzaine de chapelles, se succèdent chaque dimanche les messes, de demi-heure en demi-heure, depuis 4 heures jusqu'à midi. Et c’est ainsi dans chacune des églises de la cité.
Ensuite l’espace géographique ; cet espace est complètement soumis à la « puissance spirituelle » : la Flandre wallonne (l'intendance de Lille) se trouve ainsi partagée entre les diocèses de Tournai pour la ville de Lille, d'Arras pour Douai et le Douaisis, de Cambrai pour l'abbaye de Cysoing, de Saint-Omer pour l'abbaye de Beaupré sur-la-Lys.
L'évêché de Tournai comprend, entre autres, les décanats de Lille, Seclin, Saint-Amand, Helchin, Werwick. Pour l'essentiel, Lille et les paroisses voisines dépendent de l'évêque de Tournai. Les villes elles-mêmes sont découpée en paroisses, cellule de base de l’organisation ecclésiastique.
Lille ainsi dispose en 1617 de cinq paroisses pour ses 32 604 habitants. Outre la collégiale Saint-Pierre située dans le plus ancien quartier de Lille (Saint Sauveur) les paroisses s'intitulent Saint-Etienne, Saint-Maurice, Saint Sauveur et Sainte-Catherine. La paroisse de Saint André sera érigée plus tard dans les Beaux quartiers lorsque Vauban agrandira la ville.
Ces paroisses jouissent de revenus et comptent un personnel considérable. Ainsi, les 9 700 paroissiens de Saint-Etienne disposent de 21 ecclésiastiques au début du 17ème siècle, de prêtres habitués, horistes, chapelains, prêtres non habitués, clercs ou laïcs subalternes, comme le coutre, c'est-à-dire le sacristain, le sonneur, le fossier...
En 1695, la paroisse de St Etienne dispose d'une quarantaine de prêtres, de 67 Recollets, 54 Dominicains, 34 Sœurs Noires pour 10 000 habitants environ.
Un frère mineur Récollet
Les membres du clergé sont donc visibles partout dans les rues de Lille.
L’église assume également ce que l’on appellerait aujourd’hui les services sociaux avec la table des pauvres et les diverses institutions charitables qu’elle patronne.
L'Eglise se charge aussi de l'enseignement dans les trois collèges Saint-Pierre, des Jésuites, et des Augustins, dirige quelques écoles élémentaires : celle des Grisons, depuis 1554, une école dominicale de Saint-Etienne depuis 1587, l’école des Bapaumes fondée par un tailleur de drap en 1605... Un Collège des Hibernois prépare, sur la paroisse Saint-Sauveur, des missionnaires pour l'Irlande. Grâce à cet équipement scolaire, la Flandre figure, sous l'Ancien Régime, parmi les provinces où l'analphabétisme est bien réduit.
Collège Saint Joseph à Lille, ancienne institution jésuite
Les livres de prières sont nombreux et représentent la moitié de la production lilloise en imprimerie.
Plus précisément, de 1667 à 1715, Lille publie 305 ouvrages religieux sur 483, soit 63 %. Ces livres sont volumineux. Les guides de dévotion l'emportent, atteignant plus du tiers des titres religieux, plus du quart des livres vendus. Ensuite, ce sont les instructions chrétiennes, puis les ouvrages de polémique. La théologie et la liturgie occupent une place plus modeste.
Le clergé régulier n’est pas en reste : début 17ème siècle on dénombre à Lille neuf communautés d'hommes (Dominicains, Récollets, Capucins, Minimes...), douze communautés de femmes (Dames de l'Abbiette, Clarisses, Brigittines, Urbanistes...) quatre couvents de religieuses (Sœurs noires, Sœurs grises, Visitandines, Sœurs de la Magdeleine). Il faut ajouter les hospitalières, les béguines et, proche de Lille, les Bernardines de l'Abbaye de Loos, les Augustines de Cysoing et de Phalempin, les Bénédictines du Prieuré de Fives, les Cisterciennes de Marquette. Les Capucins exercent une grande influence par leurs prédications populaires. Les Jésuites commencent à ériger leur église en 1606, au Rihour. En 1613, les Augustins s'installent à Lille dans un refuge près de l'église Saint-Maurice ; En 1616, les Carmes Déchaussés bâtissent maison et église sur l'emplacement du Château de Courtrai.
Une sœur Clarisse
Les Colettines, chassées en 1639 du Vieil Hesdin, par la destruction de leur couvent, s'établirent près de l'église Saint Sauveur, grâce à la générosité de la famille Hangouart et de l'écolâtre Jacques Boudart.
Sur la paroisse Saint-André, les Carmes constituent, en 1676, la Confrérie de Notre Dame du Mont Carmel. Les Recollets, sur la paroisse Saint-Etienne, fondent, en 1665, une Confrérie de l'Immaculée Conception.
Ces diverses institutions paroissiales contribuaient à entretenir la ferveur religieuse.
Car justement cette ferveur doit être alimentée régulièrement par des actes ostentatoires comme les processions, pèlerinages et autres dévotions. Toutes ces manifestations égayent le quotidien et influence positivement les fidèles par leur faste, par la magnificence qui y est déployée.
Procession à Paris des reliques de Sainte Geneviève
en 1539 pour faire cesser les pluies diluviennes
« Les cérémonies sont nécessaires pour attacher les peuples sur lesquels la pompe et l'appareil mystérieux des cérémonies fait souvent plus d'impression que le fond même de la religion ».
On va donc « processionner » pour remercier Dieu d'avoir rétabli la paix ou chassé la peste ou pour tout autre évènement qui va permettre de marquer les esprits.
Ainsi sous l'influence des Archiducs, des cérémonies cultuelles exceptionnelles ponctuent le quotidien : Te Deum en 1606, en l'église Saint-Pierre pour remercier Dieu d'avoir donné la victoire à Albert d'Autriche sur Maurice de Nassau « grand pilier des hérétiques », dit Mahieu Manteau; en 1603, on fait une procession pour remercier Dieu d'avoir fait découvrir les voleurs de ciboires ; en 1604, pour célébrer la paix entre le roi d'Espagne et le roi d'Angleterre …
De temps à autre, Louis XIV fait célébrer des messes solennelles qui provoquent l'admiration populaire : en 1673, à Saint-Pierre « quand ce vint l'Evangile tous les soldats se levèrent avec leurs épées nues et quand ce vint au remonstrance de l'hostie, les trompettes résonnaient et puis tous les officiers et soldats tirèrent encore leurs épées et la tenir en main toute nue pour faire serment pour Dieu et pour le Roi ».
Les processions régulières les plus suivies sont celles de l'Ascension, de la Fête-Dieu avec le concours de toute la garnison et surtout celle de la ville, le dimanche qui suit la Trinité. C'est la plus solennelle. Le Magistrat inspecte le parcours de la Collégiale Saint-Pierre jusqu'à la Porte des Malades, prie les Lillois de lever les immondices, de « jeter de l'eau pour empêcher la poussière en cas qu'il fasse sec » et de « décorer le dehors de leurs maisons ».
Le Jésuite Buzelin commente, dans sa Gallo-Flandria, les Rogations célèbres à Lille au temps de la Réforme catholique : « Les processions que font les paysans de toute Antiquité ont moins d'éclat, mais réclament plus d'effort (que les processions urbaines) et pourtant, ils les accomplissent joyeusement et de bon cœur. Chaque été, aux environs de la Pentecôte, ils ont l'habitude de faire le tour du territoire de leur village et ils font dans ce parcours jusqu'à quatre ou cinq lieues pour ne pas laisser un coin du village sans bénédiction. Ils font la plus grande partie de cette procession à jeun pour obtenir de Dieu les fruits de la terre ».
Dans la paroisse St André, l'une des plus grandioses cérémonies eut lieu en 1681, « à l'occasion de l'élection des chevaliers militaires des Ordres de Saint Lazare et de la Bienheureuse Marie du Carmel, en présence de M. de la Rablière, maréchal des camps royaux, préfet militaire de Lille, grand prieur des Ordres de la Flandre, et de douze commandeurs, M. de Saint-Silvestre, mestre de Camp, inspecteur de la cavalerie, M. de Rosamel, capitaine de gendarmes de Flandre, M. de la Motte, major de la citadelle de Lille, en présence de nombreux chevaliers. Dans l'église des Carmélites, ornée de tapisseries avec des portraits de Louis XIV, grand maître de cet ordre, de Louvois, grand vicaire, furent célébrées des vêpres en musique. Parmi les officiers, M. Warcoin, ancien mayeur, M. Turpin, procureur de l'ordre en la langue belge... assistèrent à ces journées. Le lendemain, on chanta un Te Deum, on célébra la messe, les chevaliers tenant l'épée nue pendant la lecture de l'Evangile. Les réjouissances profanes suivirent : banquet, pétards, boites, feu d'artifice... Désormais, cette solennité se renouvela deux fois par an, pour la fête de Notre-Dame du Carmel (16 juillet) et pour la Saint-Lazare (17 décembre) ».
Le culte des Saints participe de la dévotion chrétienne : le saint protège, commande, punit, intercède auprès des puissances plus élevées ; il se spécialise, pour ainsi dire, dans un recours. Il est plus facile proche du commun des mortels et plus facilement accessible à la ferveur populaire.
On prie saint Roch à Wazemmes, saint Calixte à Lambersart, saint Piat à Seclin, saint Guislain à Fiers, saint Matthieu, apôtre, à Wambrechies... A Bergues, on invoque saint Winoc pour arrêter les cataractes du ciel, mais aussi pour faire cesser une sécheresse excessive. A Douai, la fontaine de saint Maurand, patron de la ville, guérit les enfants malades.
Même chose pour le culte marial : le lieu de prière va également être spécialisé en fonction des miracles qui y ont eu lieu : Ainsi Notre-Dame du Prieuré de Fives accorde la guérison de la fièvre, Notre-Dame de la Barrière, à Marquette, est célèbre, depuis le 16è siècle, car elle a protégé le monastère pendant les troubles religieux. La statue de Notre-Dame de Grâce, à Loos, placée dans un arbre, guérit les apoplectiques.
Bref, quelques exemples pour tenter de mieux visualiser le quotidien de nos ancêtres…
Sources
Dévotions populaires en Flandre au temps de la Contre-Réforme de Louis Trénard
La vie religieuse à Lille au temps de la Conquête Française de Louis Trénard
P comme Paroisse
La paroisse est la cellule de base de l’organisation ecclésiastique.
Sociologiquement la paroisse est une société de fidèles ; ce qui implique un territoire et la preuve de l'appartenance des fidèles à cette paroisse.
1/ La paroisse correspond donc à un territoire limité, pas nécessairement le village d’ailleurs. Une paroisse peut ainsi regrouper plusieurs villages et hameaux ou encore une ville peut être divisée en plusieurs paroisses.
Qu’en est il par exemple à Lille ?
Au moment où Lille devint française, elle renfermait six paroisses: Saint-Pierre, Saint-Etienne, Saint-Maurice, Saint-Sauveur, Sainte-Catherine et Sainte-Marie-Madeleine. La paroisse Saint- André fut englobée dans les murs, à la suite de l'agrandissement de 1670, et l'église Sainte-Marie- Madeleine intra-muros remplaça celle qui était extra-muros ; il y eut donc alors sept paroisses
En 1678, Gilbert de Choiseul, premier évêque français de Tournai, énumère les divisions religieuses de Lille : « Il y a à Lille sept paroisses très peuplées : leurs pasteurs sont pieux, doctes, zélés et charitables. Les églises sont belles, ornées et bien meublées ; elles ont plusieurs chapelains et clercs qui chantent les offices du jour et de nuit : on les appelle horistes ».
On a dénombré pour chaque paroisse à l’époque (vers 1680) un certain nombre de séculiers : Saint André avec 8 séculiers, Saint Pierre et ses 65 séculiers, Saint Maurice (33 séculiers) , Saint Etienne (40 séculiers), La Madeleine (10 séculiers), Saint Sauveur (24 séculiers) et Sainte Catherine (33 séculiers).
La présence d’autant de séculiers à Saint Sauveur s’explique par la présence des chanoines du chapitre.
2/ Quant à l’appartenance à la paroisse, elle est établie par le domicile sur le territoire paroissial, mais aussi par la participation aux cérémonies religieuses dominicales ou aux grandes fêtes et par le versement de la dîme.
3/ L’église est le symbole de la paroisse, consacrée sous un saint patron, fêtée et célébrée tous les ans.
L’attachement que le peuple porte à son église s’étend généralement à tous ses éléments, les cloches notamment. Ainsi la cloche de l’église de la paroisse de Saint Etienne s’appelle Emmanuel et sonne lors des grandes occasions.
Celle de Saint Sauveur se nomme Jésus. En 1676 on décide de la refondre : le 14 avril, les marguilliers font une quête pour obtenir l’argent et le marché est passé avec le fondeur. Bientôt, « fut commencé à fouir en la cimentière de sainct sauveur … pour faire le fournage » et le 23 mai « jésus fut abbaissé du clochez en bas, pour le refondre ». « Le 17 juillet elle fut pesé avec des balances dans l’église quand elle fut rompu avec une balle de canon … elle fut pesée pièces à pièces, elle pesoit 6.569 livres ».
4/ Fonctionnement de la paroisse
Un curé et un ou deux vicaires officient dans ces paroisses. Les autres séculiers sont essentiellement des chapelains, des prêtres habitués (ils sont présents dans les stalles et sont chargés de rehausser par leur présence dans le chœur l’éclat des cérémonies) ou des horistes qui chantent les heures pendant la journée.
Les chapelains sont titulaire d’une chapelle. Ils pouvaient entendre en confession et donner la communion mais ne pouvaient pas marier, ou baptiser sans le consentement du curé.
A noter que les pouvoirs temporels du curé sont limités par les marguilliers qui composent le Conseil de Fabrique (composés de notables choisis par le Magistrat). Le Conseil étant chargé de l’administration et de la gestion des biens paroissiaux et doivent rendre des comptes aux échevins.
Il y a en général 8 marguilliers par paroisse et ils sont notamment chargés de nommer les horistes et les prêtres habitués.
Sources
La paroisse au Moyen Âge de Monsieur Jean Gaudemet
La vie à Lille, de 1667 à 1789, d'après le cours de M. de Saint-Léger de Aristote Crapet
M comme un Meilleur encadrement Médical
En 1737 dans le diocèse de Rieux (31), il y aurait eu 44 chirurgien et 15 barbiers, les médecins n’étant pas comptabilisés parmi les praticiens.
Il est à noter qu’après 1743, les métiers de chirurgien et de barbier sont bien séparés et il n’y aura plus de confusion entre les deux métiers (cela ne va pas se faire de suite bien sûr, il faudra attendre quelques décennies pour cela).
En tous les cas en 1755 il semblerait que les chirurgiens non barbiers (il y a donc encore à ce moment des chirurgiens barbiers) soient considérés comme des notables en Languedoc du moins :
« Les chirurgiens non barbiers exerçant uniquement la chirurgie jouiront des prérogatives et des honneurs attribués aux autres arts libéraux et qu’ils seront regards à l’avenir comme notables bourgeois dans les villes où ils feront leur résidence » (Lettre du subdélégué Amblard concernant le statut des chirurgiens – 18/10/1755).
Les chirurgiens vont peu à peu se spécialiser en obstétrique, délaissée par les médecins et former les sages-femmes.
A Tournefeuille (31) une enquête sur les sages-femmes indique qu’à la fin du 18ème siècle les matrones « ne sont pas capables de remédier au plus petit accident. C’est un secours qui manque dans la communauté , s’il n’était le secours de Monsieur Conte, maître en chirurgie du lieu, qui a remédié à beaucoup de circonstances désagréables toutes les fois qu’il a été appelé à temps ».
La loi du 19 ventôse an XI fera disparaître la séparation qui existait entre les médecins et les chirurgiens.
A côté des médecins se trouve une catégorie de praticien que l’on nomme les officiers de santé.
Au 19ème siècle ce sont des médecins qui n’ont pas le grade de docteur. Cette catégorie est née à la Révolution puisqu’en effet à partir de 1792, il est devenu possible d’exercer librement les professions de santé pourvu que les personnes concernées payent patente.
Les officiers de santé vont officier dans les villages essentiellement.
Une loi du 30 novembre 1892 abolira cette catégorie tout en laissant le droit aux candidats officiers en cours d’étude au moment de la promulgation de cette loi de les terminer et d’exercer nomalement.
Pendant ce temps les sages-femmes voient leur niveau de formation progresser avec notamment la création d’écoles. Ainsi en 1792 une école se crée à Toulouse : 36 femmes sont choisies, 7 pour le district de Saint Gaudens, 6 pour celui de Toulouse, 5 pur celui de Grenade, 4 pour ceux de Castelsarrasin, Rieux et Muret, 3 pour ceux de Villefranche et Revel.
Ce ne sera qu’au bout de 3 ans de formation que les maîtresses sages-femmes seront reçues.
Avec la disparition des praticiens de santé, le nombre de médecin va mécaniquement diminuer surtout dans les zones rurales. Les formations, meilleures, vont entraîner une augmentation des prix des praticiens, excluant ainsi une partie de la population d’une possibilité de recours aux consultations.
Les autorités vont ainsi devoir mettre en place une assistance médicale gratuite. Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Il ne s’agit toutefois pas des hôpitaux et autres hospices qui, on l’a vu dans de précédents articles, ont comme mission principale d’accueillir les nécessiteux, indigents, pèlerins et marginal en tout genre.
Ceci étant sous l’Ancien Régime il existait des médecins gagés par les communautés mais leur rémunération ne leur permettait pas de vivre correctement. De ce fait il était très difficile d’en trouver.
Au 19ème siècle ces médecins ne sont pas nécessairement mieux rémunérés mais cette assistance médicale gratuite est mieux organisée : un médecin par arrondissement exerce gratuitement depuis 1805 ; les médecins chargés de la vaccination anti variolique inoculent gratuitement les enfants des familles pauvres au cours de deux tournées annuelles qu’ils effectuent dans leur canton. Ils doivent en lus vacciner gratuitement chez eux le premier dimanche de chaque mois les enfants des familles indigentes des communes de leur canton qui leur seront présentés entre 8h et 10h du matin.
Ils sont également obligés de se rendre à toutes les époques de l’année sur ordre des autorités locales dans les communes de leur canton où la petite vérole se déclarerait et d’y prescrire tout traitement curatif et préventif.
La mise en place de cette assistance gratuite, la meilleure formation globale des praticiens de santé va permettre un net recul de la mortalité surtout la mortalité infantile.
Mais les progrès médicaux au 19ème siècle ne sont pas encore à la hauteur de la violence de certaines maladies comme la variole qui en 1870 provoque une crise de mortalité très importante.
A Paris la variole est endémique depuis 1865 où elle fait 700 morts chaque année mais elle devient plus virulent en décembre 1869 provoquant la mort de 4200 personnes jusqu’en juillet 1870. L’épidémie prend de telle proportion sur tout le territoire que pour la première fois dans l’histoire de la médecine une conférence est organisée du 25 mai au 29 juin 1870 à Paris pour l’étudier et la combattre. Près d e500 médecins viennent de toute la France pour y assister.
Les populations sont pourtant vaccinées mais le vaccin n’est pas de bonne qualité. Et la guerre va entraîner des mouvements de population, de garnison et c’est ainsi que la maladie va se propager à une vitesse fulgurante dans toute la France.
George Sand en septembre 1870 fuit Nohant et cherche refuge dans la Creuse "pour fuir la variole charbonneuse qui s’est déclarée à notre porte et qui a enlevé le mari » d’une amie dont « le fils est malade aujourd’hui ».
Pasteur, réfugié à Arbois dans le Jura, pendant le siège de Paris, écrit début 1871 « que la petite vérole y fait des ravages épouvantables ».
Il faudra attendre la fin du 19ème siècle avec les travaux de Pasteur et les progrès médicaux fulgurants au 20ème siècle pour que réellement les taux de mortalité soient durablement bas.
Voir également l'article sur "se soigner autrefois".
Sources
Visages de la mort dans l'histoire du Midi Toulousain (4è-19ème siècle) sous la direction de Jean Luc Laffont
La variole et la guerre de 1870 de Gérard Jorland
Adolphe CLAVERIE
Adolphe est né le 15 septembre 1890 à Frouzins.
Son père s'appelle Jean Antoine Claverie, cultivateur, né en 1845. Sa mère s'appelle Jaquette Catala, née en 1846.
Il est châtain aux yeux verts et mesure 1.62m. Il a une cicatrice entre le nez et l'oreille gauche.
Adolphe sait lire, écrire et compter.
En 1910 il réside à Beaumont sur Lèze
Il est cultivateur à cette époque. On le retrouvera électricien en 1924, puis contremaître de la Société Pyrénéenne d'électricité de Toulouse en 1932, secrétaire en 1937.
A 24 ans il est mobilisé; on est le 3 août 1914. Il est affecté au 837ème RI
Il est caporal
Il est cité à l'ordre du régiment : "chef de pièce calme et résolu, s'est dépensé sans compter aux attaques des 17/18 et 19 avril 1917"
Il est à nouveau cité le 10 mai 1918 "chef de pièce 'un courage remarquable, a été blessé à son poste de combat". Il recevra la croix de guerre, 2 étoiles de bronze.
Le 29 avril 1918 il est en effet blessé par un obus au coude gauche, avec une plaie dans la région deltoïdienne gauche.
En 1921, il habite Aucamville, en 1928, Muret, en 1930 Mazamet, en 1932 Puylaurens, et en 1936 Grisolles.
Il épousera le 8 janvier 1920 à Toulouse Marie Castagné
Il mourra le 15 mai 1978 à Toulouse
L comme Louis Victor Gesta et le château de Verrières
A l’angle de l’avenue Honoré Serres et de la rue Godolin, en plein quartier des Chalets, se trouve un élément du patrimoine toulousain somme tout assez méconnu : le château de Verrières, connu aussi sous le nom de Castel Gesta.
De style néogothique avec ses tours et tourelles, ses balcons dentelés, ses fenêtres en ogive, ses ferronneries d’art et ses gargouilles et autres animaux chimériques, le château a été construit par Louis-Victor Gesta, maître-verrier toulousain. Ce dernier était un grand collectionneur d'antiquités et d'œuvres d'art, et «avait fait construire sa résidence à l'image d'un palais urbain médiéval crénelé et les couverts de toitures élancées, surmontées de magnifiques épis de faîtage».
Dans une pièce du château le maître verreir expose ses plus beaux vitraux comme L’Adoration des Mages d’après Albert Dürer ou celui de L’Entrée de Louis XI à Toulouse qu’il considérait comme son œuvre capitale. Il aménage également une Salle des Illustres et en confie la décoration picturale à Bernard Bénezet. Au sommet de l’escalier d’honneur s’ouvre une grande salle d’exposition peinte par le peintre toulousain Joseph Angalières.
Les ateliers Gesta, créés par Louis Victor en 1852 et dont le château fait partie intégrante, ont été primés lors de nombreuses expositions notamment l’exposition universelle de 1867 (deuxième prix).
« A cette époque, la manufacture est l’une des plus importantes de France et des milliers de vitraux sortent du faubourg avant de partir décorer plus de 8 500 églises aussi bien dans l’hexagone qu’à l’étranger » précise Christian Maillebiau, archiviste adjoint des Toulousains de Toulouse.
Le succès des ateliers est tel que le 8 mars 1867, l’archevêque de Toulouse, accompagné de ses vicaires généraux, visite la manufacture où se trouve exposé le vitrail Sainte Geneviève de Pibrac destiné au pape Pie IX.
Louis Victor Gesta sera même fait chevalier de l’ordre de Saint-Sylvestre par le pape.
Gesta est ce que l’on appelle un artiste industriel, ce qui lui valut un certain nombre de critiques : ces vitraux étaient en effet produits en série mais de très bonne qualité.
À la mort de Gesta en 1894, le château fut vendu à un négociant toulousain, Bernard Bordes puis aux soeurs de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul, qui y hébergèrent des familles réfugiées durant la guerre.
Le château en 1913
Il fut ensuite transformé en centre d’apprentissage de la couture pour les jeunes filles sans emploi. En 1956, il devint un lycée d’enseignement professionnel.
En 1987, le château fut racheté par la Mairie de Toulouse qui y installa la classe d’orgue du Conservatoire supérieur national de musique.
Le 3 octobre 1991, l’État classe le château aux monuments historiques mais celui-ci est en piteux état, squatté et tagué depuis de nombreuses années, le terrain est en friche.
Le château en 2009 avant les travaux de réstauration
Il est racheté par un promoteur qui entame à compter de 2014 une série de travaux pour le réhabiliter et y aménager six appartements.
Le château en 2016
J comme Jolis noms de rue
Certaines rues de Toulouse ont des nom qui prêtent à sourire.
Voici l’origine du nom de certaines d’entre elles…
Le chemin Mal Clabel, pas loin de l’avenue Jean Rieux
Ce chemin était en fait mal pavée (mal clabel en occitan) mais un ouvrier a mal lu les directives et a transformé Mal en Maréchal d’où la naissance d’un officier imaginaire ….
Rue de la Verge d’Or, à côté de la place Arnaud Bernard
Le nom semble coquin et pour cette raison la rue fut renommée à plusieurs reprises mais en vain :
En 1794 elle est appelée rue l’Expérience.
En 1869, on lui donne le nom de rue de la Merci.
Le 13 août 1883, on proposa de l’appeler rue Delescluse.
Mais elle reste toulours la rue de la Verge d’or
Comment expliquer ce nom ?
Trois pistes possibles :
1/La Verge d’or est un « ancien nom de terroir, connu dès le XVe siècle », explique l’historien Pierre Salies dans son Dictionnaire des rues de Toulouse.
2/La verge d’or est le nom d’une plante aux nombreuses vertus médicales, le solidago, qui auraient poussé dans les cours d’immeubles de la rue ou dans le jardin d’Embarthe à proximité.
3/Il semble que cette rue au XVe Siècle se nommait « Carriera Virgam auri apud Vergadaux » en raison de la présence d’une probable échoppe. « Vergadaux » ne resistant pas au temps qui passe devient progressivement Verge d’Or
Le quartier des Trois cocus
Le terme de Trois-Coucuts (en occitan, c’est-à-dire trois coucous en français) est ancien puisqu’on le retrouve dans dans un bail datant de 1740.
La petite anecdote veut qu’à l’époque napoléonienne, le quartier était surnommé « Tres Coucuts » en raison d’une bâtisse seigneuriale, aujourd’hui disparue, qui était ornée d’une sculpture de trois coucous. Des soldats de Napoléon qui y étaient logés demandèrent aux habitants le nom du quartier. Ne comprenant pas l’occitan ils marquèrent sur leur carte « trois cocus ».
Pierre Salies dans son Dictionnaire des rues de Toulouse paru en 1989 privilégie également cette origine car en effet dit-il « quand on arrivait à ce quartier [il y a quelques années] on apercevait au sommet du pignon d’une vieille maison une pierre carrée encastrée dans la muraille. Sur cette pierre se trouvait dessinée la silhouette de trois oiseaux qui semblaient regarder les passants. Ces oiseaux représentaient trois coucous, en patois coucuts ».
Malgré cette origine tout à fait morale, au début du XXe siècle, il a été question de supprimer le nombre « Trois », ce chiffre étant désobligeant pour certains habitants de cette rue. Le maire de cette époque a tranché la question de façon tout à fait diplomatique :
« Voyons, répondit Albert Bedouce, ancien maire de Toulouse, en souriant, cela n’est pas sérieux ! D’abord, nul ne connait les cocus en question ! Ensuite, c’est pour vous une vraie chance que d’habiter un quartier comptant aussi peu de maris trompés. Ceci est tout à l’honneur de la vertu de vos épouses, et quel autre quartier de Toulouse oserait se vanter de n’en avoir que trois ? Allez, allez, conclut-il, gardez vos trois cocus et essayez bonnement de n’en pas augmenter le nombre ! »
Chemin de Lanusse
Le chemin de Lanusse est situé dans le quartier des Trois-Cocus, au nord du parc de la Maourine. Il fait référence tout bonnement à François de Lanusse, capitoul au 17ème siècle, qui possédait un château et des terres à Croix-Daurade.
La famille de Lanusse est d'origine gasconne, du Béarn plus exactement et le terme Lanussa qui est un mot occitan fait référence à une mauvaise lande.
Chemin de la Levrette
Cette impasse se situe près du lac de Sesquière. En Langue d’oc, le chemin de la Levrette fait uniquement référence au petit du lièvre.
Rien de bien coquin …
Rue de la Hache
Rue de la Hache
Considérée comme une voie privée, un habitant en fit condamner l’accès en 1632 par une porte à l’angle de la rue du Castel.
N’ayant pas d’issue, elle fut longtemps négligée, et vers 1920 encore, nul éclairage n’y était prévu, rappelle Pierre Salies, dans son Dictionnaire des rues de Toulouse. À la Révolution, elle devient la rue de la Hache.
Rue de l’homme armé
Le "sauvage"
La rue de l'Homme-Armé tire son nom d'une auberge du Sauvage, établie dans la rue à la fin du XVe siècle (actuels no 16 et 18, et no 23 de la rue des moulins). C'est le propriétaire de l'auberge, Peyronet Delfau, qui fit sculpter, comme enseigne, un « sauvage », c'est-à-dire un indien, armé d'une massue. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que le nom devint rue de l'Homme-Armé[].
Chemin du sang du serp (quartier des Ponts Jumeaux)
Ce chemin date du 16ème siècle et doit son nom aux serpents et à son sang. En effet, à l'époque ce chemin traversait des champs infestés de serpents (d'où Serp).
L'évocation du sang n'est qu'une succession de déformation du mot toulousain "cami" (chemin) qui donnera "camp del Serp" qui se transformera ensuite en "Sang du Serp".
Rue du coq d’inde (centre ville historique)
Rue du Coq d'inde
Le nom de la rue du Coq-d'Inde est apparu au milieu du XVIIe siècle. Il vient d'une auberge (au n°3) qui avait pour enseigne un « coq d'Inde », c'est-à-dire un dindon, animal venant des Amériques
Rue des Gestes, (centre ville historique)
Les Gestes étaient une riche famille de Toulouse. Leur demeure était située derrière l’actuelle place du Capitole. Des membres de cette famille furent Capitouls.
La rue de la Pomme (centre ville historique)
Elle tient son nom de l’auberge de la Pomme qui avait son enseigne au n°40
Rue du Poids de l’huile (centre ville historique)
Ce nom vient du Poids de l'huile qui se trouvait dans la maison commune (le Capitole) où étaient pesées les denrées alimentaires entrant en ville
Enclos de la Maison commune au 18ème siècle : 1 = façade du Capitole, 13=poids de l'huile
Rue des Trois Renards (proche du musée Saint Raymond)
Anciennement «carriera de banquetis ou banquos sancti Saturnini » ou rue des bancs puis qu’elle comprenait des étals étroits où commerçants, maraîchers et poissonniers présentaient leurs produits. C’est au XVIIe que la rue prit le nom actuel grâce à l’installation d’une auberge qui avait pour enseigne « les trois renards ».
La rue de l'Écharpe
Rue de l'écharpe
116 m de long et entre 4 et 7m de large, près de la place d’Assézat tient son nom de l'hôtellerie de l'Écharpe, établie dans la rue en 1755 (actuel no 3).
Rue du May (centre ville historique)
Rue du May
Ce nom vient de l'hôtel Dumay que possédait Antoine Dumay, docteur de la Faculté de médecine de Toulouse en 1596