Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Articles récents

F comme FROUZINS

11 Juin 2017 , Rédigé par srose

 

En 1779 le conseil de communauté de Frouzins composé des 3 consuls (désignés annuellement par cooptation avec l’assentiment du seigneur) , du lieutenant du juge, du procureur seigneurial et de 5 notables habitants « constituant la partie la plus saine de la ville » décide d’établir un nouveau cadastre, le dernier datant de 1640.

Le géomètre arpenteur arriva 5 ans plus tard, Monsieur Sacareau du village d’Empeaux.

Le nouveau cadastre fut dressé en 1784.

A partir de ce cadastre, que peut-on dire sur Frouzins ?

Le village se situe tout d’abord à 15 km au sud ouest de Toulouse.

Deux ruisseaux l’Aussau au nord ouest et la Saudrune au sud ouest bornent le village.

L’étendue du territoire est à 679 ha, 21a et 31ca (le cadastre révisé de 1949 indique 791ha).

La moitié du territoire était dès le 16ème siècle entièrement mise en culture (voir la lettre V) , l’autre  moitié au nord ouest est couverte de bois et de landes (des défrichements nombreux ne laisseront subsister aujourd’hui que deux petits bois  attenants au château des Demoiselles  et celui de Monbel.

Fin 18ème siècle, le village comptait une centaine de maison en majorité alignée sur la « grand rue » (chemin de Cugnaux à Seysses, lui-même tronçon de l’antique voie de Toulouse à Lugdunum convenarum (Saint Bertrand de Comminge).

F comme FROUZINS

Quelques maisons se trouvent sur le chemin de Roques à Plaisance , perpendiculairement à la Grand Rue

Hors du village, le hameau de Lavaque ( aujourd’hui La Vache) regroupait fin 18ème siècle 5 à 6 maisons sur le chemin de Villeneuve Tolosane (à l’époque Villeneuve de cugnaux) à seysses

Neuf métairies (Le Ferratié, Laubenque, Mailhos, Monbel, Lègue, la Prade, Vermeil, Sauveur et Ste Catherine) sont éparpillées sur le territoire.

F comme FROUZINS

Les maisons de village sont construites en torchis (ou paillebard) avec une charpente en bois pour les maisons à étage, en paillebard brut pour les maisons basses et des cheminées en briques cuites et des tuiles canal.

Un pigeonnier hexagonal porté sur piliers de pierre construit vraisemblablement au 17ème siècle et qui appartient fin 18ème à un certain M Filhes

Trois châteaux (voir article C): La bourgade au centre du village, le plus ancien, Monbel plus excentrés et celui des Demoiselles encore plus excentrées sur la route de Plaisance.

Et enfin l’église que l’on retrouvera à l’article R, commencée en 1522.

 

F comme FROUZINS

carte de 1784

 

 

 

Lire la suite

E comme ECOLE de Frouzins

6 Juin 2017 , Rédigé par srose

Si je me réfère à la monographie de Frouzins écrite en 1885 par l’instituteur du village, une première école laïque dite libre (c’est-à-dire confessionnelle) réservée aux garçons existaient déjà en 1814.

Cinq maîtres se sont succédés de 1814 à 1858.

  • M. Bonnecarrère
  • M. Bonnafous
  • Mme Delause
  • M. Cassé
  • M. Laporte

 

Il ne semble pas que l’instruction dispensée soit au top puisque de l’avis de l’instituteur de 1885 les meilleurs élèves de cet école connaissaient très rarement les quatre opérations fondamentales.

La salle de classe était mal aérée, enfumée et mal éclairée et ne comportait qu’une « mauvaise table et un vieux banc ». Aucune carte, aucun tableau noir.

E comme ECOLE de Frouzins

Par ailleurs le maître ne pouvait se contenter de son métier pour vivre et « devait chercher de quoi vivre en dehors de sa tâche ». En effet il était rémunéré par les parents 1,25f à 1,50 f par mois selon que les élèves apprenaient à lire seulement, ou à lire et à écrire ou enfin « à lire , écrire et compter simultanément ». « Par abonnement annuel ces instituteurs acceptaient quelquefois par chaque élève 50 litres de blé ou de vin ». Et que dire de leur retraite ? Ils n’avaient rien pour vivre à la fin de leur carrière.

En outre la méthode disciplinaire employée tenait plus de la férule et de la verge que de la récompense.

Enfin cette école n’en a que le nom puisqu’il semblerait qu’il s’agisse surtout d’une garderie, « une salle d’asile ».

Et que dire de la motivation à aller à l’école ? Les familles « laissaient très souvent leurs enfants dans la rue, abandonnés à eux même ou bien les employaient aux travaux pénibles de l’agriculture ».

 

En 1859, l’école laïque libre devient l’école laïque publique c’est-à-dire reprise en main par l’Etat. De 1859 à 1885 se succédèrent :

  • M Sarrieu
  • M. Rumeau
  • M. Coffe
  • M. Coutié depuis 1882 et que je suppose être le rédacteur de la monographie de Frouzins

Les matières étudiées sont plus variées : histoire et géographie, sciences physiques, sciences naturelles, instruction morale et civique et maniement des armes.

« Les parents s’habituent à se passer de leurs enfants pour les envoyer plus régulièrement à l’école ». mais la fréquentation reste malgré tout très irrégulière

Les enfants firent des progrès rapides : « tous à peu près lisaient, comptaient, écrivaient ». En 1866, pour aider au progrès des élèves, la mairie acheta une bibliothèque qui compte en 1885 124 volumes mais "le nombre de prêts diminue sensiblement d'année en année"....

La discipline est plus douce (par l’usage de récompense, la salle plus appropriée (« une salle bien aérée, bien lessivée, bien éclairées par 7 ouvertures »), le mobilier scolaire plus convenable (un pupitre pour le maître, 5 tables, une méthode de lecture, 3 cartes géographiques représentant la France, l’Europe, une mappemonde, un tableau de poids et mesures et un tableau noir).

E comme ECOLE de Frouzins

compendium métrique

 

En 1884, tous les « locaux de la maison d’école » furent lessivés par la mairie. Les locaux en question comprennent la mairie, les locaux du maître et la salle d’école.

La mairie acheta cette année-là un compendium métrique, un boulier compteur, une collection de tableaux Dayrolles.

E comme ECOLE de Frouzins

 

Dernière précision de notre instituteur : à partir de 1854 les instituteurs eurent un traitement de l’Etat de  « 600 ou 700 francs et à la fin de leur carrière une retraite qui leur donnait presque un franc par jour ».

A partir de 1875, le traitement annuel est de 1200 francs et la retraite n’est jamais inférieure à 600 francs.

 

Notre instituteur de 1885 déplore toutefois qu'il n'existe aucun préau couvert et que les privés empuantissent l'air autour de la salle de classe.

 

Il précise enfin que "le nouvel enseignement pourrait facilement rendre l'électeur de demain plus éclairé, meilleur patriote et serviteur de plus en plus dévoué aux institutions républicaine que le pays a librement voulu se donner"....

 

Lire la suite

D comme DEMOGRAPHIE

6 Juin 2017 , Rédigé par srose

Il s’agit ici de reprendre un certain nombre d’éléments tirés des registres paroissiaux notamment ; il sera difficile d’en tirer des conclusions car je n’ai pas encore toutes les données en main. Ce qui va suivre est donc juste un aperçu très très mince de la démographie de ce petit village.

Nombre d’habitants

Le curé de frouzins en 1746 décompte 280 communiants lors de la visite pastorale du vicaire général de l’archevêque de Toulouse, Charles Antoine de la Roche Aymon. Cela ne permet pas de déterminer le nombre exact d’habitants toutefois.

Le recensement de l’an VIII donne quant à lui 473 habitants

En 1876 il y a 522 frouzinois. Tandis qu’en 1906 on ne retrouve que 424 habitants. En 1926, première guerre mondiale oblige, ce chiffre tombe à 344.

Frouzins a aujourd’hui près de 9000 habitants, la population ayant brusquement augmenté à partir de 1968 date à laquelle le recensement dénombre 1273 frouzinois soit le double de celui de 1962.

  

Si l’on regarde le recensement de 1911, la répartition de la population est la suivante en terme de tranche d’âge

421 habitants

Date de naissance

 

Tranche d’âge

6

nés entre 1910 et 1911

 

110

nés entre 1891 et 1909

1à 19 ans

103

nés entre 1871 et 1890

20 à 39 ans

111

nés entre 1851 et 1870

40 à 59 ans

91

nés en 1850 et avant

60 ans et plus

 

Sur les 421 personnes il y a 211 filles et femmes tous âges confondus.

La proportion des plus de 40 ans est forte : 47% tandis que la tranche de population en âge de se marier représente 24%

Ces chiffres mériteraient une analyse plus poussée ; peut être plus tard ….

 

L’essentiel des habitants se concentrent au niveau du bourg avec 309 personnes, le reste se répartissant autour du bourg.

 

 BOURG    

maisons

ménages

individus

grande rue du village

 

55

45

144

chemin des moulis de frouzins à fonsorbes

8

5

11

le moulin

   

2

2

4

rue tournante du fort

 

11

8

25

avenue du cimetière

 

13

11

35

rue de l'hôpital dite des nobles

28

19

55

rue ste catherine

 

11

7

17

rue du bigard

   

8

6

15

chemin dit du caminas

 

3

2

3

 TOTAUX    

139

105

309

 AUTOUR DU BOURG          

la martine

 

 

1

1

3

paucheville

 

 

1

1

5

la vache

 

 

10

6

19

mailhos

 

 

2

2

8

l'aiguillon

 

 

1

1

3

l'aubenque-le château à vermeil

5

8

27

la prades et les mûriers

 

2

2

6

la pointe

 

 

1

1

9

montbel et bordeneuve

 

3

4

19

l'ausseau

 

 

1

1

3

la ferrate

 

 

3

1

5

sauveur

 

 

3

2

5

 TOTAUX    

33

30

112

 

Le taux de natalité est très variable et est surtout tributaire des différentes calamités et épidémies qui s’abattent sur la France. Ainsi de 1709 à 1713, soit pendant la période qui suit le « grand hyver » de 1709 et son lot de misère, de disettes et d’épidémies est marquée par un taux de mortalité désastreux puisqu’on compte 81 baptêmes pour 193 sépultures.

En revanche dès le début du 19ème siècle apparaît une certaine « dénatalité ». Au siècle précédent, plusieurs couples avaient 10 enfants et plus ; on ne dépasse guère 5 ou 6 enfants au 19ème siècle.

Espérance de vie : sur la période 1700/1913, on compte 19 nonagénaires ainsi qu’une centenaire en 1808 ; cette dernière n’est pas originaire de Frouzins ; il s’agit de « Suzanne,  mulâtresse », femme de charge chez Monsieur de Marin (dont on a parlé dans l’article C), âgée de 103 ans .. » sans doute une ancienne esclave que le premier chatelain de Montbel, Jacques Michel, avait ramené des Antilles.

Enfin dernier point à relever : l’origine des Frouzinois

Si l’on regarde le recensement de 1911,

  • 194 frouzinois sont natifs du village,
  • 83 sont nés dans les communes limitrophes et le reste du canton de Muret
  • 30 sont nés dans les cantons limitrophes (Léguevin, Rieumes, Saint Lys, Toulouse ouest
  • 23 viennent de Toulouse
  • 53 sont nés dans le reste du département
  • 20 sont nés en Ariège
  • 18 sont nés ailleurs (Paris, Gers, Tarn, Tarn et Garonne …)

La proximité de Toulouse attire manifestement les hommes ne serait ce que par le vivier d’emploi non négligeable que la ville et ses alentours dont Frouzins représentent.

Il est à noter qu'à partir de 1924 Frouzins va bénéficier de l’émigration italienne et quelques décennies plus tard de l'émigration espagnole.

En 1929 = ouverture de l’usine toulousaine de l’ONIA qui attire une douzaine de petits agriculteurs dans un premier temps. Progressivement le caractère rural de Frouzins va s'amenuiser.

 

 

 

 

 

Lire la suite

C comme CHATEAUX de Frouzins

4 Juin 2017 , Rédigé par srose

Frouzins possède trois châteaux.

Le château de la Bourgade, sans doute le château le plus ancien du village , résidence des seigneurs de Frouzins jusqu ‘au 17ème siècle au centre du bourg dans la continuité de la rue du fort et aujourd’hui disparu.

Madame Jeanne de Ladoux était propriétaire du château juste avant la révolution (la mère de Jeanne de Ladoux, Marie Jeanne de Calvel, était également seigneuresse de Monbel)

Je n’ai pour l’instant pas plus d’information .

 

Un second château dit château de Frouzins ou encore château des Demoiselles, construit sur la route de Plaisance du Touch, existait semble-t-il déjà au 17ème siècle puisque les archives du château indiquent que Jean Jacques de Meynial obtint en 1654 des recteurs de Frouzins l’autorisation d’ériger une chapelle au château. Celui-ci donc existait déjà au 17ème siècle.

C comme CHATEAUX de Frouzins

Son fils Antoine, fut baron et seigneur de Frouzins dès 1665 ; ses fils Joseph et Guillaume, prêtre de son état, eurent maille sur deux décennies (entre 1718 et 1738) avec Bertrand Decamp, maître boulanger à Toulouse. Ce conflit se termina par la vente du château et de ses terres en 1745 à l’abbé Dumay, chanoine de St Sernin à Toulouse.

Dix ans plus tard le château appartient à René-Bertrand de Gaillard, ancien capitoul et receveur général à Toulouse des Fermes du Roi. Nous retrouverons l’un de ses fils, Jean Louis René de Gaillard dans un prochain article (lettre J).

Les filles de Jean Louis René, Claire, Rosalie et Augustine demeureront jusqu’à leur mort dans le château d’où le nom de château des Demoiselles.

 

Le château de Montbel aurait été construit vers 1760. Il était la propriété de Monsieur Jacques Michel de Marin, ancien intendant du Roi à la Guadeloupe (il fera l’objet d’un article prochainement) qui l’acheta le 14 novembre 1767 à la Dame Jeanne de Calvel de Ladoux. Jacques Michel mourra le 28 septembre 1788 à 65 ans. Son fils, Aimé de Marin, dit le « citoyen Marin aîné », restera dans le château après la Révolution. Il sera nommé maire de Frouzins en 1811 puis à plusieurs reprises jusqu’en 1830 (il faut que je vérifie ce point encore). A sa mort en 1846 le domaine passera par achat à un banquier toulousain, Monsieur de Marestaing dont les descendants le détiendront encore en 1913.

C comme CHATEAUX de Frouzins

 

 

CARTE DE FROUZINS

C comme CHATEAUX de Frouzins

château de La Bourgade au centre du village

château de Montbel au nord du village

château (des Demoiselles) au nord est du village

 

Lire la suite

B comme BAROUDEUR

4 Juin 2017 , Rédigé par srose

J'ai découvert un baroudeur à Frouzins. Il s'agit de Jean Pujol (Puiol), né à Frouzins le 8 février 1723. Il est le 3ème enfant d’une fratrie de 7. Son père François est « travailleur » d’après l’acte de naissance de son fils Jean. On peut supposer que cela signifie tout simplement « brassier ». Sa mère s’appelle Domenge Sartre et on sait juste qu’elle est morte à Frouzins le 9 octobre 1763.

On retrouve Jean, marié le 9 janvier 1758 à Montréal au Québec , avec Anne Marie Barthe, elle-même née à Montréal le 17 juillet 1738.

Que fait un frouzinois du 18ème siècle à des milliers de km de là, en Amérique ?

Il semblerait qu’il se soit engagé dans le régiment du Béarn lequel fut placé en 1756 sous le commandement du marquis de Montcalm.

Je ne sais pas du tout comment ce petit paysan du fin fond de la Haute Garonne eut connaissance de l’existence de ce régiment, comment il eut l’envie de partir à l’aventure loin de chez lui sans grand espoir de revenir. Peut-être fut il enrôlé de force ; peut-être suivit-il des amis en quête d’aventure.

C’est toute une thématique à approfondir. Et de nouvelles recherches à entreprendre pour en savoir plus.

(Si d’ailleurs vous avez des ancêtres qui sont partis à cette époque au Canada je serai intéressée d’en savoir plus sur leurs parcours ).

Toujours est-il que manifestement Jean a quitté Brest le 3 mai 1755 à bord de l’Ôpiniâtre ou du Léopard et est arrivé fin juin à Québec en Nouvelle France

Un an plus tard il contribua avec ses camarades à la victoire au fort Oswego. En 1758, année de son mariage, il participe à la défense du fort Carillon et, en 1759, il sera présent lors du siège de Québec. Montcalm mourut lors de cette bataille et peu après le Québec. Peu après, la garnison de Québec capitula et l'année suivante, Montréal tombait à son tour. Le Canada devint alors anglais.

Que devint Jean Pujol ? Je n’ai pour l’instant aucun renseignement sur lui après 1759. Il semblerait qu’il soit rentré e France au décès de sa femme mais je n’ai fais encore aucune recherche à ce sujet.

Les parents de sa femme, Anne Marie Barthe, sont français eux aussi. Son père Théophile Barthe est né à Tarbes vers 1695 et était armurier de Louis XIV. IL a épouse le 18 mars 1721 à Montréal Marguerite Charlotte Alavoine née le 5 juin 1693 à La Rochelle ; elle mourra le 27 avril 1778 à Montréal. Elle est dite « pionnière » et « fille à marier ».

 

Pour information

L'uniforme des soldats du régiment de Béarn qui servent en Nouvelle-France est caractérisé par un justaucorps de couleur blanc-gris avec les revers de manches bleus ornés de trois boutons et de poches verticales à six boutons. La veste est bleue tandis que la culotte, de la même couleur que le justaucorps, se porte avec des bas blancs ou gris et des souliers noirs à boucles métalliques. Des guêtres blanches recouvrent les bas et la culotte et se boutonnent verticalement à l'aide d'une rangée de boutons placés du côté extérieur de même qu'elles s'attachent sous le genou à l'aide d'une courroie de cuir noir. Le tricorne est quant à lui de feutre noir et possède un galon argenté33

B comme BAROUDEUR

Projet Montcalm

http://www.sgcf.com/index.php?section=activites&page=projet_montcalm

Le projet Montcalm pourra peut-être m’aider à en savoir plus ; il s’agit d’un vaste projet de recherche portant sur les soldats des troupes françaises qui ont combattu en Amérique entre 1755 et 1760. Les objectifs du projet sont de constituer une base de données exhaustive sur quelque 7 100 soldats et officiers envoyés en Amérique au cours des années précédant la Conquête.

 

 

Lire la suite

A COMME AVANT TOUTE CHOSE ...

1 Juin 2017 , Rédigé par srose

L’année dernière j’ai participé au ChallengeAZ sans thématique particulière mais cette année j’ai envie d’essayer de travailler sur ma ville d’adoption : Frouzins en Haute Garonne.

Depuis plusieurs mois j’essaye d’en connaître plus sur l’histoire de cette petite ville très attachante à bien des égards et je découvre des choses assez étonnantes tant sur les villageois que sur le village lui-même. J’ai donc de multiples notes que j’ai prises tout au long de mes recherches. Je n’ai pas terminé mais je pense que l’on n’a jamais terminé ce type de recherche ; chaque élément nouveau amène de nouvelles questions et de nouvelles pistes et rebelote on repart pour de nouvelles aventures.

Je vais donc essayer de me tenir à cette thématique en sachant qu’à ce jour je n’ai pas encore trouvé de sujet pour certaines lettres mais je garde espoir !

A bientôt pour les prochains articles !

 

Lire la suite

2017

19 Mai 2017 , Rédigé par srose

Lire la suite

Marguillier et conseil de fabrique

13 Février 2017 , Rédigé par srose

Le marguillier est un officier de la religion chrétienne dont la première fonction connue était d'immatriculer les pauvres de l'église, c'est-à-dire de les inscrire sur le registre d'aumône.

Il existait donc, dans chaque paroisse, un marguillier qui avait la charge du registre des personnes qui recevaient les aumônes de l'Église.

Le marguiller était également membre du conseil de fabrique.

 

La fabrique : Le terme "fabrique" désigne à la fois tout ce qui appartient à une église paroissiale et le corps de ceux qui administrent les biens qu'on appelle les marguilliers à Paris et en province, les fabriciers ou encore les fabriciens. En Lorraine, on parlera de chastelier : sur le Registre paroissial de Gye, en Meurthe & Moselle  est indiqué : « l’an mil sept cent trente deux le vingt et unième jour du mois de décembre Jean Mangeot a esté élu à la pluralité des voyes pour exercer la charge de chastelier en présence de tous les chefs de famille ».

Ceux-ci sont au nombre de 1 à 4 selon les paroisses. Elus ou nommés ils sont choisis obligatoirement parmi les paroissiens, sont laïcs, de bonnes vie et mœurs, et en principe savent lire et écrire. Ceci dit, ils ne savent pas tous écrire et sont nommés plus pour leur bonne volonté que pour leur connaissance de la comptabilité ou de l'écriture…

La gestion du cimetière paroissial va donc relever de l’attribution des fabriques. Gestion quelque peu défaillante si l’on en croit les divers commentateurs de l’époque : clôtures non entretenues, terrain envahi par les bestiaux qui viennent y paître, du linge que les femmes viennent étendre, des soulards avinés qui viennent cuver leur vin …

Ils ont aussi la charge de l'entretien de l'église, l'administration des biens de la paroisse (terres, locations, écoles, rentes, impôts), la décoration de l’église, la garde du mobilier qu’ils doivent inventorier chaque année : linge, nappes d’autel, aubes, croix, aspersoir, ….

La fabrique (et donc les marguilliers) administre les fonds, perçoit les revenus, acquitte toutes les charges du culte dont elle doit respecter strictement les usages, elle doit faire respecter les usages, vérifier la régularité de la grand messe, exécuter les fondations, distribuer le pain béni, s’occuper de la sonnerie des cloches ...

Lire la suite

Emeutes à Lille lors du transfert des cimetières au 18ème siècle

12 Février 2017 , Rédigé par srose

 

Le 18ème siècle est, on l’a vu ici et ici, l’époque où, timidement mais sûrement, la question de la salubrité publique se pose avec une acuité toute nouvelle.

Sous l’influence des Lumières, les premières notions d’hygiène publique (que l’on retrouve par exemple dans la volonté de conserver la santé des enfants scolarisés) commencent à être connues».

On commence ainsi à se rendre compte que les pratiques mortuaires menacent l’hygiène publique même si le concept de contagion et de transmission par un agent extérieur reste encore très flou.

La pestilence des cimetières et des églises suffit de toute façon à en révulser plus d’un !

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Eglise et cimetière de Violaine (62)

Jusqu’à présent les morts en effet sont enterrés pour les plus chanceux dans les églises, car plus près de Dieu (être inhumé dans l’église est en quelque sorte « une prière perpétuelle ») et pour les autres dans des cimetières intra muros.

Dans les églises, le risque de surpopulation est réel et assez facile à comprendre et surtout à sentir …

Dans les cimetières, le risque est tout aussi avéré mais moins facile à mettre en évidence pour les contemporains.

Le fait est que ces cimetières se trouvent dans l’enceinte des villes, qu’il y en a plusieurs et que les conditions d’inhumation laissent réellement à désirer comme on va le voir plus loin.

De ce fait au 18ème siècle a lieu un grand débat qui se concrétise dans certains endroits par de véritables combats pour mettre fin aux coutumes antérieures et établir les cimetières hors des villes.

Le chanoine Porée de Caen, écrivain français (1685-1770), a condamné la sépulture dans les églises « avec placidité et non sans esprit », au nom de la "santé" et de la "propreté" dans ses "Lettres sur la sépulture dans les Eglises" publiées en 1743 à Caen.

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Voltaire lui-même écrit sur la "pestilence" des églises de Persépolis « capables d’empoisonner le globe terrestre ». (à noter toutefois que celui-ci s’est tout de même fait enterrer dans l’abbaye de Scellières).

Antoine Louis, médecin des Lumières (1723-1792) dénonce cette pratique nocive et ces exhalaisons dangereuses dans l’une de ses lettres sur la certitude des signes de la mort (1752).

En attendant ces interdictions formelles, on essaie mais en vain de masquer l’odeur de mort dans les églises avec par exemple de l’encens brûlé à profusion.

En Bretagne, la question s’est posée tôt (en 1719) car cette année-là sévit une épidémie de fièvre scarlatine qui désole en 3 mois (aout, septembre et octobre) la ville entière ; le nombre de sépultures s’accroit ainsi de 200% par rapport à l’année précédente et le taux de mortalité dépasse dans certaines paroisses 75 pour 1000 (notamment à St Etienne de Rennes).

Le parlement de Bretagne interdit, face à l’urgence de la situation, dès le 16 août 1719, les sépultures dans les églises rennaises et celles de la province. « Pour la première fois la fonction de nécropole de l’église est dénoncée par une autorité laïque qui y voit un foyer d’épidémie et la source de contagion : l’infection d’un sol corrompu par la décomposition des cadavres sans cesse remodelé lors des funérailles, empeste l’atmosphère et finit par contaminer l’ensemble des fidèles ».

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Parlement de Bretagne

Loménie de Brienne (1727-1794), archevêque de Toulouse, prend une ordonnance en ce sens à Toulouse mais plus tard en 1775.

Ces diverses protestations provenant de l’ensemble du Royaume aboutissent ainsi à la Déclaration royale du 10 mars 1776 qui, entre autres dispositions, comporte deux mesures essentielles.

- Désormais, sauf exceptions limitées et prévues, "nulle personne... ne pourra être enterrée dans les églises, même dans les chapelles publiques ou particulières, oratoires et généralement dans tous les lieux clos et fermés où les fidèles se réunissent pour la prière et célébration des saints mystères".

- Et surtout il promulgue l'article 7 : "En conséquence des précédentes dispositions, les cimetières qui se trouveront insuffisants pour contenir le corps des fidèles seront agrandis ; et ceux qui, placés dans l'enceinte des habitations, pourroient nuire à la salubrité de l'air, seront portés, autant que les circonstances le permettront hors de ladite enceinte, en vertu des ordonnances des archevêques et évêques diocésains : et seront tenus les juges des lieux, les officiers municipaux et habitants d'y concourir chacun en ce qui les concernera"

Toutefois ne nous y trompons pas : entre l'injonction royale et son application va s'écouler un laps de temps relativement long ...

Ainsi, à Paris, le "charnier" des Innocents dénoncé depuis très longtemps n'est fermé que le 1er décembre 1780 suite à la catastrophe qui survint le 30 mai 1780. : une des fosses du cimetière s’éboula dans les deux étages de caves d’une maison de la rue de la Lingerie, les emplissant de plusieurs cadavres en décomposition à l’odeur méphitique. Le cimetière fut provisoirement fermé par un arrêt du premier décembre 1780. Un arrêt du Conseil d’Etat de 1785 prononça sa suppression définitive. En 1786, les ossements furent, de nuit, déblayés des fosses et amenés dans les futures Catacombes créées pour l’occasion.

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Les Innocents au 16ème siècle

Louis Sébastien Mercier, écrivain des Lumières (1740-1814) écrit dans son Tableau de Paris que « les connaissances nouvellement acquises sur l’air méphitique furent employées utilement. Il fut reconnu que l’air du cimetière des Innocents était le plus insalubre de Paris. Les caves adjacentes étaient méphitisées au point qu’il fallut en murer les portes ».

A Toulouse, la déclaration royale ne sera appliquée qu’en 1783, et à Lyon rien n'est réglé avant la Révolution …

Et pourtant à Lyon, une inspection des cimetières en 1777 et 1778 avait révélée des horreurs : les enquêteurs constatèrent en effet lors de leurs inspections que « tous les corps étoient sans bière, que les uns n’avoient que quatre pouces de recouvrement de terre, les autres un pouce seulement ». L’on procéda à l’exhumation du dernier décédé, et l’on trouva « un corps sans bière, et avec neuf pouces de recouvrement de terre ».

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Lyon en 1860 vue de la Croix Rousse

Pire encore fut la visite de Saint-Pierre et, surtout, de l’église Saint-Saturnin. Les médecins rapportèrent : « nous avons appercu [sic] un corps sans aucun recouvrement de terre ; au premier coup de pioche que nous fîmes donner au fossoyeur, il enleva le sternum : o res horrenda ! »

Et que dire de ce qu’ils trouvèrent à la chapelle de l’Hôtel-Dieu « nous avons trouvé une tombe levée, mais quand un des frères de cette maison a voulu y descendre, la torche qu’il portait s’est éteinte en l’approchant du caveau et il s’est exhalé une odeur si fétide que nous avons été obligé de nous en éloigner et de faire replacer sur le champ la tombe... ».

Pour information, les chirurgiens lyonnais estimaient qu’il était nécessaire pour assurer un minimum d’hygiène que la surface individuelle d’inhumation avoisine les 4m2 et non les 2.45m2 actuels dans le meilleur des cas ! De plus et toujours selon ces derniers, il fallait proscrire toute exhumation durant « trois années consécutives, temps nécessaires pour l’entière et parfaite destruction des cadavres ».

Comment cela s’est-il passé à Lille ?

Au 18ème siècle, Lille est une ville manufacturière, commerçante et militaire, sans doute de 60 000 habitants ; elle dépend de l’évêché de Tournai aux Pays-Bas autrichiens. Le pouvoir "laïque" y est donc traditionnellement très fort puisque cette ville n’est pas en elle-même siège d’un évêché.

Le monde ecclésiastique est essentiellement représenté par les chanoines et les chapelains du riche chapitre collégial Saint-Pierre et par le clergé des six autres paroisses : St Etienne, St Maurice, Ste Catherine, St Sauveur, La Madeleine, St André.

La ville même est administrée par "Messieurs" du Magistrat désignés par les commissaires royaux, aidés d'officiers permanents. Dans les paroisses, leurs interlocuteurs pour les affaires religieuses temporelles, sont les marguilliers.

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Sceau des échevins de Lille en 1434

 

 Le Magistrat lillois va donc être au 18ème siècle également préoccupé par "les foyers d'infection" que constituent les inhumations dans les églises et par la présence de nombreux cimetières dans la cité. Il souhaite interdire les premières et si possible transférer les seconds hors de l'enceinte.

Ce souhait va se transformer en urgence lors d’une grave épidémie de caractère typhique qui sévit en 1772-1773. En 1772 dans les six paroisses, sans compter les hôpitaux, on compte 2 875 morts contre 1 853 en moyenne les années précédentes.

Suite à cette épisode brutal, le 6 octobre 1773 trois commissaires sont nommés par le Magistrat (les échevins De Druez et Bonnier et le conseiller pensionnaire De Madré des Oursins) : ils sont chargés, de concert avec les marguilliers, de "chercher dans l’étendue de chaque paroisse d'icelle ville des emplacemens suffisans pour pouvoir y établir quatre classes de sépulture... la première pour tenir lieu de place distinguée de l'église, la seconde pour remplacer le surplus de l'église, la troisième le cimetière ordinaire et la quatrième pour enterrer les enfans morts sans baptême".

Les commissaires aidés d'arpenteurs mènent alors une enquête méthodique sur chaque cimetière :

- sa situation précise,

- sa superficie,

- le nombre total des morts entre 1761 et 1770,

- ceux ensevelis dans le cimetière ou dans l'église,

- le délai de dissolution totale des corps et de réouverture des fosses au même endroit,

- etc...

Ils dressent finalement un sombre tableau de la ville. "Un fond marécageux et humide, un sol qui ne doit son élévation qu'à des canaux dont les eaux sont croupissantes et gattées par les manufactures, un peuple considérable resserré dans une enceinte trop bornée et enfoncée en quelque sorte au milieu des remparts fort élevés qui l'entourent, un clos dans lequel l'air toujours chargé d'évaporations de toute espèce est continuellement intercepté par des rues étroites ou mal percées. Tel est le premier coup d'oeil qu'on jette sur cette ville".

"II y a continuellement dans cette ville 13 038 corps dont la putréfaction toujours présente infecte et soûle en quelque sorte habituellement l'air de molécules animales putrides et pestilentielles".

Les "salloirs" en particulier, "quoique tolérés ou plutôt ignorés de la police ne paroissent pas devoir être soufferts davantage".

Ils insistent particulièrement sur les affreuses conditions de vie qui règnent dans le quartier de Saint Sauveur, « temple de la misère et de la maladie ».

Lors de la visite à Saint Etienne les commissaires notent : "on nous a assuré que dans le voisinage de ce cimetière les viandes ne se conservent point, surtout pendant l'été".

Ils rappellent les pestes du passé : "En 1597 cette maladie enleva 42 000 hommes dans la ville de Lille et ses environs... Elle y régna encore en 1603, 1617, 1635 et 1667", sans oublier l'épidémie de 1772 qui a vu se développer "la maladie le plus à craindre après la peste... Pareils malheurs nous menacent chaque jour".

Les cadavres sont "autant de foyers dont les exhalaisons destructives peuvent propager la désolation et la mort".

Cette enquête sera renouvelée officiellement et judiciairement en 1776 : les nouvelles conclusions des commissaires confirment le rapport précédent. Les cimetières ont bien une capacité insuffisante pour accueillir et conserver dans un délai décent les cadavres. On y rémédie depuis longtemps d’ailleurs par l’utilisation de « salloirs" ou fosses communes contre lesquels le conseiller De Madre des Oursins dresse un violent réquisitoire cette même année : « les salloirs ou grandes fosses dans lesquelles on enterre trente , quarante corps dont les derniers ne sont couverts que d’un pouce ou deux de terre … sont un moyen affreux auquel on a dû avoir recours … les marguilliers de St Etienne ont fait creuser un grand salloir dans lequel ils se proposent de placer quatre-vingt corps … le fossoyeur s’y est précipité et y est resté avec la cuisse cassée pendant une heure sur les cadavres non recouverts. Cette fosse d’infection restera ouverte pendant 4 mois ».

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Fosse commune

Les commissaires ajoutent également quelque chose de plus pragmatique: "la ville trouvera dans les cimetières actuels huit à neuf cens de terres qui rendus au commerce rempliront ce vide et procureront tout à la fois des maisons à imposer au vingtièmes et des logemens pour les contribuables".

Ils attirent enfin l'attention sur l'élémentaire prudence qu'il faudra observer lors de la "profanation" des anciens cimetières pour ne pas heurter les sentiments de la population et accréditer les rumeurs. Elle devra "être remise dans six ans, époque où l'on prévoit qu'on pourra les rendre au commerce sans s'exposer à violer les cendres de ceux qui y sont enterrés".

Les marguilliers de Saint Sauveur dans un contre rapport considèrent que leur cimetière, qui est le plus vaste de la ville, a une capacité suffisante et argumentent leur point de vue en soulignant que les populations les plus pauvres paient un lourd tribut à l'épidémie, puisque « cette paroisse (Saint Sauveur) est la seule à voir le nombre de ses morts doubler : 812 en 1772, pour 401,l’année précédente, progression tristement éloquente par rapport à Saint André » où se trouvent les belles résidences de l'agrandissement de1670 avec la rue Royale (291 morts en 1772 pour 230 en 1771).

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Eglise St Sauveur

Les édiles municipaux en sont d'ailleurs conscients. "Cet excédent considérable... ne peut provenir que de ce que dans celle-ci les habitants plus pauvres, plus nombreux et plus resserrés dans de petites maisons occupées souvent par plusieurs familles et situées dans des rues fort étroites connues sous le nom de ruelle ou de courettes respirent un air moins pur et propagent encore par la malpropreté presque inséparable de la misère toutes les maladies qui prennent au milieu d'eux."

Les marguilliers de la paroisse font observer qu'on y enterre en 1772, pendant l'épidémie citée plus haut, 359 adultes et de 435 enfants alors qu'en 1770 étaient morts 132 adultes et 300 enfants et en 1771, 159 adultes et 298 enfants.

Peu importe, « la messe est dite » : l'insuffisance des cimetières lillois est prouvée de l’avis du Magistrat et cette situation va être aggravée par l'interdiction souhaitée d'inhumer dans les églises qui, d'après eux, absorbent un sixième des corps (estimation généreuse... en fait 15%). Ils proposent donc d'y remédier en établissant des cimetières hors de l'enceinte. Ils préconisent également qu’on n'autorise la mise dans le cercueil que 24 heures après un décès normal et 48 heures après une mort subite, les signes de la mort étant parfois difficiles à identifier.

La résistance s’organise : les marguilliers de certaines paroisses envisagent de conserver leur cimetière paroissial intra-muros pour les enterrements des 3 premières classes (Solennels, demi solennels, bourgeois) et de rejeter les autres dans les cimetières extérieurs. Il faut en effet trouver des solutions "à effet d'enterrer les morts de chaque paroisse chacun suivant l'état qu'ils ont tenu dans la société".

Pour leur part les commissaires n'envisagent qu'une mesure générale et sans exception.

La Déclaration royale du 10 mars 1776 est enregistrée par le Parlement de Douai le 12 novembre 1776, puis le Magistrat lillois fait constater judiciairement le 3 décembre 1776 l'insuffisance des cimetières intra-muros et le 14 décembre 1776 il ordonne aux marguilliers de désigner un représentant par paroisse pour venir arrêter avec lui les modalités du transfert ; en cas de refus, il passera outre.

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Parlement de Douai avant la Révolution

 

Quatre paroisses sur six refusent de désigner un délégué.

Les marguilliers de Saint Etienne, la principale paroisse, firent circuler une pétition et allèrent porter leur affaire devant le Parlement de Douai qui les débouta en janvier 1777.

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Eglise St Etienne

Pendant ce temps, le Magistrat achète le terrain d'un cimetière extérieur, au faubourg de St Maurice, l'actuel cimetière de l'est : il s’agit d’un terrain de 2 000 verges (mesure de Lille), malheureusement très humide. Il procède aux premiers travaux : établissement d’un chemin pavé depuis la porte St Maurice, construction d’un mur de clôture …

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Porte St Maurice

Il demande également aux marguilliers de faire construire des chars funèbres conformes au modèle proposé, au plus tard pour le 1er septembre. En vain …

Le Directeur des fortifications, Nicolas Larcher, transmet de son côté un rapport défavorable sur l'emplacement choisi, et ce, pour des raisons militaires : ce terrain est trop proche de la ville et en cas de siège, le mur du cimetière offrirait un abri de choix aux assaillants et gênerait la défense.

Néanmoins le ministre de la Guerre, Philippe Henri, marquis de Ségur (1724-1801), donne son accord le 11 juin 1777 compte tenu que le Magistrat a accepté les deux conditions suivantes : "faire détruire à la première réquisition en temps de guerre le mur de clôture du cimetière... (et) la marche des enterremens se terminera aux églises paroissiales d'où les corps seront transportés au cimetière extérieur dans un carrosse ou chariot destiné à cet usage, sans autre appareil que celui d'être accompagné d'un seul ou de deux ecclésiastiques".

Le Magistrat enfin compte prier l'évêque de Tournai, Guillaume-Florentin, prince du Saint Empire et de Salm-Salm de venir en personne bénir le nouveau cimetière, "ce qui ne contribuerait pas peu à ramener aux principes de l'ancienne discipline et de la saine raison ceux dont la piété s'alarme".

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Plaque de garde aux armes du prince Guillaume Florentin

La nouvelle réglementation des inhumations à Lille (1779).

- Les anciens cimetières des paroisses seront totalement fermés et leurs portes murées dans les huit jours suivant la publication ; leur usage en sera interdit. Cette mesure est étendue à ceux des hôpitaux. Le nouveau cimetière commun est divisé en quatre parties "pour conserver aux différentes classes les rangs qui ont été observés de tout temps dans les enterrements et aux fabriques les profits qu'elles ont retiré de cette distinction". Les tarifs proposés le 7 décembre 1776 sont promulgués.

- "Les corps seront transportés des maisons mortuaires à l'Eglise avec les convois ordinaires". Lorsque les prières et les cérémonies seront achevées les corps seront conduits au cimetière commun selon un trajet minutieusement précisé, "dans un char en forme de tombe, couvert d'un poêle noir avec la croix rouge et un Christ relevé sur le derrière de la tombe, accompagné d'un prêtre et traîné par un ou deux chevaux qui iront au pas". Les chars partiront tous les jours à 9 heures et les corps devront être prêts pour cette heure. Néanmoins l'usage du char commun n'est pas obligatoire ; les particuliers qui le souhaitent pourront faire transporter les corps à leurs frais, "dans un carosse particulier... immédiatement après la célébration de l'Obit ou des Prières, à telle heure que ce soit, pourvu cependant que ce soit une heure au moins avant la fermeture des portes". A cet effet les paroisses auront un carrosse qu'on pourra louer, "moyennant un écu de six francs" et qui sera accompagné de deux prêtres. Fiacres et loueurs de carrosses pourront également proposer des voitures identiques et spécifiquement affectées à cet usage.

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

- "Le cimetière commun sera continuellement fermé ; il ne sera ouvert que pour recevoir les corps... et durant le tem des inhumations". Les fosses auront au moins six pieds de profondeur. Le Magistrat pourra accorder sur requête l'autorisation d'y faire des caveaux. En revanche il défend "d'élever aucun monument et de rien placer dans le cimetière sur les fosses qui recèlent les corps tels qu'ils puissent être". Ces monuments ou les "pierres sépulchrales" pourront seulement être érigés contre la muraille ou dans l'église paroissiale (l’origine de cette mesure est certainement liée à la nécessité de répondre aux normes de la sécurité militaire exigées par le ministre : en cas de siège il faut tout pouvoir raser rapidement).

- Pour conserver aux églises paroissiales les ressources suffisantes aucun obit ou aucune quarantaine ne peuvent être dits dans une autre église avant que la même mesure n'intervienne dans l'église paroissiale.

- Enfin il est interdit de mettre dans le cercueil avant 24 heures les personnes décédées de maladie et avant 48 heures celles qui sont mortes subitement.

Le 9 juillet 1779 un mandement de l'évêque de Tournai "agrée et approuve le Règlement et Ordonnance des Magistrats de la ville de Lille pour tous les points et articles qui pourraient dépendre de notre Ministère, Autorité et Juridiction". Il ordonne donc la bénédiction du nouveau cimetière et désigne à cette fin le doyen de chrétienté, Me Verdière, curé de la Madeleine, bénédiction qui interviendra le 14 août 1779.

Rébellion : dès le 14 août les marguilliers de Sainte Catherine "au mépris de l'ordonnance municipale" laissent enterrer le cadavre de Béatrice Coquelle dans le cimetière paroissial. Le prévôt aussitôt demande au Magistrat de sévir.

Celui-ci le 15 août ordonne l'exhumation du corps et son transfert par le char au cimetière commun. Les marguilliers pour leur part considèrent que "l'exhumation est impossible sans s'exposer à une rumeur publique, une bagarre, à des insultes, à une émotion populaire ou à une infection dans la ville".

Le 16 août au matin les sergents aux causes criminelles constatent qu'"un cercueil dont l'extérieur rempli de terre marquoit qu'on l'avait tirez est dans le char aux côtés du cadavre de la femme du nommé Lorthioir".

Le fossier avait exhumé le cercueil la nuit vers dix heures. Mais les sergents trouvent aussi "une multitude de personnes qui murmuroient beaucoup, disant qu'il étoit inhumain de traîner des corps".

Le corbillard entouré de quatre fusiliers s'ébranle et son parcours est émaillé de multiples incidents : jets de pierres qui notamment cassent les lanternes du char. Un fusilier arrête un manifestant. "il fut assailli par plusieurs personnes qui le désarmèrent, brisèrent son fusil, mirent en liberté l'homme". La garde de la porte Saint Maurice est impuissante.

Au cimetière commun, où la foule a accompagné le char malgré les interdictions, les troubles continuent. Des manifestants se précipitent vers la partie réservée aux enterrements bourgeois, "s'emparent des corps qui y étoient déposés et reconnaissant un cercueil qui avoit été exhumé à cause de la terre qui y étoit encore attachée, ils allèrent le placer dans une fosse destinée pour les services sollennele, sans assistances d'ecclésiastiques ny de fossoieur".

Deux cavaliers de la maréchaussée de passage ne peuvent empêcher ces faits. Au retour le corbillard ne contient plus aucun corps, ce qui "libère" totalement les manifestants dont la fureur à l'aller était retenue par le respect envers les morts.

Place aux Bleuets il est assailli ; le cocher risquant sa vie dételle et se sauve avec ses chevaux. Le char est alors brisé et les assaillants en jettent les morceaux à l'eau au pont Saint Jacques. Simultanément d'autres incidents sérieux se produisent en plein centre de la ville. Le char de Saint Maurice venu à Saint Etienne chercher un corps est lapidé. Des pierres sont aussi jetées du haut d'une maison de deux étages occupée par le nommé Gauvin. Des sergents sont malmenés, un d'entre eux est même blessé.

Devant le désordre grandissant y compris à l'intérieur de l'église Saint Etienne, on renonce à prendre le corps. "La populace s'atroupant de plus en plus, le clergé leurs fit dire de reconduire le char parce que l'on ne s'en serviroit point". Bientôt la foule met en pièces le corbillard que le cocher blessé a dû abandonner. Seule l'arrivée de la troupe empêche que les manifestants ne fassent un feu de joie des débris.

Les dégâts aux chars seront estimés à 644 florins. "Il y a eu hier en cette ville une mutinerie qui a duré une partie de la journée... deux chars funèbres furent assaillis en revenant du cimetière et presqu'entièrement brisés par la populace".

Devant ces événements "Messieurs" vont faire preuve à la fois de fermeté et de souplesse. Dès le 16 août après-midi quatorze témoins sont entendus par l'échevin Beaussier et le greffier criminel Duquesne de Surparcq. L'interrogatoire est décevant. Ainsi les cinq sergents aux causes criminelles dont quatre ont plus de soixante ans "n'ont reconnu personne parmy la multitude qui s'est livré à ces excès". « Il y avait trop de monde », déclarent-ils.

Manifestement ils estiment qu'il serait sans doute dangereux pour eux et leur famille de dénoncer des manifestants ; peut-être sont-ils également acquis à certaines revendications de la foule.

Seul Antoine-Joseph Bonnet, âgé de 35 ans, garçon d'écurie, cocher du char parti de Sainte Catherine, qui n'a pas oublié la matinée qu'il vient de vivre, déclare avoir "reçu un soufflet d'un homme âgé de 50 ans, qui étoit blasé et vend des cendres aux blanchisseuses".

Or Pierre François Le Saffre, âgé de 19 ans, maître tailleur "a ouï dire de son père qu'il lui avoit été rapporté que le nommé Gaussart, son facteur de cendres, s'étoit vanté dans un cabaret d'avoir insulté le conducteur d'un char funèbre".

On arrête donc Louis-Joseph Gaussart, âgé de 46 ans, facteur de cendres, demeurant rue de la Halloterie, qui reconnaît avoir giflé le cocher mais parce qu'il avait reconnu en lui "un homme qui l'avoit baliné".

Bien que Gaussart reconnaisse ne pas avoir été ensuite au cimetière mais au "Quatre couronnes", le cabaretier de cet établissement déclare ne pas l'avoir vu.

Un garçon boucher de 14-15 ans qui aurait participé à la manifestation est vainement recherché.

Le 19 août le Magistrat condamne Gaussart, reconnu coupable "d'avoir insulté le conducteur en lui donnant un soufflet après lui avoir demandé si c'était lui que devoit conduire le char, à être appliqué au carcan sur la place devant l'hôtel de cette ville et y demeurer attaché par le col l'espace de deux heures aiant sur la poitrine un écriteau... portant ces mots 'perturbateur de l'ordre public . Ce fait banni pour 5 ans de la ville et châtellenie' ".

Or en appel le Parlement de Douai, jugeant immédiatement, aggrave considérablement cette sentence puisqu'il condamne Gaussart "à être battu de verges sur un échaffaut, marqué d'une fleur de lys et banni du royaume pour trois ans".

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

La sentence est exécutée le 21 août 1779 et le banni est conduit à la barrière de Lépine le 25 août. Manifestement on a voulu faire un exemple et Gaussart a payé pour tous.

L'inondation du nouveau cimetière et l'interdiction de l'utiliser.

Suite aux pluies diluviennes qui sont tombées, l’intendant de Calonne, le 19 décembre 1779 constate que "le terrain est si aquatique que lorsqu'on veut y ouvrir une fosse l'eau monte sur le champ et encouvre la superficie au point que les cadavres surnagent", et décide d'en interdire l'usage. Le procureur général fait remarquer que "les suites fâcheuses de l'inondation et la fermentation des esprits" justifient une décision que les échevins lillois auraient été bien inspirés de prendre eux-mêmes.

En attendant qu'une solution durable soit trouvée, le cimetière extra-muros de La Madeleine doit être utilisé. On s'arrête finalement à un agrandissement provisoire du cimetière de La Madeleine en attendant que des travaux de drainage soient entrepris et achevés au cimetière commun du faubourg Saint Maurice.

Nouvelles résistances :

Le Magistrat doit affronter la colère du clergé qui le 3 mai 1783 dénonce au Parlement des pratiques qui lui portent préjudice : certaines personnalités lilloises font transporter parfois subrepticement à la campagne les corps de leurs parents défunts pour les y enterrer. De même elles se dispensent de faire célébrer prioritairement dans l'église paroissiale des services ou des messes. Les curés font observer qu'outre les inconvénients des transports clandestins (constatation légale de la mort, identité, etc.) ces faits privent les prêtres habitués "de la plus grande partie des émolumens qui fournissent à leur subsistance...les uns sont réduits à une indigence incompatible avec le caractère dont ils ont l'honneur d'être revêtus, les autres sont portés à des actions qui les dégradent encore plus".

Quid du transport des défunts ? Le Magistrat, avec bien des difficultés, avait réussi à imposer l'usage des chars à compter du 1er décembre 1779. L'éloignement du cimetière de La Madeleine avait ensuite facilité l'application de cette décision. Cependant, à plusieurs reprises, des corps avaient été transportés sur des épaules d'hommes et le Prévôt avait condamné à une amende les marguilliers de Saint Maurice puis ceux de Saint Sauveur le 29 janvier et le 15 mars 1781 pour ces faits.

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Jusqu’à présent en effet le défunt était toujours transporté sur les épaules, mais de l’avis de certains commentateurs, c’était réalisé par « des porteurs particulièrement empressés d’arriver à l’église surtout quand le défunt est obèse ou la température inclémente ».

Avec l’interdiction du transport sur les épaules, tout change : «désormais plus de porteurs ruisselant de sueurs pour se presser aux portes de l’église » !

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

Mais la résistance de la population sur ce point relève d’un mélange de sémantique et de psychologie : le Magistrat a écrit en effet que « les corps seront trainés par un ou deux chevaux » ; or le terme « traîné » les renvoie au triste sort des corps des suppliciés qui sont trainés sur une claie dans toute la ville par des chevaux, jusqu’au lieu d’inhumation : ultime humiliation faite au corps du condamné dont on expose aux yeux de tous la culpabilité et l’infamie.

Le Magistrat modifiera donc textuellement son propos et fera un effort d’explication de texte pour convaincre les marguilliers et les Lillois qu'il est plus décent et en aucune façon humiliant de transporter les corps par ce moyen.

Par ailleurs d’un point de vue cette fois plus pragmatique, n’oublions pas que le transport sur l’épaule des corps de leurs défunts est gratuit pour les familles contrairement à l’utilisation d’un char destiné à cet effet …

 

EMEUTES A LILLE LORS DU TRANSFERT DES CIMETIERES AU 18 EME SIECLE

 

Sources

Les morts chassés de la cité. ''Lumière et Préjugés" : les "émeutes" à Lille (1779) et à Cambrai (1786) lors du transfert des cimetières - Alain Lottin

La pollution par les cimetières urbains - Pratiques funéraires et discours médical à Lyon en 1777 - Olivier Zeller

L'Evolution des cimetières - Daniel Ligou

Espace sacré et territoire vital au XVIIIe siècle : la régulation des lieux d'inhumation en Bretagne - Alain J. Lemaitre

L’hygiène à l’école aux XVIIIe et XIXe siècles : vers la création d’une éducation à la santé

Le XVIIIe siècle français au quotidien: textes tirés des mémoires, des ... Par Roland Mortier

Pompes funèbres autefois et les métiers qui gravitaient autour

Naissance, vie et mort des cimetières - Pascal Moreaux 

Lire la suite

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

5 Février 2017 , Rédigé par srose

 

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

Quand on pense à la Révolution et la période noire qui s’ensuivit, on pense de suite à la Terreur, à la guillotine … .

On ne pense pas nécessairement, (de prime abord en tout cas), à la guerre contre les Autrichiens et les Prussiens qui débuta en 1792 et du coup on ne pense pas à ce que purent endurer les populations du Nord face aux troupes ennemies qui avancèrent lentement mais sûrement jusqu’aux portes de Lille.

J’avoue ne pas très bien connaître cette période. Je découvre donc en même temps que vous …

Le 20 avril 1792, à Paris, sur une proposition du roi Louis XVI, l'Assemblée législative déclare officiellement la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », en fait l'archiduc d'Autriche François II de Habsbourg.

La machine est lancée, l’ennemi, escorté de mercenaires et autre « brigands » va entamer sa traversée de la Flandre avec pour objectif Lille. La chute de la capitale des Flandres françaises aura en effet un effet psychologique considérable sur la nouvelle République et l’affaiblira.

Leur avancée s’accompagne bien sûr de tout ce que l’on peut imaginer en terme de violences de campagne : massacres, viol, pillage, demande de contributions en nourriture, fourrage et monnaies trébuchantes …

Je n’ai pas le détail de l’avancée des armées ennemies jour après jour mais

Fin août, « un gros détachement d’impériaux d’environ 100 hommes armés de toutes pièces, se sont portés avec une fureur barbare sur les pauvres chaumières des habitans de Warneton-France et surtout de Deûlémont ; … ils ont pillé, dévasté, maltraité tout ce qui s’est présenté sans défense au-devant de leur brutalité et que secondés par des scélérats de Warneton –esclave ils ont chargé sur des chariots les effets, les outils, le linge et même les meubles de plusieurs indigens »

Le 4 septembre Lannoy et Roubaix sont occupés : « une horde de misérables Autrichiens au nombre de 4 à 5000 dit-on, l’exécration humaine, mourant de faim et dépourvus de vêtemens, s’est portée sur Roubaix avec du canon, a tiré sur ce bourg comme s’il eut été fortifié, et l’a traité comme une ville prise d’assaut. Sans doute que son but étoit d’en faire fuir tous les habitans pour le piller avec plus de tranquillité et de sûreté ; dans ce cas les scélérats ont réussi en partie parce que ni le détachement peu nombreux qui y étoit cantonné ni la garde nationale ne pouvoient s’opposer au torrent de ces brigands avides de butin, ni résister à des volées de coups de canon chargé de mitraille, sans y trouver une mort certaine. […] sortant de Roubaix on dit qu’ils se sont portés sur Lannoy où ils ont commis les mêmes atrocités ». « on évalue les vols, les pillages et les dommages causés au bourg de Roubaix au moins à 600 000 livres ».

Le 11 septembre les Autrichiens entrent dans Saint Amand Le 17 septembre ils sont aux portes de Pont à Râche

Le 23 septembre, 1 300 impériaux commandés par Albert de Saxe-Teschen, gouverneur des Pays Bas autrichiens, mettent le siège devant Lille défendue par le général Ruault (à la fin du siège on recensera 32 000 soldats ennemis face à la ville).

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

Albert Van Sachsen Teschen

L’avancée se poursuit : le 25 septembre, les Autrichiens entrent dans Seclin et Haubourdin

Le 24 septembre les hulans (lanciers allemands) sont à Noyelles et à Emmerin

Le 26 septembre ils se logent dans le faubourg de Fives Le 28 septembre, ils évacuent Orchies et Saint Amand

Pendant ce temps, « les intrépides et braves habitans de Santes, de Loos, d’Emmerin se sont levés, les uns avec des fusils, les autres avec des instruments de labourage et ont donné la chasse aux brigands ».

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

Le siège de Lille - Nicolas François Joseph Masquelier

Le 29 septembre 1792, le duc de Saxe-Teschen envoie une sommation à la place de Lille indiquant qu'il est disposé à épargner la ville contre reddition.

Le major d'Hasper, porteur de la sommation, se présenta devant la porte Saint-Maurice accompagné d'un trompette et d'un porteur d'un drapeau blanc et il se soumit à l'obligation d'avoir les yeux bandés en pénétrant dans la ville :

« Monsieur le Commandant,

L’armée de Sa Majesté l’Empereur et Roi, que j’ai l’honneur de commander, est à vos portes ; les batteries sont dressées ; l’humanité m’engage, Monsieur, de vous sommer vous et votre garnison de me rendre la ville et la citadelle de Lille, pour prévenir l’effusion du sang. Si vous vous y refusez, Monsieur, vous me forcerez, malgré moi, de bombarder une ville riche et peuplée que j’aurois désiré ménager. Je demande incessamment une réponse catégorique.

Fait au camp devant Lille, le 29 septembre 1792.

Albert »

 

Réponse de Ruault :

« La garnison que j’ai l’honneur de commander, et moi, sommes résolus de nous ensevelir sous les ruines de cette place, plutôt que de la rendre à nos ennemis ; et ses citoyens, fidèles comme nous, à leur serment de vivre libres ou de mourir, partagent nos sentimens et nous seconderont de tous leurs efforts.

Le maréchal de camp commandant à Lille, Ruault »

 

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

Le siège de Lille - Watteau

 

Une proclamation est affichée à trois heures de l’après-midi le samedi 30 septembre 1792, suite à la sommation faite par l’ennemi aux corps administratifs de livrer la ville aux Autrichiens.

« De Lille, le 30 septembre 1792, PROCLAMATION du Conseil de guerre, tenu à Lille le 29 septembre 1792 à midi et l’an 1er de la République françoise.

Citoyens, nos ennemis désespérant de s’emparer de cette place par les règles de l’art, vous menacent, pour parvenir au même but, de la bombarder : Citoyens, soyez calmes, souvenez-vous de vos sermens, soyez assurés que la République vous indemnisera de vos pertes, et nos ennemis éprouveront que c’est sans succès que l’on attaque un peuple libre.

Par ordre du conseil de guerre,

Signé Poissonnier, secrétaire-greffier ». 

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

Le siège de Lille - Gaston Melingue

 

Une seconde proclamation est affichée le lendemain, 1er octobre 1792, après une journée de bombardement.

« Vous le voyez ! Un ennemi ne veut pas vous vous gouverner, il veut vous exterminer : courage ! redoublez de zèle contre les incendies : envoyez dans les campagnes libres vos tendres épouses, vos chers enfans, défendez vos habitations des flammes ; soyez assurés, soyez absolument certains que la république, riche de ses vastes domaines et des propriétés des infâmes émigrés, fera rebâtir vos maisons, vous indemnisera de toutes vos pertes ! Le conseil de guerre en prend derechef l’engagement au nom de la nation entière, libre enfin de ses tyrans. Par ordre du conseil de guerre. Signé : Poissonnier, secrétaire greffier. »

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

Le 30 septembre donc les bombardements commencent à 3 heures et quart de l’après-midi; les casernes de Fives, Saint Etienne et Saint Sauveur sont incendiés.

Plus précisément, durant la première journée « l’église de Saint Etienne, quelques petites maisons qui l’entouroient, deux dans la rue Esquermoise, l’extrémité de la rue de Fives, toutes les rues du Croquet, de Pois, du Curé St Sauveur, les Moulins de Garence et quelques autres maisons éparses dans différents quartiers ont été incendiées ».

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

Ruault a pour se défendre quatre mille hommes plus six mille gardes nationaux et 132 canonniers. Il doit attendre le renfort des armées républicaines.

Le maire de Lille, le 30 septembre, lance un appel désespéré aux villes voisines : "Exposés au bombardement le plus vif de la part de l’ennemi qui ne cesse de tirer sur notre ville à boulets rouges et à bombes, nous vous prions au nom de la Patrie de nous envoyer vos pompes... ".

 

Le bombardement durera 185 heures quasi ininterrompues au cours desquelles 30 000 boulets rouges et 6 000 bombes tombèrent sur Lille. Pour rendre plus meurtrières ces « machines infernales », les Autrichiens y mirent «des clous et autres mitrailles mêlés dans la poudre ».

« Quelques citoyens ont eu la bien louable audace d’empêcher l’éclat de plusieurs en arrachant la mèche avant qu’elle ait eu atteint l’ingrédient inflammable, auquel rien ne résiste. »

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

Le siège de Lille - Watteau

A noter que ces fameux «boulets rouges» sont restés dans le langage courant puisqu'on dit toujours: «Tirer à boulets rouges»!

Que pensent les historiens de ces 30 000 boulets rouges ? En fait il s'agissait de boulets de 4 ou de 12 qu'on avait portés à la température du rouge cerise et ceci posait naturellement un problème de chargement du canon. Avec des projectiles habituels les canonniers devaient d'abord introduire au fond du tube la charge propulsive fréquemment constituée par des gargousses en papier; on enfournait ensuite le boulet en usant habituellement d'un refouloir pour que le projectile vienne au contact de la charge. Il est évident que l'introduction d'un boulet porté au rouge dans un tube où se trouvait déjà la charge eut provoqué aussitôt une explosion et il fallait donc interposer de part et d'autre du boulet une couche isolante; pour ce faire on utilisait deux tampons de foin mouillé ou même deux mottes de gazon. Le boulet était au préalable chauffé sur des grils placés à une certaine distance du canon et on le transportait avec des pinces. L'ensemble de l'opération était donc très long et, de plus, il fallait fréquemment refroidir le tube, ce qui augmentait encore les délais. Bref, il était impossible d'atteindre la cadence habituelle du tir avec des projectiles normaux, c'est-à-dire 10 à 12 coups à l'heure. Avec les boulets rouges, on devait pouvoir débiter un coup par quart d'heure, aussi faut-il penser que sur les 30 000 boulets tirés pendant le bombardement, le tiers tout au plus fut tiré pour provoquer des incendies.

A noter que ce mode de tir n'était pas exempt de danger. Napoléon écrira "« Le service du tir à boulets rouges est par lui-même dangereux, pénible et difficile ; les canonniers y répugnent tellement, que, pour peu qu’il y ait encore d’autres dangers, ils y renoncent, et ne tirent qu’à boulets froids. »

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

À bout de munitions et sous la pression des armées révolutionnaires, accourues d'Aire, de Béthune, Saint-Omer et Dunkerque, les Autrichiens finissent par lever le siège le 6 octobre non sans avoir mis la place à feu et à sang.

 

Verdict de ces quelques jours de bombardement : 500 maisons sont détruites, plus de deux mille maisons sont touchées (les historiens pensent toutefois que ces chiffres ont été grossis) ; le quartier St Sauveur n’est plus qu’un amas de ruines. La rue Royale et ses environs, habités par « l'aristocratie," ont été épargnés par l'ennemi. «Parmi les édifices, l'église Saint-Etienne, alors sur la Grande Place, avait été incendiée, en même temps qu'une douzaine de maisons qui l'entouraient. L'église Saint-Sauveur avait perdu sa flèche ; la tourelle de la Bourse et le clocher de l'église des Jésuites (Saint-Etienne actuelle), étaient gravement endommagés. Les rues de Fives, de Poids, du Croquet, St Sauveur n’étaient qu’un monceau de ruines ».

On profita des destructions pour élargir et aligner la rue Saint -Sauveur. L'église Saint-Etienne resta en ruines pendant des années; de là le nom de la rue des Débris-Saint-Etienne. L'église fut déplacée dans le collège des Jésuite, rue de l'hôpital militaire à quelques mètres de là.

 

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

Incendie de l'église St Etienne

 

Quid des pertes humaines ? Aux dires d'un curé dont les paroissiens se trouvaient dans la zone la plus touchée, 150 personnes auraient été inhumées; mais un autre texte révèle qu'il y eut seulement une quarantaine de morts dans la population civile et parmi eux se trouvait un bébé de six mois. On ignore d'autre part le nombre des militaires tués.

 

Le 8 octobre 1792, la Convention nationale décréta à cette occasion que « Lille et les Lillois ont bien mérité de la patrie ». Le vote de la Convention fit l’objet d’un poème révélateur de l’emphase d’alors :

« Honneur à vous, Lillois. Françaises Thermopyles

Vos murs, tout de granit, ont protégé nos villes

Que la ligue des Rois menaçait en courroux.

Ici l'ère nouvelle a reçu son baptême;

Vous étiez sous le feu dans cet instant suprême,

Républicains, Honneur à vous! »

 

La colonne de la Déesse, sur la Grande place, commémore cette victoire de la ville sur ses assiégeants. Elle sera érigée en 1845.

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

 

1792 - le siège de Lille - dommages de guerre

Projet de Watteau

Les Autrichiens ont battu en retraite mais continuèrent à rôder dans les villages alentours, portant des sommations aux municipalités pour les faire contribuer et en profitèrent pour dévaliser pour leur compte les passants sur les routes et prennent des à comptes dans les villages.

« Les habitans de celui de Phalempin réunis à ceux de Gondecourt, Attiches, Garnin et autres, se sont armés pour repousser ces brigands, ce qu’ils ont fait avec succès. Mais le lendemain (5 octobre), ces monstres sont revenus en force, ils ont pillé Phalempin et brûlé 23 à 24 maisons et assassinés un grand nombre d’habitans ».

 

Aide financière

Dès le 12 octobre, pour venir en aide aux dentellières, nombreuses à Lille, la Municipalité leur fournit gratuitement un carreau, des fuseaux et du fil. On achète aussi cent pièces de toile pour faire des chemises et cinquante autres pièces pour des paillasses, ainsi que des bois de lits, pour les pauvres.

Le Bureau de Charité générale a fait faire une distribution de secours par les ministres paroissiaux de Saint-Sauveur (1 000 livres), de Saint-Maurice (800 livres) de Sainte-Catherine (300) et de la paroisse Saint- Pierre (300).

La glorieuse défense de Lille avait enthousiasmé toute la France : de nombreux dons affluèrent.

Ainsi les citoyens de Rouen envoyèrent 2 270 livres, la société patriotique de St Quentin 1 706 livres, la commune d’Hondschoote 1 146 livres, la société des amis de la liberté et de l’égalité de Nancy 1 500 livres, les citoyens et la société patriotique de Lorient 3 085 livres …

A ces dons volontaires, la Convention ajouta une somme de 2 969 044 livres, ce qui forme un total de 3 390 734 livres 15 sols, lequel suffit à dédommager complètement les sinistrés.

 

Comment les indemnités furent elles réglées ?

L'Etat, ayant pris la responsabilité des ruines, c'est à lui, qu'allèrent les réclamations. Il était représenté à Lille, par l'administration du District. Les demandes lui étaient envoyées sous forme de mémoires établis sur « papier ordinaire ». Chaque mémoire était signé de l'intéressé, et certifié par deux témoins qui étaient généralement des voisins. Préalablement, le sinistré prêtait serment :

« Aujourd'hui le ......,.....,.le soussigné ......a prêté devant vous, officiers municipaux de Lille, le serment de n'augmenter en aucune manière le montant des pertes qu'il a essuyées par l'effet du bombardement de cette ville, et que l'état qu'il en donnera, sera sincère et véritable ».

Le District adressait ensuite à la Municipalité chaque mémoire, en l'accompagnant d'une lettre-circulaire ainsi conçue :

« Lille le ............ Citoyens, Nous vous adressons une requête présentée par le citoyen ...... Vous voudrez bien nous renvoyer cette requête le plus tôt possible avec les observations que vous croirez devoir faire sur la demande qu'elle a pour objet.

Les administrateurs composant le Directoire du district de Lille,

Signé : xxx, secrétaire ».

Une commission extra-municipale dite «de liquidation des indemnités» donnait son avis sur chaque demande. Les demandes étaient instruites rapidement et l’indemnisation décidée tout aussi rapidement.

 

Toutefois cela pouvait prendre plus de temps dans certains cas et là, l'intéressé s'adressait aux commissaires de la Convention, en mission à Lille, avec pleins pouvoirs.  Exemple du citoyen Chailly :

« Aux citoyens représentants de la nation, députés de la Convention dans le département du Nord Citoyens, Chailly, marchand horloger, établi sur la Grande Place à Lille, implore votre justice pour obtenir les dédommagements et indemnités des pertes qu’il a éprouvées lors du bombardement de cette ville.

Sa femme, se trouvant au fond de sa maison, a eu le malheur d'avoir une jambe emportée par un boulet de canon, et elle est morte après une maladie cruelle qui a duré plus de trois mois.

La maison de Chailly a également souffert du siège; percée dans plus de dix endroits, il a été obligé de l'abandonner, les réparations qu'il a fait faire sont considérables ; l'état en a été remis à la Municipalité.

Chailly lui a également remis celui de la maladie de sa malheureuse épouse, mais il n'a obtenu encore qu'un acompte sur les frais qu'elle lui a occasionnés.

Dans ces circonstances, il vous prie, citoyens représentants, d'engager la Municipalité à lui accorder promptement les indemnités auxquelles il a droit. Sa fortune est plus que médiocre, et il ne sera jamais pleinement dédommagé des pertes qu'il a éprouvées ; celle de sa femme surtout, en est une inappréciable pour lui et pour ses enfants, dont deux sont encore en bas âge.

Lille, le 12 avril 1793, l'an II de la République ».

Une note, en marge de la supplique, indique que le citoyen Chailly obtint, le 29 avril 1793, une somme de 2.335 livres, y compris l'acompte de 1.000 livres qu'il avait reçu en janvier précédent.

 

Satisfaite des procédés de la nation, la commune voulut en conserver le souvenir. Elle donna le nom de «rue des Indemnités» à la rue des Bonnes-Filles, c'est-à dire à la partie de la rue Royale actuelle, qui s'étend de la rue Esquermoise à la rue d'Angleterre.

 

Exemple de mémoires :

Mémoire de Sabine Deswamme, dentelière chez le citoyen Alexandre Deswamme, son frère, rue du Croquez, paroisse Saint-Sauveur,

Mémoire N° 1446 elle déclare avoir tout perdu par l'effet du bombardement de cette ville de Lille. Savoir :

Une paillasse de toile 6 livres

Un carreau et fuseaux à faire dentelle 4 livres

Six aunes de dentelle 1,2 livres

Une coiffure à dentelle 12 livres

Une chemise demi-neuve 3 livres

Trois bonniques ou bonniquets 3 livres

Un coffre de bois blanc 3 livres

Quatre mouchoirs de poche 2 livres 10 sols

Total 45 livres 10 sols

(Certifié par deux témoins qui, ne sachant pas écrire, ont tracé des croix).

 

Mémoire de Aimable- Joseph Delannoy, ouvrier de sayetteur, demeurant dans la rue de Malpart,

Mémoire N° 399 : brûlés dans la maison de Jean-Baptiste Becquart, maître sayetteur dans la rue du Croquez Savoir :

Une navette 5 livres

Nafteaux (?) 0 livre 2 sols 6d

Ciseaux 0 livre 6 s.

Raucher ( ?) 0 livre 2 s. 6d

Une lampe 0 livre 7 d.

Un coussin 3 livres

Total 8 .liv.res 17 s. 12 d.

(Lacroix, qui sert de signature à Delannoy, est certifiée par deux témoins).

 

Mémoire de Charles-Louis-Joseph Delerue, mécanicien, demeurant en cette ville, rue Saint-Sauveur, cour Lottin, section première,

Mémoire N° 1.050 : bombardement qui a tout fracassé ce qui suit, savoir :

Pour une garde-robe en bois de chêne 6 livres

Pour un mécanisme à retordre le coton 60 livres

Pour deux armoires 15 livres

Pour un tonneau à la farine y contenant encore deux avots de farine, de plus un met à pétrir le pain 15 livres

Un cabinet d'autel et quantité de cadres 10 livres

Quatre chaises tournées et un tabouret 5 livres

Une pendule et une table 4 livres

Pour poteries, faïences et huit pots à cornichons 15 livres

Pour trois chaises, de fenêtres à moi appartenant 4 livres

Total 134 livres

(La signature de Delerue, qui est une simple croix, est certifiée par un voisin, nommé André Rogez).

 

Exemple de quelques-unes des sommes qui furent allouées aux sinistrés :

Les religieuses de La Madeleine 1.300 livres

L'Hôpital de la Charité 1.275 livres

L'Hôpital Comtesse 3 734 livres

L'Église Saint-Sauveur 31 376 livres

Cuisine des pauvres malades de Saint-Sauveur 5 053 livres

Pour le moulin de la porte de Fives 1 650 livres

La réparation des lanternes servant à l'éclairage public, coûta 787 livres 13 sols.

 

Un certain nombre de lillois refusèrent les indemnités auxquelles ils avaient droit et en firent don à la République. L'historien Dérode cite l'apothicaire Carette, qui avait vu son officine de la rue des Chats-Bossus détruite par des boulets rouges. C'était une perte de 2.000 livres. Carette n'était pas riche mais il refusa toute indemnité, et demanda en échange, à la municipalité, le don de deux boulets autrichiens qu'il fit enchâsser dans la façade de sa maison.

Le paiement des indemnités se faisait à la Maison commune, dans le bureau dit des Patentes.

Au mois d’aout 1793 tout était liquidé.

 

Sources

Les dommages de guerre à Lille en 1792 de Edmond Leleu Revue du Nord Année 1925

http://nordnum.univ-lille3.fr/ark:/naan/a011455718610RtsIih/75b9bc20c0

Le siège de Lille en 1792 Pierre Rocolle

Lire la suite
<< < 10 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 > >>